Hors service n°46 – octobre 2014

Cliquer sur la première page pour télécharger Hors service n°46

Cliquer sur la première page pour télécharger Hors service n°46

___________________________

Les textes du n°46 sont lisibles un à un ici.

Publié dans dans le texte, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Hors service n°46 – octobre 2014

Face à J-C Decaux et ses sbires… la meilleure solidarité, c’est l’attaque !

Au sujet des vagues répressives suite aux destructions de panneaux publicitaires ‘JC Decaux’ à Besançon.

Le 18 novembre 2013, deux personnes sont inculpées dans le cadre des destructions de publicités qui ont eu lieu à Besançon entre 2011 et 2013.

Après 24 heures de garde-à-vue et perquisitions à leurs domiciles, ils ont été mis en examen avec contrôle judiciaire (interdictions de quitter le territoire national et de rentrer en contact, obligation de se rendre une fois par mois au commissariat central de Besançon).

Ces deux inculpations font suite à l’arrestation d’une personne pour la destruction de deux « sucettes » dans la soirée du 21 juin 2013. Les flics ont pu compter sur l’appel au 17 d’un citoyen du haut de son immeuble. Durant ses 48 heures de GAV et outre le fait qu’il s’est lui-même balancé en avouant 50 destructions, il a fini par cracher deux blazes devant les flics. La poukave Nouma Friaisse a mâché le travail de la police. Il s’agit de prévenir celles et ceux qui seraient amené-e-s à le rencontrer, sachant qu’il a fait plusieurs passages sur la ZAD de Notre-Dame des Landes, notamment lors des assauts de la police en avril 2012. Cette collaboration avec la police ne lui a évidemment pas permis d’esquiver la machine judiciaire, écopant la même mise en examen que les autres.

Parmi les trois inculpés, seul B. est resté silencieux face à la police. L’enquête, initiée par la juge d’instruction Meyer, est en cours et à l’heure actuelle, aucun dossier n’a été envoyé à son avocat. Ne rien avouer et garder le silence face à l’ennemi restent la meilleure arme pour tou-te-s celles et ceux qui seraient entre ses griffes.

Ces dernières années, les médias locaux puis nationaux, en bons chiens de garde de l’Etat et du capitalisme, ont relayé ces sabotages de manière éparse en les marginalisant, psychiatrisant les « casseurs » (qui seraient des « malades mégalo-maniaques qui en voudraient personnellement à Jean-Claude Decaux » pour l’est républicain) et en minimisant les dégâts – qui depuis 2008 s’élèvent à plusieurs centaines de milliers d’euros (et qui continuent de grimper depuis ces trois inculpations, notamment lors de la nuit de GAV du 18 au 19/11/2013): l’entreprise n’a jamais communiqué à ce sujet, bien qu’en interne elle ait tenté de parer à ces attaques en changeant l’infrastructure des panneaux (passant du verre au plexiglas), et également en exploitant ses agents en pleine nuit, puis en mettant la pression sur les forces de l’ordre, comme en atteste les demandes de renseignements de la police auprès des personnes interpellées pour possession de stup’ ou bien les veillées de la BAC à proximité des panneaux publicitaires sur les grands carrefours de la ville…

Les forces répressives à propos de ces multiples attaques ne sont évidemment pas restées passives ces dernières années à Besançon: Le 11 octobre 2011, des compagnons anarchistes sont perquisitionnés à leur domiciles: certes sans suites judiciaires mais avec la volonté affichée d’accentuer surveillance et harcèlement sur celles et ceux qui combattent ce monde d’argent et d’autorité.

La publicité est un des nombreux instruments de la domination pour maintenir l’oppression du fric sur nos vies et tenir la population en laisse par la consommation de masse à l’instar du travail. Elle est la vitrine du capital dans l’espace urbain et les transports.

Les attaques contre la pub sont anonymes et diffuses selon les possibilités du moment: lors de manifs émeutières, comme le 22 février 2014 à Nantes, à Paris suite à la mort de Clément Méric, en Turquie lors de l’insurrection partie de la place Taksim d’Istanbul à l’été 2013, et partout à travers le monde lorsque des révoltes urbaines éclatent contre le pouvoir et ses serviteurs. Parfois, les organes de communication du pouvoir relaient ces attaques nocturnes quand ça commence à faire de gros dégâts pour la société, comme par exemple il y a quelques temps à La Rochelle, Niort, Angers ou encore à Liège (en Belgique) … Ces coups portés aux portes-feuilles des riches peuvent être réalisés de diverses façons: par la destruction de la vitre des panneaux et de leurs mécanismes internes (lumières et systèmes de rotation) ou encore par le feu quand il s’agit de façades en plexiglas. Fin mars 2005, on se souvient de l’attaque aux molotovs et au jerricane d’essence qui avait visé l’entreprise Decaux (http://cettesemaine.free.fr/spip/imprimersans.php3?id_article=12)

