Arrestation à Montreuil [màj]

Ce matin mardi 7 février vers 9h des flics de la 2e DPJ Groupe criminel n°2 du 26 rue Louis Blanc Paris 10e sont venus perquisitionner une maison occupée au 139 avenue du Président Salvador Allende à Montreuil.

Ils venaient chercher un des habitant-e-s qu’ils ont emmené en garde-à-vue. Ils ont aussi embarqué un ordinateur, un disque dur, tous les téléphones portables et sûrement divers autres objets. Les autres personnes sur place ont subi un contrôle d’identité à l’oral.

Pour le moment nous n’avons pas plus d’informations sur le type de procédure et sur ce qui est reproché au copain, excepté le terme d’« attroupement armé » qui a été entendu dans une discussion entre flics, sans certitude qu’il s’agisse d’un des chefs d’inculpation. Nous tiendrons au courant afin de ne pas laisser cette nouvelle attaque répressive sans réponse.

Liberté pour tou-te-s !

[Publié sur Indymedia Nantes, le 7 février 2017]

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Incarcération suite à l’arrestation à Montreuil

Suite à la perquisition d’hier matin, mardi 7 février, dans une maison occupée à Montreuil, le copain arrêté est passé cet après-midi devant une juge d’instruction du TGI de Paris. Celle-ci a décidé son placement en détention provisoire, dans le cadre de l’affaire de la voiture de flics brûlée le 18 mai dernier à Paris.

Ce jour là, en plein mouvement contre la loi « travail », elle avait croisé la route d’une manif sauvage en réaction à un rassemblement de flics venus pleurnicher sur la haine dont ils font l’objet.

A notre connaissance sept autres personnes ont déjà été mises en examen dans le cadre de cette affaire, dont trois qui sont en prison et deux ou trois autres qui sont sous contrôle judiciaire loin de la région parisienne. Neuf mois plus tard les flics continuent donc de ratisser…

Il paraît nécessaire de rester attentif-ve-s et de continuer à faire sortir les infos.

Exprimons notre solidarité envers celles et ceux accusé-e-s d’un acte dont on est beaucoup à s’être réjoui-e-s. En cette période de toute puissance policière (Etat d’urgence, assassinats, viol…), chaque coup porté contre les larbins de l’Etat fait reculer la peur et la résignation.

Qu’illes soient coupables ou innocent-e-s, ne laissons pas les inculpé-e-s seul-e-s face à la répression, en continuant de lutter contre ce monde qui nous étouffe.

[Publié sur Indymedia Nantes, le 9 février 2017]

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[Bagnolet-Montreuil] Petite balade contre la justice

En milieu d’aprem, samedi 21 janvier,quelques-un-e s’étaient donné rendez-vous pour exprimer en acte et hors du tribunal notre solidarité avec Damien, enfermé depuis le 8 décembre, et notre volonté d’en finir avec ce monde de juges, de flics et de fric

Une vingtaine de personnes répondent présentes et nous partons en balade dans les rues de bagnolet et de montreuil. A notre passage, les murs se couvrent de tags, pochoirs, affiches, autocollants. Une banderole « nik la justice » sert de paravent aux tagueureuses. Dans ce quartier, peu passant mais très habité, un tract est distribué et les réactions sont plutôt encourageantes.

A Montreuil, au 48-50 rue Voltaire, on passe devant archi5, cabinet architecte, constructeur de taule (notamment Alençon et Vendin-le-veil) et autres joyeusetés (le Pôle de Police Judiciaire scientifique à Cergy-Pontoise ou le Palais de Justice de Chartres…), qui s’est déjà vu refaire la façade en juin 2014, avec de la peinture et des fenêtres cassées et en mars 2016 où des poubelles avaient été allumées devant la porte.

Qu’importe, jamais deux sans trois, et sur les planches de bois et les traces de peintures des autres fois, pleuvent des oeufs de peintures rouges et deux tags « collabos » et « feu au prisons », sont laissés sur la façade.

Puis tandis que tags et affiches continuent de fleurir, c’est l’immeuble de bureaux de la BNP qui voit sa porte d’entrée redécorée avec un gros tag  » brûlons les banques », rue de la République. Arrivés à la porte de montreuil, où le siège national de la CGT, lui aussi attaqué maintes fois ces dernières années, surplombe l’espace de son architecture toute stalinienne, et juste avant de se disperser dans le dédale du marché aux puces, nous arrosons la façade de ce collaborateur du capital d’oeufs de peintures bleus.

