[Face aux flics et à la répression…] Brochure « Rien à déclarer »

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[Brochure reçue par courriel le 23 mars 2013]

[Note de cestdejatoutdesuite : on mettra de côté les formules organisationnelles/normatives du type « penser à prévoir les équipes [!] qui vont les porter » – à propos de…banderoles -, ou « éviter les actes punis par la loi [!] sans que les alentours ne soient surveillés par un ou plusieurs complices »….etc... voir Archipel – Affinité, organisation informelle et projets insurrectionnels et aussi Anti-répression 2.0.

« (…)Bien sûr, la sécurité est importante si nous voulons pouvoir continuer notre chemin, mais elle ne peut être comprise avec finesse que dans le cadre de l’affinité, c’est-à-dire d’une relation approfondie (et notamment à travers le temps) entre des compagnon/nes qui permet peu à peu de partager les expériences et d’approfondir mutuellement l’analyse de ce monde, les pratiques et les savoir-faire qui en découlent naturellement, la sécurité en fait partie.
Bouger ensemble, attaquer, penser, analyser, faire vivre et dialoguer des connaissances, ce ne sont pas des choses que l’on apprend à l’école, en famille, en assemblée générale, sur internet ou dans un guide pratique. Ces choses là se développent au contact de l’autre, dans l’affinité, dans un développement permanent et avec soi-même. Il n’y a pas de modèle à suivre, à part pour les militants.(…) »

Extrait du texte Anti-répression 2.0 diffusé le 21 novembre 2012]

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En lutte avec le temps

Le temps c’est de l’argent. Si nous livrions tout l’argent du monde à une mer de feu implacable, est-ce que le temps s’arrêterait ? Est-ce que tout se pétrifierait, est-ce qu’une éternité braverait immuablement les vents ? Ou tout serait-il réduit en cendres et ce serait une question de secondes avant que ces cendres ne soient jetées dans toutes les directions et ne deviennent invisibles ?

Le mouvement provoqué serait-il tel que le temps n’aurait plus aucune  emprise, et ne pourrait qu’assister impuissant au déroulement des évènements…

Vivre, c’est se battre. Bizarre le nombre de personnes qui seraient d’accord avec cela, tout en y donnant chacun, sans doute, une autre signification. Et pourtant. Le réveil sonne et nous catapulte dans le ring, nous tentons de nous souvenir mais en fait, nous ne savons plus si, entre-temps, nous n’avons jamais quitté ce ring. Se battre avec le temps. La pensée de pouvoir gagner nous maintient sur le ring, peu importe à quel point la scène s’enlaidisse. Les règles sont fixées, et toute personne qui fait cas des règles, se rend compte que l’endurance est le meilleur atout.

L’ouvrier ou l’employé sait que les aiguilles de l’horloge tournent, que le partage est loin d’être égal, mais que s’ils restent assez longtemps à l’intérieur des quatre murs d’une usine ou d’un bureau, le reste du temps sera le leur. Douloureux de voir qu’on vient d’en grignoter récemment encore quelques années, l’endurance sera de nouveau mise à l’épreuve. Pour le chômeur aussi l’heure tourne, mais cela ne lui porte pas de préjudice car il prend son temps, ou bien il s’enfonce toujours plus parce qu’il ne sait pas quoi faire avec tout ce temps, qu’il préfère le rendre le plus vite possible à un patron ou à une entreprise. Le patron aime le temps. Il voit l’évolution sur son compte en banque et la fin du mois ne lui fait pas peur. Même si son sommeil est de temps en temps perturbé par des travailleurs qui lui revendiquent du temps pour eux-mêmes par le sabotage et la grève.

Et puis il y a ceux qui veulent s’affranchir pour toujours. Ils regardent autour d’eux et volent le temps partout où ils peuvent, en le détournant de ce qu’on voudrait qu’il soit, en attaquant ce qui rend immuable ce temps et  qui pourtant fond dans nos mains.

Le monde des mécanismes d’acier et des désirs de glace sait toujours plus habilement ensorceler le temps pour le mettre au service de son rythme nécessaire.  En nous mettant au service de son rythme nécessaire. Ainsi, les routes et les trains débordent, surtout tôt le matin et tard le soir, de tous ceux qui payent leur course contre le temps de leur vie. Sans se rendre compte que le temps a déjà gagné, gagnera toujours tant qu’il s’écoulera au service de ce monde.  Et pourtant, en général on confond le prix de consolation avec le gros lot, et tout le monde rentre à la maison en songeant qu’il a gagné du temps. Sa vénération maladive ne peut cependant que nous prouver que le temps n’est jamais très longtemps vraiment à nous. Même pour ceux qui réussissent à vraiment le ravir quelques instants de ses gardiens habituels, le temps reste un ennemi invaincu. Pour ceux qui, malgré eux , ne trouvent pas de temps pour ces errances de conquêtes, il reste un ennemi incontesté, un maître excellent.

Mais quoi si nous ne voulons plus ajourner la sensation  de l’allègement du poids du temps sur nos épaules ? Quelle joie ne serait-il pas de briser en éclats toutes les horloges, pour ne plus jamais les regarder ? Quelle fête indescriptible, presque impossible à saisir, d’exproprier en un coup tout le temps du quotidien et de ses maîtres ? Pas pour revenir en arrière, ou pour arrêter le temps, mais pour le rendre définitivement étranger de sa domination, et ensuite l’oublier…

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Paru dans Salto #1 – mai 2012

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Archipel – Affinité, organisation informelle et projets insurrectionnels

Pourquoi revenir sur les questions d’affinité et d’organisation informelle? Ce n’est certes pas parce que manquent les tentatives d’explorer et d’approfondir ces aspects de l’anarchisme, parce que les discussions d’hier comme d’aujourd’hui ne s’en inspirent pas quelque peu, ou qu’il n’existe pas de textes – il est vrai, souvent dans d’autres langues – qui abordent ces questions peut-être de manière plus dynamique. Mais certains concepts exigent sans aucun doute un effort analytique et critique permanent, s’ils ne veulent pas perdre leurs significations à force d’utilisation fréquente et de répétition. Sinon, nos idées courent le risque de devenir des lieux-communs, des « évidences », terrain fertile pour le jeu idiot de la compétition des identités où la réflexion critique devient impossible. Il arrive que le choix de l’affinitaire soit bien vite liquidé par certains comme étant un rapport figé aux propres idées, un rapport qui ne permettrait pas de contact avec la réalité ni même avec les compagnons. D’autres agitent par ailleurs l’affinité comme un étendard, une espèce de mot d’ordre – et comme avec tous les mots d’ordre, c’est souvent la véritable signification, profonde et propulsive, qui en est la première victime.

