Espagne : les services de renseignement contre les mauvais anarchistes

Le 25 avril au matin, à Madrid, jour de la manifestation « Assiège le Congrès » (voir ici), la police s’est répandue sur l’arrestation de quatre « membres » d’une « cellule anarchiste violente », qui avaient l’intention de brûler une banque.
Pour avoir une (petite) idée du contexte particulier de ces incarcérations, sur fond de restructuration capitaliste nommée « crise », bien sûr, il faut avoir à l’esprit que la presse a relancé ces derniers jours l’ »alerte terroriste » contre les anarchistes espagnols.

D’un côté, les journaux déblatèrent logiquement autour des deux dernières attaques de la FAI Informelle dans ce pays (une cafetière explosive dans la cathédrale Almudena de Madrid en février dernier, et l’envoi fin 2012 de godemichets piégés en forme de crucifix à l’archevêque de Pampelune et au directeur du collège des Légionnaires du Christ, qui a blessé une employée de la Poste dans ce dernier cas), mais ce n’est pas tout. Un rapport interne de la police espagnole, qui daterait d’avril, nous ressort ainsi en rab toutes les vieilles ficelles du siècle dernier (fin des années 90) sur le fantasmatique Triangle méditerranéen (Italie-Grèce-Espagne). Selon les journaflics qui citent leurs collègues spécialisés du ministère de l’Intérieur, des groupes de compagnons de ces trois pays entretiendraient des relations « non seulement au niveau idéologique mais également comme support stratégique« , sous forme de petits groupes « au sein desquels chaque composante jouit d’une autonomie individuelle« . Un truc incroyable, non ? Les révolutionnaires anarchistes seraient internationalistes et se baseraient sur l’individu ! Enfin, leur « modus operandi de base » irait notamment du jet de molotovs à la fabrication d’engins artisanaux explosifs, qui répondraient à « des appels sur internet« , outil qui leur servirait aussi pour « organiser des campagnes et diffuser leurs postulats idéologiques« . Oui, ça aussi il faut le savoir une bonne fois pour toutes, ces dangereux anars jouissent à la fois d’une réelle « autonomie individuelle » et obéissent tout de même comme de petits soldats à des « appels » virtuels ! Si après ça, vous n’êtes pas convaincus de la dangerosité sociale de ces schizophrènes…

Cette mise en scène méprisable ne prêterait finalement qu’à se moquer de ces larbins de l’autorité et de leurs porte-plumes, s’ils n’alignaient pas en sus, à l’appui de leurs calomnies qui sentent la préparation d’un mauvais coup répressif, des noms et des activités publiques dans différentes villes/régions (Palencia, Galicia, La Rioja, Cataluña, Madrid et Andalucía) pour les relier aux attaques anonymes qui se produisent régulièrement. Ainsi, les journaux glosent sur ces italiens qui passent faire des discussions en Espagne (citant des « insurectionnalistes » comme Bonanno qui a fait un tour de discussions en Espagne en juin 2012, ou trois autres « célèbres anarchistes italiens » lors de rencontres no-TAV), sur l’arrivée de grecs, ou sur la présence d’un finlandais/russe « bien connu du groupe Action Autonome« . Le résultat de tout cela ? Les anarchistes espagnols se sont « infiltrés » dans des mouvements sociaux comme les manifestations de mineurs, la grève générale du 29-M ou les coordinations contre les coupes dans la santé, dans l’éducation ou la réforme du travail. Naan, tout ça pour ça, pour dire que les compagnons espagnols interviennent là où ça bouge pour foutre le bordel avec d’autres et apporter leur contribution spécifique ? Ou pour apporter leur solidarité avec des compagnons incarcérés (les activités de la Cruz Negra Anarquista et des prisonniers comme Tamara Hernández Heras, Amadeu Casellas ou Gabriel Pombo da Silva sont par exemple mentionnés) ?

En fait, il faut lire entre les lignes, et notamment se pencher sur l’étrange typologie établie par les services de renseignement d’outre-Pyrénées et rapportée par ses serviteurs. Ces lumières distinguent en effet trois courants anarchistes en Europe, histoire de dire qu’il ne faut tout de même pas mélanger les bons et les méchants : il y a « l’anarchisme autonome » qui « lutte pour les libertés individuelles [les droits] et opère dans différents champs d’activités comme l’antifascisme, l’anticapitalisme et l’antimilitarisme« , « l’anarchisme solidaire » qui « appuie les campagnes en faveur des camarades nationaux et internationaux« , et enfin « l’anarchisme insurrectionnaliste » qui « mène des actes de sabotage, place des engins explosifs et lance des attaques de niveau plus élevé« . Là, c’est déjà un peu plus corsé… et plus clair. Passent encore la théorie de salon, le folklore militant, les solidarités exotiques ou les luttes pour l’extension des droits démocratiques, mais faudrait quand même pas tirer quelque conséquence pratique de vos grandes idées. On comprend dès lors où souhaitent se porter les délicates attentions des chiens de garde de l’Etat, et tout l’enjeu de refuser le jeu des dissociations qui les aideraient à séparer le bon grain de l’ivraie.

Enfin, inutile d’ajouter que les titres de ces torchons parlent d’eux-mêmes : « Des anarchistes radicaux italiens visitent Madrid pour endoctriner les groupes antisystème » (Europa Press, 24 avril 2013), « Des groupes espagnols élaborent des stratégies communes avec des italiens et des grecs. La police en alerte face à l’augmentation de groupes anarchistes dans notre pays » (Ser, 29 avril 2013), ou encore une « Internationale noire qui menace toute l’Europe » (La Razón, 19 avril 2013).

