[Paris – la discordia] Mardi 26 janvier à 19h – Islamophobie : du racket conceptuel au racket politique

Màj : Communiqué de La Discordia suite à quelques tags

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[Paris – la discordia] Mardi 26 janvier à 19h – Islamophobie : du racket conceptuel au racket politique

Pour rappel, mardi prochain, le 26 janvier à 19h, aura lieu la dernière discussion du mois de janvier à la bibliothèque La Discordia. Il sera question d’un sujet polémique, source de nombreuses scissions parmi les ennemis de ce monde depuis les attentats de janvier 2015 : le terme ambigu d’« islamophobie », mais plus généralement, les rapports entre autorités religieuses, croyances, théismes et les milieux prétendument subversifs à travers l’histoire, mais surtout aujourd’hui, et plus que jamais en France. Car peut-on être subversifs et lutter contre tous les pouvoirs avec de tels rapports à la religion, qui se trouve justement aux origines du pouvoir ? C’est justement cela que nous aimerions débattre. Nous savons qu’il y aura du monde à cette discussion, prenons donc cette occasion de mettre les choses en débat, en discussion, et peut-être réussir (ou non) à élaborer une « communauté » de critique capable de transcender les différences (plutôt que de les oublier), et cela peu importe les inégalités possibles de connaissances de base entre les uns et les autres sur le sujet.
Pour l’occasion, une brochure a été préparée par Ravage Éditions avec les textes de Cassandre écrits dans une période qui couvre presque entièrement l’année 2015. Certains d’entre vous les auront peut-être déjà lu (dans le second numéro de la revue Des Ruines) ou à l’occasion d’une discussion précédente (bien que ce texte ait été revu depuis).

On pourra télécharger cette brochure ici : http://ravageeditions.noblogs.org/post/2016/01/21/nos-revolutionnaires-sont-des-gens-pieux-cassandre/

Nous n’avons pas eu la possibilité de promouvoir cette discussion comme il se doit, puisque celle-ci (comme tout ce qui concerne les problématiques posées par les religions « minoritaires » ou les théories raciales, mais aussi le nationalisme), a été censurée par une grande partie des « médias alternatifs » par lesquels nous diffusons habituellement le programme de la bibli (comme indymedia nantes, cf. https://nantes.indymedia.org/articles/33118 où l’article a d’abord été refusé avant d’être mis « en débat », mais sans possibilité de participer au « débat » ou là : https://nantes.indymedia.org/articles/32473 ). C’est pourquoi nous vous demandons de faire passer le message autour de vous, pour parer à ces déconvenues et rendre le débat public, pour qu’enfin la question puisse être posée, sans tortiller du cul et regarder ailleurs. Si cela fait des mois que vous hésitez à passer, ce débat sera l’occasion parfaite.

Aussi, à l’occasion d’un renouvellement de bail et de difficultés financières conséquentes, La Discordia a besoin de votre soutien, que ce soit par votre présence, mais aussi par des dons ponctuels ou réguliers (nous contacter pour cela), mais aussi par votre participation. La Discordia est ouverte à toutes celles et ceux qui voudraient lui proposer des idées de débats, ou des présentations déjà élaborées ou à élaborer ensemble. Faites nous des propositions, ce sont aussi des occasions de discuter et de se rencontrer, de s’enrichir et se se stimuler mutuellement, en dehors de tout sectarisme (nous nous foutons, dans certaines limites, du « isme » que vous revendiquez ou non, ou du notre).

La brochure, ainsi que d’autres textes que nous avons jugés intéressants et riches de bases pour notre débat, ont été ajoutés sur le blog de la bibli, dans les désormais classiques « suggestions de lecture » (qui ne sont pas obligatoires pour pouvoir suivre et participer aux discussions, mais vivement conseillées) : http://ladiscordia.noblogs.org/programme-ode-decembre-2015-janvier-2016/

Faites tourner !

Au plaisir d’échanger dans une période qui s’y oppose, et vive la révolution !

Quelques discordistes.

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Pour rappel, la présentation de la discussion :

Islamophobie : du racket conceptuel au racket politique
Mardi 26 janvier 2016 – 19h

Le concept d’islamophobie est un racket sémantique et politique qui se situe au carrefour de deux camps conceptuels, celui du religieux et celui du racisme. Son but est en effet d’enlever toute légitimité à la critique de la religion musulmane (et donc, par glissement, aux religions en général), taxant systématiquement toute critique de racisme envers les croyants (réels ou supposés). De nombreux soi-disant « révolutionnaires » se sont réappropriés ce concept et, par conséquent, l’aveuglement face au rôle autoritaire et pacificateur de toute religion.
Alors que nos pieux « révolutionnaires » nous parlent d’« islamophobie » à toutes les sauces, les fachos du printemps français nous parlent, eux, de « cathophobie », d’autres encore de « négrophobie » ou de « judéophobie ». Chacun tente son petit racket politique sur l’antiracisme. Chacun a sa petite oppression et ses petits particularismes à mettre en avant, toujours en concurrence avec ceux des autres, approfondissant les divisions entre exploités. Et surtout, plus personne ne parle de la lutte contre le racisme en tant que tel, et sous toutes ses formes.
Refuser ce raccourci conceptuel est un point de départ pour s’opposer à toutes les religions, y compris l’islam, présenté à tort par les défenseurs du concept d’« islamophobie » comme la religion des opprimés (comme le catholicisme irlandais ou le bouddhisme tibétain à d’autres époques). Il s’agit alors de nous faire passer la religion comme élément d’émancipation dans le pire des cas, et dans le moins pire, de faire passer l’idée que la religion n’est pas, en soi, un outil de domination séculaire au service de l’ordre. Derrière cela se cache l’idée que les rapports de domination, lorsqu’ils sont portés par de supposés « opprimés », deviendraient émancipateurs.
Parce que la religion reste un problème majeur pour ceux et celles qui veulent une transformation radicale de ce monde, sa critique est nécessaire, aujourd’hui plus que jamais. Parce qu’il n’y a pas de « religions des opprimés », seulement des religions qui oppriment.