Aucune activité humaine n’est possible sans organisation, du moins si on entend par « organisation » la coordination des efforts mentaux et physiques estimés nécessaires pour atteindre un but. Dans cette définition ressort un aspect important qu’on oublie souvent : l’organisation est fonctionnelle, elle est orientée vers la réalisation de quelque chose, vers l’action dans le sens le plus large du terme. Ceux qui appellent aujourd’hui tout le monde à s’organiser sans plus, par manque de buts clairs et dans l’attente que de ce premier moment organisatif découle automatiquement tout le reste, érigent le fait de s’organiser en fin en soi. Dans le meilleur des cas, ils espèrent peut-être qu’une perspective en surgira, une perspective qu’ils ne sont pas capables d’imaginer par eux-mêmes ou de penser dans les grandes lignes, mais qui ne deviendrait pensable ou palpable que dans quelque environnement collectif et organisé. Rien n’est moins vrai. Une organisation n’est fructueuse que quand elle est nourrie, non pas par une présence banalement quantitative, mais par des individus qui l’utilisent pour réaliser un but commun. Autrement dit, il est vain de croire qu’en s’organisant on résoudra les questions du comment, quoi, où et pourquoi lutter par la magie du collectif. Dans le meilleur des cas – ou le pire, ça dépend du point de vue –, on trouvera peut-être une charrette sur laquelle sauter, une charrette tirée par quelqu’un d’autre, et l’on pourra se vautrer dans le rôle plutôt désagréable de suiviste. Ce n’est alors qu’une question de temps avant que, dégoûté et insatisfait, on rompe avec cette organisation.

L’organisation est donc subalterne à ce que l’on veut faire. Pour des anarchistes, il faut encore ajouter à cela le lien direct qui doit y exister entre ce que l’on veut faire, l’idéal pour lequel on lutte et la manière de l’atteindre. Malgré tout le camouflage contemporain et les jeux sur les mots, dans les méandres plus ou moins marxistes, des partis sont considérés comme un moyen approprié pour combattre les partis politiques. On voit l’affirmation politique des forces productives avancée aujourd’hui encore (en des temps où l’ampleur du désastre industriel est visible aux yeux de tous), comme voie pour en finir avec les rapports capitalistes. Certains veulent prendre des mesures pour rendre superflues toutes les autres mesures. Les anarchistes n’ont rien à voir avec tous ces tours de passe-passe, pour eux fins et moyens doivent coïncider. L’autorité ne peut être combattue avec des formes organisationnelles autoritaires. Ceux qui passent leur temps à éplucher les finesses de la métaphysique et entendent dans cette affirmation un argument contre l’utilisation de la violence, un alibi ou une capitulation de la part des anarchistes, démontrent par là-même surtout leur désir profond d’ordre et d’harmonie. Tout rapport humain est conflictuel, ce qui ne veut pas dire qu’il soit forcément autoritaire. Parler de ces questions en termes absolus est certes difficile, mais il n’empêche que la tension vers la cohérence est bel et bien une exigence vitale.

Si nous pensons aujourd’hui que l’affinité et les groupes affinitaires sont les plus adéquats pour la lutte et l’intervention anarchiste dans la conflictualité sociale, c’est parce que cette considération est intimement liée à comment nous concevons cette lutte et cette intervention. Il existe en effet deux chemins pour aborder la question, des chemins qui ne sont pas diamétralement opposés, mais qui ne coïncident pas complètement non plus. D’une part, il y a l’exigence non-négociable de la cohérence. La question qui se pose alors est dans quelle mesure certaines formes organisationnelles anarchistes (pensons aux organisations de synthèse avec des programmes, des déclarations de principes et des congrès comme les fédérations anarchistes ou les syndicats anarchosyndicalistes) répondent à notre idée de l’anarchisme. D’autre part, il y a la question de l’adéquation de telle ou telle structure organisationnelle. Cette adéquation replace la question plus sur le champ des conditions historiques, des buts que l’on veut atteindre (et donc de la forme organisationnelle que l’on considère la plus adaptée pour cela), de l’analyse de la situation sociale et économique,… Nous aurions sans doute préféré, à d’autres époques aussi, des petits groupes agiles et autonomes à de grandes fédérations, mais sur le plan de l’adéquation à la situation on peut difficilement exclure a priori que, dans certaines conditions, le choix d’une organisation anarchiste de lutte spécifique et fédérative, d’une constellation de guérilla,… puisse (ou plutôt, ait pu) répondre à certains besoins.

Nous pensons que contribuer à des ruptures insurrectionnelles ou les développer est aujourd’hui l’intervention anarchiste la plus adéquate pour lutter contre la domination. Par ruptures insurrectionnelles, nous entendons une rupture voulue, ne serait-ce que temporaire, dans le temps et l’espace de la domination ; donc une rupture nécessairement violente. Bien que de telles ruptures aient aussi un aspect quantitatif (car ce sont des phénomènes sociaux qui ne peuvent être réduits à une quelconque action d’une poignée de révolutionnaires), elles sont orientées vers la qualité de l’affrontement. Elles visent les structures et rapports de pouvoir, rompent avec leurs temps et espace et permettent, par les expériences faites et les méthodes utilisées d’auto-organisation et d’action directe, de remettre en question et d’attaquer toujours plus d’aspects de la domination. Bref, les ruptures insurrectionnelles nous paraissent nécessaires sur le chemin vers la transformation révolutionnaire de l’existant.

De tout ceci découle logiquement la question de savoir comment les anarchistes peuvent s’organiser pour contribuer à une telle rupture. Sans renoncer à la diffusion toujours importante d’idées anarchistes, il ne s’agit pas, à notre avis, aujourd’hui de rassembler à tout prix un maximum de personnes autour de l’anarchisme. En d’autres termes, nous ne pensons pas qu’il faille de fortes organisations anarchistes avec un rayonnement qui attirerait les exploités et les exclus, prélude quantitatif à ces organisations qui donneraient ensuite (quand les temps seraient mûrs) le signal de l’insurrection. Nous pensons également que les ruptures insurrectionnelles ne sont pas pensables de nos jours en partant d’organisations défendant les intérêts d’un groupe social particulier, à partir par exemple de formes plus ou moins anarchosyndicalistes. L’intégration de telles organisations dans la gestion démocratique répond en effet parfaitement à l’économie capitaliste contemporaine ; c’est cette intégration qui a rendu impossible tout passage espéré d’une position défensive à l’offensive. Pour finir, il nous semble également impossible qu’aujourd’hui, une forte « conspiration » soit capable, par des interventions chirurgicales, de faire vaciller la domination et d’entraîner les exploités dans l’aventure insurrectionnelle ; au-delà même des objections que l’on peut avoir contre cette manière d’envisager les choses. Dans des contextes historiques où le pouvoir était très centralisé, comme dans la Russie tsariste, on pouvait encore quelque part imaginer l’hypothèse d’une attaque directe contre le cœur (dans ce cas, l’assassinat du tsar) comme prélude à la révolte généralisée. Dans un contexte de pouvoir décentralisé comme celui que nous connaissons, la question ne peut plus être de frapper un cœur, pas plus que ne sont imaginables des scénarios où un tir bien ciblé pourrait faire trembler la domination sur ses fondements (ce qui n’enlève évidemment rien à la validité d’un tir bien ciblé). Il faut donc explorer d’autres chemins.