Chacun-e sait que cette entreprise s’est enrichie grâce à la publicité en collaboration avec les mairies et l’Etat, lui fournissant des espaces et la gavant de subventions pour étaler ces panneaux petits ou grands partout en France (puis en échange s’engagent à fournir des abris-bus). Elle est implantée dans plus de 56 pays à travers le monde, dont la Belgique depuis 1967, le Portugal depuis 1972, l’Allemagne depuis 1978, le Royaume-Uni depuis 1982, la Suède depuis 1989, l’Espagne depuis 1990, la Russie depuis 1995, l’Australie depuis 1997, le Brésil depuis 1998, l’Italie depuis 1999 et récemment en Israel, au Chili, en Chine… (Toutes prises de contacts avec JC Decaux dans chaque pays où elle est implantée, c’est par là: hXXp://www.jcdec aux.com/fr/Le-groupe- JCDecaux/Implantations).

Seulement, cette pourriture Decaux ne limite pas ses activités à la pub mais à l’ensemble du mobilier urbain. Ainsi, l’entreprise de comm’ s’est lancée dans le vélo « libre-service » en créant la filiale Cyclocity, principalement implantée en France: la première ville a s’en être équipée a été celle de Lyon en 2005 (« Vélo’v »), Paris en juillet 2007 (« Vélib’ ») puis Toulouse (« Vélô Toulouse »), Nantes (« Bicloo »), Amiens (« Velam »), Rouen (« Cyclic »), Besançon et Mulhouse (« Vélocité »), Nancy (« Vélostan’lib »), Cergy-Pontoise (« Vélo2 »), Créteil (« Cristolib’ »), Marseille («Le Vélo»). Ces moyens de transport labellisés écolo branché, permettent aux bobos de se rendre à leur travail tout en étant fliquer lors de leur déplacement. Ces joujous du capitalisme vert correspondent parfaitement aux processus de gentrification que mènent l’Etat et les mairies – les emplacements pour implanter ces bornes cyclocity ne sont pas choisis au hasard: quartiers aisés, zones commerciales, quartier « culturel pour bobos-branchés » ou en cours d’embourgeoisement…

Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore, l’entreprise Decaux – par le biais de sa filiale Cyclocity, dont le siège se situe 29, allée du Mens à Villeurbanne (69100) – fait également son beurre sur le dos des prisonniers, en les exploitant gratuitement dans ses ateliers de réparation. L’esclavagiste Decaux bénéficie de la collaboration de l’Etat pour avoir de la main-d’oeuvre venue tout droit des tribunaux, notamment pour celles et ceux condamné-e-s pour vols et/ou dégradations. Mais cette information sortie dans la presse mainstream n’est pas restée sans réponse: des centaines de vélib’ ont été sabotés à Paris en avril (http://nantes.indymedia.org/articles/29316) et mai 2014 (voir ici: http://nantes.indymedia.org/articles/29440 et là: http://nantes.indymedia.org/articles/29504)

Ces attaques sont simples, reproductibles, et peuvent être menées partout car cyclocity gère les parcs à vélos au niveau mondial: en Belgique (Bruxelles et Namur), en Espagne (Cordoue, Valence, Séville, Santander, Gijon), à Vienne (Autriche), au Luxembourg, à Brisbane (Australie), etc…

Decaux est loin d’être intouchable et les cibles ne manquent pas.

Frappons à tout moment et en tout lieu Decaux et les mairies qui l’engraissent !

A nous de ne pas rester les bras croisés car, face à la répression, la meilleure solidarité reste l’attaque !

__________________________________

Reçu par mail

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Face à J-C Decaux et ses sbires… la meilleure solidarité, c’est l’attaque !

[Paris] Eiffage s’enflamme

La nuit du 14 au 15 septembre,  une voiture d’Eiffage s’est enflammée , quai de la Garonne, à cause de sa haine contre les prisons.

Feu à toutes les prisons!

Feu aux collabos de l’enfermement.

_______________________________

[Publié sur Indymedia Nantes, le 17 septembre 2014]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Paris] Eiffage s’enflamme

[Paris 26 septembre] Procès en appel de Christine face à un maton

Accusée d’avoir mordu un maton de Réau, le 5 mars 2014, le Tribunal Correctionnel de Melun condamne Christine à 1 mois ferme et 200€ de dommages et intérêts à verser au maton. Quelques jours après, le parquet, trouvant cette peine trop clémente, a fait appel. Vendredi 26 septembre à 13h30 Christine sera donc re-jugée à la Cour d’Appel de Paris (pôle 2 chambre 9).

N’appréciant pas les réfractaires, l’Administration Pénitentiaire, avec l’appui de la Justice, joue la carte de l’acharnement pour tenter de détruire Christine.

Ne laissons pas Christine seule face à la machine à broyer.
Soyons nombreux vendredi 26 septembre 2014 dès 13h00
pôle 2, chambre 9 de la Cour d’Appel de Paris
4 Boulevard du Palais (métro Cité)

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Paris 26 septembre] Procès en appel de Christine face à un maton

[Paris] Feu aux prisons

Paris, rue Haxo (19e). Tôt ce jeudi 11 septembre, une camionnette de Vinci s’est embrasée, parce que Vinci construit et gère des prisons et des Centres de rétention.

