Soutien aux inculpé-e-s de Toulouse/Labège
C’était hier…
En 2002, le projet de construction, par la loi Perben, d’Établissements Pénitentiaires pour Mineurs (EPM) s’était heurtée à une vive opposition de collectifs d’éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) ainsi que des opposants aux lois sécuritaires en général et à la destruction du droit des mineurs (abaissement à dix ans de la responsabilité pénale) en particulier. De nombreuses actions eurent lieu dans les villes où était prévue la construction d’un EPM.
Mais aujourd’hui…
La réalité des conditions de vie dans ces lieux n’a pas tardé à donner raison à leurs opposants : suractivité (des journées de 12 heures partagées entre des activités scolaires et d’animation imposées), temps collectifs fréquents imposés qui provoquent des tensions entre jeunes, et avec les surveillants (éducateurs et matons), éloignement de la famille aggravé souvent par des transferts punitifs dans d’autres régions, « unités strictes » correspondant au mitard des prisons d’adultes.
En conséquence, en 2008, soit un an après l’ouverture de ces établissements, on dénombrait déjà, pour 160 mômes incarcérés, 72 tentatives de suicide : dans les démocraties modernes, on ne pend plus les enfants mais on réunit toutes les conditions pour qu’ils le fassent eux-même. Les ERIS (matons cagoulés) sont intervenus plusieurs fois pour mater des début de révoltes collectives, comme celle qui eut lieu à l’EPM de Lavaur en mai dernier.
Tout est rassemblé ici pour que les mômes pètent les plombs, et d’ailleurs même les matons pourtant aguerris aux pires modes de détention, ne tiennent pas et demandent leur mutation au bout de 6 mois.
Une drôle de grève…
Au printemps dernier, les éducateurs de la PJJ travaillant en EPM se sont mis en grève. Leurs revendications : hausse des salaires, reconnaissance de la pénibilité de leur travail, formation au suicide, condamnations des violences des jeunes incarcérés… Aucun rejet de l’enfermement des mineurs : ce qui n’a rien d’étonnant vu que, face à l’opposition des éducateurs en 2002, la PJJ en avait recruté des nouveaux, qu’elle avait formé en six mois. Difficile dans ces conditions de se solidariser avec leur lutte corporatiste, identique à celle des matons, qui fut largement relayée par les médias tandis que l’existence même des EPM n’était plus publiquement remise en cause.
Aujourd’hui comme hier, agir contre les EPM…
En juillet, à Labège, près de Toulouse, un groupe de personnes entre dans les locaux de la direction régionale de la PJJ, déverse sur les bureaux du lisier et redécore les murs avec des slogans condamnant les EPM, et en solidarité avec les jeunes mutins de Lavaur. En novembre, à Toulouse six personnes soupçonnées d’avoir participé à cette action sont arrêtées. Quatre seront incarcérées, une placée sous contrôle judiciaire et la dernière sous le statut de témoin assisté. Cette action, qu’elle ait été commise ou non par eux s’inscrit dans la lutte contre les EPM dont nous sommes solidaires.