Une phrase menaçante pour les puissants, mais réfléchissons bien. Car il ne faut pas l’inverser. Nous ne sommes pas de la dynamite parce que nous sommes des esclaves. Nous sommes de la dynamite parce que nous ne serons pas des esclaves, parce que nous ne voulons pas être des esclaves. Il y a tout un monde de différence entre ces deux expressions; un monde qui distingue les anarchistes de tous les autres courants qui se prétendent révolutionnaires.
Ce n’est pas notre condition de vie, le fait d’être prolétaire ou ouvrier, pauvre ou sans-papiers, qui nous fait devenir des rebelles. Ce n’est pas sur la dégradation des conditions de survie à laquelle on assiste aujourd’hui qu’il faudrait se faire des illusions et penser que tout va péter parce que tout va de plus en plus mal. Ce ne sont là que de douces illusions qu’on sert en doses aux révolutionnaires pour les endormir.
Le pouvoir enchaîne l’être humain au rôle qu’il lui impose dans la société. Il crée et récrée continuellement les conditions de ce rôle pour empêcher que l’esclave se défasse de ses chaînes. Mais pour qu’il y ait lutte à mort entre le pouvoir et l’esclave, il faut d’abord que l’esclave se décide.
La volonté, voilà ce qui fait la différence entre l’esclave et le rebelle. La volonté d’aller contre, de ne pas accepter, de ne pas subir, de se heurter à tout ce qui tend à te soumettre, à te rendre esclave. La volonté, c’est ce que le pouvoir ne réussira jamais à effacer complètement chez ses prisonniers, c’est que qu’il craint en permanence. Car la volonté nous démontre aussi qu’il ne faut pas attendre, que nous pouvons agir et maintenant. Que la détermination et la décision l’emportent, aussi minoritaires qu’elles soient, sur l’inertie de la masse et les rapports sociaux existants.
N’ayons pas peur de notre propre volonté. Si nous voulons, nous serons de la dynamite et les édifices du pouvoir crouleront.
L’histoire n’est pas une succession d’événements produite par une loi omniprésente. L’histoire, elle est créée et recréée par les volontés qui agissent.
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[Publié dans Hors service n°34]