L’enfermement et les frontieres tuent, comme ça a été recemment le cas avec Abdelhak Goradia.

Parce qu’il ne suffit pas de dénoncer, passons à l’attaque!

_______________________________

[Publié sur Indymedia Nantes, le 11 septembre 2014]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Paris] Feu aux prisons

[Tract] Du centre de rétention de Vincennes à Ferguson, Pouvoir assassin !

vincennesferguson

Du centre de rétention de Vincennes à Ferguson, Pouvoir assassin !

Toujours la même histoire. L’État ne dira sans doute jamais ce qui c’est exactement passé ce 21 août 2014 dans la voiture de flics de l’unité d’escorte qui emmenait Abdelhak Goradia du centre de rétention de Vincennes à l’aéroport de Roissy d’où il devait être expulsé. Abdelahak est mort. Les flics lui ont fait croire qu’il allait voir l’infirmière, ils lui ont mis des menottes, un casque sur la tête et l’on saucissonné pour être sûr qu’il ne résiste pas. Il est mort asphyxié, étouffé. La police a déclaré qu’il était mort naturellement, d’une crise cardiaque, puis ils ont dit qu’il s’était fait volontairement vomir. C’était la deuxième tentative d’expulsion ; lors de la première les flics s’étaient déjà montrés violents et acharnés et c’est le commandant de bord qui avait refusé de le prendre à bord de l’avion.

Au centre de rétention, en apprenant la mort d’Abdelhak des retenus ont cassé du mobilier et une grève de la faim a commencé.

Il y a 6 ans et deux mois, le 21 juin 2008, Salem Souli est mort au centre de rétention de Vincennes. Malade il avait demandé à voir un médecin ce qui lui avait été refusé. Il s’est allongé et ses compagnons l’ont retrouvé mort quelques heures plus tard. Le lendemain une révolte collective a éclatée et le centre totalement incendié.

Les techniques d’expulsion dans les prisons pour étrangers sont toujours les mêmes. Les retenus qui ont déjà résisté à une expulsion où qui ne se laissent pas faire sont appelés dans le micro pour un faux prétexte, une visite, aller chez le juge ou à l’infirmerie, ou embarqués au milieu de la nuit. Ils sont menottés dans le dos, jambes entravées, cagoule et casque sur la tête, étranglé pour empêcher de crier, ligotés avec du scotch… Plusieurs sans papiers sont déjà morts assassinés par la PAF (police de l’air et des frontières) : Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.

Entre 2000 et 2014, plus de 130 personnes ont été tuées par la police.

Mort en prison comme Gordana Jovanovic à la maison d’arrêt des femmes de Fleury le 2 novembre 2012 ; mort au mitard comme Éric Blaise le 13 novembre 2005 à la prison de Fleury-Merogis ; mort dans un fourgon comme Lamine Dieng le 17 juin 2007 ; mort du TASER comme Loïc Louise le 3 novembre 2013 ; mort du Flashball comme Mostefa Ziani le 13 décembre 2010 ; mort au commissariat, mort lors d’une course poursuite comme Baba Traoré le 4 avril 2008 qui tentait d’échapper à un contrôle de police et qui s’est noyé dans la marne ; mort d’une balle dans le dos comme Amine Bentounsi le 21 avril 2012.

Mort aux frontières de l’Europe comme 14 000 migrant-e-s depuis 1988.

Partout c’est la même. Qui n’a pas entendu parler de cette histoire à Ferguson, dans le Missouri aux États-Unis, où Mike Brown a été tué de plusieurs balles dans le dos et à la tête par les flics le 9 août dernier. Il est mort parce qu’il était noir, parce qu’il était pauvre. En réaction, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour manifester et s’affronter avec la police. Pendant plusieurs nuits des émeutes ont éclaté malgré le couvre-feu instauré par l’État.

La violence des flics est toujours la même. C’est celle de l’État, de la société. La police, comme la justice et la prison, est là pour garantir son bon fonctionnement basé sur l’exploitation économique, la domination sociale, l’oppression raciste. Il s’agit de tous nous soumettre et de protéger les riches, et pour cela la police réprime, tue et mutile, la justice condamne et enferme. Face à cette violence, la solidarité est nécessaire et doit s’exprimer partout.

Du centre de rétention de Vincennes à Ferguson, Solidarité face à la police et à l’État !

____________________________

[Repris de sans papiers ni frontieres]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, les papiers on s'en fout on n'en veut plus du tout, solidarité | Commentaires fermés sur [Tract] Du centre de rétention de Vincennes à Ferguson, Pouvoir assassin !

Recueil de textes de compagnons incarcérés au Mexique, (janvier 2012/août 2014)

Cliquer sur la couverture pour télécharger la brochure

Cliquer sur la couverture pour télécharger la brochure

[Reçu par mail]

Publié dans dans le texte, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Recueil de textes de compagnons incarcérés au Mexique, (janvier 2012/août 2014)

Lettre ouverte aux « camarades » Antifascistes Anarchistes Autonomes en Aveyron.