Décidons de nos modes d’actions et nos moments en dehors des dates imposées par le pouvoir et ses laquais. Sans médiation, prenons la rue, de jour et de nuit pour nous attaquer à la résignation et à la grisaille de ce monde.

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[Publié sur Indymedia Nantes, le 24 janvier 2017]

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C’est pas fini !

[distribué à bagnolet-montreuil, le 21 janvier 2017]

 

C’est pas fini !

Au printemps dernier, le projet de « loi travail » a été une goutte d’eau qui a fait déborder le ras-le-bol accumulé. Beaucoup ont saisi cette occasion pour exprimer leur rage durant des mois, en attaquant les flics, leurs bagnoles et des commissariats, en pillant des supermarchés, en détruisant panneaux de pubs et autolibs, en s’en prenant aux banques, aux pôle-emploi, aux agences d’intérim, d’assurance, immobilières etc.. Autant d’actes offensifs contre une partie de ce qui nous pourrit la vie au quotidien : des rouages du travail aux représentants de la loi, des institutions à la marchandise …

Cette révolte venue heureusement perturber la grisaille routinière et la lourdeur d’un interminable état d’urgence ne peut que parler au coeur de celles et ceux qui veulent en finir avec un monde reposant sur l’exploitation et la domination de tout et tout-e-s.

En face, l’État et ses souteneurs (partis, syndicats, médias etc.) cherchent à tout prix à faire rentrer tout le monde dans le rang, avec la carotte de quelques miettes et le bâton de la répression. Les militaires continuent de quadriller les frontières et l’ensemble du territoire, les chiens de garde ont de plus en plus d’armes et de carte blanche pour se lâcher, blesser, tuer. Et la Justice continue à faire tomber les condamnations sur les indésirables et autres ennemi-e-s de l’ordre en place. On retrouve bien là le deal de la démocratie : le durcissement de la survie pour le plus grand nombre en échange de quelques droits, la supposée protection de « papa Etat » à condition de remettre notre liberté entre les sales pattes de ses agents. Accepter sans broncher de nous laisser administrer et diriger, plus ou moins volontairement mais toujours sous la menace de la punition.

Pourtant, ni l’insoumission ni les désordres n’ont attendu la « Loi travaille ! » pour s’exprimer et ils ne s’arrêtent pas avec son passage en force. Les hostilités se poursuivent contre la pacification sociale que tentent de nous imposer tous les défenseurs de ce système, c’est-à-dire contre la guerre permanente qu’ils livrent à coups de fric et d’autorité. Des révoltes ont lieu contre les frontières, des mutineries secouent différentes taules, les flics se prennent dans la gueule un peu de la violence qu’ils exercent au quotidien, des luttes font obstacle au rouleau dévastateur capitaliste et divers sabotages attaquent régulièrement la mécanique de l’oppression.

Cette guerre sociale prend de multiples formes, individuelles et collectives, mais se mène en tout cas directement, et certainement pas dans les urnes ou par les instruments du Pouvoir qui n’existent que pour le servir. Ce n’est qu’en agissant par nous-mêmes, en nous auto-organisant, en étant incontrôlables et en rejetant les promesses des puissants que s’ouvrent des possibilités de creuser de réelles brèches dans leur sale paix de caserne et de reprendre notre vie en main.

La solidarité est aussi une de nos armes dans ce combat. Elle permet de faire des liens entre des gestes et des idées subversifs, entre des individus qui luttent où qu’ils soient, en continuant de défendre en mot et en acte l’attaque nécessaire de ce monde mortifère.

Parmi les dizaines de milliers de personnes emprisonnées dans les geôles de l’État français, et celles aux prises avec la justice, 5 sont en attente de procès, accusées d’avoir participé à l’incendie d’une bagnole de flics au moment du rassemblement « contre la haine de la police » le 18 mai à Paris. Et le 19 janvier un compagnon anarchiste vient de prendre 10 mois ferme de taule pour des bris de vitres de la Chambre du Commerce et de l’Industrie, le saccage d’un Pôle Emploi, d’un Franprix et d’un concessionnaire Jaguar lors d’une manif sauvage à Paris le soir du 14 avril 2016. Des exemples parmi d’autres d’actes de révolte dans lesquels nous nous reconnaissons, sans avoir besoin d’en identifier les auteurs

Contre l’écrasement et pour un monde débarrassé de l’autorité,
Détruisons ce qui nous détruit !
Liberté pour tous et toutes !