Affinité et groupes affinitaires

De nombreuses personnes reculent devant l’affinité. Il est en effet beaucoup plus facile et moins exigeant d’adhérer à quelque chose, qu’il s’agisse d’une organisation, d’une assemblée permanente ou d’un milieu et d’en reprendre et d’en reproduire les caractéristiques formelles, plutôt que d’entamer la recherche longue et jamais accomplie de compagnons avec qui partager des idées, des analyses et d’éventuels projets. Car l’affinité, c’est précisément cela : la connaissance réciproque entre compagnons, des analyses partagées qui aboutissent à des perspectives d’action. L’affinité est donc orientée d’un côté vers l’approfondissement théorique et de l’autre vers l’intervention dans la conflictualité sociale.

L’affinité se situe radicalement sur le champ qualitatif. Elle aspire au partage d’idées et de méthodes et n’a pas pour but une croissance à l’infini. Or, même camouflée, la plus grande préoccupation de nombreux compagnons semblent rester le nombre. Combien sommes-nous ? Comment faire pour être plus nombreux ? De la polarisation sur cette question et du constat que si nous ne sommes pas nombreux aujourd’hui, cela a aussi à voir avec le fait que beaucoup ne partagent pas nos idées (et non, même pas inconsciemment), découle la conclusion qu’il faudrait, pour attirer du nombre, éviter de trop mettre l’accent sur certaines idées. De nos jours, rares sont ceux qui essayent encore de vendre des cartes de membres pour quelque organisation révolutionnaire, destinée à croître quantitativement et aspirant à représenter toujours plus d’exploités ; mais d’autant plus pensent que la meilleure manière de connaître d’autres personnes consiste à organiser des activités « consensuelles » comme par exemple des bars autogérés, des ateliers, des concerts etc. Bien sûr, de telles activités peuvent avoir leur place, mais on parle de bien autre chose, si l’on aborde le sujet d’approfondir l’affinité. L’affinité n’est pas la même chose que l’amitié. Certes, les deux ne s’excluent pas, mais ce n’est pas parce qu’on partage certaines analyses, qu’on couche aussi ensemble, et vice versa. Tout comme ce n’est pas parce qu’on écoute la même musique, qu’on entend lutter de la même manière contre la domination.

La recherche de l’affinité se déroule sur un plan interindividuel. Ce n’est donc pas un événement collectif, une affaire de groupe, où il sera toujours plus facile de suivre que de réfléchir par soi-même. L’approfondissement de l’affinité est évidemment une question de pensée et d’action, mais au fond, l’affinité ne résulte pas tellement du fait de mener une action ensemble, mais c’est plutôt le point de départ pour pouvoir passer à l’action. Oui c’est entendu, objecteront certains, mais cela signifie alors que je ne rencontrerai pas un nombre de personnes, qui pourraient être de bons compagnons, parce qu’en quelque sorte je m’enferme dans l’affinitaire. Il est vrai que la recherche et l’approfondissement d’affinité demande beaucoup de temps et d’énergie, et qu’on ne peut donc pas la généraliser à tous les compagnons. Le mouvement anarchiste dans un pays, dans une ville ou même dans un quartier ne peut pas devenir un grand groupe affinitaire. Il ne s’agit pas d’agrandir les différents groupes affinitaires avec toujours plus de compagnons, mais bien de rendre possible la multiplication de groupes affinitaires autonomes. La recherche, l’élaboration et l’approfondissement des affinités mène à de petits groupes de compagnons qui se connaissent, partagent des analyses et passent ensemble à l’action.

Le mot est lâché. L’aspect « groupe » du groupe affinitaire a été régulièrement critiqué, à tort et à raison. Souvent, des compagnons partagent la notion d’affinité, mais cela devient plus compliqué quand on commence à parler de « groupes », qui d’un côté dépassent le seul caractère interindividuel et de l’autre semblent limiter la « croissance ». Les objections consistent ensuite souvent à pointer les mécanismes pernicieux d’ « intérieur/extérieur », de « dedans/dehors » que ces groupes affinitaires peuvent générer (comme par exemple le fait de renoncer à son propre parcours pour suivre celui des autres, la sclérose et les mécanismes qui peuvent en découler comme certaines formes de compétition, de hiérarchie, de sentiments de supériorité ou d’infériorité, la peur,…). Mais ces problèmes se posent avec n’importe quel type d’organisation et ne sont pas exclusivement liés à l’affinité. Il s’agit donc plutôt de réfléchir à comment éviter que la recherche d’affinité mène à une stagnation et à une paralysie plutôt qu’à un épanouissement, une diffusion et une multiplication.

Un groupe affinitaire, ce n’est pas la même chose qu’une « cellule » de parti ou qu’une formation de guérilla urbaine. Comme sa recherche est permanente, l’affinité évolue en permanence. Elle peut « augmenter » jusqu’au point où un projet partagé devient possible, mais à l’inverse, elle peut aussi « diminuer » jusqu’à rendre impossible de faire quoi que ce soit ensemble. L’archipel des groupes affinitaires change donc constamment. Ce changement constant est d’ailleurs souvent pointé du doigt par des critiques : on ne peut rien construire à partir de cela, car ce n’est pas stable. Nous sommes convaincus du contraire : il n’y a rien à construire sur des formes organisationnelles qui tournent en soi, hors des individus qui en font partie. Car tôt ou tard, au premier contrecoup, excuses et subterfuges pleuvront. Le seul sol sur lequel nous pouvons construire, c’est la recherche partagée d’affinité.

Enfin, nous voulons souligner encore que cette façon de s’organiser a en plus l’avantage d’être particulièrement résistante aux mesures répressives de l’Etat, car elle n’a pas de bastions représentatifs, de structures ou de noms à défendre. Là où des formations figées et de grandes organisations peuvent être démantelées presque d’un seul coup du fait même qu’elles sont plutôt statiques, les groupes affinitaires restent agiles et dynamiques y compris lorsque frappe la répression. Comme les groupes affinitaires sont basés sur la connaissance réciproque et la confiance, les risques d’infiltration, de manipulation et de délation sont beaucoup plus limités que dans les grandes structures organisatives auxquelles les gens peuvent adhérer formellement ou dans les vagues milieux où il suffit de reproduire certains comportements pour faire partie du club. L’affinité est une base très difficile à corrompre, justement parce qu’elle part des idées et évolue aussi en fonction d’elles.

