Mexique : Troisième message de la Coordination des Ombres

Plus de 43 raisons pour se masquer le visage et lutter
Déchaînons la rage, enfilons nos cagoules, que meure l’obéissance !

Troisième message de la Coordination des Ombres.

« L’union dans l’obéissance et le respect des bourreaux a mené les hommes vers l’oppression et la misère ; l’union dans la désobéissance et dans l’action irrespectueuse donnera aux esclaves le pain et la Liberté ».

« La Justice ne s’achète ni ne se mendie. Si elle n’existe pas, elle doit se faire »

Práxedis Gilberto Guerrero. Anarchiste Mexicain du début du vingtième siècle.

Les cœurs agités explosent dans les corps, les silhouettes sous pression avancent pour emboutir les symboles de la disgrâce, et les mains inquiètes cherchent l’arsenal historique des opprimés de toujours que sont les pierres et les bombes artisanales. Les gorges se délient, les cris de rage vandalisent le silence, la paix indigne de la résignation est sabotée, les regards des visages masqués voient au-delà des mensonges et des vérités acceptés dans le monde des esclaves. Pour eux, il n’y a rien à déchiffrer, il s’agit d’une guerre qui nait de l’amour de l’humanité et de la haine envers ceux qui la massacrent. Nous ne parlons pas de fiction. Dehors, tout brûle de nouveau au rythme des enthousiastes qui se sont faits insurgés ce soir. Brûle le monde de l’économie et de la substitution, tombe en fragments de verre le sale spectacle de la normalité des prisons quotidiennes ; les transports et les gardiens de l’ordre, les palais, les bureaux et les maisons de ceux qui s’assument en tant que dirigeants sont dépouillés du respect qui avait mûri dans la population tout au long de siècles de terreur et d’éducation basée sur l’ignorance et sur l’obéissance. Et dans la mort du respect réside la plus grande victoire de ceux qui osions croire qu’il existait un autre monde. Avec la souffrance des blessures, avec le souvenir toujours ardent de nos morts, de nos disparus et de nos prisonniers, voilà notre triomphe, l’honneur des opprimés de toujours. Nous continuerons de le défendre armés de feu, de pierres et de tout ce qui sera nécessaire.

L’indignation se généralise, tous réclament la justice, et ce mot nous désarme. Exiger la justice ? Et les oppresseurs se rient de nous depuis la confort de leur fauteuils et de leurs grandes maisons. Nous continuons de demander pitié aux bourreaux, de demander pardon à ceux qui nous offensent et de demander du soulagement pour éteindre notre rage à ceux qui ne devraient faire que la sentir. C’était l’État, réaffirmons cela et, au nom du bon sens, nous appelons à ne plus rien demander à celui-ci, nous appelons à revenir à l’histoire et à se souvenir comment aucun État ne représente les véritables intérêts communs, et comment la justice ne grandira que de notre haine dirigée contre qui la mérite.

Les sales organisations de « gauche » et leur presse « progressiste » remplissent de façon exemplaire leur fonction de conteneurs. Elles ne parviennent à articuler aucune action qui transforme le mécontentement en lutte, au contraire, elle s’échinent à utiliser leurs formules arriérées et inutilisables, parlent de nouveau d’assemblées constituantes, de grands congrès, qui mis à part leur nom sont tombés en miettes depuis des décades, elles se battent entre elles pour des plans d’action saturés de complaisance envers la normativité des assassins. Et lorsqu’un groupe de rebelles organisés ou spontanés décide de rompre la légalité des criminels, elles n’hésitent pas à mettre en marche leur absurde prédication scandalisée complice de ceux qui ont EFFECTIVEMENT les mains tâchées de (notre) sang.

Nous l’avions dit dans notre premier communiqué, nous ne nions pas ce dont ils nous accusent : nous sommes anarchistes et provocateurs. Mais nous ne correspondons à aucune force du pouvoir, et nous comprenons que dans une société habituée au clientélisme et à la servitude, des gens au double menton et au regard vitreux et craintif nous accusent : « Quelqu’un les paye ! », « Qui est derrière vous ? », « C’est sûr qu’ils sont envoyés par… ». Il ne leur vient pas à l’esprit que nous n’agissons pas tous comme eux, que nous ne cachons pas ce que nous pensons et sentons, même si cela ne correspond pas aux « uniques intérêts » du citoyen moderne : « le succès personnel » et ce genre de merdes.