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[Publié sur Indymedia Nantes, le 24 janvier 2017]

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[La solidarité c’est l’attaque !] Incendie à Toulouse métropole

Dans la nuit du 21 au 22 janvier, 4 véhicules de Toulouse métropole sont partis en fumée.

Après s’être discrètement introduit.e.s sur le parking de cette entreprise, on a foutu le feu aux caisses qui étaient garées.
Une petite contribution à la critique de la métropole, et de la manière dont elle pourrit nos vies.

Solidarité avec Damien, incarcéré à Fleury.

[Publié sur iaata.info, le 23 janvier 2017]

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Compte-rendu du procès de Damien

Jeudi 19 janvier 2017, Damien, incarcéré depuis le 8 décembre et accusé de dégradations commises lors de la manif sauvage et saccageuse du 14 avril passait en procès à Paris.

Une quarantaine de personnes solidaires était présente. Contexte de comparutions immédiates essentiellement des affaires de survie et de petite économie parallèle. Une jeune proc au vocabulaire indigeste requérant du ferme à tour de bras avec la banalité dont je saute portiques de métros, la notion d’obstacle en moins. Un juge paternaliste qui en plus des sentences, se permet de distribuer diagnostiques psy sans gène aucune.

Une ambiance. Et pas pour dire qu’il y en a des biens dans ces métiers de chiens.

Au moment de la lecture des accusations ça s’agite dans la salle. Il s’agit de vitres pétées, Pôle Emploi, Chambre du Commerce, Jaguar, Franprix. Chaque cible énoncée est suivie d’une salve d’applaudissements. Le chef en toge demande à Damien s’il reconnait les faits. Ce dernier s’exprime clairement, déclare qu’il ne reconnait ni les catégories d’innocent et coupable ni la légitimité du juge ni la justice en général. La salle entonne des slogans « à bas l’état, les flics et les patrons » ! » « nik la bac », « et les juges », « et les procs ». En réponse il crie « nik la justice », les perturbateurs d’audiences se font sortir, lui y compris.

Finalement réintroduit dans le box, le procès se tiendra à huis clos. La proc demande 8 mois fermes, il en prendra 10, avec maintient en détention et 14000 euros de dommages et intérêts. On pourra évoquer au passage le marasme des représentants de pôle emploi exprimant l’espoir que Damien trouve un taf à sa sortie (c’est bien connu, si leurs antennes se font attaquer dans toute la France c’est bien dans l’espoir de les voir plus efficaces) et le désespoir contenu de ceux de Jaguar vis à vis du refus d’une compensation supplémentaire pour préjudice Moral qu’ils estiment à 2000 boules.

Après le verdict, rebelote, on se crie des mots doux. « Vive l’anarchie » crie le compagnon avant d’être emmené. « Liberté », « A bas l’état, les juges et les matons » peut-on notamment entendre dans la salle.

Ne laissons pas l’Etat et ses sbires faire leur sale besogne tranquilles.
Nik la justice, Vive la révolte!

[Publié sur Indymedia Nantes, le 21 janvier 2017]

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Damien condamné à dix mois ferme, soyons des jaguars !

Aujourd’hui, Damien Camelio passait en procès au tribunal de grande instance de Paris à partir de 13h30 en correctionnelle, accusé de quatre chefs de « dégradation de bien public en réunion en état de récidive légale », c’est-à-dire d’avoir participé à la manifestation sauvage du 14 avril 2016, dans le cadre de l’agitation contre la dite « Loi Travail », et d’avoir commis des destructions en son sein.

Lors du procès, un avocat des parties civiles était présent (pour Pôle emploi), réclamant des dommages et intérêts. Dans son réquisitoire, le procureur a demandé huit mois fermes. La salle a été évacuée et la suite du procès s’est tenue à huis clos alors que les personnes présentes applaudissaient aux chefs d’inculpation, Damien a affirmé qu’il ne reconnaissait pas l’autorité des juges sur lesquels il a jeté des cacahouètes.

