« Avalanche – Correspondance anarchiste” – numéro 3 – novembre 2014

Cliquer sur la couverture pour télécharger Avalanche n°3

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EDITORIAL :

Presque feutrés, les puissances occidentaux sont parties en guerre en Syrie et en Iraq (et pour ce dernier, l’effort de guerre change une fois de plus de nature). L’opposition démocratique n’y a dédié à peine une manifestation stérile. L’aise avec laquelle ils déclarent la guerre nous fait tendre vers la conclusion que les pouvoirs occidentaux sont depuis un moment en guerre permanente.

Face à l’ennemi intérieur, l’arsenal de la machinerie répressive s’agrandit toujours plus. D’harcèlements « administratifs » cherchant à paralyser une dynamique de lutte au spectacle médiatique de la « menace terroriste » qui signifie concrètement des années de prison pour des compagnons. Et si lors de l’exercice de leurs tâches répressives, les serviteurs de l’ordre détruisent des vies, ce sont des « dégâts collatéraux » volontaires ou involontaires. Les efforts répressifs ne sont certainement pas « réservés » aux seuls anarchistes. La légitimation de la démocratie s’exprime toujours plus dans la mesure où cette démocratie sait imposer ses règles et ses lois. La diversification de l’arsenal répressif en constitue un côté. A part de cela, tout le monde qui ne se plie pas aux règles du pouvoir devient dans le discours épris d’ordre un ennemi des valeurs démocratiques et des citoyens obéissants. La démocratie s’érige en protecteur des braves citoyens contre l’ennemi qui perturbe l’ordre. Et perturbateurs de l’ordre, les anarchistes le sont sans aucun doute, mais ce n’est pas pour autant que le rôle d’ennemi que la démocratie a créé nous va bien. Ce serait en effet une erreur de mener la lutte selon les règles de la démocratie, qui ne font que préparer le terrain de lutte à la répression ou à la récupération.

Face à l’ennemi extérieur (avec maintenant l’Etat Islamique comme représentation du Mal absolu) un mas- sacre militaire devient une intervention démocratique. Le génocide du régime d’Assad contre la révolution sur le territoire syrien, ayant déjà coûté la vie à 200 000 personnes, ne valait pas de réaction militaire de l’Occident. Les puissances démocratiques servent leurs propres intérêts et ceux-ci se résument avant tout – comme tout pouvoir – à se rendre incontournables. La révolution en

Syrie ne rentre pas dans cet agenda démocratie. Jusqu’à aujourd’hui, il paraît. Il est tentant de choisir son camp dans une guerre. Mais la recherche d’alliances avec des forces « plus libertaires » nous mène vers des lignes de front qui ne sont pas les nôtres. La révolution qui a commencé déjà en 2011 à l’intérieur des frontières syriennes et qui revendiquait la dignité et la liberté, ne se laisse pas fixer en territoires conquis/libérés, brigades militaires, coalitions politiques ou communautés ethniques et religieux. Le combat contre les anciens et les nouveaux puissants en Syrie n’est pas le monopole d’un seul groupe ou ligne de front. La solidarité des anarchistes va envers tout le monde qui n’a pas de base de pouvoir ou de territoire à défendre ou à conquérir, mais qui ne lutte que pour son propre émancipation et celle de ses compagnons de route.

Auparavant une guerre reposait sur une mobilisation de guerre et aussi sur une industrie de guerre, elle exigeait un effort autre qu’en temps de paix. Mais aujourd’hui, l’industrie de guerre tourne de façon permanente, orientée sur le commerce international – pour approvisionner des conflits partout dans le monde – et la répression intérieure. Assez paradoxalement, cela la rend présente de façon permanente, mais en même temps aussi moins visible. L’action antimilitariste ne manque pas de cibles, mais la somme des cibles ne fait pas encore une perspective. Que pourrait signifier une solidarité anarchiste ici avec les insurrections et les révolutions ailleurs (et plus spécifiquement, quand elles se heurtent à une coalition internationale de la répression) ? Est-ce que nous voulons répliquer aux déclarations de guerre de la part de la démocratie (sans accepter ses règles de jeu) ? Comment pouvons-nous affronter la grandissante répression spécifiquement anti-anarchiste, en évitant de se retrouver dans l’impasse d’une position défensive ?

Ce sont des questions qui ne sont loin d’être nouvelles ou originelles ; elles ne peuvent trouver des réponses possibles que dans une dynamique entre actes et idées. Peut-être ce projet peut donner une contribution à ces tentatives.

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http://avalanche.noblogs.org

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