Organisation informelle et projectualité

Nous sommes d’avis que les anarchistes ont le plus de liberté de mouvement et d’autonomie pour intervenir dans la conflictualité en s’organisant en petits groupes basés sur l’affinité, plutôt que dans de grandes formations ou des formes organisationnelles quantitatives. Bien entendu, il est souhaitable et souvent nécessaire que ces petits groupes arrivent à s’accorder quelque peu. Non pas pour se transformer en moloch ou en phalange, mais pour réaliser des buts spécifiques et partagés. Ces buts déterminent alors l’intensité de la coopération, de l’organisation. Il n’est certes pas exclu qu’un groupe affinitaire organise seul une manifestation, mais dans de nombreux cas une coordination entre différents groupes affinitaires pourrait s’avérer souhaitable et nécessaire pour réaliser cet objectif spécifique, ancré dans le temps. La coopération peut aussi être plus intense dans le cas d’un projet de lutte conçu plus sur le moyen terme, comme par exemple une lutte spécifique contre une structure du pouvoir (la construction d’un centre fermé, d’une prison, d’une centrale nucléaire,…). Dans ce cas, on pourrait parler d’organisation informelle. Organisation, parce qu’il s’agit d’une coordination des volontés, des moyens et des capacités entre différents groupes affinitaires et individualités qui partagent un projet spécifique, limité dans le temps. Informelle, parce qu’il ne s’agit pas de promouvoir un nom quelconque, de renforcer quantitativement l’organisation, d’y adhérer formellement ou de souscrire à quelque programme ou déclaration de principe, mais d’une coordination agile et légère pour répondre aux besoins du projet de lutte.

Dans un sens, l’organisation informelle se trouve aussi sur le champ affinitaire, mais elle dépasse le caractère interindividuel. Elle n’existe qu’en présence d’une projectualité partagée. Une organisation informelle est donc directement orientée vers une lutte, elle ne peut exister détachée de celle-ci. Comme nous le disions auparavant, elle sert à répondre à certains besoins d’un projet de lutte qui ne peuvent pas, ou difficilement, être assumés par un groupe affinitaire singulier. Elle peut par exemple permettre de mettre à disposition les moyens qu’on juge nécessaires. L’organisation informelle n’a donc pas pour but de rassembler tous les compagnons derrière le même drapeau ou de réduire l’autonomie des groupes affinitaires et des individualités, mais de faire dialoguer cette autonomie. Elle n’est pas un biais pour faire tout ensemble, mais est un instrument pour donner corps et âme à un projet commun, à travers les interventions particulières des groupes affinitaires et des individualités.

Qu’est-ce que signifie avoir un projet ? Les anarchistes veulent la destruction de toute autorité, on peut donc supposer qu’ils sont en permanence à la recherche de manières pour le faire. En d’autres termes, on peut bien sûr être anarchiste et actif en tant que tel sans un projet spécifique de lutte. C’est d’ailleurs ce qui se passe généralement. Soit les anarchistes suivent plus ou moins les directives des organisations auxquelles ils appartiennent (chose qui semble plutôt appartenir au passé), soit ils attendent l’arrivée de conflits auxquels participer, ou tentent de faire rentrer autant d’aspects anarchistes que possible dans leur vie quotidienne. Aucune de ces attitudes ne présume la présence d’une véritable projectualité – ce qui, soyons clairs, n’en rend bien évidemment pas ces compagnons moins anarchistes. Un projet est par contre basé sur une analyse du contexte social, économique et politique dans lequel on se trouve, d’où on distille une perspective qui permet d’intervenir sur le court ou le moyen terme. Un projet englobe donc un ensemble d’analyses, d’idées et de méthodes, coordonnées pour atteindre un but. On peut par exemple publier un journal anarchiste parce ce qu’on est anarchiste et qu’on veut diffuser ses idées. Bien, mais une approche plus projectuelle exigerait une analyse des conditions dans lesquelles une publication, d’une certaine forme, est estimée adéquate pour intervenir dans la conflictualité. On peut décider de lutter contre les déportations, contre la dégradation des conditions de survie, contre la prison,… parce que toutes ces choses sont tout simplement incompatibles avec ses idées ; développer un projet nécessiterait une analyse pour comprendre où une intervention anarchiste serait la plus intéressante, quelles méthodes il faudrait utiliser, comment on pourrait envisager d’impulser ou d’intensifier une tension conflictuelle dans un certain laps de temps. Il va de soi que de tels projets sont souvent l’occasion d’une organisation informelle, d’une coordination entre différents groupes et individualités anarchistes.

L’organisation informelle ne peut donc pas être fondée, constituée ou abolie. Elle naît de façon tout à fait naturelle selon les besoins d’un projet de lutte et disparaît quand ce projet est réalisé ou quand on estime qu’il n’est plus possible ou adéquat de chercher à le réaliser. Elle ne coïncide pas avec l’ensemble de la lutte en cours : de nombreuses formes organisationnelles, lieux de rencontres, assemblées, etc. produites par une lutte existeront indépendamment de l’organisation informelle, ce qui ne veut pas dire que des anarchistes ne pourront pas aussi y être présents.

Les « autres »

Mais nous avons jusque-ici surtout parlé des formes organisationnelles entre anarchistes. Sans aucun doute, de nombreuses révoltes fournissent des suggestions précieuses qui montrent des parallèles avec ce que nous venons dire. Que l’on pense par exemple aux révoltes des dernières années dans les métropoles. Nombre de rebelles s’organisent en petits groupes agiles. Ou pensons aux soulèvements de l’autre côté de la Méditerranée. Il n’y a pas eu besoin d’une organisation forte ou de quelque représentation des exploités pour déchaîner ces soulèvements, leur colonne vertébrale était bien les formes multiples et informelles d’auto-organisation. Bien entendu, nous ne nous sommes pas exprimés là sur le « contenu » de ces révoltes, mais sans formes organisationnelles plutôt antiautoritaires, il serait juste totalement impensable qu’elles aillent dans une direction libératrice et libertaire.

Il est temps de faire ses adieux, une fois pour toute, aux réflexes politiques, encore plus en ces temps où les révoltes ne répondent pas (ou plus) aux prérogatives politiques. Les insurrections et les révoltes ne doivent être dirigées, ni par les autoritaires, ni par les anarchistes. Elles ne demandent pas à être organisées dans quelque grande formation. Il n’empêche que notre contribution à de tels événements, des phénomènes véritablement sociaux, ne peut rester simplement spontanée, si elle aspire à être une contribution qualitative – elle requiert donc une certaine organisation et projectualité. Mais les exploités et les exclus n’ont pas besoin des anarchistes pour se révolter ou s’insurger. Nous ne pouvons être qu’un élément supplémentaire, bienvenu ou pas, une présence qualitative. Mais qui n’en demeure pas moins importante, si nous voulons faire percer les ruptures insurrectionnelles dans un sens anarchiste.

Si les exploités et les exclus sont parfaitement capables de se révolter sans les anarchistes et sans leur concours, ce n’est pas pour autant que nous sommes prêts à renoncer à chercher des points et de terrain où on peut lutter ensemble avec eux. Ces points et terrains ne sont pas des conséquences « naturelles » ou « automatiques » des conditions historiques. La rencontre entre les groupes affinitaires, comme l’organisation informelle des anarchistes et des exploités qui sont prêts à lutter, se fait le mieux dans la lutte même, ou au moins, dans une proposition de lutte. La nécessité de diffuser et d’approfondir les idées anarchistes est indéniable et à aucun moment, il ne faudrait les cacher, les reléguer à l’arrière-plan ou les camoufler au nom d’une stratégie quelconque, mais dans un projet de lutte insurrectionnel il ne s’agit pas de convertir un maximum d’exploités et d’exclus à nos idées, mais plutôt de rendre possible des expériences de lutte avec la méthodologie anarchiste et insurrectionnelle (attaque, auto-organisation et conflictualité permanente). Selon les hypothèses et les projets, il faut effectivement réfléchir sur les formes organisationnelles que peut prendre cette rencontre entre anarchistes et ceux qui veulent lutter sur une base radicale. Ces formes organisationnelles ne peuvent certainement pas être des constellations exclusivement anarchistes, vu que d’autres rebelles y participent. Elles ne sont donc pas de supports pour « promouvoir » l’anarchisme, mais ont pour but de donner forme et substance à la lutte insurrectionnelle.