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[Reçu par mail]

 Bibliothèque anarchiste La Discordia
45 Rue du Pré Saint-Gervais, 75019 Paris

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Paris sous tension n°5

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Sans fleurs ni couronnes

« Les mots n’ont pas de valeur en soi, mais pour le sens qui leur est attribué. Il faut donc toujours bien se mettre d’accord sur le sens des mots utilisés, et faire attention à ce que des gens sans scrupules ne fassent pas usage des mots qui ont le plus de popularité, à travers lesquels ils font passer sous une fausse étiquette la marchandise avariée de leurs propres intérêts économiques et politiques. »
Max Sartin, La magia e il senso delle parole, 1935

I. Autonomie

Chacun sait que le langage n’est pas neutre. Que c’est un moyen souvent insatisfaisant pour exprimer ses idées. Pourtant, si on veut pouvoir les communiquer à d’autres et en approfondir le contenu, il vaut mieux s’entendre sur le sens des mots. Dans les milieux anti-autoritaires comme ailleurs, cela va de moins en moins de soi. Une même idée, courante, emprunte même parfois des significations si éloignées les unes des autres (en assemblée par exemple), qu’on en vient à se demander s’il s’agit juste d’une banale incompréhension ou si ce n’est pas la manifestation d’une confusion généralisée en progrès constants. Prenons parmi tant d’autres le mot « liberté« , régulièrement transformé en conquête ou préservation de droits garantis par l’Etat (comme la fameuse « liberté de« ) ou exprimé sous forme d’oxymore (comme dans la défense du « marché libre » des biffins). Mais la liberté peut-elle vraiment être quelque chose de quantifiable, le synonyme abstrait d’une augmentation des choix possibles, ou n’est-ce pas au contraire l’expression de toutes les possibilités différentes qui peuvent se déployer dans le rapport avec les autres  ? La liberté ne peut pas être enfermée à l’intérieur de lois et de règles valables pour tous, elle peut seulement naître du libre accord entre individus, en l’absence donc de tout système ou rapport autoritaire (Etat, capitalisme, religion, patriarcat).
Que le langage ne soit pas neutre, ne soit pas simplement descriptif, les autoritaires en tout genre l’ont compris depuis longtemps. Celui qui contrôle le sens des mots peut s’assurer d’une capacité considérable de maîtrise des esprits. Le pouvoir a ainsi toujours cherché à leur donner le sens qui l’arrange, qu’on songe par exemple à celui de terrorisme, qu’il dégaine d’un jet ininterrompu et à tout va depuis bien trop longtemps*. Partout où il y a une masse à manoeuvrer (ou une illusion de), on peut retrouver cet art de la politique qui consiste à travestir les faits en changeant les mots, y compris donc dans le soi-disant mouvement anti-autoritaire où les idées gauchistes font un retour en force depuis quelques années.
Dans leur miroir déformant, réduire les individus à leur couleur de peau n’est ainsi plus du racisme, mais devient une lutte contre les privilèges. Justifier la soumission à un code de loi gravé dans un vieux bouquin n’est plus une manifestation par excellence de l’autoritarisme (à combattre), mais devient une simple manifestation culturelle (à soutenir) ou une banale opinion (à tolérer). Jeter des pierres sur des journalistes ou des élus en toute occasion ne signifie plus manifester son hostilité irréductible avec le pouvoir, mais devient un manque d’intelligence tactique dans la composition avec lui. Dans la vague actuelle de renversement des contenus et de leur instrumentalisation au sein du mouvement, il n’est alors pas étonnant que même des concepts jusqu’à hier chers à beaucoup, comme l’autonomie ou l’auto-organisation, soient à leur tour vidés de leur sens par leurs partisans mêmes, neutralisant leur force pratique et les privant de leur portée potentiellement subversive. Faute de perspective révolutionnaire, au nom du pragmatisme ou de l’efficacité, de l’élargissement ou de l’ancrage sur un territoire, par esprit de grégarisme ou d’adaptation à un existant toujours plus trouble, l’heure semble de moins en moins à la diffusion de pratiques anti-autoritaires, et toujours plus à leur dilution au sein d’alliances de circonstance avec des politiciens de service (mais dans le respect de la diversité de chacun, hein  !).
Et c’est peut-être comme cela, petit à petit, que l’éditeur officiel de tout un ramassis d’ordures a pu soudain se transformer en une opportunité à saisir pour d’anciens amateurs de la guerre sociale.

II. Le sens plutôt que la règle

«  Forger et utiliser ses propres moyens de lutte placerait-il de fait en-dehors du champ des luttes sociales  ? C’est le discours que tiennent l’Etat et ses relais directs car ils défendent leurs intérêts…  »

Kalimero Paris, février 2008

En matière d’autonomie et d’auto-organisation, prenons le dernier cas d’école en date, à savoir les « membres » d’un collectif francilien qui participent « à des luttes ou à des mouvements sociaux« , et qui ont décidé de commercialiser leurs travaux en janvier 2016 chez Syllepse, une maison tolérante dont l’ouverture d’esprit avait été jusque là trop négligée par une partie du mouvement. Certes, prôner l’auto-organisation et la critique de la marchandise tout en alimentant de ses analyses les étals des supermarchés n’est pas nouveau, et ils n’ont pas beaucoup de mérite. Les stratèges blanquistes de la composition avaient déjà rouvert cette voie fructueuse avec l’éditeur de flic et de juge La Fabrique en 2007, avant que des vendeurs de mauvaise soupe ne les imitent en 2014 avec leurs trajectoires alternatives débitées chez l’éditeur du Mieux vaut moins, mais mieux de Lénine (ed. l’éclat). Mais tout de même, si des critiques du langage et de l’idéologie de la procédure pénale ont fait le choix d’un éditeur comme Syllepse, qui avait publié en 2011 un ouvrage coordonné par une magistrate dénonçant une « politique qui échoue à lutter contre la délinquance et qui désorganise la police et la justice » avant de suggérer « de nombreuses propositions alternatives en matière de fichage et de vidéo-surveillance » **, c’est qu’il doit bien y avoir une raison ou une cohérence quelque part. D’autant plus que leurs réunions se déroulent depuis des années dans un local dont les participants affichent justement leur ambition de « subvertir les rapports sociaux,c’est-à-dire remettre en cause cette société et la renverser« , à travers une « autonomie » définie comme une manière de s’organiser « hors des syndicats, des partis, des structures hiérarchiques« .

