Depuis quelque temps, notre colère s’accumule contre l’ACIPA (essentiellement le bureau de cette association). Cela fait plus de deux ans déjà que des communiqués et actions de leur part nous hérissent le poil. Mais depuis quelque temps, et grâce à la mobilisation impressionnante de soutien à la ZAD durant les expulsions, l’ACIPA se croit toute puissante, aidée par des soutiens financiers, politiques et juridiques importants.
L’unité, nous pouvons y croire, mais pas avec le genre de pratiques de luttes et de propos que tient trop souvent l’ACIPA. Nous en avons assez de cacher les faits, les divisions sous prétexte que cela ruinerait l’image de la lutte, une unité artificielle qui ne tient que parce que l’ACIPA a besoin des zadistes pour repousser l’arasement de la ZAD. Dans une lutte nationale, nous n’hésitons pas à critiquer un syndicat quand il tient des propos ou agit d’une manière qui tue la lutte, et l’unité horizontale justement ! Pourquoi dans une lutte un peu plus locale en serait-il autrement ?! Bien que la lutte soit contre l’aéroport, elle se dirige aussi contre son monde, et bien trop souvent l’ACIPA nous permet de douter de la lutte contre ce monde là. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les comportements du bureau de l’ACIPA qui nous écoeurent, mais nous nous attacherons pour l’instant à quelques faits très récents, dont un en particulier.
Le dimanche 3 Mars 2013, en fin d’après-midi, le petit carnaval géant de la ZAD, organisé par des camarades de la ZAD, se dirige vers les barrages quotidiens des forces militaires d’occupation. Tout d’abord aux ardillières, où les forces du désordre partiront de suite pour notre plus grand plaisir, puis à la saulce où elles manifesteront leur violence habituelle. Ce petit carnaval servait à libérer et à se réapproprier, ne serait-ce qu’un instant, une route que les forces militaires occupent depuis plus de 100 jours ! Occupation qui se manifeste quotidiennement par des contrôles quotidiens, des fouilles, des interdictions de circuler, des arrestations soudaines, des courses-poursuites et des harcèlements de toute sortes !
Les camarades ont donc voulu par ce carnaval, décompresser de cette occupation militaire et montrer leur détermination à ne pas la subir sans réagir ! La violence est bien du côté des forces de l’ordre, quotidienne, et ce jour là, une nouvelle fois spectaculaire : lacrymogènes, matraquages, grenades assourdissantes provoquant encore une fois des blessures chez certain-ne-s de nos camarades. Face à cela, quelques camarades encagoulés ou non qui n’en peuvent plus de cette violence d’occupation, de pouvoir autoritaire. Les milices privées de Vinci n’ont pas de place sur la ZAD !
Mais l’ACIPA ne l’entend pas de cette oreille (cf l’article de OF en bas de l’article). Pour elle, le carnaval était une manifestation pacifique(sic) qui a dégénéré lorsque une bande de « pertubateurs »(sic) bien connue(sic) (bientôt la collaboration avec les forces du désordre ?!) serait apparu pour se confronter aux forces militaires ! L’ACIPA n’accepte pas ces dérapages violents (sic) ? Et la violence des forces du désordre ? Et bien pas un mot dans le communiqué…
Ce jour là, l’ACIPA avait dépêché deux personnes pour « surveiller »(sic) le carnaval. Ces personnes auraient-elles oublié volontairement que les forces de l’ordre ont commencé à charger et à lancer des grenades assourdissantes lorsque les camarades se sont rapprochés du carrefour de la saulce en voulant y brûler un char en avion. Et que par la suite les camarades ont répliqué ?! Auraient-elles aussi oublié que trois camarades se sont fait arrêtés sans raison particulière et que plusieurs camarades ont été blessés ?…
Après on nous parle de division dans la lutte, mais qui fait le jeu du PS et de Vinci en séparant bons occupant-e-s et méchant-e-s occupant-e-s de la ZAD ?! Cela nous rappel certain-ne-s bureaucrates d’EELV, dont certain-ne-s zadistes avaient dénoncé les propos et leur récupération du mouvement de soutien aux expulsions, à juste titre. Mais nous doutons que ces mêmes camarades qui ne cessent de protéger l’ACIPA, sous prétexte de bonne entente avec les gens du coin et d’unité dans la lutte, dénonceront ces mêmes propos qui proviennent de la bouche des représentant-e-s de l’ACIPA…
Depuis deux-trois ans, nous ne comptons plus les communiqués de ce genre provenant de l’ACIPA et de leurs alliés politiciens. Leurs tentatives de saboter des actions/projets différents, libertaires, spontanés, ou de les dénigrer ne se comptent plus, non plus.
