Les anarchistes se sont toujours appropriés des moyens pour faire des idées antiautoritaires et des luttes une matière pour alimenter le dialogue et l’action subversives. C’est en ce sens-là que cette publication se veut aussi un moyen et plus précisément, celui d’offrir un espace pour nourrir le débat international entre anarchistes. C’est pourquoi ces pages laisseront surtout la place aux combats dont le ressort est anarchiste : des luttes autonomes, directes et auto-organisées ; des combats qui poussent vers la destruction du pouvoir sous toutes ses formes ; des luttes qui se déroulent aujourd’hui, comme hier ou qui sont à venir.
Edito
Voici donc le numéro 1 d’Avalanche. Le deuxième numéro, car après 0 vient 1, c’est la logique des mathématiques. Pas que nous croyons à un développent linéaire de ce projet, ce ne sera sans doute pas uniquement en crescendo, mais cela ne nous retient pas. Par secousses, au rythme de l’activité anarchiste, de la vie même, nous allons.
On peut bien le dire: les réactions positives en distribuant le numéro zéro ont été assez nombreuses. Parfois complétées par quelques remarques critiques après que les compagnons s’étaient plongés dans les textes. On ne demande pas mieux que d’avoir ces retours critiques. Les correspondances qui nous sont arrivées parlent aussi de futures contributions. Pendant que quelques textes se sont déjà cheminés vers ce numéro, on attend d’autres avec impatience. La correspondance que nous proposons est tout sauf évidente, nous en sommes conscients. Coucher sur papier une sorte de où en sommes-nous, ou que voulons-nous (ou aussi, que ce passe-t-il autour de nous) provoque des pensées et des raisonnements, et aussi des discussions parmi les compagnons. Cela est un processus important, dont les occasionnelles retombées écrites donnent à leur tour lieu à l’affutage des idées et des méthodes dans d’autres endroits. De la nourriture pour l’imagination ou une titillation, une incitation.
Pendant qu’on travaillait à ce numéro, des exemplaires du numéro zéro étaient encore en route vers leurs destinataires. Dans cette époque d’internet et de flux capitaliste permanente cela paraît décalée. La correspondance anarchiste ne tend pas à suivre le chemin le plus rapide vers le plus grand nombre de lecteurs, mais accompagne plutôt les sentiers tortueux des compagnons et de leurs affinités. Dans des sac-à-dos, en passant par différentes adresses postales, de main en main, et voilà qu’un tas de feuilles devienne une occasion exquise pour passer, pour boire un café ensemble, pour resserrer les liens au-delà des frontières.
Dans ce numéro se trouvent donc quelques contributions spécifiques. Ensuite, on a opté pour reprendre quand même encore quelques chronologies, comme celle des conflits à Burgos qui ont eu des échos dans nombreuses têtes et mains, ou encore des moments de rupture sur le territoire brésilien montrant une certaine détermination (voir aussi le numéro précédent) et que nous ne voulons certainement pas perdre de vue. Il ne fait aucun doute qu’il y a beaucoup plus de choses en cours et qu’une chronologie internationale pourrait compter beaucoup de pages en plus. Mais nous nous fions que aussi d’autres revendiqueront leur place avec des contributions plus approfondies. Comme dans le premier numéro, plusieurs textes parlent des coups répressifs contre des anarchistes. Là aussi, ce n’est pas notre but d’être exhaustif, mais de mettre en avant quelques textes qui cherchent à dépasser le contexte local.
Dans nombreux endroits dans le monde, des anarchistes et des anti-autoritaires tentent de passer à l’attaque contre l’autorité. La multiplicité de cette attaque, les différentes approches s’appuyant sur une perspective anti- politique et sans compromis des luttes et les critiques pour aiguiser et approfondir la lutte anarchiste nous sont très chères. Elles sont quelque part le cœur du mouve- ment anarchiste autonome et informel, un anarchisme partant de l’individu, des propres idées anarchistes et de tentatives de mettre en pratique la liberté pour la- quelle nous nous battons ici et maintenant dans la lutte. Ce n’est certainement pas le chemin le plus facile, car ces tensions insurrectionnelles ne s’affrontent pas seulement à tout ce que nous méprisons dans ce monde-cimetière, mais aussi parce que elles reposent sans cesse la question des motivations, des pourquoi nous sommes en lutte, et elles la reposent à chacun et chacune d’entre nous. Dans certaines contrées, des choses très tristes se sont passées au sein de cercles anarchistes, cela n’a pas de sens de faire comme des autruches. Cette éditoriale n’est pas vraiment l’endroit le plus adapté pour approfondir ces questions, mais disons le clairement: face à ceux qui essayent d’imposer une hégémonie à l’anarchie, nous continuerons à nous battre pour la multiplicité de la lutte anarchiste et de l’attaque.
Une publication comme Avalanche part de correspondance entre différentes réalités. Cela signifie aussi que des luttes ou des actions ont des échos au-delà de la réa- lité dans laquelle elles sont directement visibles. Cela n’est pas évident, et nous avons trouvé le texte « Faits et défaits » une importante contribution mettant des questions sur le tapis qui nous concernent tous et toutes.
Enfin, profitons-en pour faire un appel chaleureux à tous les compagnons qui se reconnaissant dans le projet d’Avalanche, de correspondance anarchiste internationale, d’y contribuer de la manière qu’elles estiment la plus adéquate. A côté de nombreuses autres occasions et possibilités, nous espérons que ce projet offre une espace pour resserrer les liens et se propulser réciproque- ment dans la lutte anarchiste, au-delà des frontières.
correspondance [a] riseup.net