Le juge ordonne la remise en liberté de toutes les personnes en prison de l’Opération Pandora
Javier Gómez Bermúdez communique aux avocats qu’aujourd’hui seront signées les ordonnances de remise en liberté conditionnelle sous caution de 3.000 euros des sept compagnon/nes incarcéré/es (quatre autres compagnon/nes avaient déjà été libéré/es sous contrôle judiciaire quelques jours après les perquisitions de décembre 2014). En plus des cautions (tout de même 21 000 euros en tout), le juge a rajouté trois pointages hebdomadaires au tribunal le plus proche de leur domicile et la confiscation du passeport. Enfin, il a commencé à définir dans son ordonnance de remise en liberté des rôles en attribuant par exemple au compagnon arrêté à Madrid celui de « leader », notamment parce qu’à son domicile a été retrouvée une facture de l’impression de 287 exemplaires du livre édité par les GAC : « Contre la démocratie ».
Arrêtées le 16 décembre, elles sortiront de prison aujourd’hui. Elles auront passé un mois et demi derrière les barreaux après que les Mossos d’Esquadra aient pris d’assaut leurs domiciles dans le cadre d’une macro opération du nom de Pandora qui, selon le conseiller de l’Intérieur Ramón Espadaler, avait pour objectif la désarticulation d’une présumée organisation de “terrorisme anarchiste”. Des sources judiciaires ont confirmé la libération immédiate qui, coïncidence, tombe le jour où le département de presse des Mossos d’Esquadra a émis un communiqué dans lequel sont détaillées les accusations contre les personnes arrêtées.
Dans leur communiqué, les Mossos accusent les arrêtés de faire partie des groupes anarchistes coordonnés (GAC), qui, selon eux, « adhèreraient aux postulats de l’organisation terroriste FAI/FRI » dont ils seraient la « franchise » espagnole, ainsi que de 9 attaques en 2012 et 2013 (et d’ailleurs pas toutes revendiquées du même nom, mais pour l’Etat chaque signature différente devient celle d’un des groupes composant les GAC !).
Parmi elles, l’explosion coordonnée d’engins à base de bouteilles de camping-gaz le 10 avril 2013 contre les agences CaixaBank à Barcelone (quartier de Sarrià) et BBVA à Madrid.
Les Mossos affirment aussi leur relation avec les godemichés-piégés reçus par l’archevêque de Pampelune, Francisco Pérez, et par le directeur d’un centre éducatif lié aux Légionnaires du Christ à Madrid le 21 décembre 2012, plus les trois attaques explosives simultanées contre une agence CaixaBank dans le quartier de El Clot à Barcelone (dont le hall de DABs), trois actions revendiquées par la FAI/FRI. Dans un cas, une personne a été blessée : la lettre envoyée au directeur du centre éducatif a explosé dans le bureau de Poste, blessant légèrement une des employées
Ils les relient également avec deux lettres piégées du même genre postées le 6 septembre 2013 de Barcelone et envoyées à deux entreprises italiennes domiciliées en Catalogne, et avec une autre troisième lettre « contenant une imitation de mécanisme explosif » reçue par une entreprise de Valence.
Les Mossos imputent également aux GAC les engins explosifs des 7 février et 2 octobre 2013 contre la cathédrale de l’Almudena à Madrid et la basilique del Pilar à Saragosse, non pas revendiqués FAI/FRI mais respectivement par le « Comando Insurreccionalista Mateo Morral » et le « Comando Insurreccional Mateo Morral » (Francisco et Monica sont incarcérés depuis novembre 2013, accusés de cette dernière attaque).
Malgré la volonté de la police catalane de garder secret le dossier et les actes jusqu’au 22 février, hier le juge a soudain changé de critères et refusé de prolonger l’enquête. Il a aussi mis fin à la détention des sept personnes emprisonnées. Il est prévu qu’elles puissent quitter cet après-midi les geôles des centres pénitentiaires de Estremera, Soto del Real, Aranjuez et Valdemoro, tous situés dans la périphérie de Madrid.
Les démonstrations de solidarité avec les compagnon/nes n’ont pas cessé depuis décembre. Le jour même des perquisitions et arrestations, une manifestation de plus de 3.000 personnes avait parcouru les rues du quartier de Gràcia et, en pleines fêtes de Noël, plus de 1.500 personnes traversèrent le centre de Barcelone et le paseo de Gràcia derrière une banderole où l’on pouvait lire “Le Terroriste c’est celui qui nous condamne à une vie de misère, pas qui se rebelle”. A Madrid, des centaines de personnes avaient aussi participé à une manifestation spontanée le jour même. Les appels en solidarité avec les arrêtés de l’Opération Pandora se sont répétés à Valence, Gérone, Tarragone, Salamanque et Valladolid, entre autres villes. Des attaques solidaires ont également été menées dans plusieurs pays
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[Synthèse de la presse espagnole complétée pour la liste d’attaque avec le rapport des Mossos en catalan, publiée par Les Brèves du Désordre le 30 janvier 2015 -on trouvera des liens dans le texte original-]