Suite aux délibérations, Damien a été condamné, au-delà des réquisitions, à dix mois ferme avec mandat de dépôt (il reste donc à Fleury) et 14 000 € de dommages et intérêts pour les parties civiles.

L’État, en ciblant et en isolant des individus, cherche à casser des dynamiques, comme celle du printemps dernier, et à condamner au silence ou à l’impuissance celles et ceux qu’il considère comme dangereux et incontrôlables, et ainsi, à apprendre la peur à tous. En tant qu’ennemis irréductibles de l’Etat, de son vocabulaire et de ses laquais, on se fout donc de savoir qui est coupable ou innocent (nous pouvons même être solidaires des innocents), ce qui compte c’est que les actes et les pensées révolutionnaires continuent de se diffuser pour que la répression n’y puisse plus rien.

Solidarité avec tous les révoltés de la terre, mort à la justice !
Soyons des jaguars !

Quelques anarchistes solidaires.

 

On pourra lui ecrire, lui envoyer une carte postale, des timbres ou de la lecture à l’adresse :

Damien Camélio
n° d’écrou 432888
MAH de Fleury-Mérogis (Bâtiment D5)
7, avenue des Peupliers
91705 – Sainte-Génevieve-des-Bois

[Repris de la Base de données anarchistes, le 19 janvier 2017]

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[La solidarité c’est l’attaque ! – Paris] Contre le travail

Dans nuit du 15 au 16 janvier nous avons brisé une partie des vitres du pôle emploi de la rue des nanettes dans le 11ème.

Nous haïssons le travail et son monde. Pour nous l’enterrement du mouvement social ne signifie pas la fin des hostilités.

Nous voulons aussi envoyer un message solidaire à Damien qui passera en procès jeudi prochain.

Liberté pour tous et toutes des deux côtés des murs.

La solidarité c’est l’attaque !

[Publié sur Indymedia Nantes, le 17 janvier 2017]

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Procès de Damien. Jeudi 19 janvier, 13h30 TGI de paris

Solidarité avec Damien Camelio, anarchiste incarcéré !
Feu aux prisons !

Le 14 avril dernier vers 22h, après une journée de manifestations, plusieurs centaines de personnes partent en manif sauvage vers le canal Saint-Martin. Le cortége poursuit sa lancée jusqu’à sa dislocation aux abords de la mairie du 19ème. Sur leur route, nombreuses/x sont celles/ux qui laissent un mot à la plume de leurs pavés sur les vitres de divers bâtiments (les douanes, la Chambre du Commerce et de l’Industrie, un Hôtel Ibis, des galeries d’art ,un Pôle Emploi, des agences immobilières, des banques, un concessionnaire Jaguar…), sur les autolibs, les pubs et les autobus, un Franprix est pillé au passage…

Le 8 décembre [note de cedtds : en fait il s’agit du 7 décembre], Damien est arrété à son domicile et placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, accusé d’un certain nombre de dégradations commises ce soir-là. Le 28 décembre sa demande de mise en liberté a été rejetée. Pendant l’audience, Damien a évoqué la mort d’un détenu à Fleury, suite à un problème de santé, alors que son codétenu tambourinait à la porte des heures durant, dans l’indifférence totale de la part de la matonnerie. Dans une lettre, refusant la logique judiciaire, dont, entre autres la catégorisation dichotomique innocent/coupable, il déclare :
« Parce que la résignation ne sera jamais une option, parce qu’en chaque acte individuel de révolte réside toute la violence des rapports sociaux, parce qu’il nous reste une multitude de récits à écrire, à travers le temps et l’espace, à travers la grisaille des métropoles, dedans comme dehors… le combat continue. »

Le combat continue, oui, et plusieurs attaques ont été réalisées en solidarité avec Damien depuis son arrestation :
Dans la nuit du 14 décembre, quatre distributeurs de banques (LCL, La Poste, CIC, Crédit Agricole) on été détruits à coups de marteau à Besançon, alors que la veille, deux distributeurs de billets de la Caisse d’Epargne ont été détruits à Marseille. Au petit matin du 26 décembre (jour de l’anniversaire de Damien), du côté de Passy, certains ont pensé que plutôt que d’allumer des bougies, mieux valait allumer une Jaguar. Il s’agit, d’après la revendication, d’une « petite bribe de guerre sociale devant les portes des riches ». Et fin décembre, à Bruxelles, des pubs JC Decaux et une voiture d’agents de sécurité ont eu leurs vitres brisées, tandis que la nuit du 31 une autre voiture d’agents de sécurité, une voiture Vinci et une voiture Bam (entreprises qui construisent des prisons) ont été livrées aux flammes. Le 25 décembre, le container qui loge l’Ordnungsamt (équivalent de la Police Municipale, NdT) de ‘Steglitz’ à Berlin a été incendié.