Dans certains textes, rédigés à partir d’une série d’expériences, on parle de « noyaux de base » formés dans le cadre d’un projet spécifique de lutte, de formes organisationnelles basées sur les trois caractéristiques fondamentales de la méthodologie insurrectionnelle. Les anarchistes y prennent part, mais avec d’autres. Dans un sens, ce sont surtout des points de référence (non pas de l’anarchisme, mais de la lutte en cours). Ils fonctionnent un peu comme des poumons de la lutte insurrectionnelle. Quand cette lutte est intense, ils comptent beaucoup de personnes et se réduisent quand la température redescend. La dénomination de telles formes organisationnelles n’a évidemment que peu, voire aucune importance. Il s’agit d’envisager, dans le cadre de certains projets de lutte, si de telles formes organisationnelles sont imaginables et nécessaires. Il faut encore souligner qu’il ne s’agit pas de collectifs, de comités, d’assemblées de quartiers etc., formés à l’avance, qui ont généralement comme but de perdurer et dont la composition est rarement antipolitique et autonome (vu la présence d’éléments institutionnels). Les « noyaux de base » se forment au sein du projet de lutte et n’ont qu’un but concret : attaquer et détruire un aspect de la domination. Ce ne sont donc pas des organisations para-syndicales qui défendent les intérêts d’un groupe social (des comités de chômeurs, des assemblées d’étudiants,…), mais des occasions organisationnelles orientées vers l’attaque. Les expériences d’auto-organisation et d’attaque ne garantissent bien évidemment en rien que dans une prochaine lutte, les exploités n’accueilleront ou ne tolèreront plus d’éléments institutionnels. Mais sans ces expériences, ce genre de réactions est presque impensable.

Pour résumer, il ne s’agit donc pas, à notre avis, de constituer des organisations pour « attirer les masses » ou les organiser, mais de développer et de mettre en pratique des propositions concrètes de lutte. A l’intérieur de ces propositions de lutte, à caractère insurrectionnel, il faut donc réfléchir aux formes organisationnelles estimées nécessaires et adéquates pour réaliser la proposition d’attaque. Soulignons encore que ces formes organisationnelles n’impliquent pas forcément des structures avec des réunions, des lieux de rencontre etc., mais qu’elles peuvent peut-être naître aussi directement dans la rue, dans les moments de lutte. A certains endroits, il peut par exemple être plus facile de créer des « points de référence » ou des « noyaux de base » avec d’autres exploités en interrompant la routine, en érigeant une barricade dans la rue,… plutôt que d’attendre que tout le monde vienne à un rendez-vous pour parler de la possibilité d’une barricade. Ces aspects ne peuvent pas être laissés totalement au hasard et à la spontanéité. Une projectualité permet d’y réfléchir et d’évaluer les différentes possibilités et leur pertinence.

Bref

Si la question n’est plus de comment organiser les gens pour la lutte, elle devient comment organiser la lutte. Nous pensons que des archipels de groupes affinitaires, indépendants les uns des autres, qui peuvent s’associer selon des perspectives partagées et des projets concrets de lutte, sont la meilleure manière pour passer directement à l’offensive. Cette conception offre la plus grande autonomie et le plus large champ d’action possibles.. Dans le cadre de projets insurrectionnels, il est nécessaire et possible de trouver des manières de s’organiser informellement qui permettront la rencontre entre des anarchistes et d’autres rebelles, des formes d’organisation qui ne sont pas destinées à se perpétuer, mais sont orientées vers un but spécifique et insurrectionnel.

« A l’Etat centralisateur, autoritaire, despotique et disciplinant, il faudrait opposer une force décentralisée, antiautoritaire et libre. Faut-il encore énumérer les avantages d’une telle conception ? En plus de disposer d’une force d’attaque et de résistance majeure, l’action se réalise plus facilement et plus rapidement. Chacun donne plus volontiers tout ce qu’il a, y compris sa vie, si cette œuvre émane de sa propre initiative. La trahison devient plus difficile et peut faire moins de dégâts. Les défaites sont très partielles. Toutes les attitudes et toutes les initiatives sont développées pleinement… Donc finis les centres, les bureaux de correspondance ou les commissions de statistiques, finis les plans généraux élaborés a priori ; que chacun essaie dans son propre environnement de former autour de soi un groupe et que cette poignée tente de s’adonner pleinement à l’action. Dix personnes, six personnes peuvent poser des actes dans une ville qui auront des échos partout dans le monde… Toute poignée deviendra un point de départ pour l’action, avec son propre plan ; et de ces initiatives multiples et variées découlera harmonieusement et uni le résultat d’une guerre entière : la destruction des oppresseurs et des exploiteurs. »

 Carlo Cafiero, Il Grido del Popolo, Naples, 4 juillet 1881

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Paru dans Salto #2 – novembre 2012

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[Berlin] Incendie d’un véhicule de la Deutsche Bahn en solidarité avec les compagnons du braquage de Kozani

Feuer-Auto05

Aux premières heures du 27 février, à la recherche d’un cible adéquate pour une action de solidarité avec Nikos Romanos, Dimitris Politis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Yannis Michailidis, nous avons incendié un véhicule appartenant à la Deutsche Bahn dans le quartier de Prenzlauer Berg, à berlin, qui a été dévoré par les flammes de la solidarité internationale.

A la Deutsche Bahn AG (compagnie de train allemande), dix managers de sa branche DB International ont corrompu des fonctionnaires publics pour obtenir des contrats d’ingénierie dans plusieurs Etats africains et en Grèce, comme l’a confirmé un juge de Frankfurt.

Depuis 2008, dans nombre de batailles légales, il a été montré que les entreprises allemandes Siemens, MAN Ferrostaal et Deutsche Bahn ont payé des politiciens en Grèce sur une large échelle, et donc financé des décisions politiques en leur faveur. Le groupe Siemens a investi depuis le milieu des années 90 et pendant près d’une décennie 15 millions d’euros par an en Grèce, afin d’arroser les hommes politiques deux deux grands partis, Nea Dimokratia et le PASOK.

Une autre branche de la Deutsche Bahn, la Schenker logistics company transporte des biens pour l’armée allemande (la Bundeswehr), tandis que la Deutsche Bahn et le ministère de la défense travaillent ensemble en symbiose. (…)

Nous classifions donc de facto la Deutsche Bahn comme un pouvoir belligérant et une composante de l’armée allemande/OTAN, qui n’autorisera pas de changements sociaux en Grèce, mais se tient plutôt prête par tous moyens d’assister la répression de la révolte. La Deutsche Bahn est une des entreprises allemandes qui tire profit de la crise en Grèce, comme son prédécesseur la Reichsbahn pendant le fascisme.

