Ce texte n’est qu’un récit qui en appelle d’autres. Il reflète un point de vue et ne prétend pas parler au nom des autres individuEs présentEs ce soir-là.
Dans la nuit du 31 décembre 2012 au 01 Janvier 2013, nous sommes allés rendre visite aux prisonniers à proximité de plusieurs lieux d’enfermement en Ile-de-France.
Vers 23H30 (peut-être plus), nous sommes alléEs à plusieurs dizaines au centre de rétention de Vincennes. Alors que nous traversions le bois en direction du C.R.A, nous croisons un flic seul, avec son chien, qui après nous avoir demandé ce que nous faisions (et devant l’absence de réponse ou de quelques répliques ironiques) nous a alors gratifié d’un « bonne année » étrange et plein d’angoisse (Keufs ou matons : l’année sera plus belle sans vous). Après avoir traversé le bois derrière le centre, nous avons commencé à lancer des pétards, des feux d’artifices et des fusées en criant plusieurs slogans. Dont « Liberté pour tous, avec ou sans papier », « Liberté ! Liberté ! » ou encore « pierre par pierre, et mur par mur, nous détruirons toutes les prison ».
En quelques minutes, sans doute alertés à l’avance par leur pote maitre-chien (le troll de la forêt), deux voitures pleines de flics débarquent. Nous nous esquivons alors tranquillement en repartant dans la forêt en hurlant sur les flics.
On recroise alors le troll de la forêt (le flic à chien de l’allée) qui est cette fois nettement plus remonté. Il nous dit de nous arrêter (il est seul, nous sommes à plusieurs dizaines) et commence à péter les plombs en menaçant de lâcher son chien et en essayant d’agripper des camarades. Le troll en uniforme finit par se ramasser le cul dans la boue et se faire copieusement insulter (notamment un retentissant « ferme ta gueule ! ferme ta gueule ! ferme ta gueule ! » sur un air chanté). Visiblement contenté de son premier échec de l’année, le troll de la brigade canine abandonne donc en continuant néanmoins à nous suivre de loin.
ArrivéEs sur un parking derrière le bois, les flics nous attendent avec 2 ou 3 bagnoles et commencent à descendre avec l’intention manifeste de nous attraper. Plusieurs personnes se séparent en groupes petits et grands et disparaissent dans la forêt ou aux alentours. S’en suis une petite cavalcade avec les flics qui rôdent un peu partout. Mais finalement, personne n’est arrêté.
Quelques temps plus tard…
Vers 1h30 du matin (peut être plus encore une fois) on est plusieurs à arriver vers la prison de Fresnes. Il pleut et il fait froid, mais on se promène et on crie notre solidarité aux prisonniers qui commencent à répondre un peu et à gueuler. Puis le spectacle son et lumière commence.
Plusieurs groupes lancent des feux d’artifices (type mortier), pétards et fusées tout autour de la prison. A l’intérieur ça gueule, on lance des « liberté ! » qui reviennent comme un écho. Plusieurs slogans criés. On entend des gens gueuler à l’intérieur (la plupart contents, certains autres non : on les a peut-être réveillés…). Quelques pétards et fusées continuent de claquer pendant quelques minutes, puis on s’esquive tranquillement en continuant à crier.
Une société qui a besoin d’enfermer est elle-même une prison. Et la société dans laquelle nous vivons n’en a que trop besoin.
La prison est la soupape de sécurité d’une société autoritaire, divisée en classes, qui domine et opprime.
A défaut de pouvoir abattre ces murs dans l’immédiat, nous voulions réduire la distance entre ceux et celles qui sont dedans quelle que soit la raison et nous qui sommes dehors, au moins pour quelques minutes.
Parce que la liberté n’existera pas pleinement « hors les murs » tant qu’il y aura des murs de prison.
Parce que nous ne nous laisserons pas enfermer sans broncher.
Aussi, rappelons qu’avec un peu de malice et de bonne volonté, à 30 ou à 3000, il est toujours possible d’agir.
Tous les ans, partout dans le monde le jour du 1er de l’an, des rassemblements et des manifestations contre la prison et les lieux d’enfermement se déroulent aux abords des taules de toutes sortes à l’aide de feux d’artifices, de slogans, et d’autres trucs qui font du bruit ou laissent des traces.
Enfin, le reste de l’année est là pour continuer à s’en prendre à la taule (dedans ou dehors) !
Feu à toutes les prisons !
Vive la belle ! Vive les mutinEs ! Vive la liberté !
Quelques anarchistes.
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[Trouvé sur Indymedia Paris le 1er janvier 2013]