Afin de lever toute ambiguïté et pour ne pas en rester sur ce qui relève manifestement d’un télescopage malheureux au sein des collections de Syllepse -un peu comme si l’auteur d’un bouquin titré Mort à la démocratie donnait une interview à une grande radio d’Etat pour en faire la promotion-, faisons donc un rapide tour du propriétaire. Pour commencer, on pourrait consulter la quarantaine d’ouvrages de la Fondation Copernic publiés ces quinze dernières années par l' »alter-éditeur, engagé et non partisan« , mais aucun estomac n’y résisterait bien longtemps. Et de toutes façons, pour connaître les idées professées par ladite Fondation, inutile de se plonger dans l’écoeurante mixture qui mijote sous la bannière de « l’anti-libéralisme ». Le parcours de ses présidents successifs (1998-2015) suffira amplement  : Yves Salesse (ex dirigeant national de la LCR, ex du cabinet du ministre communiste des transports Gayssot, ex porte-parole de Bové à la Présidentielle), Évelyne Sire-Marin (vice-présidente du TGI de Paris, ex Présidente du Syndicat de la magistrature et soutien de Mélenchon à la Présidentielle), Roger Martelli (membre du Parti communiste et ex de son Comité central), Caroline Mécary (ex conseillère régionale EELV et toujours conseillère de Paris), Janette Habel (ex du bureau politique de la LCR et signataire du Mouvement pour la sixième République), Pierre Khalfa (ex porte-parole de l’Union syndicale Solidaires et membre du Conseil scientifique d’Attac). N’en jetez plus, la poubelle déborde  !
La « forme grammaticale qui privilégie les accords fondés sur le sens plutôt que sur la règle« , à laquelle Syllepse a emprunté son nom, a certainement trouvé avec la Fondation Copernic un accord à la hauteur de ses ambitions  : être l’éditeur privilégié d’un des principaux laboratoires de la main gauche de l’Etat. Le genre de laboratoire indispensable pour redorer la façade craquelée du pouvoir, tenter d’éteindre les incendies qui couvent à sa base et imaginer comment lui assurer un semblant de légitimité sociale en temps de restructurations économiques. Tout de même, drôle d’endroit pour une Caisse d’auto-défense collective. A moins que ce ne soit leur désir commun de mouvement social et de collectif qui les ait réunis, puisque l’éditeur précisait dès son Manifeste de juin 2004 vouloir offrir « une caisse de garantie qui permet à tous nos auteurs de mener leur projet à bien et une caisse de résonance pour leurs idées« , ou encore que « notre force tient aussi à notre lien avec les mouvements sociaux« . Mais le problème, quand on nie à ce point l’individu, c’est qu’on finit très vite mal accompagnés,

Oublions donc vite fait cette collection particulière, Notes et Documents de la Fondation Copernic, et tentons de trouver un peu d’air frais du côté des dizaines d’autres collections du nouveau venu dans l’ex mouvance autonome. Là, surprise ou pas, on tombe sur des spécialistes de la vie des autres (dont des psys en tout genre), des prêcheurs d’Etat (universitaires ou de lycée) et autres autoritaires historiques (avec une prédilection pour les auteurs trotskystes, dont les 944 pages du boucher de Kronstadt parues en avril 2015 pour rappeler l’importance du front unique antifasciste***). Les autres collections remarquables de Syllepse se nomment par exemple ATTAC, Contretemps (revue dont le n°14 de 2012 contenait cet immanquable article titré « Syriza ou l’espoir retrouvé« ), Espaces Marx, Les Cahiers de Critique Communiste, Mille marxismes (avec ces magnifiques « La politique comme art stratégique » et « Le dernier combat de Lénine » de 2011 et 2015) ou encore Séminaire marxiste… Réconcilier la rigidité théorique du passé avec le meilleur du réformisme du présent, en voilà bien un projet qui semble avoir trouvé son marché, si on en juge par les centaines d’ouvrages sortis chez Syllepse depuis 1989. En même temps, c’est vrai qu’à force de fréquenter les allées du pouvoir, on se perd moins dans le dédale de ses financements.
Mais comme il serait ingrat de demeurer en si mauvaise compagnie sans faire un détour par LA collection qui se veut un peu plus terre-à-terre, jetons un dernier coup d’oeil sur Arguments et Mouvements, dont le postulat est que les « acteurs du mouvement social et les mouvements sociaux produisent des idées, émettent des propositions, interprètent le monde et agissent sur lui » (merci pour eux). Des idées et des propositions qu’il aurait en effet été trop bête de gâcher en ne les récupérant pas au sein des différents rackets de la gauche de la gauche. Mais qu’on se rassure, la conception du mouvement social de Syllepse n’a même plus de quoi incendier un Palais d’Hiver, et va au mieux réclamer quelques miettes tout en pacifiant le rapport capital/travail  : on retrouve pêle-mêle dans cette collection qui vient donc d’éditer Face à la police/Face à la justice de la Caisse d’auto-défense collective de Paris/Banlieue (Cadecol), des livres signés Syndicat Solidaires des finances publiques, Syndicat national des chercheurs scientifiques, Syndicat National Unifié des Impôts, Sud-Étudiant ou encore VISA (« association intersyndicale unitaire composée d’une cinquantaine de structures syndicales  : la FSU et plusieurs de ses syndicats, l’Union syndicale Solidaires et plusieurs de ses syndicats, des fédérations et des syndicats de la CGT, de la CFDT, de la CNT, de l’UNEF et le Syndicat de la magistrature« ).
Arrivés à ce stade, on se dit que, franchement, ce n’est pas juste un mauvais hasard ou de la naïveté, mais un véritable choix tactique qui a fait s’accoupler dans un ballet abject le livre de la caisse des autonomes franciliens avec (notamment) celui de la vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris, grâce à un éditeur commun qui annonce clairement ses intentions  : « nos livres parlent séparément mais frappent ensemble » (à la porte des institutions), parce que leurs multiples langues débouchent « vers des compréhensions communes, vers une langue partagée, vers un sens commun, vers des «  tous ensemble  » de la pensée et de l’action« .

