Une chose, ce sont les élections qui s’approchent. Les sales têtes de politiciens partout sur des affiches, des appels au vote, le clientélisme, l’arnaque. Celui qui vote coud sa propre bouche. La démocratie, ce n’est pas « le peuple » qui envoie les siens dans l’Etat, c’est l’Etat qui rentre dans le tissu social pour le modeler, le reconfigurer, le diriger pour mieux servir les intérêts des puissants de ce monde.
Une autre chose, ce sont les politicards de tout genre qui s’efforcent d’infester les luttes et les révoltes. Quand il y a des émeutes en prison, ceux-là n’appellent pas à la solidarité avec les détenus en lutte, ils ne proposent pas d’aller saccager ce qui nous enferme. Ils vont rencontrer les ministres ou les responsables pour négocier une cage moins grise. Quand il y a des attaques contre la police dans les quartiers, comme récemment à Anderlecht, ils ne se demandent pas comment ils peuvent contribuer à l’hostilité, comment multiplier les attaques contre la police. Ils rédigent des communiqués de presse pour demander une police plus correcte, plus contrôlée, une police qui respecterait « nos droits ». Quand il y a des moments d’effervescence sociale, quand la température monte, ils ne se demandent pas comment encourager tout le monde à rompre sa cage. Ils vous demandent d’adhérer à leur organisation et ils parleront en votre nom aux médias. Et quand ça pète, quand sur une manif la rage se déchaîne, quand des inconnus passent à l’attaque plutôt que de bavarder, ils appellent au calme, à rester dans les rangs, à ne pas donner une mauvaise image. Et, au besoin, ils n’hésitent pas à vous menacer de vous balancer aux flics.
Ne laissons pas le champ libre à ces parasites de la révolte. Ils ne veulent pas la révolte, ils veulent sucer le sang de révoltés.
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[Publié dans Hors service n°29]