Que l’État détruise les mobilisations avec des faucons ? L’État peut faire disparaître 43 étudiants sous les yeux de tous, il peut les tuer, et ensuite ? Nous allons nous victimiser ? Nous allons de nouveau leur demander pourquoi, pourquoi ils nous assassinent ? L’État n’a pas besoin de nous criminaliser, l’État nous tue, parce que l’État est une organisation criminelle (il n’y a pas que la pègre et les cartels qui soient des délinquants). Lorsque nous descendons dans la rue, nous disons aussi Viens ! Nous ne voulons pas qu’ils te frappent, donc viens frapper avec nous ! Ni le métro bus, ni les baraques en flammes, ni les congrès, ni le palais national n’ont été brûlés par des infiltrés, et parfois même pas par des activistes ou par un groupe ou une coordination. C’est le peuple qui rompt les illusions, la fausseté de la conciliation et de la normalité. La guerre est déjà ici, et c’est ce que dit le feu ! Et il n’y a qu’à l’intérieur de celle-ci qu’il est possible de prendre position.

Notre appel est donc d’en finir avec la routine et d’interrompre l’économie, de nous reconnaître comme humanité à partir de la rébellion violente, un espace en-dehors et contre le monde commercial. Un appel au courage et à affronter la crise vers laquelle nous mènera la lutte, à nous organiser depuis celle-ci, en assemblées et en communes, en collectifs, blocs ou noyaux, sur notre lieu de travail, dans les écoles, dans les rues et dans les quartiers, avec nos amis ou avec d’autres personnes qui partagent nos inquiétudes. A être préparés au combat de rue, à nous assumer en tant que partie du peuple et à comprendre que nos intérêts communs sont le seul objectif de la rébellion, et que cela ne nous sera pas donné par les assemblées constituantes, les congrès, les présidents ou les caudillos. Par aucun État ! Seulement par la force qui naîtra du soulèvement social, de notre auto-organisation et de notre capacité à la défendre des opportunistes, des représentants du monde que nous combattons. A faire en sorte que la flamme de la révolte ne s’éteigne pas, à rendre les attaques quotidiennes, par le feu, par les mots, par la propagande, les occupations et les sabotages.

Autodéfense et offensive contre les oppresseurs !

Vengeance pour nos morts, nos disparus et nos prisonniers !

Feu au Buen Fin [*], aux Jeux Centre-américains et à tous les refuges des rats au pouvoir !

Parce qu’il est temps de parler de révolution !

Que viennent une et mille révoltes, violentes et incontrôlables !

Depuis les rues du territoire administré par l’État mexicain raté,
Mi-novembre 2014,

Coordination des Ombres

 

[*] Le Buen Fin est un évènement commercial organisé au Mexique chaque année lors d’un week-end de novembre. (Note de Contra Info)

__________________________________________

[Traduit de l’espagnol par Contrainfo.]

 

Publié dans general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Mexique : Troisième message de la Coordination des Ombres

« Avalanche – Correspondance anarchiste” – numéro 3 – novembre 2014

Cliquer sur la couverture pour télécharger Avalanche n°3

Cliquer sur la couverture pour télécharger Avalanche n°3

 

EDITORIAL :

Presque feutrés, les puissances occidentaux sont parties en guerre en Syrie et en Iraq (et pour ce dernier, l’effort de guerre change une fois de plus de nature). L’opposition démocratique n’y a dédié à peine une manifestation stérile. L’aise avec laquelle ils déclarent la guerre nous fait tendre vers la conclusion que les pouvoirs occidentaux sont depuis un moment en guerre permanente.

Face à l’ennemi intérieur, l’arsenal de la machinerie répressive s’agrandit toujours plus. D’harcèlements « administratifs » cherchant à paralyser une dynamique de lutte au spectacle médiatique de la « menace terroriste » qui signifie concrètement des années de prison pour des compagnons. Et si lors de l’exercice de leurs tâches répressives, les serviteurs de l’ordre détruisent des vies, ce sont des « dégâts collatéraux » volontaires ou involontaires. Les efforts répressifs ne sont certainement pas « réservés » aux seuls anarchistes. La légitimation de la démocratie s’exprime toujours plus dans la mesure où cette démocratie sait imposer ses règles et ses lois. La diversification de l’arsenal répressif en constitue un côté. A part de cela, tout le monde qui ne se plie pas aux règles du pouvoir devient dans le discours épris d’ordre un ennemi des valeurs démocratiques et des citoyens obéissants. La démocratie s’érige en protecteur des braves citoyens contre l’ennemi qui perturbe l’ordre. Et perturbateurs de l’ordre, les anarchistes le sont sans aucun doute, mais ce n’est pas pour autant que le rôle d’ennemi que la démocratie a créé nous va bien. Ce serait en effet une erreur de mener la lutte selon les règles de la démocratie, qui ne font que préparer le terrain de lutte à la répression ou à la récupération.