Rien de nouveau sous le soleil, donc. Quand la tempête sociale risque à nouveau de gronder, l’Etat et les riches pointent les ennemis de tout pouvoir, ceux qui en défendent ouvertement la possibilité, s’en réjouissent et souhaitent l’alimenter… En langage policier, cela donne : « la situation de crise actuelle est le bouillon de culture idéal pour considérer que nous sommes dans une période d’expansion des activités anarchistes« . Chiche ?

__________________________________________

[Publié par Les Brèves du Désordre, le 30 avril 2013]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Espagne : les services de renseignement contre les mauvais anarchistes

Les meutes éditions – édition de textes anarchistes

logo

Les meutes éditions se veut une modeste contribution à la guerre sociale.
Nous éditons des brochures de textes anciens ou récents à commander ou télécharger au format pdf afin de les imprimer vous-même.
Nous n’avons pas encore d’adresse postale pour le format papier mais ça ne saurait tarder …
vous pouvez également nous écrire directement ici : lesmeuteseditions [a] autistici.org

tumblr_ltwitu2pRr1qz9qoo

3 brochures déjà disponibles :
- Contre leur liberté d’expression (un texte écrit par les luftmenschen)
- André Dréan recueil de textes vol 2
- André Dréan recueil de textes

http://lesmeuteseditions.noblogs.org/

Publié dans dans le texte, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Les meutes éditions – édition de textes anarchistes

[Turin] Paolo “libre”, Greg et Marta aux arrestations domiciliaires – 25 avril 2013

Paolo est sorti de la prison de la Vallette  le 17 avril et a été “libéré” le 24 , Greg et Marta sont hors les murs depuis le 22. Ces deux derniers sont aux arrestations domiciliaires, avec toutes les restrictions (ce qui signifie interdiction de sortir, de visite, de tout contact avec l’extérieur par téléphone ou internet possibilité d’une visite des flics à tout moment du jour et de la nuit). Une prochaine audience aura lieu lundi [le 29 avril].


[Publié sur Sans papiers ni frontières le 25 avril 2013]

Rappel :
[Turin] Une première lettre de Greg arrêté le 11 avril
[Turin] Arrestations, manifestations et solidarité

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Turin] Paolo “libre”, Greg et Marta aux arrestations domiciliaires – 25 avril 2013

“Amnistie sociale” et illusions démocratiques…

“Il est toujours facile de trouver quelqu’âme sélecte qui “parle” de révolution, néanmoins ils sont peu nombreux ceux qui cherchent à faire concrètement quelque chose. Tant qu’on ne fait que bavarder, on peut être plus ou moins tous d’accord. [ … ]

Nous réaffirmons avec insistance notre conviction que l’usage de la violence organisée contre les exploiteurs, même lorsqu’elle prend l’aspect de l’action minoritaire et circonscrite, est un instrument indispensable de la lutte anarchiste contre l’exploitation”

Alfredo Bonanno,“Contre l’amnistie”*

ON ne parle pas souvent de ce qui se passe à l’assemblée nationale ou dans les autres antichambres de l’Etat. On en parle pas souvent puisqu’on en a pas grand chose à foutre la plupart du temps.

Mais aujourd’hui, a été rejetée le proposition de loi du groupe communiste et du Front de Gauche sur “l’amnistie sociale” par la commission des lois de l’assemblée nationale.

Ce projet visait à amnistier les “délits commis lors de mouvements sociaux”. C’est l’occasion de parler de ce micro-évènement qui illustre bien tout un ensemble de choses qu’on peut reprocher à la Gauche, même “extrême”, notamment dans sa manière d’envisager la conflictualité sociale.

Déjà, il y a cette illusion toute démocrate qu’on peut changer le système en faisant voter des lois de l’intérieur. Ce procédé est le même échec répété et crevé depuis 100 ans. Il découle de la vieille stratégie d’inspiration léniniste selon laquelle le parlement ou quelque autre institution électorale peut être utilisée soit comme “tribune” pour un discours soit-disant subversif, soit comme tremplin pour porter des lois qui “déstabiliseraient” l’Etat et le capitalisme.

Il y a deux excellentes raisons de constater que sur cette question comme sur d’autres, les mêmes causes produisent les mêmes effet.

Premièrement les lois sont toujours votées par les valets de la classe dominante -et appliquées par ses flics et ses juges- : qu’ils soient députés, élus, ou toute sorte de dirigeants. Mieux : ils en font partie de par leur statut même et n’ont donc absolument aucun intérêt à aller contre ce qu’ils sont et voter des lois qui les mettraient en danger (c’est d’ailleurs un des arguments principaux utilisés par les parlementaires socialistes contre le projet de loi : protéger les élus). Et si l’Etat et ses institutions républicaines n’avaient pas été savamment pensés pour ne pas être “changés de l’intérieur” depuis Rousseau ou Hobbes, ça fait sans doute longtemps qu’on en aurait fini avec ce monde…

Deuxièmement, la prétention de transformer ces institutions en “tribunes” pose une autre question centrale : à qui s’adresse-t-on ? Et depuis quelle position ? On l’a vu, les élus parlent surtout aux élus, à l’Etat, à la rigueur aux médias, et ceux et celles qui ont la délicate attention de croire aux promesses les écoutent et les suivent.

Le mouvement reste donc à l’initiative des dirigeants, qu’ils soient du parti, investis par une fonction étatique ou les deux.