III. Les moyens de leurs fins

Dans son court texte de présentation technique, Cadecol se définit comme un outil à « utiliser de manière autonome afin se donner en amont les moyens de s’organiser le plus efficacement possible contre la répression« . Si ce collectif apporte à son tour sa petite pierre pour vider à sa manière le mot autonome de la charge subversive qu’il pouvait encore contenir -comme d’autres l’ont fait avant lui-, ne peuvent pourtant rester surpris que celles et ceux qui s’étaient arrêtés au début de la phrase. Car que peut bien vouloir dire une expression aussi absolue que « le plus efficacement possible« , sinon déconnecter absolument les fameux moyens des fins  ? C’est un vieux truc qui permet de tout justifier au nom d’un intérêt commun supérieur (le maximum d’efficacité supposée… et donc l’art du calcul spéculatif), laissant le champ libre à une poignée de fins dialecticiens qui viendront nous éclairer du haut de leur clairvoyance. Le Comité invisible, qui en connaît un rayon sur le sujet, avait logiquement choisi de vendre sa soupe chez un fana de Lénine. La Caisse francilienne a choisi de son côté de se donner des moyens de s’organiser en amont en s’offrant à un fana de Trotsky. Une différence qu’on ne s’explique autrement que par la composition des assemblées du dit « mouvement social » selon les périodes et le sujet du moment (la CGT des raffineries, c’est pas le NPA des réfugiés).

Quant aux autres, tous les autres, pour qui la fin ne justifiera jamais les moyens, pour qui un éditeur de centaines de conseillers du prince restera toujours un ennemi à combattre plutôt qu’un allié provisoire à utiliser ou avec lequel s’accoquiner, pour qui s’organiser de façon autonome signifie s’associer entre individus révolté-e-s dans un espace de lutte anti-autoritaire où les mots et leur sens ne sont pas mutilés…
…l’horizon de la solidarité et de l’offensive sera toujours bien plus vaste et bien plus respirable que tous les marigots du plus efficacement possible.

Sans fleurs ni couronnes,
Bagnolet, début janvier 2016

* Car si le terrorisme signifie frapper dans le tas de manière indiscriminée pour tenter de préserver ou conquérir le pouvoir, et que l’Etat n’en a pas toujours le monopole exclusif, une affiche rappelait également fort à propos il y a quelques années à quel point ce terme avait été biaisé et restreint de manière instrumentale  : « Dans ce monde à l’envers, le terrorisme ce n’est pas contraindre des milliards d’êtres humains à survivre dans des conditions inacceptables, ce n’est pas empoisonner la terre. Ce n’est pas continuer une recherche scientifique et technologique qui soumet toujours plus nos vies, pénètre nos corps et modifie la nature de façon irréversible. Ce n’est pas enfermer et déporter des êtres humains parce qu’ils sont dépourvus du petit bout de papier adéquat. Ce n’est pas nous tuer et mutiler au travail pour que les patrons s’enrichissent à l’infini. Ce n’est pas même bombarder des populations entières. Tout cela, ils l’appellent économie, civilisation, démocratie, progrès, ordre public. »
(Qui sont les terroristes  ?, avril 2008)
** Selon le résumé promotionnel disponible sur le site de l’éditeur. Ficher, filmer, enfermer, vers une société de surveillance  ?, coordonné par Evelyne Sire-Marin, ed. Syllepse, février 2011
*** Une position toujours défendue par l’un des coordinateurs du livre de Trotsky et fondateur historique toujours en place de Syllepse, Patrick Silberstein, par ailleurs pétitionnaire multirécidiviste en compagnie d’élus de gôche, ex dirigeant de Ras l’Front et un des animateurs de la campagne.présidentielle de Bové.

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[Publié sur Indymedia Nantes le 9 janvier 2016]

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[Besançon] Feux solidaires avec les prisonniers à l’occasion du passage à la nouvelle année

Dans la soirée du jeudi 31 décembre, un groupe de personnes s’est rendu peu après 22h00 à la prison de la Butte de Besançon pour exprimer leur solidarité avec les prisonniers.

Alors que s’échangeaient des vœux hypocrites pour la nouvelle année, des feux d’artifice et pétards ont un peu rompu la monotonie ambiante d’un début de nuit de réveillon. Pendant quelques minutes ont résonné des slogans contre le système carcéral — « les prisons en feu les matons au milieu », « pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons », « feux aux prisons, crèvent les matons », etc… — et des sifflets au milieu des cris de satisfaction et de joie de prisonniers aux barreaux de leurs cellules.

En espérant cette année 2016 riche en évasions, cavales et mutineries !

Salutations chaleureuses aux six prisonniers qui sont entre les sales mains des flics après la tumultueuse nuit du 29 au 30 décembre 2015 à l’EPM d’Orvault.

Solidarité avec tous les prisonniers en révolte !

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[Publié sur Indymedia Nantes le 1er janvier 2016]

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[Paris] Lucile est sortie de taule

Suite à un contrôle d’identité dans la rue en banlieue parisienne, une compagnonne était emprisonnée à Fleury-Mérogis depuis le 14 octobre. Elle est sortie le 21 décembre dernier.

Les remises de peine légales (7 jours par mois pour les peines inférieures à une année) et supplémentaires (à la discrétion de la matonnerie, qui se base sur la participation de la prisonnière aux «activités», notamment le travail, mais aussi les séances de sport et autres) ont raccourci la peine de Lucile de 24 jours. Comme d’hab, les matonnes font traîner les infos et la compagnonne n’a connu sa date de sortie que deux ou trois jours avant.