Face à l’ennemi extérieur (avec maintenant l’Etat Islamique comme représentation du Mal absolu) un mas- sacre militaire devient une intervention démocratique. Le génocide du régime d’Assad contre la révolution sur le territoire syrien, ayant déjà coûté la vie à 200 000 personnes, ne valait pas de réaction militaire de l’Occident. Les puissances démocratiques servent leurs propres intérêts et ceux-ci se résument avant tout – comme tout pouvoir – à se rendre incontournables. La révolution en

Syrie ne rentre pas dans cet agenda démocratie. Jusqu’à aujourd’hui, il paraît. Il est tentant de choisir son camp dans une guerre. Mais la recherche d’alliances avec des forces « plus libertaires » nous mène vers des lignes de front qui ne sont pas les nôtres. La révolution qui a commencé déjà en 2011 à l’intérieur des frontières syriennes et qui revendiquait la dignité et la liberté, ne se laisse pas fixer en territoires conquis/libérés, brigades militaires, coalitions politiques ou communautés ethniques et religieux. Le combat contre les anciens et les nouveaux puissants en Syrie n’est pas le monopole d’un seul groupe ou ligne de front. La solidarité des anarchistes va envers tout le monde qui n’a pas de base de pouvoir ou de territoire à défendre ou à conquérir, mais qui ne lutte que pour son propre émancipation et celle de ses compagnons de route.

Auparavant une guerre reposait sur une mobilisation de guerre et aussi sur une industrie de guerre, elle exigeait un effort autre qu’en temps de paix. Mais aujourd’hui, l’industrie de guerre tourne de façon permanente, orientée sur le commerce international – pour approvisionner des conflits partout dans le monde – et la répression intérieure. Assez paradoxalement, cela la rend présente de façon permanente, mais en même temps aussi moins visible. L’action antimilitariste ne manque pas de cibles, mais la somme des cibles ne fait pas encore une perspective. Que pourrait signifier une solidarité anarchiste ici avec les insurrections et les révolutions ailleurs (et plus spécifiquement, quand elles se heurtent à une coalition internationale de la répression) ? Est-ce que nous voulons répliquer aux déclarations de guerre de la part de la démocratie (sans accepter ses règles de jeu) ? Comment pouvons-nous affronter la grandissante répression spécifiquement anti-anarchiste, en évitant de se retrouver dans l’impasse d’une position défensive ?

Ce sont des questions qui ne sont loin d’être nouvelles ou originelles ; elles ne peuvent trouver des réponses possibles que dans une dynamique entre actes et idées. Peut-être ce projet peut donner une contribution à ces tentatives.

__________________________

http://avalanche.noblogs.org

Publié dans dans le texte, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur « Avalanche – Correspondance anarchiste” – numéro 3 – novembre 2014

A Marseille aussi ça bouge !

A marseille pour rémi, contre l’Etat

Après une première déambulation sauvage, déterminée et ponctuée de quelques tags le 31 octobre, on s’est retrouvéE à 200 le vendredi 7 novembre pour remettre ça.

De nombreux tags du genre « insurrection », « appel à la révolte », Rémi on n’oublie pas » ou « la ZAD sera votre Vietnam » ont fleuri tout au long du cortège, une sucette de pub a volé en éclat, les flics présent en masse se sont copieusement fait insultés et se sont mangés des pétards, une effigie de policier a ensuite été pendu à une caméra de vidéosurveillance pour flamber juste sous celle-ci et la rendre inutilisable. Les petites merdes de la bac ont profité du spectacle pour charger la foule. Il n’y a apparemment pas eu d’interpellation mais beaucoup de gens ont mangé des coups.

 Faisons en sorte que ce mouvement ne s’arrête jamais, continuons à combattre l’État et toutes les oppressions.

_______________________________

[Publié sur Indymedia Nantes le 11 novembre 2014]

Publié dans general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur A Marseille aussi ça bouge !

[Mexique] Mode ou rébellion ? Rébellion ou mode ?