Confus sur tout, mais clairs dans la dissociation

Lettre ouverte aux « camarades » Antifascistes Anarchistes Autonomes en Aveyron.

La révolution… mais seulement à la sauce tzatziki ?

Le 10 août 2014, vous avez publié sur votre blog une lettre de Damien Camelio, tout comme vous l’avez fait à d’autres reprises dans les mois passés. Cependant, cette fois-ci vous y avez ajouté une « Mise au point » qui est tout à fait dégoûtante. Il s’agit bel et bien d’une déclaration de dissociation.

C’est mignon de dire que votre « soutien envers Damien est inconditionnel », seulement pour le poignarder dans le dos tout de suite après. En effet, vous continuez en disant que vous restez « critiques vis à vis de la forme des actions qu’il revendique » et que votre activité politique (politique ? Damien, comme beaucoup d’autres, n’a pas fait de la politique, il a mis sa vie en jeu !) « est essentiellement basée sur la propagande ». Ce qui revient à dire : « Nous on est des gentils. Même si on soutient Damien, le méchant, on ne fait pas ceci et cela ». Ce qui revient à dire également que « si par hasard ceci et cela devait (encore) arriver, ce ne serait pas nous. Messieurs les enquêteurs, vous êtes donc priés d’aller chercher ailleurs ».
Votre dissociation est d’une gravité extrême, et le silence dans lequel elle se passe en dit beaucoup sur l’état de feu le milieu « révolutionnaire » français.

Je ne veux pas entrer ici dans des considérations sur les attaques pour lesquelles Damien a été condamné, ni sur les revendications qui vont avec, ni sur les (différentes) positions qu’il a pris depuis son incarcération. Là n’est pas la question. Ce dont je voudrais discuter ici avec vous est le comportement qu’on devrait tenir face à la menace de la répression qui suit des attaques.

Pour commencer, est-ce que vous savez que vous n’êtes pas obligés de partager entièrement ce qu’un prisonnier (ou un/e compagnon/ne quelconque d’ailleurs) pense et dit, et d’en publier les lettres ? Vous avez déjà écrit par le passé sur votre position contre le choix de l’attaque. Pourquoi renchérir maintenant, sur la peau d’un prisonnier ?
La CNT-AIT de Perpignan a elle aussi diffusé une autre lettre de Damien. Ils ont cru bon de ne pas en publier certains passages, mais ils ne se sont pas dissociés de lui, ni de ce qu’il dit, ni de ce qu’il a fait. Probablement qu’en tant que CNT (aussi AIT soit-elle) ils ne partagent pas les méthodes en question (tout comme vous). Mais à la différence de vous, eux ont eu l’élégance de la fermer, peut-être pour mieux l’ouvrir à un moment plus propice, c’est-à-dire dans un dialogue direct avec Damien, ou en privé. Cela pour ne pas mâcher le travail des flics.
Damien a écrit aussi à des compagnon/nes de Paris, en leur demandant de publier son communiqué adressé au Parti Socialiste et au gouvernement. Ne partageant pas une telle démarche, ils ne l’ont pas publié sur les sites anarchistes auxquels ils participent. Mais ils ont quand même commencé à retaper cette lettre pour la publier sur Indymedia (site de publication libre et anonyme), ceci comme geste minimal de soutien à un camarade emprisonné (même si, entre temps, la lettre est sortie ailleurs).

Est-ce que vous avez pensé au fait que si ce que Damien (ou quiconque d’autre) dit ne vous convient pas du tout, il y a une autre solution encore ? Un comportement tout à fait respectable à tenir. C’est le silence. Un silence public qui n’empêche pas aux compagnon/nes de réfléchir, analyser, critiquer, agir de façon différente. Un silence qui ne laisse pas isolés face la répression d’État celles et ceux qui ont fait le choix de la cohérence, ou d’autres choix que le votre (celui de la respectabilité). Un silence qui ne dit rien (du moins explicitement) à l’ennemi.