La solidarité multiforme dedans/dehors permet de tenir bon face à l’effort permanent de l’État de faire taire nos colères et nos insoumissions. Croyez pas qu’elle nous épuise, bien au contraire.

Et aux matonnes qui réceptionnent nos colis de Noël (de 5kg pile poil pour le coup) et qui les mettent en pièce à la recherche d’un bout de shit ou d’un chocolat à la liqueur, puisse 2016 vous être plus désagréable encore que toutes les autres années.

[Publié sur Indymedia Nantes le 31 décembre 2015]

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De la « radicalisation » et de son dépistage médical

Il fut un temps, pas si lointain, où l’on disait, à propos du système de répression politique en vigueur en URSS : « L’opposition est une maladie mentale ». On enfermait en effet les dissidents dans des établissements dits « psychiatriques », où ils étaient non seulement détenus, mais abrutis de médicaments. Neutralisation et diffamation pseudo-scientifique.

Le Conseil national français de l’ordre des médecins vient de publier un mémo, non sur l’ « opposition », mais sur la « radicalisation ».

Lisez la définition qu’adopte et cite l’Ordre des médecins.

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Ceci est un test.

Mais, rassurez-vous, je me considère tenu au secret quant à ses résultats.

Si vous jugez cette définition étrangement élastique, voire légèrement délirante, je suis navré d’avoir à vous dire que vous connaissez mal la société dans laquelle vous vivez.

En effet, la phrase supposée empruntée à M. Fahad Khosrokhavar — dont je ne sais rien et dont je veux tout ignorer[1] — plagie presque mot à mot la définition actuellement en vigueur du « terrorisme », et dans la doctrine de l’Union européenne et dans la législation française.

Quelque lecteur ou lectrice soucieux/se de scrupule intellectuel (et de ne pas perdre le peu d’équilibre mental qui lui reste) objectera peut-être qu’il s’agit « évidemment » de détecter la « radicalisation islamiste » d’individu(e)s au bord du « passage à l’acte » mitraillant. Je les renvoie à la même définition franco-européenne du « terrorisme », lequel terme peut désormais désigner pénalement tout espèce d’acte militant visant à « contester l’ordre établi sur le plan politique social ou culturel ».

Mais, la « violence d’action », me direz-vous ! Voilà qui est bien clair et désigne à l’évidence la violence contre les personnes.

Il n’en est rien. Les lois « antiterroristes » en vigueur en France en 2015 (et pour longtemps) permettent de qualifier, de poursuivre et de juger en conséquence (c’est-à-dire avec le minimum de garanties légales), une occupation de bâtiment ou une opération de sabotage informatique, par exemple.

Il faut vous y faire, la violence n’est plus ce qu’elle était ! Le « terrorisme » et la « radicalisation » pas davantage.

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Quels sont les critères requis pour la prise en compte d’un “signalement” ? [questionne judicieusement le mémo ; il s’agit ici du signalement réclamé par ou conseillé à un proche d’une « personne en voie de radicalisation ou radicalisée ».]

[Réponse :]

Signes objectifs de radicalisation [Voir définition plus haut].

Implication potentielle ou avérée dans une filière djihadiste.

Le médecin qui reçoit des « confidences » d’un proche peut donc l’orienter vers le Centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation (CNAPR), dont on nous précise — information de nature à lever toute réticence — que ses « écoutants » [sic] « sont des réservistes de la Police » (la « Police » avec son grand « P »…).

Lorsque le médecin constate la « radicalisation potentielle ou avérée » d’un(e) patient(e) mineur(e), il s’adressera, sans craindre de trahir le secret (puisque l’intérêt dudit mineur est en jeu), à un organisme dont je découvre l’existence et dont l’intitulé m’émerveille par sa fraîche et naïve bonhomie : la Cellule de recueil des informations préoccupantes [sic].

On comprend sans peine que les pouvoirs publics hésitent à faire à un tel organisme une publicité trop ostensible, tant nous sommes toutes et tous en situation quotidienne de recueillir une quantité quasi-illimitée d’informations extrêmement préoccupantes sur le monde tel qu’il va et le sort qui nous y est réservé… Le standard téléphonique et le site internet de la chose (en a-t-elle un ?) arriveraient rapidement à saturation, source de dépressions pour le personnel et d’incendie des circuits électriques.

La sécheresse des recommandations concernant le cas d’un(e) patient(e) majeur(e) « radicalisé ou, etc. » montre l’embarras de l’Ordre. Dans la situation où, malgré la loi et le code de déontologie médicale, le médecin se trouverait « face à un cas de conscience[2] », il est « invité » à se tourner vers le conseil régional de l’Ordre des médecins, lequel est lui-même invité — si « cas de conscience » récidivant — à consulter (si j’ose dire !) la « section Éthique et Déontologique du Conseil national ».

Laquelle « section » est invitée… Ah ! non… La section n’est pas invitée. Elle se débrouillera, la section.

Vous voilà désormais mieux informé(e)s, je m’en flatte.

Il me reste à vous souhaiter une bonne rad… continuation. Et surtout, hein, la santé !

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[1] Mais je pense qu’on a choisi son patronyme pour sa consonance arabo-persane (au moins pour les ignorants que nous sommes) : voilà un type qui doit savoir de quoi il parle !

[2] Riez ! C’est pourtant le genre de truc que personne n’aimerait rencontrer au coin d’un bois.

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[Repris de Lignes de force – le blogue généraliste de Claude Guillon]

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[Évry] Compte-rendu du procès de Christine du 17 novembre

Mardi 17 novembre Christine Ribailly était jugée par le tribunal correctionnel d’Évry.

Elle était poursuivie suites aux plaintes de pas moins de neuf matons de la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis pour violence et rébellion , dont 4 se sont portés partie civile.

Christine a ré-expliqué dans quel cadre se sont passés ces faits : Comme dans les taules précédentes, arrivée à Fleury elle refuse le fichage qu’impose la carte de circulation mais aussi les fouilles à nu systématiques et abusives lorsqu’elle est placée au mitard. Alors que ces refus sont passibles de sanctions disciplinaires suffisamment lourdes (mitard, isolement, transferts, suppression de remises de peines,…), ils ne relèvent pas du délit pénal. Mais l’Administration Pénitentiaire veut tout de même la contraindre par la force et cela se transforme en scène d’humiliation et de violence de la part des matons, puis à la finale, en plainte contre Christine qui leur résiste.