Nous étions nombreuses/x dans les rues lors des manifs de ce printemps. Les actes de révolte, y compris ceux dont est accusé Damien, nous ont réjouis pendant plusieurs jours, comme un petit rayon de soleil dans cette grisaille.
Faisons-lui sentir notre soutien dans la salle de tribunal comme ailleurs, la solidarité c’est l’attaque

RDV Jeudi 19 Janvier à 13h30, à la 23e chambre du TGI de Paris

[Publié sur Indymedia Nantes, le 16 janvier 2017]

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Lettre de Damien : Contribution à un débat sur la justice

Damien a été arrêté le 7 décembre 2016.

Depuis son arrestation, il est en détention préventive.

Il est accusé de dégradations lors de la manif sauvage qui s’est déroulée le soir du 14 avril 2016 entre le 10ème et le 19ème arrondissements parisiens.

Sa demande de mise en liberté a été rejetée le 28 décembre.
Il reste enfermé à la prison de Fleury-Mérogis en attendant son procès le 19 janvier 2017.

Voici une lettre de Damien, écrite comme contribution à la discussion « Nique la justice », qui aura lieu à Montreuil ce lundi 9 janvier 2017 :

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Lettre de Damien : Contribution au débat sur la justice

Ayant appris que le 9 janvier à Paris se déroulera un débat sur la justice, je voudrais essayer d’y contribuer par lettre bien que, tous les permis de visite et de contact téléphonique m’ayant été refusés, je n’ai aucune information sur la teneur exacte du débat.
Le thème de la justice pose une multitude de questions, celle de la répression, de l’autorité, de l’enfermement, du maintient de la classe dominante et de l’ordre, celle de la soumission ou de l’insoumission, évidemment liée à celle de la défense ou de l’attaque, de la résignation ou de la dignité, de l’inaction ou de la vengeance.
Ce choix personnel appartient bien entendu à chaque individu et je ne veux pas me présenter en donneur de leçons, ni en martyr ou en héros que je ne suis pas. Je ne parlerai donc que de mon propre choix qui n’est pas motivé par un devoir révolutionnaire fantasmé, mais par la volonté, la nécessité qui m’est propre, de me sentir plus libre, plus digne, plus vivant que ne le voudraient mes geôlier.
Mon bagage intellectuel et théorique est relativement limité, mais ma vie ressemblant plus à celle d’un voyou qu’à celle d’un universitaire, j’arpente les couloirs des palais de justice depuis l’âge de 13 ans et ceux des prisons depuis mes 17 ans.
Ces quelques remarques sont donc bien plus le fruit de mon expérience personnelle, très subjective, que celui d’une quelconque posture idéologique pré-établie. Bien que je me reconnaisse aujourd’hui dans l’anarchie je n’en avais pas la moindre conscience lorsque, encore enfant, j’ai connu ma première détention en garde à vue.
Très jeune, j’ai toujours été révolté par les inégalités, ceux qui les permettent et possèdent tout, et ceux qui les protègent, c’est donc naturellement que j’ai appris à dépouiller les premiers et attaquer les seconds. Chez les voyous, on a un proverbe : 9 fois pour toi et une fois pour les flics. C’est inévitable, dans la guerre sociale, asymétrique par définition, le moindre choc frontal nous sera fatal car ils seront les plus forts.
La première fois qu’ils m’ont choppé, j’étais apeuré, mes potes avaient réussi à fuir et je me suis retrouvé seul coincé dans une impasse, j’ai essayé de me battre du mieux que je pouvais contre les flics qui me barraient le seul passage vers la liberté mais bien sûr je me suis fait défoncer puis embarquer.
Une fois en cellule je me suis senti comme un jeune animal sauvage que l’on a mis en cage après avoir été battu. Je pense que ce fût une réaction inconsciente et naturelle, j’ai arrêté de mordre et je me suis soumis. Il a donc fallu que je rentre dans leur logique, on ne peut plus civilisée, il a fallu que je m’innocente, que je me disculpe, moi qui n’avait jamais ressenti aucune culpabilité il fallait que, poussé par la peur, je m’excuse et je regrette avec hypocrisie.
Il fallait que je me renie moi-même, que je renie mon intégrité libre et sauvage face à la divine mission de leur logique civilisatrice. Et donc ce jour-là j’ai « commencé à ne plus me prendre pour moi-même », comme diraient les épiciers du marketing de l’insurrection qui voudraient nous faire croire que ce choix est motivé par une tactique longuement réfléchie afin de masquer leur effroi de la répression.
La peur, dans une telle situation, est pourtant quelques chose de naturel et il faut l’accepter, la reconnaître, afin de la dépasser et de se remettre à raisonner de façon honnête.
Il n’y a pas de héros, et s’il y en avait, nous n’en voudrions pas. Toujours est-il que ces jours-là, et ceux qui ont suivi, je me suis senti au plus mal. J’avais honte, pas d’avoir eu peur, mais d’avoir perdu ma dignité. Je ressentais au plus profond de moi-même que j’avais nié ma nature libre et sauvage pour la soumettre au dictât de la sociabilité judiciaire. La soumettre à cette société pleine d’inégalités que je ne comprenais pas et que je haïssait.