La nuit dernière, le feu devait montrer aux prisonniers Nikos Romanos, Dimitris Politis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Yannis Michailidis que nous connaissons leur arrestation et leur torture le 1er février dernier après le double braquage de Kozani, et qu’ici, au coeur de la bête, nous essaierons tout ce qui est possible pour la chute du capitalisme et de ses valets.

Vive l’anarchie ! Mort aux Etats !

Des émeutiers de la nuit

Feuer-Auto19

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[Diffusé par contrainfo le 19 mars 2013, traduit par les Brèves du désordre]

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[Solidarité avec Ibrahim] Audience en appel du procès de l’évasion de Palaiseau : Pièce et Bouton cousus de fil blanc.

Le mercredi 20 mars 2013 a eu lieu le procès en appel d’Ibrahim El Louar, condamné à deux ans d’emprisonnement par le TGI d’Évry le 18 janvier pour « vol et violence en réunion sur agent dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une incapacité de travail de moins de 10 jours » et « soustraction à une mesure d’éloignement ». Il a également été condamné à verser des dommages et intérêts de 1000 et 600 euros à deux flics.

Le 16 décembre 2012, quatre prisonniers du centre de rétention de Palaiseau avaient réussi à s’évader après avoir subtilisé à un flic le badge magnétique ouvrant les portes. Suite à cela, un cinquième retenu, Ibrahim, a été arrêté et placé en garde-à-vue, accusé d’avoir participé à l’évasion. Frantz Pièce, maton au centre, l’a accusé de l’avoir ceinturé et maitrisé pendant que les autres lui dérobaient son badge et prenaient la fuite. Sa collègue, Coralie Bouton, arrivée en renfort l’accusait elle de l’avoir fait tomber au sol et d’avoir essayé de lui prendre ses menottes et son badge.

Après une courte instruction d’un mois, il a été jugé par le tribunal d’Évry, sans bénéficier de l’assistance d’un avocat bien qu’il en ai demandé un. Lors de l’audience les faits ont été requalifiés (de « tentative de soustraction à une mesure d’éloignement et violence ayant entraîné moins de dix jours d’ITT » en « vol et violence en réunion sur agent dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT de moins de 10 jours » et « soustraction à une mesure d’éloignement ») de façon à pouvoir appliquer la récidive (sur une précédente condamnation pour vol) et donc faire passer la peine encourue de trois à quatorze ans.

Ce jour là, des vidéos des caméras de surveillance du centre ont été visionnées. Comme l’a fait remarquer la défense, le tribunal devait être en possession de « lunettes spéciales qui altéraient sa capacité de vision ». En effet, sur les images vues lors de l’audience d’appel, on voit que rien ne s’est déroulé comme l’ont déclaré Pièce et Bouton.
Déjà, on ne voit rien (les retenus qui ont dérobé le badge avaient pris le soin d’éteindre la lumière), ou presque : des ombres qui ceinturent un policier (reconnaissable à son uniforme) puis deux policiers qui tabassent quelqu’un dans un couloir. Ibrahim, qui nie depuis le début avoir participé à l’évasion, s’est par contre toujours reconnu dans la personne tabassée. Un PV établi en garde-à-vue constate d’ailleurs qu’il porte de nombreuses traces de coup. Lors de cette garde-à-vue, Ibrahim a essayé de se mutiler avec une lame de rasoir qu’il avait sur lui, ce à quoi les flics ont répondu en le gazant et en l’entravant aux pieds et aux mains jusqu’à ce qu’il soit déféré.

Lors de l’audience d’appel à laquelle une trentaine de personnes étaient présentes en solidarité, l’avocate a plaidé le fait qu’il n’avait pas pu se défendre en première instance et qu’elle même n’avait pas pu préparer la défense comme elle l’aurait souhaité (pas eu accès aux vidéos, pas pu bénéficier d’un interprète pour s’entretenir avec son client les jours avant l’audience…). Ibrahim n’a pas varié dans ses déclarations. Il a continué à réfuter les accusations des flics et son avocate a pu mettre en avant les nombreuses incohérences existant entre les déclarations policières et les images vidéo. D’ailleurs, lors de l’exposé des faits on remarque que les déclarations des flics ont changé au cours de leurs auditions.

Le procureur a demandé confirmation des chefs d’inculpation et de la peine. L’avocate a plaidé la relaxe. Le jugement sera rendu le 02 avril à 13h, sans qu’Ibrahim ne soit extrait.

Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers !
Ni prison, ni rétention !

NB : Ibrahim sortait d’une peine de 3 mois de prison pour vol avec violence, il était donc dans un cas de double peine. Ce qui pourrait devenir quadruple peine, si lors de sa sortie de prison il était de nouveau enfermé en CRA. D’autant que lors de cette première condamnation il avait également été condamné à une interdiction du territoire français de trois ans.

evasionpalaiseau@riseup.net

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Pour mémoire : D’une prison à l’autre…

Pour ne pas laisser Ibrahim isolé face à la prison et à la justice, il est possible de lui écrire :
Ibrahim El Louar
écrou n°399815
Bâtiment D4 – MAH de Fleury-Mérogis
7 avenue des Peupliers
91705 Sainte-Geneviève-des-Bois

Des mandats lui sont envoyés. Si vous voulez y contribuer vous pouvez envoyer de l’argent à Kaliméro, caisse de solidarité avec les inculpés de la guerre sociale en cours. Le n° de compte pour faire un virement : 102780613700020471901 Clé 07.

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Grand Paris, laisse béton !

Les promoteurs d’un avenir vert-de-gris ont encore frappé. Dans le cadre du vaste projet d’urbanisme pour un Grand Paris, ils ont donné quartier libre à l’architecte Jean Nouvel pour l’érection d’un phallus de 175 mètres au sud de la capitale. Gratte-ciel de verre et d’acier, légèrement penché pour faire passer la lumière, la « Tour Duo » va projeter son ombre sur le boulevard des Maréchaux d’ici à 2018. Début des travaux : 2014.

La brochure promotionnelle évoque 91’225 m² de bureaux, 7737 m² d’hôtel quatre étoiles, 4456 m² de locaux d’activités et 1832 m² de commerces, pour un budget estimé à 600 millions d’euros. Dans leur folie transformatrice, les technocrates du Grand Paris ont encore une fois statué que le béton serait d’utilité publique. Rien de bien surprenant, puisque chacun sait combien béton = pognon. Et que les pauvres aillent se faire voir !