Mais cette proposition “d’amnistie sociale” et les illusions qu’elle a nourri chez les militant-e-s communistes et autres syndicalistes de la CGT pose d’autres problèmes. D’une certaine manière déjà, “elle tombe mal” dans l’agenda “militant”. En plein mouvement social réactionnaire et fascisant contre le “mariage étendu” et “l’égalité des droits” : mouvement face auquel l’extrême-gauche -PCF et FdG inclus- est totalement à la ramasse et quasiment aphone. Pour ne pas dire inexistante.

Et évidemment, l’argument du gouvernement consiste donc simplement à leur répondre avec cet exemple à l’appui que “force doit revenir à la loi”. Et ce n’est pas Jean-luc Mélenchon qui pourra contredire ça… Les démocrates radicaux de toute engeance sont pris au piège de leur propre discours citoyenniste et légaliste. Mais que pouvaient ils donc espérer d’autre ?

Que le gouvernement leur offre un chèque en blanc pour faire la révolution ?

Et puis depuis quand on a besoin de violer la loi pour faire la “révolution citoyenne” ?! L’hypocrisie crasse d’une extrême-gauche française toujours plus empêtrée dans ses contradictions.

Dans laquelle on vénère la loi comme le veau d’or parce qu’on aimerait y substituer la sienne (plus démocrate, plus républicaine, plus “communiste”, etc…), tout en essayant de tenir un discours intenable comme quoi il faudrait “enfreindre la loi sans l’enfreindre”, aménager une temporalité “mouvement social” dans laquelle on aurait soudain “le droit” de faire la révolution. Bref… Un casse tête de citoyenniste à se taper la tête contre les murs.

Mais les actes de révolte, d’insoumission, de rébellion, de lutte de classes, etc, n’ont pas moins de sens lorsqu’ils surgissent au milieu de la vie quotidienne, tout les jours, même en dehors de tout “mouvement social”. Ils sont un produit de l’antagonisme permanent entre les exploité-e-s, les dominé-e-s et la société dans laquelle nous vivons.

Et d’ailleurs, tous les “mouvements sociaux” sont initiés par des actes ou des actions (de la grève au sabotage en passant par les manifs sauvages, les émeutes ou les occupations) qui ne sont pas considérés comme en faisant parti à la base (et bien souvent même pas du tout…).

Du reste : qui décide de ce qu’est un mouvement social ? L’Etat ? Les médias ? le PCF, la CGT et le FdG lorsqu’ils décident d’y participer ?

Cette idée “d’amnistie sociale”, donc, même telle qu’elle a été “pensée à la base” dans une proposition de loi (au-delà de l’aspect légaliste) ne peut pas nous convenir par quelque angle qu’on la prenne. Au-delà de l’aspect délirant de la chose donc, cette idée “d’amnistie sociale” n’a été pensée que par et pour la CGT et ses ouailles, le PCF, Le Front de gauche et leurs militant-e-s. C’est d’ailleurs à l’appel exclusif de ces organisations que leurs seul-e-s militant-e-s se sont rassemblé-e-s devant le Sénat pour soutenir ce projet bidon (bidon dans le sens où il n’avait simplement aucune chance d’aboutir – indépendamment du principe). Car tout ce cirque n’est bien qu’une mascarade où quelques pseudo-révolutionnaires tentent simplement de s’arroger le droit de définir ce qui est ou non un mouvement social, et des privilèges dans la “lutte”.  Un élan désespéré d’une extrême-gauche sans avenir pour se sauver elle-même.

En effet, on le sait depuis longtemps : le SO de la CGT balance à chaque “mouvement social” les radicaux ou révolté-e-s aux flics dans les manifs ou les tabasses directement pour attendrir la viande préventivement. Vieille tradition stalinienne française. La direction, aussi, exclue régulièrement ses dissidences syndicales (parfois des sections entières), notamment à l’occasion de grèves qui débordent. Ou bien elle se contente de laisser pourrir ses syndiqué-e-s dans la répression lorsqu’ils ou elles n’ont pas respecté-e-s les consignes (comme pour les Goodyear lâchés face à leurs procès à Amiens).  Même chose pour le S.O du PCF dans les manifs, ou celui du Front de Gauche pendant le mouvement des retraites en 2010 (par exemple) avec les déclarations de Jean-Luc Mélenchon et Bernard Thibault sur les “casseurs”, et “anarcho-autonomes” soit-disant “infiltrés par la police”. Déclarations mensongères qui auront valu de la prison ou des condamnations à plusieurs compagnon-e-s et camarades.

Là encore, toute l’hypocrisie du caractère “social” de cette soit-disant amnistie montre bien ses limites : amnistie pour les “délits” commis par des syndicalistes et militants certifiés A.O.C.

Et pour les autres : la taule, la répression, la calomnie,  et l’isolation. En gros, cette proposition scelle aussi la division omniprésente dans la conception de ces organisations entre les réprimé-e-s ou prisonnier-e-s “politiques” d’un coté justement, et les “cas sociaux” de l’autre (qui, ironie du sort, sont donc exclu-e-s de cette idée farfelue d’amnistie “sociale”).

Bref, tout ces soit-disant révolutionnaires se retrouvent être à chaque période de trouble, ou “mouvement” de bons agents bénévoles du maintien de l’ordre et la paix sociale. Un bon alibi en soi…

Enfin, pour cette simple raison que le principe même implique la reconnaissance de l’Etat, ses institutions et ses lois, et la paix -même “temporaire”- avec lui, nous ne voulons pas d’aucune “amnistie”.