Lorsque j’ai pris conscience de cela je me suis juré de ne plus jamais me soumettre, de ne plus jamais me laisser juger et dompter comme un fauve apprivoisé servant d’attraction dans les cirques de leurs salles d’audience.
Depuis, les dents de lait ont laissé place à des canins bien aiguisés dans les cellules de mitard et les quartiers d’isolement, et je rend coup par coup. Pour une dent, une mâchoire!
Au tribunal j’ai toujours aussi peur, mais c’est en transformant ma peur en haine que je trouve la force de ne pas me soumettre et de ne pas les laisser me juger.Ils sont les plus forts, oui, mais ce n’est pas pour autant que je leur octroierai une quelconque légitimité en acceptant leur logique d’innocence et de culpabilité.
Je ne reprendrai pas à mon compte leur logique répressive pour en faire une logique victimisante en me déclarant innocent.
De plus, il s’agit de comprendre ce que cette logique induirait en terme de solidarité. Quelle solidarité voulons nous? Sur quelles bases et avec qui?
Si je me déclare innocent, et surtout si les compagnon-nes dehors organisent la solidarité autour de mon innocence et non du simple fait que je suis anarchiste, alors à qui parlons nous?
Aux démocrates? Aux partisans d’une république plus juste et plus véritable dont la justice plus populaire n’enfermera qu’en connaissance de cause? Au pouvoir? Ah oui, mais pas le même ! …
Et alors, quelle seront les bases de cette solidarité consensuelle? Que restera–t-il comme substance – sans oser même parler de potentiel – subversive et révolutionnaire? Ces mêmes personnes, à qui on en aurait appelé au consensus solidaire parce qu’innocent, l’auraient-ils été dans le cas d’une culpabilité avérée? Et dès lors, que nous resterait-t-il comme perspective offensive? Ne jouerait-on pas le jeu de la récupération politique, l’appelant même, par le consensus autour de valeurs humanitaires et républicains?

Les réponses à ces questions simples sont évidentes, avec un minimum de logique et d’honnêteté on peut déjà les considérer comme des affirmations. Qui plus est, ce sont des conceptions historiquement vérifiés.

« Comment sortir de ce dilemme? D’une façon simple. en partant toujours du fait que pour nous le fait technique est secondaire, et que si les compagnon-nes sont accusés, emprisonnés, et à certaines occasions également exécutés, cela advient seulement parce qu’ils sont anarchistes, abstraction faite du fait objectif qui constitue l’élément du débat de la justice, mais qui ne nous intéresse, en tant que révolutionnaires, que de façon marginale. »

Alfredo Bonanno, « Notes sur Sacco et Vanzetti », 1989.

Ainsi, si le choix de se déclarer innocent ou celui de refuser d’être jugé appartient à l’individu pour les raisons qui lui sont propres, je pense par contre que la communication relative à l’affaire judiciaire doit s’articuler, au minimum, autour de ce simple principe.

J’espère avoir pu apporter quelque chose au débat et que vous me ferez parvenir ce qu’il en est ressorti.