Leur silence durant les expulsions [1], voire même leurs propos compréhensifs par rapport à la résistance parfois « violente » envers les forces militaires nous avaient laisser à penser que les évènements leur avaient fait entrapercevoir qu’il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise résistance, mais différentes tactiques de résistance face à l’arasement de la ZAD, et une même rage partagée face aux destructions de maisons, d’arbres et à l’occupation militaire. Nous nous trompions !
Depuis quelques mois, l’ACIPA a retrouvé ses marques, aidé en cela par le « dialogue »(sic) institutionnel mené par ses alliés, par les maigres victoires juridiques, par un soutien financier énorme et inespéré dû à la mobilisation de soutien aux camarades de la ZAD, par une politique de propagande merdique des médias qui stigmatisent les zadistes et valorisent le « pacifisme » de l’ACIPA et de ses alliés.
A titre d’exemple, l’ACIPA fait pression, aidé par certain-ne-s paysan-ne-s [2], sur les camarades de la zone est de la ZAD, pour qu’ils enlèvent les chicanes de la D281. Or ces chicanes protègent les cabanes des camarades d’expulsions rapides, permettent une circulation tranquille sur cette même route et empêchent les militaires d’y passer ? L’ACIPA voudrait-elle faciliter le travail des milices privées de Vinci ?
Quand à un procès de camarades, un des représentants de l’ACIPA déclarent qu’ils ne « suivent pas le bon chemin »(sic), que ce sont des « incontrôlables »(sic), parce qu’ils ont osé s’approcher d’une maison murée pour apparemment y récupérer des affaires laissés lors d’une expulsion d’autres camarades…
« Le bon chemin » ?… L’ACIPA en guide de la lutte juste et droite (de droite ?) ? « Incontrôlables » ? Heureusement !
Ce qui fait penser que l’ACIPA référence un blog bien nauséabond sur son scoop it, malgré nos emails répétés et cet article de notre part trouvable ici, participant à la diffusion des idées identitaires qui y sont diffusés. Mais peut-être que l’ACIPA ne trouve rien à y redire…
L’ACIPA connait les chemins qui mènent à la victoire et qui respectent l’ordre…
Mais l’ACIPA aurait-elle oublié que la majorité des victoires obtenus sur le terrain est dû à une résistance directe et multiforme…sur le terrain ! La mobilisation autour des expulsions a ainsi permis de repousser de 6 mois le défrichage de la ZAD et a permis de renforcer l’occupation de la ZAD (aujourd’hui de plus en plus déserté par ses habitant-e-s propriétaires qui ont majoritairement reçu leurs indemnisations !, Vinci étant propriétaire de plus de 80% de la ZAD !).
« En visant » l’ACIPA, car nous ne supportons plus l’accumulation de comportements politicien-ne-s et policiers de leur part, nous ne visons pas la mobilisation de la majorité de ses adhérent-e-s, qui ont participé à ce que le mouvement d’occupation perdure et ont participé à toutes sortes d’actions de soutien. Par cet article, nous visons le bureau de cette association qui n’a de cesse de tenter de faire la main-mise sur cette lutte, et ce par tous les moyens possibles (encore, serait-ils honnêtes…).
L’efficacité ? Quelle efficacité ?!
Nous ne croyons pas en l’unité d’une lutte lorsque cette unité se fait au prix de compromis(compromission ?) au nom de l’efficacité et de l’image de ce que cela donnerait au « grand public »(sic). Doit-on s’unir avec un parti comme Debout la République, ce qui se fait à l’intérieur de la coordination des opposant-e-s, dont fait partie l’ACIPA ?! Au nom de quelle efficacité doit-on s’allier avec des partis/associations qui véhiculent des idées nauséabondes ou/et se désolidarisent d’actions dites « illégales » ?
Pensons aux luttes syndicales nationales par exemple où, au nom de l’unité et de l’efficacité, la lutte penche vers le compromis, le respect de l’état de droit(sic) donc de l’ordre établi, les négociations avec le pouvoir au mépris et au détriment d’actions directes, c’est à dire sans intermédiaire. Les avancées sociales et sociétales se sont réalisés majoritairement dans la rue, dans des espaces publics, lors de discussions, actions… ; et non lors de tables de négociations, de décisions de justices et de débats parlementaires. Ces mêmes intermédiaires qui ont, au contraire, à chaque fois amoindri voire éteint les avancées obtenus dans la rue, et ce en échange de miettes de pain (dont se satisfont très bien les dirigeants syndicaux tout autant avides de pouvoir).
