Avalanche n°0, bulletin international de correspondance anarchiste

Cliquer sur la couverture pour télécharger Avalanche n°0

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« Les anarchistes se sont toujours appropriés des moyens pour faire des idées antiautoritaires et des luttes une matière pour alimenter le dialogue et l’action subversives. C’est en ce sens-là que cette publication se veut aussi un moyen et plus précisément, celui d’offrir un espace pour nourrir le débat international entre anarchistes. C’est pourquoi ces pages laisseront surtout la place aux combats dont le ressort est anarchiste : des luttes autonomes, directes et auto-organisées ; des combats qui poussent vers la destruction du pouvoir sous toutes ses formes ; des luttes qui se déroulent aujourd’hui, comme hier ou qui sont à venir. »

Le PDF du n°0 (60 p., décembre 2013), est disponible en anglais et en français sur le blog : http://avalanche.noblogs.org/

Edito du n°0

Ceci est le point zéro d’un nouveau projet.

Depuis les premières imprimeries clandestines et les brochures qui passaient sous le manteau de main en main jusqu’aux tables de presse aux sorties de métro ou dans des locaux avec des activités anarchistes : les anarchistes se sont toujours appropriés des moyens pour faire des idées antiautoritaires et des luttes une matière pour alimenter le dialogue et l’action subversives. C’est en ce sens-là que cette publication se veut aussi un moyen et plus précisément, celui d’offrir un espace pour nourrir le débat international entre anarchistes. C’est pourquoi ces pages laisseront surtout la place aux combats dont le ressort est anarchiste : des luttes autonomes, directes et auto-organisées ; des combats qui poussent vers la destruction du pouvoir sous toutes ses formes ; des luttes qui se déroulent aujourd’hui, comme hier ou qui sont à venir.

D’autres projets qui se sont hasardés sur un chemin semblable ont sans doute existé. Mais nous avons souvent eu l’impression de nous trouver face à des informations fragmentaires et des « nouvelles ». Bref, ils nous ont laissés sur notre faim, sans nous donner suffisamment de matière pour affiner des méthodes, approfondir des idées, élaborer des perspectives ou aiguiser des affinités.

Une publication régulière qui passe de main en main crée des possibilités de confrontation critique et de débat. Une publication sur papier paraissant à quelques mois d’intervalle laisse suffisamment de temps pour approfondir tel aspect. C’est peut-être une goutte d’eau dans la mer, mais c’est le pari que nous voulons faire.

Il semble que ces dernières années, dans de nombreux coins du monde, se multiplient à nouveau des tentatives de mener des publications anarchistes : des feuilles orientées vers l’agitation, de petits journaux servant de torches dans l’obscurité de la résignation ; comme quelques tentatives de s’aventurer dans l’approfondissement nécessaire des idées anarchistes, dans l’analyse critique des rapports sociaux et des progrès de la domination. C’est alors avec un certain enthousiasme que nous jetons ce projet de correspondances internationales dans cette mêlée multiple. Multiple, au sens où la force de l’anarchisme a peut-être toujours été le refus de l’unité idéologique et de la soumission à une discipline de parti, une force qui réside dans la multiplicité et la richesse des convictions et des sentiers individuels qui s’inspirent, s’encouragent et se poussent à travers la critique réciproque.

Les articles repris dans ce numéro zéro ont généralement déjà été publiés ailleurs, même si ce n’est que rarement sur papier, mais pour les prochains numéros, nous invitons chaleureusement les compagnons à envoyer des contributions qui correspondent aux desseins de cette publication. Nous voudrions le souligner – le but étant de contribuer à des correspondances entre anarchistes au-delà des frontières – le numéro que vous avez entre les mains est un numéro zéro, une première invitation. Il est devenu plus gros que prévu, probablement parce qu’une sorte de mouvement de dépassement s’imposait. Cela ne veut cependant pas dire que ce numéro est complet, il manque certainement beaucoup de choses et cela sera encore le cas dans les prochains numéros. Ce projet ne sera jamais représentatif, car alors il devrait se prétendre la représentation de quelque chose de bien délimitée, d’un terrain jalonné de limites que nous n’avons nullement l’intention de respecter. La représentation, c’est le coup mortel pour la vie, pour l’individualité et pour la révolte qui cherche à se défaire de toutes ses chaînes. Des mécanismes de représentation ou de politique ne sont malheureusement pas étrangers aux anarchistes et compliquent les pollinisations croisées, les approfondissements affinitaires et la confrontation (parfois nécessairement dure) d’idées et de perspectives. Nous osons espérer que cette publication sera une des nombreuses contributions pour mettre ces mécanismes en pièces.

Au cours de son histoire tumultueuse, l’anarchisme a produit pas mal de fantômes. Des organisations formelles ont souvent, voire systématiquement, étouffé la révolte individuelle et la perspective de l’attaque directe et immédiate contre l’autorité. Des illusions quantitatives ont travesti la lutte contre tout pouvoir en la présentant comme la construction d’un contre-pouvoir capable un jour, de contrebalancer la domination. Des mentalités politiques et opportunistes ont bassement dépouillé l’anarchisme de son essence même. Cependant, il y a toujours aussi eu des anarchistes qui ne se sont pas laissés duper par de telles sirènes. Des anarchistes qui ont, sans attendre, engagé la lutte contre l’autorité sous toutes ses formes, qui ont cherché et trouvé leurs compagnons et complices sur la base de l’affinité, qui n’ont pas mis de côté ou camouflé leurs idées en échange d’applaudissements ou d’un peu de confort provisoire et qui, parcourant ces chemins, ont développé des perspectives et des méthodes révolutionnaires et insurrectionnelles qui continuent à vivre jusqu’à ce jour. Cet anarchisme informel ou autonome – pour autant que le terme anarchisme sans plus d’adjectifs ne suffise pas – reste vivant encore aujourd’hui, et a, selon nous, besoin de tout ce qui peut en approfondir et aiguiser les idées : des expériences de combat comme des considérations critiques, des correspondances entre compagnons comme des explorations de perspectives subversives, des pratiques d’attaque contre des réalisations de la domination comme des agitations contre la résignation et l’acceptation qui sont autant de piliers qui maintiennent la domination.

Nous saluons tous les traducteurs et traductrices dont nous utilisons ici sans gêne les efforts (Contrainfo, Non Fides, Act for Freedom Now, Brèves du Désordre et des anonymes). Et nous nous excusons auprès de ceux qui s’incommoderont peut-être de traductions avec des incorrections ; notre but est de rendre disponible une traduction de bonne qualité et compréhensible, mais une traduction parfaite n’est pas à notre portée. Pour finir, profitons de l’occasion pour saluer tous les anarchistes qui partout dans le monde se battent contre l’autorité et approfondissent leurs idées sur les sentiers de la subversion.

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