Comme à la place du futur phallus de Jean Nouvel se trouve une ancienne cimenterie, des travaux ont dès à présent abouti sur la construction d’une nouvelle cimenterie à quelques pas de là, le long des voies SNCF, pour libérer le terrain aux pelleteuses du Grand Paris et donner un nouvel espace de jeu aux cimenteurs. Et personne ne sera étonné qu’une filiale de VINCI se soit chargée de ce vilain travail…

C’est pourquoi, sensibles à la lutte engagée depuis des années contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et radicalement opposés au cimentage de nos vies, nous sommes allés accrocher sur l’échafaudage de l’édifice VINCI une petite banderole de soutien à tous ceux qui luttent contre la destruction programmée de nos espaces de vie :

« VINCI BÉTONNE, L’ÉTAT MATRAQUE, SABOTONS ! »

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Et autant prévenir les petits malins du grand Paris : nous serons toujours là pour saboter vos saloperies de projets inutiles et imposés !

Une poignée de saboteurs cimentophobes, 17 mars 2013

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Police du comportement à la CAF du Rhône

cafrhone

« Comportement inapproprié (agacement, agitation, haussements d’épaules [sic], soupirs,…) »

« Manque de respect (injures, insultes, menaces,…) »

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[Photo trouvée sur Rebellyon le 15 mars 2013]

Pour mémoire :
Honey Money !
Change de taf !
Sortir de sa misère… c’est d’abord s’attaquer à ceux qui la gèrent

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[Buenos Aires] Solidarité avec Felicity

muralxfelicity

Pour mémoire :
Appel à deux semaines d’action en solidarité avec la compagnonne anarchiste en cavale Felicity Ryder, du 21 février au 7 mars
Solidaridad con Felicity

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Des nouvelles de “l’histoire de” Labège

Un an et demi qu’on nous emmerde, des nouvelles de l’affaire de Labège

Le 14 mars aura lieu le procès pour les refus d’ADN suite aux arrestations du 15 novembre 2011. C’est le moment pour nous de faire un petit point sur plus d’une année sous mains de justice. Plus d’une année d’écoute, de filature, de contrôle judiciaire… bref des mois d’emmerdes. Des emmerdes pour les personnes directement impliquées dans l’affaire mais aussi tou.te.s leurs proches, ami.e.s et connaissances.
Nous prenons la parole, nous qui aimerions nous occuper de bien d’autres choses que d’accusations fumeuses et de leurs conséquences.

Mais pourquoi tout ça au fait ?

Le 05 juillet 2011, en fin de matinée, un groupe d’individu.e.s s’est invité dans les locaux de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) à Labège (31). Iles y sont resté le temps de signifier à cette institution, et à son personnel, le dégoût qu’elle leur inspire. En solidarité avec les jeunes mutin.e.s qui ont osé se révolter en mai de la même année dans l’Établissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM) de Lavaur, co-géré par l’Administration Pénitentiaire (AP) et … la PJJ.
Une enquête est immédiatement ouverte. Dès le 13 juillet, le procureur de la république Valet nomme Didier Suc, juge d’instruction pour cette affaire. Il s’agit d’une information suivie contre X, pour des faits de :
Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens à Labège le 5 juillet 2011
Violence commise en réunion sans incapacité à Labège le 5 juillet 2011
Dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion à Labège le 5 juillet 2011
Lisons donc : tags, déversement de lisier et insultes. C’est dans ce jargon, une fois digérés par la justice, que sont retranscrits et donc criminalisables des moyens évidemment légitimes d’affirmer sa solidarité avec celles et ceux qui se révoltent.

Les quatre premiers mois de cette enquête sont soldés par une opération massive de gendarmerie à Toulouse, le 15 novembre 2011. Les flics ont perquisitionné sept lieux de vies, interpellé une quinzaine de personnes et embarqué un paquet d’affaires. Sept personnes sont mises en garde-à-vue, six sont présentées au juge d’instruction. Cinq d’entre elles sont mises en examen, quatre atterrissent directement à la Maison d’Arrêt de Toulouse-Seysses pour 2 à 3 mois de détention provisoire. La cinquième est dehors, sous contrôle judiciaire. La sixième reste « libre », avec un statut de témoin assisté. Et la septième est lavée de tout soupçons grâce à un alibi béton et vérifiable.
Jusqu’à aujourd’hui, aucune avancée, aucune nouvelle, aucune convocation, rien, juste une menace diffuse pour les présumé.e.s coupables de retourner en prison, pour leurs proches d’être associé.e.s à cette affaire et pour tout le monde de voir les flics débarquer dans nos maisons. On sait aussi que cette instruction sert à venir piocher des infos sur tout un tas de personnes « affiliées » à la mouvance fantoche ultra gauchiste toulousaine, et qu’on a écopé d’une surveillance continue de tous les espaces et acteur/ices de luttes pour une durée indéterminée.

Crachez ici !

Aujourd’hui c’est le procès du refus d’ADN. C’est la punition pour avoir refusé le fichage systématique. Triste ironie quand on sait que ce refus à officiellement justifié les placements en détention provisoire alors que les ADNs ont quand même été pris sur les gobelets, fourchettes et mégots utilisés pendant les GAV. Viendront donc à la barre les cinq mises en examen, le témoin assisté et la personne mise hors de cause. Les raisons de ce refus sont connues mais nous pouvons les répéter encore.
Nous constatons que le prétexte de la preuve ADN sert une volonté de fichage généralisé de la population entière. Cette découverte scientifique qui consiste à attribuer un profil unique à chaque être vivant est tellement complexe qu’elle en est opaque. C’est évidemment plus simple de nous faire accepter des choses quand on y comprend rien. On nous a d’abord dit que c’était pour ficher les « vrai.e.s criminel.le.s », les « dangereux/dangeureuses », or ce sont près de 3 millions de personnes qui sont maintenant inscrites à vie dans le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques. Pas de présomption d’innocence pour ces gens, il y a les parfait.e.s et les autres, celles et ceux qui sont déjà passé.e.s par la case GAV.
Et ça ne s’arrête pas là, ou plutôt ça n’a pas vraiment commencé par là, les animaux non humains sont eux aussi fichés. Chaque être vivant peut donc être identifié, géré dans une base de données, intégré dans un calcul de statisticien, contrôlé et tracé. Un énorme marché presque intarissable car il y aura toujours de nouvelles personnes qui naissent et des nouveaux nés animaux. Concepteurs de logiciels de gestion, fabricants de matériel de prélèvement et matière grise de labo s’en frottent les mains.
Outre l’aspect économique, être fiché individuellement ne concerne pas que nous. Nos parents et enfants sont directement mis dans la case « de la famille d’un.e présumé.e coupable » grâce à certains marqueurs qui constituent notre profil génétique. Se dire qu’on peut passer entre les mailles du filet pour s’en sortir un peu moins pire devient presque impossible. On friserait presque la récidive si nos aïeul.le.s ont commis des broutilles hors du cadre légal. Au final, tout le monde est fiché, pas que les « coupables », pas que les « suspecté.e.s d’un jour », pas que les « témoins » comme la police et la justice tentent de le justifier.
Refuser que des mecs ou des nanas en bleu nous mettent un coton tige dans la bouche est assez facile, en assumer les conséquences fait un peu peur. On s’expose alors à des procédures judiciaires, autre espace opaque et inquiétant de l’arsenal répressif. On nous dit 15OOO euros d’amende et un an d’emprisonnement. En réalité les personnes qui ne sont pas relaxées pour ce délit, car ça arrive plus souvent qu’on ne le croie, écopent souvent d’une amende ou de peine avec sursis. Mais même si on encourt des peines légères, être reconnu.e coupable de ce délit veut dire risquer la récidive à chaque GAV. Quelque soit la suspicion de délit pour lequel on y est amené. Et plus on sera nombreu.ses.x à refuser, plus ce sera difficile de nous poursuivre…

Parmi les épées de Damoclès qui planent au dessus de nous, il y a donc ce procès pour refus de prélèvement des empreintes génétiques, mais il y a aussi l’instruction et ses mesures coercitives, le contrôle judiciaire en est une.

