Quand les keufs viendront te chercher chez toi, pour t’enfermer, car tu n’as pas les papiers qui rendent légale ta présence du « mauvais coté » d’une ligne imaginaire que l’on appelle frontière. Comment réagiras tu ? Viendras tu te traîner en chialant devant les juges et le procureur. Exhiberas tu fièrement ton travail, ta famille et ton désir de patrie ; montrer patte blanche et lever au dessus de ta tête les chaînes que tu portes déjà pour les offrir à l’état ? Ou feras tu face tête haute armé de ta rage, de ta joie et de ton désir de vivre comme tu l’entends. Leur cracheras tu au visage en disant que tu ne reconnais ni les frontières ni les états et que ton cœur et ta vie t’ont menés ici comme tu aurais pu aller ailleurs et que ton choix ne saurait tolérer leur refus car c’est le tien.
L’essence de ce choix s’offre tout les jours, à chacun. Dans des contextes qui diffèrent en fonction des situations personnelles. Car dans une société qui repose sur l’assimilation des normes et l’auto-asservissement, c’est chacun qui se passe les chaînes que lui tendent l’état et le capital et qui les défend bec et ongles. C’est la soumission de la majorité qui fait tenir ce monde qui nous empêche tous de vivre. C’est tout les jours que ce soit au travail, dans la rue, dans les administrations, à l’école, au lycée, à la fac, au cinéma ou dans ton hall d’immeuble que tu es contrôlé, filmé, que tes gestes te sont dictés que ton temps t’est volé et que tu dois être « citoyen » ; c’est à dire donner tes papiers aux keufs, ouvrir ton sac devant le vigile du magasin ou obéir aux lois, à ton patron et même à la pub et tout ça sans te poser trop de questions. Pour ceux qui ne se laissent pas faire il reste la taule, les hôpitaux psychiatriques et les balles des porcs.
Quand on parle de travail et de papiers c’est de ça qu’il s’agit. Ce sont avant tout des outils de contrôle parmi d’autres pour te soumettre et annihiler en toi tout esprit de rébellion. Le but c’est l’ordre en vue de l’accumulation du capital qui n’a plus d’autres fins que lui même. L’existence de chacun n’est envisagée que dans la mesure où elle est l’outil de ce dessein.
Les papiers c’est l’identification d’une personne en fonction de son sexe, de son age, de son lieu d’habitation, de ses signes distinctifs, etc… C’est l’attribution d’un numéro qui rendra cette identification plus efficace. L’état en tant que structure matérielle mise en place en vue d’exercer le contrôle sur la population d’un territoire donné et d’assurer la bonne marche du capitalisme, fiche les gens pour transformer les informations qu’il recueille sur chacun en un pouvoir capable de contraindre chaque personne le plus efficacement possible ; il classe et crée des grilles de lectures uniformisantes de la population qui permettent le contrôle des masses, et l’optimisation maximale de l’intensité des forces répressives sur le plus grand nombre d’individus possible. Les papiers c’est juste une manière pour l’état de garder l’œil sur tout le monde.
Au delà de sa conception comme activité productive le travail c’est surtout une idée qui guide les hommes, c’est ce qui permet d’exister socialement dans une société où les images remplacent la réalité et où la réalité n’est qu’une succession d’images. C’est ce qui différencie ceux qui participent à la construction de leur cage et les profiteurs ( les profiteurs ne sont pas comme on pourrait le croire ceux qui paient leurs salariés une misère et empochent la plus-value produite par ceux-ci. Mais tout ceux qui essaient de subsister sans avoir de comptes à rendre à personne ). Heureusement l’état veille au grain et se charge de remettre les déviants dans le droit chemin quoi que ces derniers en disent. Le travail laisse le travailleur dans un état de fatigue physique et morale qui le rend inapte à la révolte ; il n’est là que pour occuper chacun, pour que surtout tu ne t’occupes pas de ton chef. La preuve en est avec le zèle déployé pour soumettre les demandeurs d’emploi ( et aussi ceux qui ne demandent rien) à toutes sorte de rendez-vous, de stages, de bilans , de formations car au final ce qui compte ce n’est pas que l’on soit utile à un quelconque appareil productif dont le produit serait nécessaire à la survie de tous. Mais bien que chacun intègre la discipline nécessaire au salarié comme au « citoyen » dans la vie de tout les jours, que chacun soit occupé dans des occupations qui ne remettent pas en cause l’ordre dominant. Car comme on le sait la paresse est mère de tout les vices, et l’insoumission, l’envie de jouissance n’ont pas leur place dans la tête des citoyens zélés.