Nous voulons la révolte, l’insurrection, et la révolution sociale. Et pour ça dans l’immédiat, il  faut assumer l’antagonisme de classe et contre l’Etat, la solidarité, l’entraide, et l’action directe sous toutes ses formes.

Pas de paix avec l’oppression et l’exploitation. Pas de paix avec l’Etat.

Des anarchistes du Cri Du Dodo

* : Cette question s’est posée en d’autres termes en Italie il y a quelques années. Bien que pour des faits “plus graves” du point de vue de la loi, puisqu’il s’agissait -entre autres- d’accusations pour des faits qualifiés de “terroristes”. Néanmoins, des remarques et réflexions similaires peuvent être portées dans les deux cas.  Pour lire le texte : c’est ici.


[Publié par le Cri Du Dodo le 24 avril 2013]

Publié dans gauchisme, citoyennisme, autres impasses, faux-amis, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur “Amnistie sociale” et illusions démocratiques…

Barouf – n°1, avril 2013

Cliquer sur la première page pour télécharger Barouf – n°1.

Cliquer sur la première page pour télécharger Barouf – n°1.

un brouhaha de discussions et de rencontres

des explosions d’idées subversives et d’envies de révolte

un vacarme pour affronter ce monde ici et maintenant sans rien attendre des politiciens et de ceux qui veulent nous représenter

…pour que notre désir de se débarrasser de toute autorité, domination et exploitation fasse du bruit !

journalbarouf [arobaz] riseup.net – barouf.noblogs.org

Publié dans general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Barouf – n°1, avril 2013

“Subversions” #2 (avril 2013), revue anarchiste de critique sociale.

subversionscouv-2

Le n°2 de “Subversions” vient de sortir (avril 2013). Cette revue anarchiste de critique sociale fait 66 pages, et tourne du côté des distros au prix de 2 euros l’exemplaire, 7 euros les 5 exemplaires et 12 euros les 10 exemplaires.
On peut écrire à subversions((A))riseup.net pour se la procurer, ou à Subversions – c/o Bibliothèque Libertad – 19 rue Burnouf – 75019 Paris. Pour avoir une petite idée de son contenu, voilà l’édito et le sommaire. Le n°1 (septembre 2012) est toujours disponible.


Edito :

Encore une revue ? Pas tout à fait. D’un côté, il nous semble qu’au moment où les idées tendent toujours plus à devenir des marchandises ou de simples opinions (virtuelles qui plus est), continuer à faire circuler par écrit quelques réflexions reste plus que jamais nécessaire. D’un autre côté, si on peut toujours tenter de disséquer à l’infini la énième restructuration en cours de la domination, la question serait également d’affiner nos angles d’attaque pour mieux lui porter des coups. Théorie, agitation, analyse ou propositions se mêleront donc en un mélange que nous souhaitons subversif.

Le fait que certains textes soient publiés ici ne signifie pas nécessairement que nous en partagions l’intégralité, car il nous importe davantage de susciter des discussions qui rompent avec l’activisme mouvementiste ou avec les spéculations autoritaires. Cela pourrait être aussi une manière d’explorer quelques pistes, tout en sachant que c’est dans notre vie même, au quotidien, que s’élaborent les hypothèses révolutionnaires avec toutes les conséquences qui en découlent.

Encore une revue ? Peut-être. Mais en tout cas un instrument supplémentaire pour intervenir dans la guerre sociale, de l’intérieur d’une conflictualité qui tend aussi à échapper aux récupérateurs traditionnels en se développant dans toutes les directions. Une petite contribution pour approfondir, en quelque sorte, les mauvaises passions d’une liberté démesurée pour toutes et tous.


Sommaire :

Nuisances • L’ouvriérisme comme idéologie au service des patrons • L’honnête ouvrier • Notre-Dame-des-Landes : Contre l’aéroport et son quoi ? • Res communis ou res nullius ?

Focus • L’enfer est pavé de bonnes intentions L’Humanitaire à l’aune du 3e millénaire • L’humanitaire en treillis • Ni Salut, ni Armée : contre les collabos caritatifs

Pot-pourri • Critique de la société idéale • Liberté ? • Egypte. Comme la mer • Invitation à la rencontre internationale de Zurich • Contribution barbare • De court-circuit en black-out social • Quelque chose qui manque • Dépasser les frontières

Commentaires déplacés • Sommets et lentilles • L’espace qu’on leur laisse • Charlot policeman

Fil de l’histoire • Un coup de lime : L’anarchisme autonome de G. Ciancabilla

Publié dans dans le texte, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur “Subversions” #2 (avril 2013), revue anarchiste de critique sociale.

[Belgique] Court métrage – Maxi-rébellion versus maxi-prison

L’État belge prévoit la construction d’une méga-prison de 1200 places dans le nord-est de Bruxelles.

non_a_la_maxi-prison

« Maxi-rébellion vs maxi-prison », Film de 13’19 » à diffuser, à propager, à partager… [Fichier de 44,8 mo à télécharger directement en cliquant sur ce lien]

Rappel :
[Bruxelles] En lutte ! Contre la construction d’une maxi-prison et tout ce qui nous opprime, le 7 avril 2013
[Bruxelles] Non à la maxi-prison – numéro unique contre la construction d’une maxi-prison à Bruxelles, le 26 mars 2013
Non à la construction d’une maxi-prison à Bruxelles, le 10 mars 2013
Luttons contre la construction d’une maxi-prison à Bruxelles, le 6 décembre 2012

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Belgique] Court métrage – Maxi-rébellion versus maxi-prison