« L’arme la plus importante du révolutionnaire, c’est sa détermination, sa conscience, sa décision de passer à l’acte, son individualité. Les armes concrètes sont des instruments, et, en tant que tels, ils doivent constamment être soumis à une évaluation critique. Il faut développer une critique des armes.  […] La lutte armée n’est pas une pratique définie uniquement par l’usage des armes. Elles ne peuvent représenter, par elles mêmes, la dimension révolutionnaire. »

Alfredo Bonanno, La joie armée

Les défenseurs de l’ordre existant et de la paix sociale s’obstinent à rejeter les expressions de révolte anarchiste de nos chapelles malgré les temps qui courent, où la conflictualité sociale est sur le point de déborder du fleuve. Les discours faciles, bourreaux de l’insurrection émergent de partout. Ceux qui manquent de perspective et qui n’ont aucune critique propre n’ont d’autre choix que de réduire ce qu’ils ne peuvent contrôler en une simple mode. Il est vrai qu’à certains moments, certaines expressions de révolte peuvent se reproduire entre elles sans aucune perspective, seulement par simple imitation ou encouragées par le raz-le-bol de survivre à ce spectacle mercantile qu’ils appellent vie. Mais même ainsi, certains aspects restent positifs, et ça n’est pas la révolution qu’ils se représentent dans leurs schémas rigides, mais des moments de rupture qui peuvent dévier vers une insurrection consciente d’elle-même, et qui prennent forme dans le processus d’insurrection même.

Les mots manquent aux pacificateurs pour expliquer les raisons de leurs refus, alors qu’à l’inverse quand ils s’agit de verbiage ils ne sont pas en reste. Ce qui ne vient pas de leurs rangs ils ne l’appellent plus provocation, mais mode. Ce qui dépasse leurs discours conformistes, pacificateurs et commodes c’est simplement une mode. Ce qui ne sent pas la Fédération, plate-forme ou alliance c’est simplement une mode. Ce qui critique y compris l’organisation armée traditionnelle et propose à la place de sortir dans la rue pour exprimer de mille et une façons le rage irrépressible, c’est simplement une mode, ou bien ça n’a aucune perspective ou encore “ça ne va pas marcher”, puisqu’on dirait que tout devrait être soumis à la compétitivité militaire. Ceux qui ne se contentent pas “d’attaquer durant la nuit sous le clair de lune” mais au lieu de ça cherchent à avoir une incidence, en partant de leur individualité et en plein jour, sur le marais de la conflictualité sociale émergente, sont simplement à la mode. Ceux qui ne voient pas l’anarchie comme un militantisme rigide ni comme une idéologie politique, mais au contraire y voient la joie de vivre, sont simplement à la mode, parce que leur anarchie a l’air puérile aux yeux de la professionnalisation intellectuelle de certains.

Les pacificateurs du conflit social et individuel, fidèles amis de l’ordre étatique n’ont plus aucune créativité pour débattre sur le but de la lutte anarchiste, des méthodes ou des moyens desquels les révolutionnaires se servent pour rendre possible leurs désirs. Au lieu de cela ils réduisent tous bourgeons de rébellion, quand bien même il seraient discutables, à une mode. Si les jeunes et les vieux conscients d’eux-même sentent que c’est le moment aujourd’hui et qu’ils se lancent tous dans la bataille, pour eux, les faux critiques de l’existant, la raison est que la révolte collective ou individuelle est devenue une mode. Ceux qui se cachent le visage pour protéger leur identité d’une façon minimale face à une possible répression de l’État, mais aussi pour éviter de “personnifier” la révolte, sont donc aussi à la mode. Pour eux même être prisonnier “politique” est à la mode, au lieu d’être une conséquence presque inévitable de la lutte contre le pouvoir. Le besoin d’attaque, d’étendre le conflit social sur un plan plus vaste, de contribuer à une sortie insurrectionnelle est pour eux simplement une mode. Soit, que ce soit une mode, si leur rigidité le désire ainsi, mais une mode qui dans la pratique et dans la théorie a dépassé les limites de la “théorie traditionnelle anarchiste”.

Alors que veulent-ils ? Quelle est cette révolution sociale qu’ils clament tant ?
L’insurrection n’est pas parfaite, c’est un processus douloureux et violent. L’insurrection n’est pas un chemin de roses et n’est pas non plus une expression militaire, mais elle est sociale. Les moments insurrectionnels (petits ou grands, individuels ou collectifs, et qui ont toujours précédé les grandes révolutions) peuvent survenir suite à une série de modestes et constantes interventions et un travail permanent des révolutionnaires sur le terrain, qui en dialogue avec différents “moments clés”, peut dépasser la rage, et qui est ce qu’on appelle la méthode insurrectionnelle. Ou alors l’insurrection peut nous prendre par surprise, mais dans n’importe quel cas elle ne sera jamais “préparée a priori“, mais simplement présente et ne nous garantit rien de certain. Ainsi, il vaut mieux agir que de se contenter de parler.