Ta vie ne se résume pourtant pas aux informations qu’ont accumulé sur toi les institutions ou les grandes entreprises, à ton travail, ton bulletin de vote ou à ce que tu consommes. Je, Tu, chacun d’entre nous tentent de vivre à travers ses rêves et ses fantasmes, tentant de réaliser les uns et tirant un plaisir certain de la seule contemplation des autres. Nous sommes nos actes, nos choix, ce que nous ressentons et certainement bien d’autres choses, et il est des parts de notre être que tout les fichages et toutes les prisons ne réussiront jamais à enfermer. De cette façon personne n’a le droit de nous dire comment nous devons vivre et encore moins si le seul mode de vie que l’on nous propose c’est la survie. Car tu vis pour contribuer à l’accumulation du capital sans autre fin que lui même, tu es condamné à alterner travail et consommation pendant toute ton existence. Et au final peu importent les bavures et les accidents du travail, ceux qui crèvent de faim ou de froid, des pauvres il y en aura toujours suffisamment pour remplacer ceux qui sont cassés.
De ce monde rien n’est à conserver, tout est à cramer. Espérer réformer ce système pour le rendre viable c’est comme pisser dans un violon. En effet avec l’autorité et le capitalisme vont de paire la servitude et les inégalités. Tant qu’il y aura des riches il y aura des pauvres, tant qu’il y aura des lois il y aura des criminels, tant qu’il y aura des bergers il y aura des troupeaux de moutons pour les suivre, et des chiens tout autour pour les garder. C’est pour cela que la révolution ne peut être qu’un projet total qui modifiera en profondeur la structure de l’existant. Et qu’il est absurde de lutter pour obtenir des concessions de la part d’autorités illégitimes et dont on ne peut souhaiter que la disparition, ou de séparer ceux qui luttent selon les catégories du contrôle, entre les sans papiers et ceux qui en ont, les chômeurs et les travailleurs, les jeunes et les vieux, les hommes et les femmes. Cela permet de prendre des postures d’oppositions de donner à montrer une fausse contestation qui s’intègre à la totalité du spectacle sans le remettre en cause.
Nous ne voulons pas des papiers pour tous mais que personne n’ait plus jamais besoin de papiers, que toutes les frontières soient abolies et tout les états mis à bas. Que toutes les prisons, les casernes, les comicos, les pôle-emplois et les supermarchés tombent sous les coups de ceux que l’on a enfermé dedans et que plus rien n’entrave notre rage et notre joie de vivre.
Nous ne voulons pas un travail pour tous mais que personne ne soit plus jamais obligé de s’abaisser à de telles infamies pour survivre. Que la survie ne soit plus conditionnée par l’obligation de travailler mais que chacun puisse vivre et avoir une activité productive s’il le souhaite sans que l’on ne le dépossède du fruit de cette activité. Que les choses n’aient plus de valeur qu’en fonction de l’utilité de chacun en a.
Le travail c’est de la merde, les papiers c’est pour s’essuyer
État, police, justice, capital, religion, spectacle, techno-scientisme.
Tire la chasse pour en finir.
Quelques anarchistes…
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Publié sur Indymedia Nantes