[Turin] Une première lettre de Greg arrêté le 11 avril

Le jeudi 11 avril au matin, à Turin, la Digos (police politique) arrête six personnes : une dans son appartement vers 7h, puis quatre autres dans les rues autour de l’Asilo occupato. Une septième arrestation a lieu le lendemain. Trois personnes sont incarcérées dès jeudi à la prison des “Valette” : Marta, Greg et Paolo. Deux autres se sont vues signifier une mesure leur interdisant de rester à Turin et dans sa province. Les deux dernières sont relâchées. Les trois incarcéréEs, sont inculpéEs dans la même enquête : le 28 février, lors d’une initiative solidaire devant le CIE (centre de rétention) de Turin, elles sont accusées d’avoir pris à partie un journaliste de Torino Cronaca. Il s’agit d’accusations de violences, menaces et vol aggravé des lunettes de celui-ci. Ces derniers mois, les retenus du CIE se sont révoltés à plusieurs reprises, et ont détruit près des trois quarts de la structure (essentiellement les cellules). Au total, cet enquête concerne six personnes : une d’entre elles est encore recherchée par la Digos avec une mesure d’incarcération pour les mêmes chefs d’inculpation. Avec cette répression, la police souhaite faire payer le soutien de dehors aux dernières révoltes de dedans. Diverses actions se sont succédées les jours suivants (manifestations, sabotages,etc) en solidarité avec les personnes arrêtées et contre les CIE.

Greg a écrit une lettre qu’il nous a demandé de publier dont voici la traduction :

“Salut à tous et à toutes, amis et amies, compagnons et compagnonnes.

Tout d’abord un clin d’oeil à celles et ceux qui pensent à moi. Ce n’est pas parce que je suis dans ces geôles que je n’ai pas donné de nouvelles. Comme disait un des deux de Foggia en cavale, “pour envoyer une lettre il faut avoir quelque chose à dire.” Alors c’est parti.

Je suis bien en cellule avec Paolo (ndt: Paolo est sorti de prison le 17 avril et placé sous assignation stricte à résidence -arresti domiciliari-). Quand la DIGOS m’a arrêté, à deux pas de l’Asilo Occupé, j’ai essayé de me sortir de leurs griffes. Je n’ai pas réussi vu que j’étais à peine réveillé et qu’on était mal organisés avec les amis (trop peu compacts). Bordel, ce qu’ils courraient vite ces cinq digos de merde.

Après un passage à l’hôpital, plus pour leur casser les couilles que pour les petites blessures que j’avais, et les contraindre à me trimballer ici et là au lieu de les laisser retourner dans la rue faire leur travail infame, ils m’ont emmené à la prison des Valette. Dans la section des nouveaux arrivants, il y a eu un peu de complicité, née à travers des récits de choses qui se sont passées dans nos quartiers, des techniques de la police pour nous arrêter, du partage du peu que nous avions en arrivant (je suis devenu un super champion de la chasse au mégot) et des parties de foot sous le soleil du printemps. Le premier saluto (ndt: rassemblement devant la taule en solidarité) nous l’avons bien entendu mais pas vu, ils ont bien choisi le côté du couloir où nous enfermer. Les gars de la section remercient les gens venus nous saluer, ça casse un peu la routine d’ici. Il semble que les inculpations pour rapina (ndt: vol avec violence) et association de malfaiteurs sont à la mode ici et servent pour tout et n’importe quoi. Les peines encourues par nos compagnons sont lourdes. Mais dans notre cas, il s’agit de toute façon d’un vol de merde. Bon, je vais m’arrêter là.

Patience, force et vengeance, dedans comme dehors, avec rage et amour.

Greg, qui a hâte de vous retrouver avec un tiramisu ou une pierre à la main.
Le 12 avril 2013.

***

Mise à jour, le 14 avril 2013.

Il y a des gens dans les bureaux de la gendarmerie à Paris, section anti-terroriste (ndt: il s’agit du BLAT – Bureau de Lutte Anti-Terroriste), qui ont exprimé à leur façon une certaine attention à mon égard. En date du 13 avril, il m’a été notifié par le procureur de la république de Turin M. Pio une commission rogatoire (CR) émanant du juge d’instruction Didier Suc qui exerce à Toulouse, en France.

Cette requête de CR datant de juin 2012 concerne une enquête (ndt: encore et toujours cette maudite affaire de Labège) dans laquelle, en novembre 2011, quatre compagnons et compagnonnes françaises ont été incarcéréEs, une compagnonne soumise à un contrôle judiciaire (obligation de signer) et un compagnon coincé par le statut de témoin assisté (obligation de témoigner s’il ne veut pas d’embrouilles avec la justice). L’instruction n’est pas encore close, les chefs d’accusation concernent une action commise en juillet 2011 avec dégradations et violences contre des bureaux et le personnel qui y travaille, liés aux prisons pour mineurs (pour plus d’informations, vous pouvez chercher sur internet – en italien sur informa-azione.info et en français sur pourlaliberte.noblogs.org).

En pratique, la commission rogatoire du juge d’instruction français à la justice italienne permet à la police italienne (DIGOS) de “m’interroger dans le but d’établir ma possible participation aux faits et mes liens avec les misES en examen” et de, “si j’y consens, effectuer un prélèvement salivaire (ADN) sur kit FTA” pour le remettre immédiatement à la police française. Enfin, la CR demande également que la police française puisse assister à l’interrogatoire. Pour être clair : il ne s’agit pas d’un mandat d’arrêt européen. Avec cette lettre, je voulais préciser que je me contrefous de ce mouvement de la police française, que je ne collaborerai pas à leur commission rogatoire, que j’insiste sur ma solidarité avec les inculpés et les inculpées, que les catégories de “mouvance ultra-gauche toulousaine” ou “mouvance anarchiste” seront toujours à mes yeux des termes qui démontrent que le pouvoir ne comprendra jamais combien mon individualité est plus riche et belle que leur sale monde de catégories/cages.