Du contrôle, judiciaire, mais pas que…

Pendant que le Didier Suc cherche suffisamment d’éléments pour justifier 20 mois d’enquête, les cinq mis.e.s en examen sont sous contrôle judiciaire. Cela va de l’obligation de résider chez les parents, de pointer toutes les semaines au commissariat, à l’interdiction de se voir et de sortir du territoire. Ces mesures restrictives ne sont pas les mêmes pour tout le monde, une incohérence de plus qui prouve le caractère aléatoire et opportuniste de cette justice. Évidemment, elle tente encore d’isoler, d’atomiser et d’éviter toute réaction collective face à des accusations. S’institue alors la temporalité de l’instruction, faite d’immobilisme et de longue attente où un des moyens pour mettre en place un rapport de force passe par le juridique. Des demandes d’aménagement et de main levée de contrôle judiciaire sont répétées, le juge d’instruction et le parquet maintiennent la pression. Une fois de plus on voit une procédure basée sur des intimes convictions de juges et de procureurs voulant absolument faire peur et faire réfléchir à deux fois avant de lutter. Prouver que des gens sont coupables ou innocents ne les intéresse que très peu. Susciter l’immobilisme et le formalisme, voire la résignation de tou.te.s les pauvres et les agité.e.s, en revanche leur tient à cœur. Rester solidaires et faire bloc ensemble est un autre moyen de lutter face à la machine judiciaire et ne pas trop se laisser écraser.
On vous tiendra au courant quant aux suites de ces démêlées judiciaires même si nous n’en n’attendons rien.

Nous ne sommes pas les seules dans cette situation, nous sommes bien conscien.te.s que nous avons les moyens de nous exprimer, dans certains réseaux et de demander de la solidarité. On aimerait juste que ces histoires judiciaires, concernant un certain milieu, ne nous fassent pas oublier la somme énorme de personnes qui se prennent la massue du code de procédure pénale dans la gueule.

Un gros big up à elles et eux.

« La justice nique sa maire, le dernier juge que j’ai vu
avait plus de vices que le dealer de ma rue… »
ou
,
On les emmerde

Des proches des inculpé.e.s de Labège

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[Publié sur le Blog de soutien aux inculpé-e-s de Labège le 13 mars 2013]

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[ZAD] Attaque d’un chantier : à la masse contre l’aéroport et son monde !

Attaque d’un chantier de déviation de ligne, le 10 mars 2013, sur la ZAD.

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Le dimanche 10 mars 2013, nous sommes allé-e-s nous promener sur le tracé du futur barreau routier (croient-ils!). Sourires aux lèvres, regards complices,… nos interrogations, nos peurs, nos doutes atténués par une joyeuse détermination et une confiance mutuelle.
Nous nous sommes rendu-e-s sur un chantier de déviation de ligne, derrière Terre-Neuve, qui s’inscrit dans le cadre de la construction du barreau routier.
Nous étions une centaine de tous horizons, de tous ages, avec ou sans terre, avec ou sans salaire, avec pour points communs notre détermination de ne pas laisser les travaux commencer et nos k-ways sous les capuches desquels se logeait un mélange explosif de diversité subversive.

– Les bornes et les piquets de géomètres ont été arrachées.
– un stock de gaines a été percé et rendu hors d’usage
– les câbles et leurs futurs embouts de liaisons ont été sectionnés
– six poteaux électriques en béton armé ont été copieusement fracassé à la masse. Chaqu’un-e se relayait avec engouement, les outils passait de main en main.
– pour le plaisir l’un des poteaux a été abattu, tombant au sol sous les cris de joie.
Lorsqu’il n’y avait plus rien à déplacer, déterrer, éclater, couper ou détruire, nous sommes rentré-e-s en chantant et en cueillant les champignons oranges laissés par les géomètres sur le reste du tracé.

Le barreau routier, c’est un fantasme de 4 voie griffonné sur une carte par quelques aménageurs qui croient tout planifier.
C’est l’axe de communication censé permettre :
– à court terme : l’acheminement du matériel et des machines pour la construction du futur aéroport du Grand-Ouest.
– à long terme : assurer une liaison entre les axes Nantes-Rennes et Nantes-St. Nazaire, reconstituant l’un des segments d’une deuxième ceinture périphérique autour de la métropole nantaise.
A part aux extrémités, les travaux préliminaires (fouilles archéologiques, forages géotechniques) n’ont pas commencé sur la majeure partie du tracé.

S’ils sont parvenus (pour l’instant) à réaliser des fouilles et des forages protégés par une armada de gendarmes, il leur faudra balayer l’occupation et les constructions qui fleurissent sur le tracé de leur 4 voie imaginaire pour continuer d’avancer dans les travaux.

L’attaque de dimanche dernier cible les toutes premières étapes du chantier du barreau routier : déviation de lignes et élargissement des routes connexes.

Le projet de ligne endommagé l’avait déjà été le mois dernier, comme a pu le constater un groupe en ballade sur le barreau le 2 février 2013. L’aéroport est prévu pour 2017 s’ils mettent plus d’un mois à poser sept poteaux électriques, les travaux sont décidément bien engagés !

Attaquer dès maintenant le barreau routier, cela signifie :
– que défendre la zone et lutter contre l’aéroport et son monde ce n’est pas uniquement occuper la ZAD, y vivre dans l’attente des expulsions. C’est construire une offensive par des pratiques de résistance active à l’avancée des travaux !
– que le mouvement ne se laissera pas facilement neutraliser par les pièges tendus par le pouvoir. Comme la commission de dialogue en cours, avec son cortège de négociations, d’accords, de compromis, de possible moratoire et autres arnaques.
– que nous jubilons et que nous recommenceront jusqu’à ce que les décideurs ne dorment plus la nuit à l’idée que chaque étape infime des travaux nécessite une présence policière permanente, que chaque chose construire peut être détruite, qu’il leur faudra des dizaines d’années, des milliards d’euros et des régiments s’ils veulent construire cette aéroport.
Même l’abandon du projet ne permettra aux décideurs ni de reprendre sans résistance les terres que nous habitons et que nous cultivons en commun, ni d’anéantir les liens tissés entre ce bocage et les collectifs partout ailleurs.

Quand armé-e-s de masses, ingouvernables, nous frappons votre béton, c’est tout l’édifice de la Métropole qui vibre et se craquèle !

Quelques membres de la Commission de Dialogue à la Masse

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[Trouvé sur Indymedia Nantes le 12 mars 2013]

 

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