Ça n’est que pour ceux chez qui on trouve dans les théories une rigidité et une “perfection” de la méthode révolutionnaire, que les bourgeons insurrectionnels et les expressions de révolte individuelle ou collective qui sortent de leurs critères peuvent être réduits à une mode de jeunes, en plus d’être, selon eux, dépourvue de sens et de perspective.

Par les temps qui courent, le conflit social est brûlant et ne peut être soumis aux limitations et contradictions qui en soi sont une partie inséparable de toute organisation armée et guerrière, y compris “noire”. Par conséquent il ne peut pas non plus être soumis à celles d’une organisation de synthèse anarchiste qui cherche simplement à gagner des adeptes et étouffer tout bourgeon d’insurrection. Il y a une longue mèche qui emmène à une poudrière et personne ne peut la contenir. L’insurrection n’a pas de sigles ni de représentations spectaculaires qui arrivent à faire partie du marché des organisations armées, du contre-pouvoir, que ce soit ERPI, EPR ou TDR-EP [1] et plein d’autres encore. Pour les anarchistes, l’insurrection collective est anonyme parce que des individus y participent et pas des masses, tout comme n’y participent pas les organisations représentatives d’aucune sorte qui cherchent à représenter la rage des exploités, exclus et auto-exclus et l’attirer vers ses versants pour ainsi marquer l’histoire. Tomber dans cela c’est simplement dégénérer dans la politique de la représentation et de la réussite, qui sont le produit de la compétitivité du système.

La guerre sociale est en cours et c’est en elle que nous trouvons les gens avec qui nous avons des affinités, les créatures désenchantées du supposé bien-être social. Qui plus que de simples indignés, sont des êtres enragés qui en ont marre de voir la vie passer devant leurs yeux sans une minime intervention de leur part.

Ainsi, pour les pacificateurs de l’insurrection il est important d’injecter à temps l’antidote à la rage, avant que ce virus ne se propage et se transforme en épidémie et en pandémie.

Comme les nouveaux Tigres de Sutullena [2] qu’ils sont, mais hors contexte, ils cherchent à assassiner littéralement et métaphoriquement un certain insurrectionnalisme qu’ils pensent connaître à la perfection. Sans aucun argument basé sur notre propre réalité et expérience ils évoquent les vieux tigres espagnols pour expliquer à leurs “sujets fédérés” les maux de la lutte anarchiste locale qui ne se soumet pas à leurs limitations. La supercherie est leur meilleure arme et une mode anti-mode est simplement ce qui est en train de devenir à la mode.

La guerre sociale est présente, elle émerge des entrailles de la déception et du mécontentement social. Elle émerge aussi de la rage déchaînée d’individus désireux de liberté. Les fameuses conditions sont sur la table. Alors qu’est-ce qu’on attend ? Allons dans la bataille, mais avec les yeux bien ouverts. Déchaînons nos désirs, notre destruction créatrice. Faisons en sorte, depuis notre individualité, que ce conflit se propage, que les limites des pacificateurs soient dépassées, que leur mode anti-mode soit dépassée ainsi que tout discours modéré issu de ceux qui dans le fond n’ont d’autre intérêt que de maintenir l’ordre. Mais dépassons aussi toute revendication. La révolution est ici et maintenant.

Et même si la rébellion n’est qu’une mode pour eux, pour nous elle peut être le début d’une expérience absolue de liberté et on ne se contentera pas de moins que ça.

Quelques compagnonnes et compagnons anarchistes de la région mexicaine.
Novembre 2014

_______________________________________

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par Camotazo]

Notes

[1] ERPI (Armée Révolutionnaire du Peuple Insurgé), EPR (Armée Populaire Révolutionnaire) ou TDR-EP (Tendance Démocratique Révolutionnaire- Armée du Peuple).

[2]  Voir ici.

Publié dans dans le texte, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur [Mexique] Mode ou rébellion ? Rébellion ou mode ?

[Mexique] Seconde condamnation d’Amélie, Fallon et Carlos

solidaridad001

Le 6 novembre la sentence est tombée dans le procès qui dépend de la juridiction locale pour atteinte à la paix publique et dommages aggravés en bande (l’attaque sur le concessionnaire Nissan).

La sentence est de 2 ans, 7 mois et 15 jours de prison, en plus de devoir payer une réparation de dommage de 108 mille pesos.

Les avocats vont faire appel de cette décision.

