En solidarité avec la ZAD, contre le Grand Paris et son monde
Ce samedi 15 décembre aux alentours de midi, des chaussettes remplies de riz ou de sable se sont retrouvées enroulées aux catenaires du tramway T3 en deux points du parcours. Des tracts volants ont aussi apparu à divers endroits sur le boulevard.
L’efficacité de cette technique n’étant pas avérée, à chacun-e de faire preuve d’imagination la prochaine fois.
Ci joint, le tract :
Le tram-tram quotidien arrive (encore !) à paris,
il transporte avec lui son lot de contrôle et de répression
Avec l’inauguration de ce tronçon de tramway, un nouveau pas vers le projet mégalo du grand paris est franchi. Quand la métropole change de décor, ça s’appelle la rénovation urbaine. Des logements « sociaux » pour riches sont construits, les campements sauvages sous le périph’ sont démolis et les habitant.es pourchassé.es ou expulsé.es, les prostituées sont harcelées et refoulées vers des zones sans cesse plus hostiles, les dispositifs anti-SDF et anti-biffins se multiplient… les indésirables sont repoussé.e.s toujours plus loin des centres-villes, voire raflé.e.s et déporté.e.s.
Cette traque s’accompagne d’un contrôle accentué des faits et déplacements de chacun.e par le biais des caméras de vidéo-surveillances, puces rfid dans les cartes de transports, et autres milices privées (RATP sûreté, GPSR, GPIS, sécurité de la Mairie de Paris). Le tram renforce ainsi les frontières existantes dans la ville.
Ce processus s’inscrit dans la volonté d’aseptisation de la vie, de normalisation du quotidien. La délimitation des déplacements conforte chacun.e dans un ensemble de gestes voués à assurer le transit entre les différents lieux consacrés. Du travail à la préfecture, du nouveau cinéma au fond de son lit, du centre commercial à la taule. Le territoire se voit quadrillé d’arrêts, les lieux autres ne sont que passage : circulez, c’est la fin du voyage ! Les transports en commun sont autant de check-points qui traquent, fichent et contiennent des individus réduits à l’état de flux rentables, mobiles et efficaces. Ils révèlent ce qu’est, de fait, la ville : une prison à ciel ouvert.
Le tramway ne peut donc être dissocié de l’ordre social qu’il impose, des centrales nucléaires nécessaires à son fonctionnement, des entreprises qui exploitent pour son élaboration (Colas du groupe Bouygues pour les rails, Alstom pour les Trams). C’est également Alstom qui construit les TGV pour la ligne Lyon-Turin, un autre projet au service du profit, du contrôle et du pouvoir.
Des projets comme ça il y en a des tas : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le tram-traim Nantes-St-Nazaire, les nouvelles centrales nucléaires, les nouvelles prisons… Ces projets participent au parfait fonctionnement du meilleur des mondes, ils y sont utiles. Simultanément, celles et ceux qui refusent l’exploitation et le contrôle s’organisent un peu partout pour lutter contre ces aménagements. De l’occupation de la ZAD contre l’aéroport et son monde, aux sabotages, actions et manifestations offensives dans le Val di Susa contre le TGV. Sans oublier les travailleurs sans papiers qui ont tenu un piquet de grève de plus de 100 jours sur le chantier du tram à Porte des Lilas pour obtenir leur régularisation. Des histoires qui ne seront certainement pas à l’ordre du jour de l’inauguration…
Chaque perturbation, peu importe son ampleur, a des effets immédiats sur cette routine quotidienne qui, clairement, est celle du travail, de l’économie, du contrôle et du pouvoir.
Par ce geste, il s’agit d’attaquer ce monde ainsi que ses grands et petits projets, d’être un grain de sable qui enraye la machine, poussant vers son déraillement.
Solidarité avec la ZAD, contre le grand paris et son monde
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[Publié sur Indymedia Nantes le 15 décembre 2012]