Le samedi 1 novembre, une centaine de personnes se sont rassemblés sur l’avenue de stalingrad à Bruxelles pour marquer leur solidarité avec ceux qui luttent contre le pouvoir et pour exprimer leur rage contre l’assassinat policier du camarade Rémi au sud de la France.
Au début, il y a eu quelques interventions avec le mégaphone pour expliquer les raisons de notre présence aux nombreux gens dans la rue de cette partie encore populaire du centre-ville de Bruxelles. Entretemps, un tract était distribué. Les premiers slogans « Flics, porcs, assassins », « L’Etat tue, tue l’Etat », « La liberté ne se mendie pas, on la prend ou on ne l’a pas »… Le rassemblement devient plutôt bruyant et une petite demi-heure plus tard, ça part en manif sauvage qui fait un petit tour vers le centre-ville, en passant par le boulevard Anspach. Devant, une banderole « Pouvoirs assassins » et un grand fumigène. Les slogans « Un flic, une balle, justice sociale », « A bas l’Etat, les flics et les bourgeois », « Li, li liberté, nous voulons la liberté », « Pouvoir assassin » et « Brique par brique, mur par mur, détruisons toutes les prisons ». Beaucoup de pétards. En passant dans les rues, des personnes se sont jointes au petit cortège.
Ensuite, dispersion – sans flics ni arrestations.
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Voici deux interventions qui ont été prononcées au mégaphone :
Pouvoir assassin…
On est sorti dans la rue parce que le pouvoir assassine.
Cette fois-ci le pouvoir a tué Rémi, dans le sud de la France. Rémi a été tué par une grenade de désencerclement, une arme soi-disant non-létale que la police française utilise pour disperser des foules et des attroupements.
Rémi a été assassiné pendant une grande manifestation contre un nouveau barrage qu’ils sont en train de construire là-bas au Testet. Pendant cette manif, une centaine de personnes ont attaqué le chantier du barrage à coup de cocktails molotov.
Ce soir, on est ici parce que le pouvoir assassine, mais aussi pour exprimer notre solidarité avec le combat de Rémi et l’attaque contre le chantier du barrage dévastateur.
Le pouvoir assassine, jour après jour.
Combien de personnes réfugiées sont déjà mortes dans la Méditerranée ou le Sahara parce qu’ils sont à la recherche d’une meilleure vie et qu’ils ne sont pas le bienvenu par le pouvoir ?
Combien de personnes sont mortes dans les massacres en Syrie parce qu’elles ont eu l’audace de s’insurger contre le pouvoir, pour une vie libre et digne ?
Combien de personnes sont mortes à Bahreïn, en Égypte, en Tunisie parce que le pouvoir assassine ?
La police de Bruxelles, elle aussi, elle tue. Comme le font les prisons, et les centres fermés pour personnes sans papiers. Comme font les usines, les hôpitaux psychiatriques, et toutes les structures du pouvoir qui nous empêchent de respirer. Le pouvoir assassine, que ça soit par des bombes, par des armes non-létales, par des frontières, des cancers ou la pression quotidienne sur la vie.
Quand le pouvoir assassine, c’est notre devoir de sortir dans la rue et d’agir. C’est une question de dignité.
Car on ne veut pas vivre sur nos genoux. Car on ne veut pas subir toutes les atrocités perpétrées par le pouvoir assassin.
Car on ne veut pas passer à autre chose comme si rien ne s’était passé.
Nous ne sommes pas des moutons qui se laissent amener à l’abattoir.
Continuons le combat de Rémi avec une férocité encore jamais vue.
Contre un monde de pouvoir qui assassine toute possibilité d’une vie libre et digne.
Brisons nos chaînes !
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« Luttons de toutes nos forces… »
Il y a une semaine exactement, le samedi 25 octobre, que Rémi a trouvé la mort pendant qu’il affrontait les gendarmes à Testet dans le sud de la France. Ces gendarmes étaient là pour protéger le chantier d’un nouveau barrage que le pouvoir veut construire. Ce barrage implique la destruction d’une zone naturelle importante et est un autre exemple de ces mégaprojets servant des intérêts étatiques et économiques que le pouvoir impose alors à la population.
Il y a une semaine, des milliers de personnes étaient descendues à Testet pour marquer leur refus du barrage. Il y a eu des affrontements et des centaines de personnes ont essayé d’attaquer directement le chantier du barrage, pour empêcher par eux-mêmes, sans rien attendre de partis politiques ou de négociations, ce projet honteux. A coups de pierres et de cocktails molotov, ils ont essayé de détruire les engins de chantiers qui détruisent la forêt, qui creusent dans la terre, qui coulent le béton pour le futur barrage. La police présente a fait son devoir de chiens de garde, repoussant les manifestants avec des bombes lacrymogènes et des grenades de désencerclement. C’est une de ces grenades qui a tué Rémi. Il était mort sur le coup.
Aujourd’hui, l’Etat cherche à justifier ce meurtre en disant que s’il est le droit de tout citoyen de manifester, personne n’a le droit de prendre les choses en main et donc, disons-nous, de s’opposer réellement et concrètement aux œuvres dévastateurs et nuisibles du pouvoir. Celui qui obéit ne doit pas craindre des grenades qui explosent son corps. L’État dit donc : « J’ai le droit de tuer celui qui s’oppose à ma volonté. Et je tuerai ». Si nous sommes aujourd’hui ici pour marquer le fait que face au meurtre de Rémi, nous ne reculerons pas, ni en France, ni ici, ni nulle part, nous voulons aussi rappeler tous les autres qui sont tombés sous les balles policières, qui sont morts dans les cachots des commissariats et dans les cellules des prisons, qui ont été assassinés pendant des déportations. Nous voulons aussi rappeler les milliers de personnes qui trouvent la mort dans la Méditerranée parce que l’Etat les a déclarés indésirables. Nous voulons aussi rappeler les dizaines de milliers de personnes qui sont tués par les États, comme en Syrie aujourd’hui, mais aussi partout dans le monde, sans exception, parce qu’ils ont eu le courage de s’insurger contre le pouvoir. Nous voulons donc aussi rappeler qu’il faut en finir avec ce système basé sur l’assassinat et la mort. Que l’insurrection est nécessaire pour détruire ce qui nous opprime, ce qui nous exploite, ce qui nous tue.
Face à la violence étatique, nous ne baissons pas les bras. Pour lutter contre ce que l’Etat essaye de nous imposer, que ce soit un nouveau barrage, un aéroport ou une maxi-prison comme ici à Bruxelles, il faut s’organiser de façon autonome, sans partis politiques, et agir directement. Cela veut dire, ne pas accepter les règles que l’Etat veut nous imposer, mais déterminer soi-même comment lutter. Et s’il y a une chose qu’il faut réaffirmer avec force aujourd’hui, suite au meurtre policier du camarade Rémi dans le sud de la France, c’est que nous ne nous laisserons pas intimider par le pouvoir assassin, nous continuerons à nous battre, à s’organiser de façon autonome, à agir directement, par tous les moyens possibles, du sabotage nocturne de tout ce qui fait tourner la machine étatique, à l’attaque collective contre ses chantiers du fric, du contrôle et de la mort.
Nous l’affirmons sans trembler, luttons de toutes nos forces contre les projets du pouvoir. Continuer à lutter, c’est la meilleure réponse qu’on peut donner à un État qui une fois de plus, a tué pour défendre son pouvoir.
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[Repris de La Cavale]