Avez-vous réfléchi au fait fondamental que les mots, autant que le silence, ont une importance ? Qu’on ne peut pas dire tout et n’importe quoi sous prétexte de « critique » ou de « liberté » ? Parfois, pour quelqu’un/e, il ne s’agit pas de « contre-information », mais de sa propre vie.
Vous avez justement repris des nouvelles à propos des compagnons italiens Adriano Antonacci et Gianluca Iacovacci, condamnés à de lourdes peines pour une série d’attaques. Êtes-vous au courant des polémiques qui ont eu lieu au sein du mouvement anarchiste italien, du fait que le silence d’une large partie dudit mouvement a été vue (correctement, à mon opinion) comme une forme de distanciation ? Et vous, qui apportez indirectement votre soutien aux deux compagnons, qu’est-ce que vous faites quand quelqu’un essaye de mettre en acte les mêmes belles idées, ici-même, en France ? Là ce n’est plus seulement de l’information, il ne s’agit plus de choisir des logos avec des mitraillettes croisées ou des photos d’incendies (de la frime à peu de frais…). Là ça pourrait être la DGSI qui commence à s’intéresser à ce que certains blogs passent comme « informations ». En effet, si vous vous faites un peu le haut-parleur français d’une certaine tendance de l’anarchisme, comment s’étonner si quelqu’un, du côté de Levallois-Perret, commence à s’intéresser à votre blog et, éventuellement, à vos personnes ?
Celui des AAA12 est un des rares blogs francophones où on trouve des communiqués des groupes de la FAI/FRI, sur laquelle, vous écrivez, « repose principalement […] la lutte armée anarchiste »  (vraiment ?!). Vous dites publier leurs lettres pour nous « aider à comprendre dans quel contexte etc. ». Merci, mais sachez alors qu’il se pourrait bien que des personnes un peu plus conséquentes que vous décident un jour de prendre exemple sur les nouvelles de la « lutte armée anarchiste » que vous publiez, et d’attaquer. Pas sur internet, mais pour de vrai. Car il y a des gens pour qui tout cela n’est pas qu’une imagerie, des mots, une esthétique ou une contre-culture.
Et si on choisit de traduire et publier des communiqués d’attaques des quatre coins du monde, on ne peut pas s’étonner si lorsque quelqu’un/e, ici dans l’Hexagone, décide de passer à l’attaque, on risque nous aussi d’entrer dans le collimateur de la justice. Faire de la « propagande » anarchiste est indispensable, mais ce n’est pas un hobby pour internautes à la recherche d’émotions, et surtout, ce n’est pas toujours gratuit. Des molotovs à Tarbes c’est moins exotique, moins héroïque, ça fait peut-être moins parler sur les sites de « contre-information » que le Projet Phoenix, mais c’est aussi plus concret, ici et maintenant. Surtout, ça pourrait causer des ennuis avec la police…

Et alors, qu’est ce qu’on fait ? Quand on sort du monde virtuel, quand on laisse les bombes sur l’écran et qu’on commence à se confronter au monde qui nous entoure réellement, là où les choses peuvent aussi vraiment se compliquer, qu’est-ce qu’on fait ? C’est là la question fondamentale.
On cache la tête sous le sable quand le couperet passe un peu trop près ? On dit qu’on est des gentils (et, du coup, que les méchants sont les autres) ? On maintient que ce qui est bien en Grèce ou au Chili ne l’est pas en France ? Parce que « les conditions ne sont pas prêtes et bla bla bla » ? Et alors comment expliquez-vous que vous n’êtes pas d’accord avec les molotovs à Pau, mais d’accord avec les bagnoles incendiées en Allemagne ? Le « contexte » allemand est-il si différent du français ?
Vous n’aimez les attaques révolutionnaires que si elles ont lieu loin de chez vous, dans d’autres pays on dans le passé ? Pourquoi, sinon, marquer si fort votre dissociation par rapport à certains actes, quand ils arrivent (quel manque de politesse !) à quelques 350 km de Rodez ? La révolution n’est-elle bonne qu’à la sauce tzatziki ? C’est trop confortable.

Vous dites que votre « activité politique est essentiellement basée sur la propagande car elle semble plus que jamais nécessaire pour développer des consciences révolutionnaires ». D’accord… mais qu’est ce qu’on fait quand on a développé une conscience révolutionnaire ? On gère des blogs ? On organise des tournois de « boxe populaire » ? On attend sagement le grand soir ? On part à la campagne fonder des « communes » ? Ou bien on essaye de concrétiser les idées, on attaque, ici et maintenant, en France et en 2014, sans se cacher derrière la grossière excuse d’un « contexte social » qui ne sera jamais favorable ? Et quand un camarade est en taule pour des attaques, on le soutient en disant qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’il a fait ?

La première chose, la chose fondamentale, à mon avis, est de ne pas abandonner les camarades quand ils sont dans l’œil du cyclone. Ne pas reculer, ne pas se dissocier.

Dieu me garde de mes « camarades »

« Antifascistes Anarchistes Autonomes ». Tout ça ? Vraiment ? Et ça ne vous pose aucun problème ? Ne voyez-vous aucune contradiction entre ces trois concepts, pourtant si différents et parfois en conflit ? Je me doute bien que non, vu que ça ne vous pose aucun souci de publier sur votre blog des revendications d’attaques à la grenade en Grèce ou à l’explosif au Chili à côté d’un texte qui nous démontre la fausseté des théories conspirationnistes sur les chemtrails (grand merci, ça me soulage !). Ou un texte écrit par les compagnons de la CCF sur un compagnon mort pendant qu’il allait mettre une bombe devant une école de matons, à côté du compte-rendu de la manifestation syndicale des intermittents du spectacle