Feu à toutes les prisons, liberté pour tous et toutes, il faut détruire les frontières physiquement et mentalement.

A mes compagnons et compagnonnes : faites attention à vous.

Et mes ennemis, je veux qu’ils sachent : je les emmerde sincèrement.”


[Publié sur Indymedia Grenoble le 19 avril 2013]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, inculpé-e-s toulouse 15 novembre 2011, les papiers on s'en fout on n'en veut plus du tout, solidarité | Commentaires fermés sur [Turin] Une première lettre de Greg arrêté le 11 avril

Quelques mots pour Felicity Ryder, anarchiste en cavale, et quelques réflexions autour de la clandestinité

cartel-fel

Cela fait presque deux ans que nous avons diffusé un texte en solidarité avec le compagnon anti-autoritaire Diego Ríos, clandestin depuis 2009 ( pour l’ordre d’arrestation émis contre lui à la suite d’une dénonciation de sa mère qui avait trouvé du matériel pour fabriquer des explosifs). À cette occasion nous avions partagé quelques réflexions sur les particularités de la clandestinité de compas anti-autoritaires et anarchistes.
Un effort similaire avait été fait par des compas il y a trois ans lorsqu’ils avaient écrit et édité le livre “Al Acecho” ( À l’affût), au sujet de l’affaire de Diego Ríos, qui pour nous est le premier texte fait au Chili qui aborde la thématique de la clandestinité depuis une perspective anti-autoritaire et à partir d’un cas concret. D’autres textes, comme le livre “Incognito” et les communiqués de la compagnonne Gabriela Curilem avaient aussi abordé des expériences de clandestinité de compas anarchistes/anti-autoritaires, une thématique qui semble être peut discutée dans ce coin là.

C’est ainsi que nous avions déjà partagé l’idée que saluer les compagnons en cavale c’est saluer leur décision de lutte, leur choix de s’évader de la prison, qui est aussi une action contre les tentatives du pouvoir d’enfermer ceux qui le combattent.
Aujourd’hui nous voulons saluer en particulier la compagnonne en cavale Felicity Ann Ryder, dans le cadre de l’appel réalisé par des compas anonymes à deux semaines de solidarité avec elle, du 21 février au 7 mars. Nous voulons saluer la compagnonne et lancer en l’air quelques idées sur la clandestinité pour enrichir notre praxis anti-autoritaire, qui sont fruits d’apprentissages individuels et collectifs dans l’aiguisage de nos positions dans le scénario permanent de la guerre sociale.

Que l’oublie et le silence ne dévorent pas nos compagnon-ne-s …

Ce qui est sûr c’est que trop de fois les compagnon-ne-s sont seuls et se prennent des portes qui claquent dans la gueule, souvent les compagnon-ne-s n’ont pas de quoi manger, errent sans avoir où dormir et doivent affronter dans la plus complète solitude les démons à gages. Souvent les frères/sœurs n’ont personne à qui parler, ni d’ habits pour se changer ou quelqu’un avec qui discuter des tactiques, souvent ils sont diffamé-e-s sans la possibilité de se défendre et le silence se brise seulement avec l’écho de l’infamie. Et cela arrive parce qu’au lieu de retrousser ses manches, de gérer, créer et unir des volontés, certains préfèrent se retirer cyniquement, s’annuler dans la peur. Dans la mesure où on ne comprend pas le rôle que joue chacun-e et l’importance vitale des gestes concrets, l’oublie continuera de dévorer des compagnon-ne-s séquestré-e-s, blessé-e-s, ou en cavale.

(La Graine Noire de Nos Convictions. Des mots de la compagnonne Gabriela depuis la clandestinité, août 2011)

[…] ceci n’est pas une plainte ni une énumération de douleurs, c’est écrit dans le but de contribuer à la discussion et à l’échange d’expériences, pour que l’on voit l’arrière-boutique d’un thème qui parait avoir peu de réflexion […]. La revendication d’après moi ne porte pas sur la clandestinité ( qui peut se finir à n’importe quel moment), mais sur la décision de lutte permanente, jusqu’à la fin. Arrive ce qui arrive, même si la vie doit partir avec cela.

(Dépliant les Ailes. Réflexions depuis la clandestinité par la compagnonne Gabriela Curilem. Novembre 2010).

Actuellement dans le territoire appelé Chili nous disposons de quelques expériences de compagnon-ne-s qui se sont déclarés dans la clandestinité et ont décrit ce choix comme une décision contre la persécution des puissants. C’est le cas du compagnon anti-autoritaire Diego Ríos, du compagnon Hans Niemeyer, de la compagnonne Gabriela Curilem (qui est sortie de la clandestinité en 2012), des compagnons Juan Aliste et du compagnon Marcelo Villarroel (actuellement emprisonnés, accusés de l’attaque d’une banque qui s’est soldée par la mort d’un flic). En plus de cela, les appareils répressifs des puissants n’ont pas pu trouver ni emprisonner le compagnon anonyme du Punk Mauri (mort dans une action en 2009), ni la personne qui accompagnait Tortuga (aujourd’hui en liberté sous condition) après son accident lors de l’explosion de la bombe qu’il posait sur une banque en 2011.

