[Répression Turin/Milan] Quelques infos supplémentaires

Selon la presse (notamment La Repubblica du 10 décembre), fidèle porte-parole du terrorisme d’Etat, l’attaque de la nuit du 13 au 14 mai 2013, vers 3h15 du matin, contre le chantier du TAV, aurait été menée par trois groupes coordonnés, de deux côtés du chantier (côté Ramat et côté route de la Clarea). Le premier groupe, composé de six anonymes, se serait chargé d’occuper les keufs avec des mortiers/fusées, des fumigènes et d’énormes pétards (« bomba carta ») au portail 4, le second groupe au portail 8 faisant de même, tandis qu’à la hauteur du portail 8bis, neuf individus découpaient barbelés et grillage pour s’introduire à l’intérieur de la zone et lancer une quinzaine de molotovs contre les engins de chantier et les keufs. Le compresseur nécessaire à l’énorme taupe chargée de creuser le tunnel exploratoire, n’a pas tenu le choc et s’est consumé…
Les journaflics précisent aussi que les sorties 4, 5 et 8 avaient été verrouillées avec câbles d’acier et cadenas, empêchant les flics de garde d’effectuer une sortie contre les assaillants. Enfin, cette attaque de nuit d’une trentaine d’individus déterminés s’est déroulée par surprise, en dehors, ou plutôt à côté, des grrrrandes manifs collectives habituelles ou campings contre le Tav. Suite à cette attaque, d’ailleurs, contrairement à beaucoup d’autres sabotages, il n’y a pas eu les habituelles dissociations publiques (mais la pause ne fut que de courte durée, elles reprendront début septembre 2013, voir là). Les images des caméras de surveillance du chantier ont été diffusées par la police, on peut les voir sur youtruc ici.

Les procureur Andrea Padalino et procureur-adjoint Antonio Rinaudo (du parquet de Turin), cherchent donc à présent les auteurs du côté des anarchistes, parlant de groupes d’attaque nommés « Marmotte », « RC » (pour RadioCane) et « Trento ». Les accusations sont basées sur l’écoute a posteriori des téléphones portables utilisés pour cette attaque (tel et cartes sim auraient été achetées à de faux noms à Rome et Milan et utilisées deux fois seulement, une fois le 1er mai pour les activer, et une seconde pour l’attaque, et plus jamais après), notamment sur deux expertises de reconnaissance vocale menée par la police scientifique sur les voix interceptées. Ils attribuent ainsi des rôles logistiques (« sentinelle », « coordinatrice des conducteurs », « guide », « commandement des groupes ’Marmotte’ et ’Trento’ », etc.) à différentes voix de protagonistes qu’ils prétendent maintenant avoir en partie identifié.

Quatre compagnons connus pour leur participation à cette lutte en Val Susa et à bien d’autres dorment donc en prison depuis le 9 décembre : Chiara, Claudio et Nicolò (de Turin), et Mattia (de Milan), sont accusés d’ « actes terroristes avec des engins mortels ou explosifs, détention d’armes de guerre, destruction » (article 280 et suivants). Les perquisitions et arrestations ont été menées par la Digos (un appartement au moins a été placé sous séquestre judiciaire). Les journaflics affirment que les procureurs recherchent encore quatre hommes et six femmes, et qu’ils pensent que certains sms envoyés par les téléphones portables des compagnons arrêtés depuis chez eux pendant l’attaque des anonymes, n’était qu’un alibi monté avec des complices.
C’est le truc classique de la logique inquisitoriale de l’Etat : si ton portable est triangulé dans la zone d’une attaque, c’est forcément toi qui y a participé (et pas un autre utilisant ton portable, ou toi qui passait non loin), mais si ton portable est par contre triangulé loin de l’attaque ou est chez toi… tu as quand même participé à l’action (et pour le coup, c’est forcément d’autres qui l’auraient utilisé à ta place !). Dans les deux cas, les portables sont toujours une preuve à charge dans la mentalité crasse des keufs (idem sur le fait qu’ils soient allumés/éteints).
Pour finir, notons qu’à l’époque, les autorités comme Roberto Cota (Ligue du Nord), actuel président de la région Piémont, avaient déjà parlé d’ « actes de guerre« , etc. etc., préparant le terrain répressif. De même, le procureur de Turin, Giancarlo Caselli, avait parlé d’ « action de guerre organisée militairement dans les détails, avec le lancé d’une quantité industrielle de molotovs« .

Ni innocents, ni coupables, liberté pour toutes et tous…

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[Repris des Brèves du désordre, 13 décembre 2013]

[Italie] NoTav Perquisitions et incarcérations pour “activité à visée terroriste”

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