Les mots sont importants, choisir de relayer certaines informations (et pas d’autres) indique vouloir agir d’une certaine façon au sein de la guerre sociale (ou pas). Est-ce que vous donnez la même importance à des revendications syndicales et à des attaques révolutionnaires et sans médiations ?
Pour trop de monde il ne s’agit dans les deux cas que de nouvelles virtuelles qui s’équivalent dans le néant d’une pseudo-liberté de consommer de l’ « information », sans aucune conséquence dans la vie réelle. Mais j’aimerais bien savoir ce que les compagnons emprisonnés des CCF pensent des luttes des intermittents du spectacle. Ou bien ce que les compagnons anonymes qui attaquent l’existant, de Prague à Madrid, pensent de la nécessité de nous instruire sur l’inefficacité de l’homéopathie. Ça risque d’être drôle…
Au passage, un petit exemple des distorsions engendrées par la superficialité d’un révolutionnarisme du web. Paris et Nantes sont en France tout comme Rodez, et on y parle le même français. Un peu plus d’attention aux revendications d’attaques vous éviterait des erreurs grossières. Dans le détail : c’est bien de traduire le bulletin de contre-information d’Interarma. Mais si les compagnons grecs se trompent de lieu (et corrigent ensuite) vous n’êtes pas obligés de penser que des attaques revendiquées sur Indymedia Nantes se passent forcement à Nantes, d’autant plus que les communiqués précisent les lieux. Vous relayez aussi la nouvelle d’une autre attaque qui a eu lieu en région parisienne, mais comme on a pu le lire, ce n’est qu’un seul camion d’un collabo de l’enfermement, un seul, qui est parti en fumée, et pas plusieurs ! Quelques petites erreurs de traduction ne sont rien de grave, mais ici c’est quelque peu comique, et surtout, cela donne une certaine impression de votre attention à ce qui se passe tout près de chez vous.

Malheureusement, il y a des choses bien moins rigolotes. Et la dissociation est parmi celles-ci.
Ne vous êtes-vous pas demandé, en écrivant votre « Mise au point », ce que certains propos peuvent signifier face aux flics qui lisent, eux aussi, votre blog ? Qu’est-ce qu’il pourrait arriver si d’autres sites prenaient des positions similaires à la vôtre? Que signifierait, dans ce cas, le digne silence de ceux qui refuseraient de se dissocier ? Peut-être que vous ne vous êtes pas posé cette dernière question, alors voilà la réponse : ça voudrait dire le risque de la taule pour qui ne se dissocie pas. Si tout le monde ou trop de monde se dissocie, ceux qui ne le font pas sont de facto indiqués comme les coupables.
Bravo « camarades » ! C’est justement le soutien dont tant de compagnon/nes, et Damien parmi eux, ont besoin ! Damien qui, quoiqu’on puisse penser de la façon dont ses actions ont été menées et quoiqu’on puisse penser de ses déclarations, ne s’est pas limité à « informer ». D’ailleurs, cela donne une certaine impression de misère de votre part de dire que tout ce que vous faites c’est « de la propagande », lorsque vous fourrez partout des images de grenades, de bagnoles en feu, de mitraillettes… mais bon, l’excitation pour la violence virtuelle passera avec l’arrivée de l’âge adulte.

Enfin, votre confusion vous appartient. Le point fondamental de cette lettre est tout autre. Vous dites que vous n’êtes pas d’accord avec le fait de jeter des molotovs sur une prison, sur une église, sur une caserne (si tout ça se trouve en France, bien sûr!). D’accord, ça aussi c’est une position qui peut vous appartenir. Il y a plein de « révolutionnaires » qui passent leur vie à écrire des pavés entiers pour justifier le fait qu’ils ne bougent pas un doigt. Mais… ils ne publient pas des listes de revendications d’attaques à la bombe ! Avez-vous vu des lettres de Damien (ou de la CCF) sur le site de la Fédération Anarchiste ? Non, leur position est claire. Fort critiquable, mais claire et cohérente. Et la votre ? En choisissant de véhiculer certaines positions théoriques, des informations sur certains prisonniers, les revendications de certaines attaques, vous véhiculez une certaine idée de l’anarchisme. Et tiens ! Cela pourrait peut-être éveiller l’attention des chiens de garde de l’État.
Ça vous étonne ?
Vous pourriez aussi recevoir des mails de la part de débiles qui parlent de « passage à l’acte »… pas de panique, ça arrive ! Vous n’êtes pas responsables des mails que vous recevez, et vous n’êtes pas obligés de répondre, non ?

Les mots sont importants, on ne peut pas exposer d’autres camarades pour le seul fait qu’on veut éloigner une possibilité (?) de répression. Dans la « liberté » d’internet, tout peut paraître facile, léger, tout peut sembler pareil… Les distances sont annulées et les risques aussi… C’est amusant, si on cherche de l’émotion à bas prix. Mais la réalité est plus lourde, elle demande des choix difficiles sur lesquels, dans bien des cas, on ne peut pas revenir. Dans ce marécage boueux qu’est feu le « milieu révolutionnaire » français, on a perdu le sens de l’importance des mots et des silences, qui réside dans le fait que la critique, celle des idées autant que celle des actes, est nécessaire. Cependant certaines prises de position en disent beaucoup, aux flics et aux juges, sur nous et sur les autres.
Voilà pourquoi certains propos puent. Voilà pourquoi il faut apprendre à la fermer.