En effet, comme l’insinuera l’avocate des matons dans toute sa plaidoirie, une personne dépositaire de l’autorité publique ne peut pas être en tort et ne peut pas mentir. Donc pour les matons, l’Administration Pénitentiaire, et l’État par la voix du parquet, dans cette affaire, c’est bien évidement de la part de Christine que viennent ces violences et humiliations et ce sont les matons, en surnombres, armés, casqués et protégés par toutes leur chaîne hiérarchique qui en sont les pauvres victimes.

L’avocat de Christine, en plaidant la relaxe, a rappelé que loin d’une description idyllique du milieu carcéral dépeint par la défense des matons, « la prison est loin d’être le monde des bisounours ». Car ceux qui y ont le monopole de la violence c’est bien les surveillants pénitentiaires grâce à tous les dispositifs qu’offre leur administration pour mater les taulards. Pour illustrer cette violence, il a montré la photo de Christine avec le visage écrasé sous les mains de quatre matons, sur sa carte de circulation faite à Fleury. Il a aussi dénoncé l’inversion du rapport d’humiliation et de violence, quand c’est Christine qui se retrouve plaquée au sol sous une douzaine de matons casqués, bras et jambes écartés pendant que tout ses vêtements sont littéralement arrachés pour lui imposer une fouille à nu. Mais aussi l’hypocrisie de la justice qui enregistre neuf plaintes de surveillants immédiatement après les faits et n’a toujours pas donner suite, plus d’un an et demi après, à la plainte déposée par Christine pour toutes ces violences. Il a également rappelé que ce que nomme la justice comme violence et rébellion de la part de Christine n’est que son refus aux abus pouvoirs de l’administration pénitentiaire qui s’impose par la violence en justifiant des mesures de sécurité. Il a enfin affirmé qu’on devrait « être rassuré lorsque que des personnes ne s’adaptent pas à la prison ». Car s’adapter à la prison c’est ne plus exister.

L’avocate des matons, qui s’était portée partie civile pour quatre d’entre eux, a demandé pour chacun 1000€ de dommages et intérêts, plus 200€ de dédommagement de frais de justice.

La procureur a requis 12 mois fermes et 1700€ de dommages et intérêts au bénéfice de l’administration pénitentiaire.

Le tribunal a renvoyé le délibéré au 8 décembre 2015.

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[Repris d’enfinpisserdanslherbePublication de nouvelles et de lettres de Christine, actuellement détenue]

Pour lui écrire :

Christine RIBAILLY
écrou 2824
MAF – CP d’Orléans
RD702 – les Montaubans, 4024 ancienne route de Chartres
45770 SARAN

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[Paris] Procès de Lucile : 3 mois ferme. Crève la justice !

Màj 27 novembre :

Après 28 heures de gav et une 20aine au dépôt, le compagnon arrêté au tribunal est passé en comparution immédiate le 26 novembre, il a été condamné pour « outrage à magistrat » à 200€ d’amende avec sursis.

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[Paris] Procès de Lucile : 3 mois ferme. Crève la justice !

La compagnonne Lucile, après 6 semaines de détention provisoire à Fleury-Mérogis, passait en procès ce mercredi 25 novembre au tribunal de Bobigny.

Lors d’une de ces mascarades spectaculaires que la Justice sait tellement bien préparer, Lucile a mangé 3 mois de prison ferme avec un maintien en détention.

Ce mercredi, la salle d’audience est comble, une cinquantaine de personnes sont venues soutenir la compagnonne. Les flics aussi sont présents en nombre, CRS casqués, bleus, civils avec mitraillette en bandoulière, et autres RG.

La juge, tout aussi acariâtre que lors du premier procès du 14 octobre, décide de nous prévenir qu’au moindre «débordement», elle n’hésitera pas à faire évacuer la salle comme la dernière fois.

Le procès commence, les conclusions de nullité sont soulevées par l’avocate — elles seront balayées d’un revers de main lors du délibéré. La juge lit les PV des flics, Lucile est poursuivie pour leur avoir dit, entre autres, «vous êtes des putes, vous avez des uniformes de putes, bande de chiens» et avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes digitales. Elle répondra à la juge qu’elle n’utilise pas pute ou enculé comme des insultes, et qu’elle n’a rien contre les prostituées, au contraire des flics, mais que «larbins», ça oui elle l’a bien dit. Sur la signalétique, Lucile dira qu’elle n’avait aucune raison de donner ses empreintes vu que le contrôle était abusif, et que de toute façon elle s’y serait quand même opposé car elle est contre le fichage.

Ensuite le flic qui cherche à arrondir ses fins de mois est entendu, dégoulinant de la cordialité de celui qui sait combien il est légitime ici. La salle réagit promptement à chacune de ses jérémiades. «Vous comprenez, ces deux personnes nous ont dit qu’il y avait un fort taux de suicide dans la police, vraiment c’était très dur à entendre». La juge lui demande «mais pour vous c’est quoi votre préjudice ? C’est juste moral ? — Oui». «Ooooh» lui répondra la salle, compatissante. Crevure de flic

Sont ensuite rapidement expédiées les questions sur la personnalité. «Je ne souhaite pas répondre à cette question, dira Lucile, car je ne vois pas en quoi ma personnalité a à voir avec cette affaire». La juge lui propose de s’exprimer sur plusieurs «concepts» qu’elle a évoqué depuis le début de l’audience, pour comprendre quelle est sa vision de la «société». Lucile n’a aucune envie de parler de ses idées politiques dans ce tribunal car elle s’est juste opposé à un contrôle d’identité et à la brutalité des flics.