De notre part, lorsqu’avec d’autres compagnon-ne-s nous avons réfléchi sur la clandestinité de compas anti-autoritaires nous avons centré nos analyses sur les différences qui existent avec la forme traditionnelle de clandestinité des organisations révolutionnaires hiérarchiques et centralisées, et dans la nécessité de posséder des moyens propres/autonomes dans la lutte multiforme contre le pouvoir.

Aujourd’hui nous voulons mettre en débat d’autres nécessités importantes et des défis à l’heure d’affronter la clandestinité de quelque compagnon-ne, que nous le/la connaissions ou pas, que nous ayons ou pas des contacts directs avec ceux/celles qui les aident plus ou moins directement, car c’est secondaire lorsque le lien est le compagnerisme forgé par la décision de lutter contre l’autorité …

C’est important de comprendre et de saluer la clandestinité d’un-e compagnon-ne comme une décision personnelle de lutte, mais de ne pas l’idéaliser comme une forme supérieure de l’affrontement, surtout lorsque la décision a pour origine la persécution de compagnon-ne-s spécifiques sur qui l’ennemi a émis des ordres de détention, de recherche et de capture, etc …

Une autre chose importante c’est de considérer que l’ennemi a l’habitude de publier la photo de nos compagnon-ne-s clandestin-e-s dans ses moyens de communication pour que  les citoyens collaborent à leur capture, et c’est donc une responsabilité et un acte de solidarité de notre part de retirer des pages d’information anarchistes -ou autre type de propagande- toute photo de compas qui sont rentrés en clandestinité, pour faire obstacle, même si c’est pas grand chose, à la chasse que mène l’ennemi. Nous le soulignons car lorsque le compagnon Hans Niemeyer est rentré dans la clandestinité il y a quelques mois, certains blogs informatifs du milieu anti-autoritaire et d’autres compagnon-ne-s solidaires ont continué de mettre sa photo dans les nouvelles sur le compagnon ou en en forme de propagande solidaire avec sa situation.

C’est aussi important d’avoir conscience que même si chaque jour qui passe sans que nos sœurs/frères en cavale ne soient capturés ridiculise l’ennemi et est un acte de propagande anti-autoritaire contre toute sa machinerie répressive, dans chacun de ces jours il se peut aussi que nos compas aient mille nécessités, comme celle de ne pas se sentir seul-e après avoir été séparé-e-s de personnes/animaux proches et aimé-e-s ou de certains projets et compagnon-ne-s. C’est pour cela que c’est très important que chacun dans ses propres possibilités contribue à ne pas couper les liens communicatifs avec les compagnon-ne-s en cavale et que nous les rendions présents dans l’échange d’expérience sur la scène globale de la guerre sociale. Avec des salutations à travers la propagande et des actions, ou répondant à leurs communiqués envoyés depuis la clandestinité nous pourrions contribuer énormément à ce que le moral de nos frères/sœurs ne baisse pas malgré les obstacles. C’est comme ça que nous pouvons participer à générer des voies de communication et des réflexions plutôt que de les nier ou les couper, isolant ainsi encore plus les compagnon-ne-s clandestin-e-s/

Felicity Ryder, que le vent efface tes traces et te protège des chasseurs.

Dans ces moments difficiles c’est très important pour moi d’avoir des gens proches ou éloignés qui sont solidaires, même sans me connaître. (…) Vive l’anarchie !
(Lettre de la compagnonne Felicity Ryder depuis un endroit hors des cages, juillet 2012).

Felicity a décidé de rentrer dans la clandestinité après l’arrestation du compagnon Mario Lopez, qui en juin 2012 a été arrêté après avoir été blessé en portant un engin incendiaire qui a pris feu, à ce moment là il portait sur lui des documents d’identité de Felicity. Le compagnon Mario a assumé la responsabilité de l’action en indiquant que la compagnonne était juste là au moment où l’engin a explosé et qu’il considère que c’est une erreur d’avoir eu sur lui ses documents d’identité. Dans les premiers jours, la police et la presse du pouvoir ont essayé d’inventer que Felicity était arrêtée, mais quelques mois plus tard la compagnonne a démenti cette version et a reconnu son passage dans la clandestinité face à la persécution répressive qui a commencé contre elle.
La presse du pouvoir a aussi raconté que Felicity avait été au Chili, ce qui a servi à alimenter encore plus le délire des autorités mexicaines sur une soi-disant organisation anarco-insurrectionnaliste gravitant autour du blog Liberación Total, avec comme base le Chili et le Mexique. Du pur délire.

L’expérience de Felicity a des similitudes avec des cas de compas qui ont réalisé des actions avec des compagnon-ne-s qui ont fini morts, blessés ou arrêtés, comme le cas de la personne anonyme qui accompagnait Mauricio Morales, le cas aussi de la personne anonyme qui accompagnait Tortuga, et comme le cas du compagnon Mike, de France, qui a été gravement blessé alors qu’il manipulait un engin explosif avec sa compagnonne Zoé. Sur ce dernier cas il y a eu beaucoup de silence de la part de ses proches, mais le compagnon a récemment diffusé une lettre parlant de sa situation et appelant à la solidarité. Courage et solidarité avec Mike !