Pour finir, encore une fois, certains compagnon/nes sont en train de payer par des années de prison, d’autres ont payé de leur vie, pour leur désir de détruire ce monde.
Personne n’est obligé de risquer autant, s’il ne le sent pas. Mais pour tous ceux qui se disent révolutionnaires, c’est un devoir de respecter une certaine « discrétion ». C’est un devoir de ne pas se dissocier, pour ne pas trahir, pour ne pas exposer des compagnons ou des camarades à la répression. On a le devoir d’essayer d’être cohérents.

août 2014
Un anarchiste tout court.

___________________________________

[Texte reçu par mail]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Lettre ouverte aux « camarades » Antifascistes Anarchistes Autonomes en Aveyron.

Lucioles n°18 – août 2014

Les lucioles on les voit parce qu’elles volent la nuit. Les insoumis font de la lumière aux yeux de la normalité parce que la société est grise comme la pacification. Le problème, ce ne sont pas les lucioles, mais bien la nuit.

_____________________________________

http://luciolesdanslanuit.blogspot.fr

Cliquer sur la première page pour télécharger Lucioles n°18.

Cliquer sur la première page pour télécharger Lucioles n°18.

Publié dans general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Lucioles n°18 – août 2014

Lettre ouverte aux manifestants « pro-palestiniens »

Certains d’entre vous sont des habitués, des gauchistes aguerris, politiciens en herbe ou expérimentés, surfant sur une vague qui finira forcément par vous dépasser, qui vous dépasse déjà largement à vrai dire, comme cela arrive toujours aux idiots utiles. D’autres étaient là par hasard ou presque, par le bouche à oreille, avec une cause tellement instrumentalisée par les divers leaders d’opinions que vous vous seriez sentis coupables de ne pas faire votre BA pour les « victimes » comme d’autres donnent quelques euros à la Croix-Rouge, au curé, au rabbin ou à l’imam. Des manifs pleines de drapeaux nationaux, de slogans nationalistes, racistes, aux cris d’Allahu akbar, avec des dieudonnistes armés de leurs ananas et des fous de dieu prêts à tous vous sacrifier dès que leur dieu leur ordonnera.

Chauffés à blanc par les provocations des petits nervis de l’extrême-droite juive de la LDJ, vous êtes allés manifester, drapeaux palestiniens et pancartes à la main, à Barbes, à Sarcelles et ailleurs, contre la nouvelle offensive israélienne à Gaza. Vous êtes contre « l’injustice » et pour les « victimes ». Mais où étiez-vous lorsqu’à Barbes toujours, la police raflait en masse des sans-papiers pour en expulser quelques-uns et apprendre la peur à tous ? Où étiez-vous lorsque la France bombardait Cote d’Ivoire, Libye ou Centrafrique ? Vous dites que vous n’aimez pas que l’on assassine des enfants, car les enfants sont innocents, alors où étiez-vous lorsque l’État qui VOUS gouverne assassinait les enfants de ces pays ? Y a-t-il selon vous des enfants qui ont plus de valeur que d’autres ? La vie d’un enfant palestinien vaut-elle pour vous plus que celle d’un afghan, d’un congolais, d’un birman, ou d’un israélien ? On ne vous a pas vu vous révolter contre la gentrification dans votre quartier, qui petit à petit est en train de nous foutre à la porte, avec le sourire, on ne vous a pas vu vous révolter lorsque la police nationale française (elle aussi force d’occupation) assassinait ou harcelait au quotidien, on ne vous a pas vu lutter contre les prisons et les centres de rétention qui servent à se débarrasser des pauvres, contre les patrons qui vous exploitent, contre le terrorisme d’État. C’est moins exotique, pour sûr, ça n’a jamais été à la mode et on connaît tout ça déjà trop bien. Mais si c’est l’exotisme que vous recherchez, allez au cinéma, ou prenez un billet pour le Caire et passez la frontière. Si c’est votre révolte que vous désirez exprimer, alors exprimez la au moins contre vos oppresseurs directs, ici et maintenant.

