[Grenoble] Anti PouKav

En mars un graffeur se fait interpeller par la police nationale dans Grenoble avec des sprays de couleur ayant potentiellement servi à décorer cette ville que les services d’urbanisme et de propreté s’évertuent à rendre toujours plus fade et proprette. Convoqué le lendemain, il ne s’y rend pas. On ne va pas commencer à courir chez les flics dès qu’ils nous sifflent. Une semaine plus tard il est convoqué, par lettre à son domicile, avec la menace de venir le chercher s’il ne se rend pas à l’hôtel de police au rendez-vous donné. Là-bas les policiers conciliants le chargent d’un simple rappel à la loi, (en gros revenir devant les flics pour entendre les lois qui pourraient être contre lui, mais qui restent sans application, comme un coup de semonce, « refais plus ça sinon ça va chauffer pour tes ouilles »). L’histoire aurait pu s’arrêter là, le briguant ayant retenu la leçon, mais une semaine plus tard un officier de police l’appelle sur son téléphone personnel l’invitant à un nouveau rendez-vous cette fois juste pour discuter entre gens de bonne convenance… (des fois laisser son téléphone-mouchard-gps à la maison peu être salutaire). Sentant comme un ton de menace et avec l’envie de ne pas aggraver son cas il s’y rend, c’est lui qui choisi l’heure.

Dans le bureau de la police judiciaire, un fouine et l’autre note. Une photo d’ une balade anti-électorale lui est montré, il apparaît au loin n’y participant pas mais malheureusement sur la pellicule malgré tout. Les sbires lui demandent de s’expliquer et de balancer des noms. Il ne connaît personne, et beaucoup de gens sur la photo sont masqués.

Sont alors évoqués des articles d’Indymédia Grenoble, le premier sur cette manif’ , et le deuxième sur des actions contre les prisons pour mineurs. Devant son mutisme due au caractère décalé de cet interrogatoire opportuniste, le duo d’enquêteurs de choc lui annonce qu’il est catalogué « anarcho-libertaire » – et merde, ça sort le dico des gros mots…

Le jeune peintre est donc devenu suspect, potentiel terroriste, malfaiteur organisé au travers d’un mouvement créé de toute pièce par la police afin de stigmatiser des pratiques et des désirs jugés dangereux pour l’Etat qui aimerait bien mettre tout le monde dans le même sac pour les envoyer sur la lune « à la Cheminade ». « Anarcho quoi ? » Questionne le frippon.

Les flics s’enlisent et ont frappé une nouvelle fois à coté de la plaque.

Ils n’ont pas trouvé leur balance. Mais cette expérience nous rappelle que la police et l’ordre qu’elle tente de maintenir est sur ses gardes. Méfions-nous donc des caméras, des appareils photo du daubé (Poukave !) et des keufs. Surtout, prenons soin de nous et continuons la lutte sans se laisser affaiblir par la police et ses désastreuses tentatives des créer une chimérique mouvance « anarchopouetpouet » dans l’unique but d’isoler les personnes qui ne se laissent pas abattre par la fatalité du monde que nous traversons ensemble. Il est important, si ce genre d’expérience se reproduit, de ne pas se laisser isoler par leurs manigances policières, il est souvent possible de refuser d’aller aux convocations. Lors des interrogatoires le droit de garder le silence est la meilleure solution pour ne pas se laisser avoir par des questions pièges. Surtout ne pas se croire plus futé que les flics et tenter de leur tirer des infos, car à ce jeu là, ils gagnent. La situation peut des fois nous échapper, c’est pour cela qu’il faut en parler à des proches, des gens de confiance, se faire conseiller et gérer ces histoires à plusieurs. Ensemble nous sommes fort, seul il est facile pour ces malins de nous faire craquer pour tirer des informations. Aussi il est primordial de faire savoir lorsque la police entame ce genre de procédés et prendre conscience de l’attention qui est portée sur telle ou telle lutte en cours, ici celles contre les prisons et contre le mensonge démocratique.

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[Publié sur Indymedia Grenoble, le 25 avril 2012]

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