__________________________________

[Traduit par Camotazo de Abajo los muros]

Pour rappel :  31 octobre 2014 première condamnation de Fallon, Amélie et Carlos

Solidarité avec Carlos, Amélie et Fallon !

amaf1

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Mexique] Seconde condamnation d’Amélie, Fallon et Carlos

[Besançon] Quelques pics dans les roues de la domination

Dans la nuit du 7 au 8 novembre, deux véhicules utilitaires (un de la mairie et un autre d’EDF) ainsi que plusieurs vélocité ont été crevés.

Une vingtaine de vélocité de Decaux ont été mis hors d’usage. Un véhicule de la mairie et un utilitaire d’EDF ont connu le même sort.

Parce qu’EDF participe à cette société nucléaire, qui domestique et empoisonne nos vies. Parce que Decaux exploite les prisonniers pour réparer ses merdes qui servent à transporter les bobos. Parce que la mairie est son premier collaborateur, et que tout simplement, c’est l’autorité.

Que crève l’Etat et le capitalisme !

_______________________________

[Publié sur Indymedia Nantes le 8 novembre 2014]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Besançon] Quelques pics dans les roues de la domination

[Bruxelles] Incendie solidaire avec le Testet

Dans la nuit du 4 au 5 novembre, une pelleteuse et un engin de forage sont partis en fumée sur le chantier de la rue Vandenbranden dans le centre de Bruxelles.
Un tag a été laissé sur place « A Rémi ».

Ils aménagent, on saccage !

_____________________________________

[Publié sur Indymedia Bruxelles le 7 novembre 2014]

Publié dans general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Bruxelles] Incendie solidaire avec le Testet

Paris : Énièmes coups de pressions contre le bulletin Lucioles

AFFICHE LUCIOLES

L’après-midi du 27 octobre 2014, au métro Belleville, la BST débarque une fois de plus. Cette fois-ci, ils sont là pour nous, certainement après nous avoir repéré à travers leurs caméras pendant que nous diffusions le bulletin. Ils arrachent alors des exemplaires du n°19 accrochés aux grilles. Après avoir décortiqué le contenu du journal (oui, ils savent lire), ils décident de contrôler les deux premières personnes qui leur tombent sous la main. Les deux compagnons se font alors embarquer et seront placés en garde à vue au commissariat central du XIXe arrondissement, rue Erik Satie. Ils seront déférés après 24h et inculpés pour refus d’empreintes (une date de procès a été fixée pour janvier). Ils ressortent également avec une convocation pour « injure publique », se référant au contenu du bulletin, visiblement par rapport au court article « « Maïs chaud ! » et harcèlement de rue à Belleville ». Depuis quelques années, nous ne comptons plus les contrôles, les menaces, les convocations, vérifications d’identité, tentatives d’intimidation, les gardes à vues et les vols liés à la diffusion du bulletin dans le Nord-Est de Paris. Il s’agit de leur part, en toute logique et sans surprise, de mettre un frein à la diffusion des idées et pratiques anarchistes et révolutionnaires dans le quartier.

Nous sommes bien conscients de n’être qu’une petite épine dans le pied de ces sales flics (BST & compagnie) dont le véritable travail reste de mener la guerre aux indésirables (harcèlement des vendeurs de maïs et des prostituées, rafles de sans-papiers, etc.). En pissant là pour marquer leur territoire, ils cherchent à empêcher que les diverses formes de révoltes puissent se rencontrer. Empêcher la diffusion du bulletin est une petite partie de cette stratégie.

Ce communiqué n’a pas pour but de nous victimiser lorsque tant de gens vivent chaque jour une répression bien plus violente de la part des assassins en uniformes. Notre but est de sortir de la logique que l’ennemi cherche à faire prévaloir : une gueguerre privée entre eux et nous, de laquelle nous ne ressortirons jamais gagnants en raison de l’asymétrie des forces. Car nous nous foutons bien d’eux, et c’est avec les habitants du quartier avec qui nous partageons ce bulletin depuis plusieurs années que nous souhaitons dialoguer, en espérant partager bien plus que la belle mais banale haine du flic. Celles et ceux qui se mangent la même répression que nous, et qui se reconnaissent potentiellement en nous comme nous nous reconnaissons en eux et en elles. L’objectif principal de Lucioles étant de maintenir la continuité de la diffusion des idées anarchistes dans la rue, rien ne nous arrêtera. Et que cette petite feuille puisse être un instrument, parmi d’autres, dans les mains des exploités, tant que ce monde d’autorité ne sera pas détruit, continuera la guerre sociale en cours depuis toujours.