Quant à elle, Felicity a écrit des communiqués, le dernier pour saluer le compagnon Mario López après sa sortie de prison en décembre 2012. Ainsi nous arrivons au thème des 2 semaines de solidarité avec la compagnonne qui a eu lieu du 21 au 7 mars, dans laquelle nous avons voulu participer à cet appel en creusant quelques idées sur la clandestinité de compas anti-autoritaires et en invitant tous les compas à débattre sur le thème, à réfléchir sur quoi faire dans de telles circonstances et à connaître et partager les expériences qui peuvent se diffuser. Et dans ce débat, chère compagnonne Felicity, toi aussi tu as beaucoup à nous apporter. Nous espérons que tu vas bien et que tu continues d’écrire à ceux qui se considèrent comme tes compagnon-ne-s dans la lutte contre toute autorité.

Salut aux compas du squat Isla Tortuga qui ont organisé un repas anticarcéral dans le cadre des 2 semaines de solidarité avec Felicity Ryder, nous leur envoyons toute notre estime pour maintenir vive la flamme de solidarité et espérons que ces initiatives se multiplient.

Avec le souvenir vif du compagnon anarchiste grec Lambros Foundas, mort en action en mars 2010.
Avec Punky Mauri présent dans chaque mot et action d’offensive anti-autoritaire.
À la veille d’un nouveau 29 mars, jour du jeune combattant.

Guerre sociale, anarchie et rébellion contre toute autorité !

Sin Banderas Ni Fronteras, noyau anti-autoritaire d’agitation et de propagande écrite. Mars 2013.

[Diffusé sur liberacióntotal le 13 mars 2013, traduit de l’espagnol par ContraInfo, le 19 avril 2013]

Rappel :
[Buenos Aires] Solidarité avec Felicity
Appel à deux semaines d’action en solidarité avec la compagnonne anarchiste en cavale Felicity Ryder, du 21 février au 7 mars.

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Quelques mots pour Felicity Ryder, anarchiste en cavale, et quelques réflexions autour de la clandestinité

[Turin] Rassemblement devant le CIE – 18 avril 2013

presidio_cie_occhiali_web

Face à la révolte
il y en a qui ne restent pas spectateurs

Le 28 février, au terme de deux mois de révoltes qui ont en partie détruit le Centre d’Identification et d’Expulsion de Turin, un rassemblement en solidarité avec un retenu monté sur les toits pour résister à sa déportation a eu lieu. Un photographe de “Turin Chronique”, présent sur les lieux, est mis à distance, poursuivi et agressé : il y perdra ses lunettes et ses photos. Deux mois plus tard – suite à la plainte du photographe – trois compagnon-ne-s sont en prison, deux sont interdit-e-s de Turin et un a réussi à ne pas se faire prendre. Tant que chaque prison ne sera pas détruite, ce ne sera pas la misérable vengeance de la préfecture et de ses gardes qui arrêteront la solidarité envers celles et ceux qui se révoltent pour la liberté.

Jeudi 18 avril – 18 heures
Rassemblement au CIE de corso brunelleschi

[Publié et traduit par sanspapiersnifrontieres le 17 avril 2013]

______________________________________

Arrestations de compagnon-ne-s à Turin [MAJ] – 11 avril 2013

Quatre mandats d’arrêt et deux interdictions de territoire : voici les requêtes émises par le juge Giuseppe Salerno, et que la police a tenté d’exécuter à Turin ce matin [le 11 avril 2013]. Les mandats ont été émis suite au rassemblement devant le centre le 28 février dernier en soutien à un retenu qui résistait à son expulsion lors duquel un reporter [photographe] de “Turin Chronique” a été justement maltraité ( regardez ici un exemple de sa prose).

Jusqu’à maintenant la police a réussi à exécuter seulement deux des mandats d’arrêts et à notifier une interdiction de territoire. Il y a eu trois autres compagnons arrêté-e-s mais ce n’est pas clair si  elles/ils font partis des recherché-e-s de cette matinée ou s’ils ont été pris-es parce que trouvé-e-s avec les arrêté-e-s : probablement donc que la police cherche encore.

Mise à jour : Deux des trois arrêté-e-s ont été relâché-e-s : un était pris par erreur par les flics qui voulaient partir au plus vite du quartier de Porta Palazzo et à une autre ils devaient notifier une obligation de signer suite à un vol dans un autogrill au retour d’une manifestation No Tav.
Le troisième en revanche a été tapé durant l’arrestation : arrivé au poste sans son tee-shirt  et avec de traces de coups, il a d’abord été emmené à l’hôpital puis à la prison. Sont encore recherchés deux compagnons, destinataires respectivement d’un mandat d’arrêt et d’une interdiction de territoire.

Donc pour le moment une compagnonne a été interdite de la région de Turin, et deux compagnons et une compagnonne sont à la prison de la Vallette. Pour ceux qui veulent leur écrire voici les noms et adresses :

Borzì Martina Lucia
Poupin Gregoire Yves Robert
Milan Paolo
C.C. via Pianezza 300
10151 Torino

Et pour vous remonter un peu le moral après une journée comme celle là nous publions ici un petit reportage photo qui documente dans quel état est réduit le CIE de Turin après les derniers mois de résistances, luttes et révoltes.

16296_img_big

16297_img_big

16308_img_big

16313_img_big

16314_img_big

16320_img_big

[Publié et librement traduit de macerie par sanspapiersnifrontieres]

15 avril 2013. Dans la nuit, la vitrine de la banque Unicredit corso Brescia à Turin a été redécorée par quelques éclats. A côté des vitrines, le tag « feu aux prisons » (« fuoco alle galere »). [Un article de la presse policière italienne du 16 avril …]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, les papiers on s'en fout on n'en veut plus du tout, solidarité | Commentaires fermés sur [Turin] Rassemblement devant le CIE – 18 avril 2013