L’ordure de proc fait sa réquisition, 3 mois avec maintien en détention, car les doutes sur son identité font que la prison ferme est la seule peine «applicable et efficace». À ce moment, écœuré par le procureur, un compagnon sort de la salle et dans un moment de confusion, la juge suspend l’audience. Un bon nombre de personnes sort de la salle et découvre le pote encerclé par les flics, en passe d’être menotté. Les gens s’énervent, les premiers coups de tonfa pleuvent, à la sortie de la salle d’audience. Les flics sortent leurs tasers, et nous menacent avec en les actionnant, plusieurs personnes sont plaquées au sol. Après plusieurs minutes de déchaînement policier, les compagnon·ne·s sont poussé·e·s jusqu’au parvis du tribunal. À l’intérieur, tou·te·s les enrobé·e·s ont disparu dans leurs coulisses respectives.

L’audience reprend par la plaidoirie de l’avocate. Le contrôle n’est motivé nulle part, «deux personnes encapuchées observent des pavillons» n’est pas un motif légitime, lors de la garde à vue les coups des flics et les humiliations s’enchaînent. Insultes sur le physique de la compagnonne, coups de menottes dans le visage, dont les blessures résultantes seront notifiés dans les PV des médecins collabos. «Pardonnez-moi l’expression, mais cette affaire, elle est dégueulasse».

Avez-vous quelques chose à ajouter à ce qui a été dit ? — Oui, si vous me renvoyez en prison, merci d’envoyer une lettre pour demander la levée du contrôle dont je fais l’objet (Lucile est surveillée par les matonnes toutes les 2h, même la nuit, sur ordre de la juge, au début c’était même toutes les heures, mais ça a été allégée suite aux demandes répétées de Lucile).

Avant le rendu, la juge glisse un mot à un flic, et c’est aussitôt une quinzaine de flics gantés qui nous encerclent et on se dit que le rendu ne risque pas de nous plaire… En effet, elle prend 3 mois avec maintien en détention, et on se fait sortir fermement par la police. Non contents de nous voir hors du tribunal, les schmitts décident de nous pousser jusqu’au métro (à 400m du tribunal), parce qu’on ne peut pas se rassembler à l’extérieur, vu que c’est l’état d’urgence. Arrivé·e·s dans le métro, la RATP sûreté nous ouvre la porte pour ne pas qu’on saute les portiques, ce qui permettra à plusieurs autres personnes de frauder sans se fatiguer.

Nous ne serons pas libres avant que le dernier juge sera pendu avec les boyaux du dernier flic. Crève la justice !

PS: au moment où j’écris ces lignes, on a de forts soupçons que le compagnon arrêté au tribunal soit en garde à vue…

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[Publié sur Indymedia Nantes, le 26 novembre 2015]

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Des ruines – N°2 – Automne 2015

ruines2Nous sommes heureux d’annoncer la sortie du deuxième numéro de la revue anarchiste apériodique Des Ruines au format A4 relié, avec cette fois-ci 168 pages et trois dossiers. La revue se donne l’ambition de remuer les réflexions, recherches et débats autour des perspectives anarchistes et antiautoritaires. Certains débats vifs et toujours d’actualité, certains autres laissés de côté et exhumés pour l’occasion.

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Au sommaire de ce numéro :

Édito

En vrac

Crève la taule !

  • Prisons de Haute Sécurité et peines alternatives : Les deux faces d’une même pièce* – Anonyme
  • Feu a toutes les prisons ! – Anonyme

Diffuser l’anarchie

  • Il faut du vent pour que le feu se propage* – Jérôme Locura

Informalité ?

  • A fronte praecipitium, a tergo lupi* – Aviv Etrebilal
  • Contre l’organisation – Giuseppe Ciancabilla

Révolutionnaires, pas comédiens

  • Sans demander pardon – Anonyme
  • Entre mythomanie et répression – Anonyme

Aux origines du pouvoir

  • I – Mythe, nationalisme et politique – Aviv Etrebilal
  • II – Lumières et obscurité, vessies et lanternes* – Aviv Etrebilal

Solidarité avec… la vie

  • Pour les chiens errants de Volos* – Des défenseurs de la dysnomie
  • Les empoisonneurs doivent être empoisonnés* – Des taons

Du coté de la lutte contre l’industrialisation

  • A propos de Xylella* – Quelques ennemis des nuisances
  • Campagnes a vendre – André Dréan
  • Relançons la lutte contre les nuisances – Billy, Costa et Silvia
  • Perturbation solidaire d’un congres sur les biotechnologies a Milan – Quelques ennemi-e-s des nuisances
  • Adresse aux zadistes – Laura Blanchard et Emilie Sievert
  • La vache et l’irradié – Fernandel
  • La révolte des smartphones – Quelques ennemis du techno-monde

Divers

  • Éloge de la pudeur – André Prudhommeaux
  • Mots*

Dossiers

Dossier – Old-school ou post-modernes, les gauchistes nous emmerdent

  • Gauchisme 2.0* – Docteur Connard
  • Pour en finir avec la politique et ses méthodes* – Anonyme
  • Tu l’aimes ta soupe extra-parlementaire ?* – R. Naxemrist
  • La recette de mémé*
  • Fedayins, vous nous faites chier ! – Martin
  • Et « Dieu » créa l’« Islamophobie »… – Claude Guillon
  • Conseils en Radical Studies – Anonyme
  • Nos « révolutionnaires » sont des gens pieux* – Cassandre
  • Les fantômes de la déconstruction* – Cassandre
  • De la banalisation des thèses ethno-différentialistes et communautaristes en milieu militant – Un contributeur du négatif
  • Nique la « race » !
  • Il est temps de rompre les rangs ! – Anonyme
  • L’idéologie de la victimisation* – Feral Faun
  • La Peur du conflit – Feral Faun
  • Le refus persistant du paradis* – Penelope Rosemont
  • La Forme D’Abord ! – Andrè Drèan
  • Syndicatine 500 – Laboratoire Dustal

Dossier – L’opposition au nucléaire dans l’Italie des années 80

  • Introduction à l’opposition au nucléaire dans l’Italie des années 80* – K.C.
  • Contre la technologie nucléaire* – Pierleone Porcu
  • Chronologie de la lutte contre le nucléaire en Italie* – K.C.
  • Du centre à la périphérie* – Anonyme

Dossier – No-Tav : La vallée des larmes… et des bisous !