Tout continue, vive l’anarchie.

Quelques contributeur/ices de Lucioles.

Pour rappel, on pourra relire le texte Anarchistes vs. Police : nous ne voulons pas de leur guerre privée, publié en décembre 2013 dans Lucioles n°14. Ceux qui souhaitent participer aux diffusions du bulletin et leur montrer que nous ne baisserons pas les yeux face à la terreur d’Etat, peuvent nous contacter à l’adresse lucioles [a] riseup.net

_________________________________

[Reçu par mail]

 

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Paris : Énièmes coups de pressions contre le bulletin Lucioles

[Bruxelles] Petite manif de solidarité suite à l’assassinat de Rémi par les flics en France

Le samedi 1 novembre, une centaine de personnes se sont rassemblés sur l’avenue de stalingrad à Bruxelles pour marquer leur solidarité avec ceux qui luttent contre le pouvoir et pour exprimer leur rage contre l’assassinat policier du camarade Rémi au sud de la France.

Au début, il y a eu quelques interventions avec le mégaphone pour expliquer les raisons de notre présence aux nombreux gens dans la rue de cette partie encore populaire du centre-ville de Bruxelles. Entretemps, un tract était distribué. Les premiers slogans « Flics, porcs, assassins », « L’Etat tue, tue l’Etat », « La liberté ne se mendie pas, on la prend ou on ne l’a pas »… Le rassemblement devient plutôt bruyant et une petite demi-heure plus tard, ça part en manif sauvage qui fait un petit tour vers le centre-ville, en passant par le boulevard Anspach. Devant, une banderole « Pouvoirs assassins » et un grand fumigène. Les slogans « Un flic, une balle, justice sociale », « A bas l’Etat, les flics et les bourgeois », « Li, li liberté, nous voulons la liberté », « Pouvoir assassin » et « Brique par brique, mur par mur, détruisons toutes les prisons ». Beaucoup de pétards. En passant dans les rues, des personnes se sont jointes au petit cortège.

Ensuite, dispersion – sans flics ni arrestations.

— –

Voici deux interventions qui ont été prononcées au mégaphone :

Pouvoir assassin…

On est sorti dans la rue parce que le pouvoir assassine.
Cette fois-ci le pouvoir a tué Rémi, dans le sud de la France. Rémi a été tué par une grenade de désencerclement, une arme soi-disant non-létale que la police française utilise pour disperser des foules et des attroupements.
Rémi a été assassiné pendant une grande manifestation contre un nouveau barrage qu’ils sont en train de construire là-bas au Testet. Pendant cette manif, une centaine de personnes ont attaqué le chantier du barrage à coup de cocktails molotov.
Ce soir, on est ici parce que le pouvoir assassine, mais aussi pour exprimer notre solidarité avec le combat de Rémi et l’attaque contre le chantier du barrage dévastateur.
Le pouvoir assassine, jour après jour.
Combien de personnes réfugiées sont déjà mortes dans la Méditerranée ou le Sahara parce qu’ils sont à la recherche d’une meilleure vie et qu’ils ne sont pas le bienvenu par le pouvoir ?
Combien de personnes sont mortes dans les massacres en Syrie parce qu’elles ont eu l’audace de s’insurger contre le pouvoir, pour une vie libre et digne ?
Combien de personnes sont mortes à Bahreïn, en Égypte, en Tunisie parce que le pouvoir assassine ?

La police de Bruxelles, elle aussi, elle tue. Comme le font les prisons, et les centres fermés pour personnes sans papiers. Comme font les usines, les hôpitaux psychiatriques, et toutes les structures du pouvoir qui nous empêchent de respirer. Le pouvoir assassine, que ça soit par des bombes, par des armes non-létales, par des frontières, des cancers ou la pression quotidienne sur la vie.

Quand le pouvoir assassine, c’est notre devoir de sortir dans la rue et d’agir. C’est une question de dignité.
Car on ne veut pas vivre sur nos genoux. Car on ne veut pas subir toutes les atrocités perpétrées par le pouvoir assassin.
Car on ne veut pas passer à autre chose comme si rien ne s’était passé.
Nous ne sommes pas des moutons qui se laissent amener à l’abattoir.
Continuons le combat de Rémi avec une férocité encore jamais vue.
Contre un monde de pouvoir qui assassine toute possibilité d’une vie libre et digne.
Brisons nos chaînes !

