Walid, un retenu du CRA 3 de Vincennes, a été tabassé par les flics le vendredi 21 septembre. Il avait tenté de se suicider une semaine auparavant car les flics et le médecin refusaient de l’emmener à l’hôpital, alors qu’il se plaignait de violentes douleurs au ventre après avoir avalé des couverts en plastique cassés. Quand il a finalement été emmené à l’hosto après s’être pendu, les médecins l’ont directement renvoyé au centre sans autres soins que les éternels calmants, bien qu’ils aient constaté par scanner la présence du plastique dans son ventre. Apparemment, une embrouille avec l’infirmière quelques jours plus tard a entraîné l’altercation avec les keufs. Selon la version des flics, il aurait « tenté de mettre un coup de tête à un policier ». Il a été placé en garde-à-vue dans la journée puis est passé en comparution immédiate le lendemain. Il a pris un mois de prison ferme et est actuellement détenu à Fleury-Mérogis.
Le 15 septembre
« Avant-hier y’avait un mec qui s’est pendu, heureusement on était là on a fait le possible pour le sauver, mais il était presque fini, après les policiers sont venus. Parce qu’il était malade le mec, il avait un problème à l’estomac, ils voulaient pas l’emmener à l’hôpital. Il a insisté, il arrêtait pas de supplier, il a craqué le mec, il a pris une corde et voilà… Nous on est intervenu heureusement, maintenant je sais pas où il est le mec, il est pas là, je sais pas où il est parti, si ils l’ont emmené à l’hôpital… Au début c’étaient les policiers ils voulaient pas le laisser aller voir les médecins, ils l’empêchaient. J’ai l’impression qu’ils le croyaient pas, ils croyaient que le mec faisait semblant. Alors que le mec non, il avait vraiment très mal. Même à nous il a dit « faites quelque chose les mecs parce que je me sens très mal ». Il a vomi, il arrêtait pas de vomir, il s’est évanoui pas mal de fois, il s’est relevé, on lui a donné de l’eau, y’a rien à faire le mec il a vraiment vraiment mal, il avait un problème à l’estomac. On a demandé aux policiers, les policiers nous disent « non attendez le médecin il est pas là ». A chaque fois ils nous racontent un truc : « le médecin n’est pas là, il va pas tarder à arriver, non il est occupé, il a du monde dans son cabinet… » et ainsi de suite. »
« J’ai un problème parce que j’ai mangé quelque chose qui est resté dans mon estomac, qui est pas sorti. En plus j’avais décidé hier parce que… j’ai demandé le médecin, pour lui dire « envoyez-moi à l’hôpital », et il a pas accepté. Ils m’ont dit « non, t’as rien mangé du tout ». Jusqu’à ce que mon estomac il sorte du sang. Après j’ai parlé avec le chef de police, il est parti parler avec elle [le médecin], elle elle dit non encore. Après comme je me sens très mal, je me sens tout seul, tout le monde me dit « non t’as rien, tu sors pas d’ici », je me suis énervé un peu hier, j’ai perdu mon sang-froid, j’ai tenté de me suicider. Heureusement mon ami à la dernière seconde il m’a aidé. Les traces elles restent maintenant, je reviens de l’hôpital maintenant. Jusqu’à maintenant j’arrive pas à tourner mon cou, y’a encore les traces partout. Ils m’ont pas donné de médicaments, que des calmants, rien de nouveau.
Hier et aujourd’hui ils m’ont fait des radios, comme des scanners, pour voir ce qu’il y a à l’intérieur de mon estomac. Ils ont trouvé du plastique parce que j’ai mangé une cuillère et une fourchette cassés. Mais je sais pas, le médecin il m’a dit « tu peux rester ici » mais après il est parti parler à la police et il est revenu il m’a dit « tu reviens ici [au CRA]». Moi en plus j’ai encore mal, j’ai encore du plastique dans l’estomac, les mêmes choses y’a rien de changé, j’arrive même pas à manger, j’arrive même pas à tourner ma tête. En vrai il a rien fait pour moi. »
Le 22 septembre
« Ca a mal tourné avec les policiers. Ils l’ont frappé. Là je sais pas si il est en garde-à-vue ou à l’hôpital, mais en tout cas il est pas là. Je sais pas en fait ce qui c’est passé parce qu’il était vers l’infirmerie. Nous on n’a pas accès parce qu’ils ferment les portes, et que les policiers bloquent les portes. Donc comme il était tout seul avec eux après je sais pas ce qui c’est passé, ça a dégénéré, il était parterre, on le voyait parterre, et eux ils lui mettaient des coups. Ils lui mettaient des coups de pied. Après ils l’ont pris ils sont partis avec, donc on sait pas où il se trouve actuellement. Il me semble que c’est un problème avec l’infirmière, et après les policiers sont intervenus. »
Liberté pour Walid et tous les autres !
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[Publié par Sans Papiers Ni Frontières, le 30 septembre 2012]