Si vous manifestez si nombreux pour le « peuple » palestinien (un peuple et une nationalité inventée en même temps que le « peuple » israélien et son État), c’est peut-être en tant qu’arabes ? Mais en quoi un arabe de France est-il plus concerné par la situation gazaouie à l’autre bout du monde que par les assassinats de la police française au coin de sa rue ? Ou alors en tant que musulmans ? Mais quel rapport entre votre religion et le conflit territorial et nationaliste israélo-palestinien ? Peut-être est-ce par internationalisme ? Alors cessez de défendre une nation et un « peuple ». Peut-être réagissez-vous en tant qu’êtres humains, ou au nom de la « justice universelle » ? C’est probablement moins pire, mais alors, pourquoi ne réagissez-vous pas lorsque l’on massacre des prisonniers à quelques centaines de mètres de chez vous, lorsque des roms sont expulsés violemment et que le feu est mis à leur campement de fortune avec la complicité directe du pouvoir, lorsque l’on massacre des femmes au Nigeria, lorsqu’une ethnie en massacre une autre au Rwanda ou en Birmanie, lorsque les milices patronales tirent sur les foules de grévistes en Afrique du Sud ou au Bangladesh ? Pourquoi les centaines de milliers de morts, les inconcevables cruautés perpétrées au Darfour ne vous jettent-elles pas dans les rues de Barbes, de Sarcelles et d’ailleurs ? Plus simplement, pourquoi ne réagissez-vous pas lorsque les flics, les patrons et les politiciens de toute origine vous exploitent, vous volent et vous répriment, ici et maintenant ? Et pourquoi êtes-vous prêts, sous prétexte d’une cause commune, à manifester avec vos ennemis : les politiciens, les religieux et les petits patrons, l’offensive israélienne vous a-t-elle fait oublier que vous étiez des pauvres à qui les riches faisaient la guerre, à coup d’agents immobiliers, de flics et de juges ?

Imaginons un instant que cesse le colonialisme israélien et que la guerre israélo-palestinienne se solde finalement par une victoire des autorités palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie. Les palestiniens pourraient enfin avoir leur siège à l’ONU, leur propre État souverain, avec ses flics palestiniens, ses juges palestiniens, ses prisons palestiniennes, ses diplomates palestiniens, ses patrons palestiniens etc. (et c’est déjà en partie le cas), cela vous rendrait-il plus heureux, plus libres ? Cela rendrait-il les palestiniens plus heureux et plus libres ? Ce monde de matons, de flics et de fric vous apparaîtrait-il enfin vivable ?

La plupart des palestiniens et israéliens que nous avons rencontrés au proche-orient ne désirent qu’une chose, vivre en paix, loin des bombes et des militaires, et ils haïssent « leurs » gouvernements. Ils vivent dans le rêve de pouvoir vivre sans la terreur d’une frappe « chirurgicale » ou d’une roquette au dessus de leurs têtes et de celles de ceux qu’ils aiment. La plupart des palestiniens et israéliens que nous avons rencontrés au proche-orient sont résignés à vivre ainsi, puisque cela fait plus de 50 ans que ça dure. La plupart des palestiniens et israéliens que nous avons rencontrés au proche-orient aimeraient bien que vous les laissiez tranquille, vous aussi, qui prenez ce conflit que vous ne comprenez pas en otage pour servir des buts politiciens et religieux à l’autre bout du monde, ou tout simplement pour vous amuser un peu en manifestant. Mais est-ce vraiment là la meilleure occasion pour s’amuser, alors que des racistes et des fanatiques s’en donnent à cœur joie pour vous récupérer et servir leurs propres agendas politiques sur votre dos ?

Et les quelques sarcellois qui se sont réveillés un matin du lundi 21 juillet, qu’avaient-ils fait pour que leurs boutiques soient brûlées ? Ils étaient juifs ? La belle affaire… Quelle responsabilité, quel rapport entre eux et la politique israélienne ? La plupart d’entre eux, comme vous, ne connaissent rien à ce conflit et n’ont aucun rapport avec ces deux États. Si vous vous attaquez aux religieux ou aux nationalistes, alors attaquez vous à tous et brûlez tous les drapeaux, ou aucun. Mais nous en avons assez du racisme qui s’exprime dans vos rangs, et de la confusion que vous contribuez à renforcer au service du pouvoir.

Que les pauvres se fassent la guerre entre eux, cela l’arrange bien. Que les pauvres se préoccupent de leurs petites identités fragmentées, de leurs petits drapeaux, leurs petits bouts de trottoirs, leurs communautés-prisons, cela arrange tout autant le pouvoir.

Alors, chers camarades, entre guerre civile et guerre sociale, il vous faudra choisir votre camp. Et celui de la guerre sociale ne s’intéresse pas à votre couleur de peau ou à votre identité imaginaire et préfabriquée. Si nous sommes tous révoltés par cette guerre qui semble ne jamais pouvoir s’arrêter, il faut nous poser la question de ce que nous pourrions faire pour l’empêcher, de là où nous sommes, avec nos faibles moyens. Brûler une épicerie cacher, et laisser les profiteurs jouir du racisme entre pauvres et de nos divisions, ou alors attaquer l’État et ses tentacules, tous les États, pour que plus jamais ils ne puissent se faire la guerre entre eux en se servant de nous comme chair à canon ?

Ni Israël, ni Palestine, ni France !
Pour un monde sans États, ni drapeaux, ni frontières, ni patries ni nations.

Des anarchistes.

[Repris de la Base de données anarchistes]

______________________________________

Pour mémoire : A Gaza comme ailleurs…

a_gaza_comme_ailleurs
[Affiche trouvée sur les murs de plusieurs villes en Belgique, janvier 2009]

Le texte avait été lu dans l’émission #17 (28 janvier 2009) de Basse Intensité.

Publié dans gauchisme, citoyennisme, autres impasses, faux-amis, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Lettre ouverte aux manifestants « pro-palestiniens »