  • Autopsie d’une illusion : les anarchistes dans le mouvement No TAV* – K.C.
  • Les gentils de Noël – Finimondo (introduction de quelques anarchistes de Paris et environs)
  • La légende de la vallée qui n’existe pas – M. et V.
  • Addendum à la légende* – M.
  • Blanqui à Venaus – Anonyme

Les textes marqués d’une astérisque dans ce sommaire ont été écrits ou traduits pour Des Ruines n°2. Les sources et traducteurs de tous les autres textes sont toujours mentionnés lorsque disponibles […].

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Toutes les commandes et demandes relatives aux commandes et à la distribution seront prises en charge exclusivement par notre distributeur, la bibliothèque anarchiste La Discordia de Paris. Pour commander, envoyer adresse et paiement (n’oubliez pas les frais d’envois) à :
Des Ruines c/o Bibliothèque La Discordia
45 Rue du Pré Saint-Gervais
75019 Paris
France

Plus d’informations : http://desruines.noblogs.org

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[Reçu par mail]

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Paris : Une manif de la gauche pouet-pouet se transforme en balade anti-état d’urgence

[Note de cestdejatoutdesuite : nous reprenons le titre de la Base de données anarchistes, nous y rajoutons, ci-dessous, la précision (?!) post-attentats des boutiques « signataires de l’appel » pour cette manifestation  :

… »Parmi les organisations signataires de l’appel, certaines appellent à maintenir la manifestation [sic], d’autres, sans appeler [re-sic], assureront une présence [re-re-sic] place la Bastille, certaines enfin n’appellent plus à manifester [re-re-re-sic] et n’y seront pas présentes. [re-re-re-re-sic]« 
lu sur sur paris.demosphere.eu/rv/42815 ]

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Dimanche 22 novembre 2015, une manifestation de solidarité avec les migrant-e-s était appelée pour 15h, place de la Bastille à Paris.

En cette période d’état d’urgence, ayant mené la préfecture de police à interdire toute manifestation en Ile-de-France, on n’était vraiment pas sûr-e-s qu’il y aurait du monde à la manif. Sur la place de la Bastille, une foule compacte est pourtant rassemblée aux alentours de 15h20, il y a plusieurs centaines de personnes. Des slogans sont entonnés ici et là, notamment « De l’air, de l’air, ouvrez les frontières ! » du côté du NPA. Le bruit court que des « responsables » du NPA ont négocié avec la police l’autorisation de rester sur la place en mode rassemblement. Mais il y a un enjeu réel à ne pas se laisser mener à la baguette par l’état d’urgence et ses multiples mesures sécuritaires (comme il y a dix ans, où des manifs avaient eu lieu un peu partout en France contre l’état d’urgence).

Vers 15h45, quelques personnes (anarchistes et autres) impulsent un mouvement pour partir en manifestation sauvage. Une banderole ouvre la route, on a quelques doutes sur le fait qu’on sera suffisamment nombreux-euses à bouger, c’est pas comme si l’État n’était pas en mode bourrin ces derniers temps… Pourtant, pas mal de monde semble motivé pour partir en manif. Quelques flics anti-émeute essayent de nous bloquer à l’entrée du boulevard Richard-Lenoir tandis qu’une partie des gens restent statiques sur la place de la Bastille. On contourne les flics et on avance, ça commence à s’activer et à courir un peu, hop on tourne direction boulevard Beaumarchais, aux cris de « So-so-solidarité avec les réfugié-e-s » ou « avec les sans-papiers » (l’utilisation de tel ou tel terme n’étant pas anodine, avec l’idée de se solidariser avec toutes les personnes sans papiers, y compris celles qui ne bénéficient pas du statut de réfugié-e).

Sur le boulevard Beaumarchais, on s’aperçoit rapidement que la plupart des gens qui étaient sur la place de la Bastille ont décidé de partir en manif sauvage, ce qui nous réchauffe le coeur. On se sent fort-e-s, on sent aussi que braver l’état d’urgence semble une nécessité pour beaucoup de monde. L’unité nationale et la répression qui va avec, très peu pour nous ! Les flics continuent d’essayer de nous bloquer, on s’attend à ce qu’une nasse policière se mette en place, donc on ne traîne pas. À deux ou trois reprises, quelques dizaines de flics anti-émeute essayent en vain de nous stopper, ils sont comme submergés par la foule qui avance. Des coups sont échangés, les flics gazent dans le tas mais reculent à chaque fois. On fait circuler le sérum physiologique pour les copains-copines qui ont les yeux qui piquent, et on avance, les slogans se multiplient (« État d’urgence = État policier » et « Flics, porcs, assassins » notamment). À ce moment-là, on a l’impression que tout le monde de la place de la Bastille a rejoint la manif, on est peut-être un millier en tout, et même si les flics arrivent peu à peu en très grand nombre (plusieurs camions et des dizaines de flics anti-émeute qui arrivent par derrière et sur les côtés), la manif sauvage continue dans la rage et la joie sur les boulevards des Filles du Calvaire et du Temple jusqu’à la place de la République, où sont rassemblées des centaines de personnes (et des dizaines de journalistes) en commémoration des victimes des attentats du 13 novembre.

En arrivant sur la place de la République, on crie « Liberté ! » à la façon des migrant-e-s enfermé-e-s dans les centres de rétention, comme pour montrer que la fermeture des frontières est tout sauf une solution.

On continue de bloquer la circulation du côté du boulevard du Temple et de la rue du Temple, tout en se mêlant à la foule présente sur la place de la République. Bonne ambiance, cette manif sauvage aura été rapide et efficace puisqu’aucune arrestation n’est à déplorée.

Il y a déjà et il y aura d’autres manifestations interdites. Ne baissons pas les bras. La période est difficile, compliquée, pénible, et justement à cause de cela, continuer de lutter est nécessaire.

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[Publié sur Indymedia Nantes, le 22 novembre 2015]

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