Toujours solidaire, mais surtout complice.

[début janvier 2017]

Damien

Pour lui écrire :

Damien Camélio
n° d’écrou 432888
MAH de Fleury-Mérogis (Bâtiment D5)
7, avenue des Peupliers
91705 – Sainte-Génevieve-des-Bois

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[reçu par mail]

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Avalanche numéro 9 – revue internationale de correspondance anarchiste

Les anarchistes se sont toujours appropriés des moyens pour faire des idées antiautoritaires et des luttes une matière pour alimenter le dialogue et l’action subversives. C’est en ce sens-là que cette publication se veut aussi un moyen et plus précisément, celui d’offrir un espace pour nourrir le débat international entre anarchistes. C’est pourquoi ces pages laisseront surtout la place aux combats dont le ressort est anarchiste : des luttes autonomes, directes et auto-organisées ; des combats qui poussent vers la destruction du pouvoir sous toutes ses formes ; des luttes qui se déroulent aujourd’hui, comme hier ou qui sont à venir.

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Avalanche numéro 9 – revue internationale de correspondance anarchiste – décembre 2016

Disponible en français, en allemand et en anglais  : https://avalanche.noblogs.org/

 

Editorial  :

L’internationalisme est la perspective qui essaye de se débarrasser des concepts imposés de frontière et d’État, puisque la lutte et la solidarité des ennemis de toute domination doivent être portées au-delà de toutes les barrières et frontières du pouvoir. L’internationalisme, c’est prendre en compte la dimension internationale d’incidents et de processus locaux mais c’est également la dimension internationale de l’idée anarchiste – celle d’une perspective libératrice pour chaque être humain où qu’il soit et d’où qu’il vienne. Puisque dans ce monde la libération a toujours un rapport avec la destruction, la base sur laquelle on peut apprendre à se connaître, discuter et se rencontrer loin des identités et des clichés, des masques et de la honte, cette base est aussi celle sur laquelle on parle de nos luttes, de la lutte pour la liberté et la destruction de notre oppression. Où l’on parle de comment on essaye d’exprimer notre hostilité envers toute domination en paroles et en actes.

L’idée de cette publication est de rassembler différentes contributions dans lesquelles les auteurs parlent depuis leur propre perspective et point de vue au sujet de luttes et d’évolutions qui se déroulent là où ils vivent, rendant possible à un lectorat internationaliste de les comprendre. Avalanche est à la fois une tentative pour stimuler un discours réciproque et enrichissant et pour créer un cadre dans lequel développer, à terme, des correspondances. Une correspondance au sens de l’idée et de la possibilité de reprendre des questions et des perspectives d’autres contributions pour les retourner ou les porter plus loin en direction de sa propre réalité ou les critiquer et les questionner. De cette manière peut potentiellement surgir un stimulus, une intensification de la perspective et une clarification des idées. Bien que ce soit un gros dé , parce que ça demande la participation active de différents compagnons. Peut-être que ceci précisément est fondamental pour l’internationalisme : les relations ne prennent pas simplement vie là où l’on se plait et se consomme l’un l’autre, et où l’on reste toujours séparé par les distances, non, mais plutôt là où l’on se stimule l’un l’autre – et où l’on se confronte au dé de se réunir pour avoir a aire l’un à l’autre, pour honnêtement et directement exprimer les vraies idées, propositions et critiques.

En ce sens, nous voulons nous confronter à la réalité des relations internationalistes et voir, par qui les contributions – donc de nouveaux textes ou des textes déjà publiés accompagnés d’une courte introduction – sont-elles envoyées, et avec qui il est possible de discuter au sujet de possibles contributions – et aussi d’interviews – au lieu de construire artificiellement une participation en publiant des articles d’autres publications ou d’internet. Et il est certain que de vraies relations semblent donc être une base plus fertile pour demander et approfondir des contributions à ce projet. Peut-être qu’approfondir quelque chose est un aspect important qui se perd à bien des égards dans le monde d’internet. Approfondir « Qu’est-ce qui se déroule en ce moment ? Où voulons- nous allez ? Et comment et de quelles façons ? » Des questions fondamentales qui devraient être à l’origine de chaque projet et relation affinitaire, et auxquelles on est confronté encore et encore. Et précisément par ce que ces questions sont quelque chose d’essentiellement individuel, y « répondre » ne peut venir de personne d’autre que de nous-mêmes. Ceux qui sont réellement sur place et impliqués dans les luttes savent probable- ment mieux décrire et analyser ce qui s’y passe et vers où ils veulent aller. Le rôle de ceux qui pensent pou- voir tout expliquer aux autres ou récupérer des luttes pour eux-mêmes ouvre la voie à l’idéologisation et à la délégation. Une relation ne peut pas se développer sur base de cadres préfabriqués d’explication et de perception préjugée, sur l’abstraction de réalités concrètes et l’objectivation d’individus, mais seulement là où tout le monde parle pour soi-même. Ceci est la base sur la- quelle nous imaginons ce projet et depuis laquelle nous appelons tout ceux qui se sentent en affinité avec ce projet à y contribuer.

