[Ni loi, ni travail] Arrestations préventives avant manifestations

Arrestations préventives avant la manif du 12 mai à Paris

La police aimerait empêcher certaines personnes de manifester… Elle ne se contente pas d’arrêter pendant et après les manifs : elle le fait aussi avant.

Jeudi, nous sommes deux à quitter notre appartement dans le haut de Belleville pour rejoindre la manifestation à Denfert-Rochereau.

Quelques mètres après la sortie de l’immeuble, des flics en civil (au moins sept officiers de police judiciaire) sortent leur carte de police et nous arrêtent pour un contrôle d’identité. On proteste, et exigeons de connaître le motif : « Réquisition du Procureur ».

On finira par lire le document qui leur autorise entre midi et 20 heures, le contrôle, la fouille des sacs et voitures dans une vingtaine de quartiers de Paris. Au moment de sortir le document, on aperçoit dans le même dossier un papier avec un trombinoscope. Évidemment, l’arrestation est ciblée, le contrôle d’identité est un prétexte, puisqu’ils savent très bien qui nous sommes. Ils fouillent nos sacs où ils trouvent tout l’attirail du manifestant (lunettes de plongée, masque, sérum, pulvérisateur au maalox, foulards, gants, citron), ainsi que quelques œufs de peinture. Ils prétextent que l’absence de carte officielle les empêche d’établir avec certitude notre identité. On est embarqué au commissariat de Louis-Blanc malheureusement toujours en service malgré l’attaque qu’il a subi après les violences policières au lycée Bergson…

On est fouillé plus méthodiquement. Les œufs sont testés (pas sur la destination qui leur était réservée) et reniflés par les mêmes chiens qui nous ont arrêtés. De même pour le maalox. Le tout est pris en photo sous toutes ses coutures. Ils ne cherchent pas trop à nous interroger puisque nous ne répondons pas. A défaut de pouvoir nous inculper pour quoi que ce soit, ils veulent juste nous priver de manifestation, et nous garder les quatre heures complètes du contrôle que permet la loi. Juste avant de nous relâcher, dernière vengeance : ils vident méticuleusement un sachet de farine dans nos affaires. Nous repartons avec notre kit complet moins les œufs, mais la manif est déjà finie.

Depuis le début du mouvement, la répression est féroce, qu’elle se fasse directement à coups de matraque (des flics ou du SO), de flashball, de gaz, et de peines de prison ; ou plus insidieusement en empêchant toutes les tentatives de s’organiser (tenir une AG, occuper des lieux, bloquer, et maintenant aller en manif).

A priori, d’autres personnes ont été arrêtés préventivement jeudi. Il serait intéressant d’en connaître le nombre, et de s’organiser en conséquence la prochaine fois.

On va pas se laisser intimider, on reste déterminé !

[Paru sur Paris-luttes.info,  le 13 mai 2016]

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Contrôles « préventifs » avant la manif du 12 mai à Paris

Dans la lignée des arrestations préventives déjà signalées sur Paris-Luttes avant la manif du 12 mai, voici un autre témoignage inquiétant d’une montée en puissance de la répression policière en mode « préventif ». Ces cas n’étant pas isolés et bel et bien ciblés, ce texte pose la question de l’existence d’autres situations similaires et de la riposte à envisager.

En début d’après-midi, comme depuis le commencement du mouvement social, je descends de chez moi pour me rendre à la manifestation de 14h…
Lorsque je franchis la porte de mon immeuble, je vois un groupe de policiers en civil posés en terrasse au tabac qui jouxte mon bâtiment. Ils m’appellent par mon prénom puis procèdent à un « controle d’identité préventif » (ce sont les mots du policier). Ils trouvent sur moi des lunettes de piscine, du sérum physiologique, un masque anti-poussière, en soi du matériel « défensif » et non pas les « armes » qu’ils étaient venus chercher. Considérant l’absence d’éléments concluants, ils me laisseront repartir me disant : »le deal c’est qu’on te laisse et que tu ne vas pas à la manifestation », non sans m’infantiliser au maximum en me raccompagnant dans mon immeuble, jusqu’au seuil de ma porte d’appartement…
Au-delà de l’humiliation de me faire contrôler à même la porte de chez moi, de l’image dans le quartier, me viennent des questions.
Notamment : est-ce que d’autres ont subi le même type de contrôle ?
J’ai par exemple aperçu qu’un des flics avait en sa possession un dossier avec photos…
Comment riposter ?

Un jeune habitué du cortège de tête des manifs parisiennes

[Paru sur Paris-luttes.info,  le 14 mai 2016]

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 Région parisienne : notification d’interdiction de circulation

Samedi 14 mai, je suis chez moi, en banlieue parisienne, et deux flics (visiblement du commissariat local) toquent à la porte.

Il veulent me donner une notification d’interdiction de circulation dans certaines rues de Paris. Étant donné que je leur dis tout de suite que je refuse de signer, ils ne me font pas lire la paperasse et je ne sais pas de quelles rues il s’agit, ni pour quelle période (mais c’est très probablement lié aux récentes manifestations – et bien sûr autorisé par les mesures de l’État d’urgence). De toute façon la seule chose à faire pour moi, est de me foutre totalement de leurs interdits.
Ma participation à la manif’ du jeudi 12 est un fait établi pour les flics : avec un autre compagnon, nous avons été contrôlés peu après être sortis du métro Vavin. Est-ce que c’est pour cela ? Le contrôle s’est « bien » soldé, c’est-à-dire qu’ils ont juste piqué une bombe de peinture. Ou parce que je suis connu comme un anarchiste revendiqué ? Je ne sais pas, et franchement je me fous un peu de ça aussi.

Contre l’État, toujours.

[Paru sur Indymedia Nantes,  le 14 mai 2016]

un exemple de ces arrêtés :

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