* * *

« Luttons de toutes nos forces… »

Il y a une semaine exactement, le samedi 25 octobre, que Rémi a trouvé la mort pendant qu’il affrontait les gendarmes à Testet dans le sud de la France. Ces gendarmes étaient là pour protéger le chantier d’un nouveau barrage que le pouvoir veut construire. Ce barrage implique la destruction d’une zone naturelle importante et est un autre exemple de ces mégaprojets servant des intérêts étatiques et économiques que le pouvoir impose alors à la population.

Il y a une semaine, des milliers de personnes étaient descendues à Testet pour marquer leur refus du barrage. Il y a eu des affrontements et des centaines de personnes ont essayé d’attaquer directement le chantier du barrage, pour empêcher par eux-mêmes, sans rien attendre de partis politiques ou de négociations, ce projet honteux. A coups de pierres et de cocktails molotov, ils ont essayé de détruire les engins de chantiers qui détruisent la forêt, qui creusent dans la terre, qui coulent le béton pour le futur barrage. La police présente a fait son devoir de chiens de garde, repoussant les manifestants avec des bombes lacrymogènes et des grenades de désencerclement. C’est une de ces grenades qui a tué Rémi. Il était mort sur le coup.

Aujourd’hui, l’Etat cherche à justifier ce meurtre en disant que s’il est le droit de tout citoyen de manifester, personne n’a le droit de prendre les choses en main et donc, disons-nous, de s’opposer réellement et concrètement aux œuvres dévastateurs et nuisibles du pouvoir. Celui qui obéit ne doit pas craindre des grenades qui explosent son corps. L’État dit donc : « J’ai le droit de tuer celui qui s’oppose à ma volonté. Et je tuerai ». Si nous sommes aujourd’hui ici pour marquer le fait que face au meurtre de Rémi, nous ne reculerons pas, ni en France, ni ici, ni nulle part, nous voulons aussi rappeler tous les autres qui sont tombés sous les balles policières, qui sont morts dans les cachots des commissariats et dans les cellules des prisons, qui ont été assassinés pendant des déportations. Nous voulons aussi rappeler les milliers de personnes qui trouvent la mort dans la Méditerranée parce que l’Etat les a déclarés indésirables. Nous voulons aussi rappeler les dizaines de milliers de personnes qui sont tués par les États, comme en Syrie aujourd’hui, mais aussi partout dans le monde, sans exception, parce qu’ils ont eu le courage de s’insurger contre le pouvoir. Nous voulons donc aussi rappeler qu’il faut en finir avec ce système basé sur l’assassinat et la mort. Que l’insurrection est nécessaire pour détruire ce qui nous opprime, ce qui nous exploite, ce qui nous tue.

Face à la violence étatique, nous ne baissons pas les bras. Pour lutter contre ce que l’Etat essaye de nous imposer, que ce soit un nouveau barrage, un aéroport ou une maxi-prison comme ici à Bruxelles, il faut s’organiser de façon autonome, sans partis politiques, et agir directement. Cela veut dire, ne pas accepter les règles que l’Etat veut nous imposer, mais déterminer soi-même comment lutter. Et s’il y a une chose qu’il faut réaffirmer avec force aujourd’hui, suite au meurtre policier du camarade Rémi dans le sud de la France, c’est que nous ne nous laisserons pas intimider par le pouvoir assassin, nous continuerons à nous battre, à s’organiser de façon autonome, à agir directement, par tous les moyens possibles, du sabotage nocturne de tout ce qui fait tourner la machine étatique, à l’attaque collective contre ses chantiers du fric, du contrôle et de la mort.

Nous l’affirmons sans trembler, luttons de toutes nos forces contre les projets du pouvoir. Continuer à lutter, c’est la meilleure réponse qu’on peut donner à un État qui une fois de plus, a tué pour défendre son pouvoir.

____________________________________

[Repris de La Cavale]

Publié dans general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Bruxelles] Petite manif de solidarité suite à l’assassinat de Rémi par les flics en France

[Mexique] Condamnation de Fallon, Amélie et Carlos

Le 31 octobre Amélie, Fallon et Carlos ont été jugé-e-s au cours d’un procès fédéral pour destruction de bien d’autrui sous la forme de l’incendie. La sentence qui leur a été dictée est de 7 ans et 6 mois. Leurs avocats vont faire appel dans un délai de 15 jours.
La sentence du procès local pour atteinte à la paix publique et dommages n’a pas encore été dictée.

Solidarité avec Carlos, Amélie et Fallon !
Liberté pour Fernando et Abraham !
À bas les murs des prisons ! Liberté pour tous !

_________________________________

[Traduit par Camotazo de Abajo los muros]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Mexique] Condamnation de Fallon, Amélie et Carlos