La traduction, la lecture et la diffusion de différents textes, le voyage et la discussion, la réunion et en partie la réalisation de différentes entreprises sont toutes des choses que beaucoup de compagnons partagent et pratiquent dans un cadre international. Mais souvent, le niveau commun en reste à s’échanger des informations et des histoires, ce qui est inspirant et important mais ne peut pas vraiment rompre le sentiment de vivre dans deux mondes séparés. Une séparation qui ne saurait être rompue en feignant de mener un combat commun ensemble, tant que pour ce commun, ce que nous partageons d’analyses individuelles et de méthodes, de perspectives et d’imaginations n’est ni demandé ni recherché. Est-ce la proposition que l’on se fait l’un à l’autre, de simplement reproduire ce qu’on fait là où on est ? Ou bien est-il possible – sur base d’une correspondance et de la connaissance de contextes spécifiques qui en découle – de développer une proposition commune ? Non pas comme une construction figée mais comme un noyau d’analyses et d’affinités communes – comment serait-il dès lors possible de développer une vraie connexion entre différents projets de lutte ? Sans tomber dans l’illusion que nous serions alors tous sur la même longueur d’onde, que nous devrions être plus nombreux ou plus fort et plus puissant – non, le conflit asymétrique qui refuse toujours d’imiter le modèle et la méthode de la domination est à la base de notre anarchie. Mais plutôt parce que nous avons vraiment tous une boule sous nos pieds et les processus de pou- voir ne traversent pas seulement le cadre de pays isolés mais portent en eux-mêmes une projection intégrale et globale. De profonds changements dans l’infrastructure du pouvoir sont en train d’avoir lieu. Il a par exemple été possible en quelques mois de fermer les derniers interstices dans les frontières de l’Europe, les contrôlant avec l’aide de la police et de l’armée et d’installer un système transfrontalier de rapatriement, d’expulsion et de camps qui concentrent les migrants indésirables aux portes de l’Europe. D’autres processus également, qui – selon les endroits – se montrent spécifiquement mais se développent internationalement et presque sans perturbation, sont sur le point de transformer la réalité de nos contextes bien au-delà de la simple construction d’une nouvelle manifestation spécifique de la domination (regardons par exemple les projets dans le domaine des prochains approvisionnements en énergie, des nouvelles technologies et des « smart cities »). Mais puisque ces projets se développent de manière transfrontalière, ils nécessitent pour leur réalisation au-delà et au-dessus du cadre de frontières isolées les mêmes circonstances et infrastructures non perturbées, la même résignation sans imagination et le même manque d’initiative de la part des opprimés… Voici peut-être le terrain qui essaye de comprendre les réalités et les circonstances des changements en cours, et une base – en partant d’analyses spécifiques – pour trouver des éléments communs et voir comment la perte de contrôle à travers les frontières de la domination et la connexion des luttes peuvent s’accomplir.

Avec la tentative de faire circuler la rédaction de cette publication, nous sommes face à une tentative d’internationalisme pratique – une décentralisation et une expérience. Peut-être que cela peut aussi nous aider à découvrir ce que voudrait dire de nos jours développer une projectualité insurrectionnelle internationaliste.

Quelques anarchistes vivant quelque part en Allemagne

 

Sommaire  :

– Suède – Que le feu se propage
– Allemagne – Qui a peur du terrorisme ?
– France – Jamais en rang, jamais à genoux ! A bas toutes les armées !
– Pays-Bas – Entretien avec des anarchistes de Den Haag
– Débat & Commentaire – La reproductibilité de l’attaque et l’organisation informelle

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