Nous ne pouvons contenir plus longtemps ce que l’ACIPA joue comme jeu dangereux. Nous allons sûrement nous attirer les foudres de la majorité de nos camarades, mais au moins les choses seront plus claires !
Pour une lutte directe et sans compromission !
La ZAD a besoin de tous/toute-s, sous toutes les formes de résistance directe !
Pour l’arrêt immédiat du projet d’aéroport de NDDL et de son monde !
Des membres du Collectif de Lutte Contre l’Aéroport de Notre Dame Des Landes
Le communiqué de l’ACIPA, paru dans le ouest france du 07/03/2013, à l’origine de notre article :
Notes :
[1] Pour rappel, l’ACIPA a mis pas mal de temps à réagir lors des expulsions et n’a pas appelé à se mobiliser dans un premier temps. La résistance des premiers jours était avant tout constitué de camarades de la ZAD, de soutiens individuels et collectifs de l’extérieur et de membres de l’ACIPA qui n’ont pas attendu la consigne du bureau pour venir soutenir la résistance.
[2] Nous nous posons aussi de grosses questions à la lecture du communiqué du COPAIN 44 sur l’installation de paysan-ne-s sur la ZAD… Apparemment les zadistes ne sont pas les bienvenue-s sur les terres de la ZAD si ils ne rentrent pas dans le rang… Faudrait-il encore rappeler que deux paysan-ne-s, au maximum, n’ont pas signé la vente de leurs terres à Vinci ?! Voir le communiqué du COPAIN 44
N.B : les membres du bureau de l’ACIPA, comme d’autres apôtres de la non-violence exclusive, feraient bien de méditer cette phrase d’un de leurs apôtres de référence, nomme Ghandi :
« s’il ne reste le choix qu’entre la violence et la lâcheté, je préfère la violence »
Et de lire ce petit texte de camarades zadistes : « Contre l’aéroport mais pacifistes que ça ! »
Un complément à l’article précédent, à propos du soutien financier à l’ACIPA :
L’ACIPA surfe sur la mobilisation impressionnante qu’il y a sur la ZAD depuis le début des expulsions en octobre. Et n’hésite pas d’ailleurs à lancer une bière étiquetée ZAD pour son simple profit.
Nous nous doutons déjà que pas mal de gens l’achèteront en pensant soutenir la lutte sur le terrain et les zadistes.
Or il n’en est rien puisque l’argent sert aux recours juridiques et à la préparation de grands évènements « spectaculaires » où seront invités des groupes de musique commerciaux, des partis politiques en tout genre et toute sorte d’intervenants qui n’hésitent pas à cracher sur les zadistes (ATTAC, EELV, debout la république…).
Pas un sou pour la lutte sur le terrain, pour soutenir les camarades qui se battent au quotidien contre l’occupation militaire de la ZAD, et qui ont permis le report des travaux de défrichement de la ZAD et de son arasement.
Un livre de soutien à la ZAD, rempli de dessins, textes, affiches…a été diffusé il y a peu, dans pas mal de librairies. Les documents présents dans le livre ont été réalisés suite à la mobilisation de solidarité avec les expulsions des camarades occupant-e-s de la ZAD. Le bénéfices seront donc reversés aux camarades ? Et bien non, ils seront reversés à l’ACIPA et l’argent ne servira pas à soutenir la lutte sur le terrain…
Enfin, l’ACIPA, avec le soutien de la confédération paysanne, a reçu une belle somme suite à une vente de bières en soutien à la lutte. Mais au final en soutien à quelle lutte. Et bien à une seule, c’est à dire à la lutte politicienne et juridique…pendant ce temps là les camarades de la ZAD se débrouillent avec le réseau de collectifs et d’invidu-e-s qui les soutiennent plus particulièrement, mais qui ont beaucoup moins de moyens de les soutenir financièrement.
Le clou du spectacle étant que l’ACIPA utilise le mot zad sur l’étiquette de sa nouvelle bière de soutien, ce qui pourrait laisser à penser que cette association se soucie de tous les habitant-e-s de la ZAD…
On oubliait de vous donner la définition intéressante du sigle ACIPA : Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes… Concernée…par elle-même ça c’est sûr…
La lutte business, spectaculaire et exclusive a encore de beaux jours devant elle…
[Diffusé sur Indymedia Nantes le 7 mars 2013]