[Publications] Sortie de “Subversions”, revue anarchiste de critique sociale

Le n°1 de “Subversions” vient de sortir (septembre 2012). Cette revue anarchiste de critique sociale fait 52 pages, et tourne du côté des distros au prix de 2,5 euros l’exemplaire, 10 euros les 5 exemplaires et 15 euros les 10 exemplaires. On peut écrire à subversions((A))riseup.net pour se la procurer, ou à Subversions – c/o Bibliothèque Libertad – 19 rue Burnouf – 75019 Paris. Pour avoir une petite idée de son contenu, voilà l’édito et le sommaire.

Edito :

Encore une revue ? Pas tout à fait. D’un côté, il nous semble qu’au moment où les idées tendent toujours plus à devenir des marchandises ou de simples opinions (virtuelles qui plus est), continuer à faire circuler par écrit quelques réflexions reste plus que jamais nécessaire. D’un autre côté, si on peut toujours tenter de disséquer à l’infini la énième restructuration en cours de la domination, la question serait également d’affiner nos angles d’attaque pour mieux lui porter des coups. Théorie, agitation, analyse ou propositions se mêleront donc en un mélange que nous souhaitons subversif.

Le fait que certains textes soient publiés ici ne signifie pas nécessairement que nous en partagions l’intégralité, car il nous importe davantage de susciter des discussions qui rompent avec l’activisme mouvementiste ou avec les spéculations autoritaires. Cela pourrait être aussi une manière d’explorer quelques pistes, tout en sachant que c’est dans notre vie même, au quotidien, que s’élaborent les hypothèses révolutionnaires avec toutes les conséquences qui en découlent.

Encore une revue ? Peut-être. Mais en tout cas un instrument supplémentaire pour intervenir dans la guerre sociale, de l’intérieur d’une conflictualité qui tend aussi à échapper aux récupérateurs traditionnels en se développant dans toutes les directions. Une petite contribution pour approfondir, en quelque sorte, les mauvaises passions d’une liberté démesurée pour toutes et tous.

Sommaire :

Pot-pourri • Discours sur la méthode. La lutte avec des harragas à Paris • Aux insoumis de la pacification sociale • La répression et son petit monde • A l’air libre • Dans le marécage

Démocratie • Démocratie blues • Le criminel c’est l’électeur • Crève la démocratie ! • Des pavés dans les urnes • Il fallait se décider à lutter • Quelques apports pour un dépassement de la démocratie • Le plus violent de tout serait de retourner à la normalité • L’incendie

Focus • Un retour sur l’insurrection et ses contours • Sur quelques vieilles questions d’actualité parmi les anarchistes (et pas seulement) • Quarante

Fil de l’histoire • Blanqui ou l’insurrection d’Etat

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[Publié par les Brèves du désordre, le 24 septembre 2012]

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[Pour mémoire] Oui, mais au fond qu’est ce que vous voulez ?

Traduit de l’italien.
Texte paru Adesso, feuille de critique sociale, Rovereto, 6 septembre 2004, numéro 19.

Repris dans « A couteaux tirés », Mutines Séditions 2007.

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[Marseille] Propos d’un ex-retenu du CRA du Canet

Retranscription de la parole d’un ex-retenu

T’étais dans le centre cet été ?
Oui, j’y ai passé vingt-cinq jours.

C’était quoi l’ambiance générale dans le centre ?
Entre nous c’était bien, mais entre nous et les flics, c’était autre chose. On se disputait toujours. Des fois, ils nous frappaient, dans les chambres, parce qu’il n’y a pas de caméras. C’était toujours comme ça, ils insultent les gens. Et on pouvait rien faire.
On peut se voir toute la journée, on est tous ensemble. C’est pareil, on est musulmans, on est tous des frères. Il n’y a pas de racisme entre nous, c’est pareil entre le Noir, l’Afghan, le Tunisien, Français, entre tout le monde.

Est-ce que ça peut arriver que les flics soient gentils avec certains retenus pour en faire des balances ?
Il y avait une balance avec nous. Tout le monde le connaît, on parle pas avec lui. Oui, les flics sont gentils avec lui, en plus, il est sorti avant moi !

Forum Réfugiés, qu’est-ce que tu en penses ?
La vérité, j’aime pas ces gens parce qu’ils font semblant d’aider les gens mais ils font des problèmes.

Le médecin et les médicaments dans le centre ?
Premièrement, il n’y a pas de docteur, y’a des infirmières, j’sais pas, des aides soignantes. Une fois, je jouais au ballon, je suis tombé sur le genou. J’ai demandé à voir le docteur. J’ai vu une infirmière qui m’a donné des cachets pour dormir. Je sais pas moi, ils pensent que tous les gens sont fous, ils donnent des cachets à tout le monde, des cachets pour dormir.

Cet été, il y a une Marocaine qui a failli mourir. Est-ce que dans le centre les autres retenus étaient au courant ?
Non, on n’était pas au courant. On a rien entendu, les flics, ils nous disent rien. Chaque bloc est séparé des autres, on peut pas se parler, on peut rien faire. Juste se voir derrière la fenêtre.

Cet été, y’a retenu qui a cassé la télé dans la salle commune ?
La vérité, tu ne peux pas casser la télé comme ça. Des fois, tu te disputes avec les flics, ils te frappent dans les chambres. Parce que tu peux rien faire, tu vas casser la télé, des trucs. Tu vas brûler des matelas. Il faut faire quelque chose, comme ça ils ne prennent pas confiance. On est toujours là, on est toujours là contre eux. C’est mon dernier mot.

Y’avait beaucoup de bagarre avec les flics, mais est-ce que c’était des retenus tout seuls qui se battaient ?
La vérité, chacun est seul. Y’en a qui ont peur, d’autres qui vont bientôt sortir, chacun fait ce qu’il veut, on peut pas les obligés les gens à frapper avec nous. Quand j’étais là-bas, y’a deux collègues qui se sont fait expulser. On a quand même essayé de faire quelque chose dedans. On a essayé de les aider, d’empêcher les flics de les ramener. Dommage, mes collègues sont rentrés en Tunisie, ils vont bientôt revenir !

Quand des retenus refusent l’embarquement, ils les scotchent ?
Oui, y’a un mec que j’ai connu, il a été expulsé, il a été scotché comme une momie. Il a été envoyé en Algérie. Il avait refusé le premier embarquement, au deuxième, il a été expulsé.

Est-ce qu’il y a des parloirs sauvages au centre ?
Mes collègues qui n’ont pas de papiers en fRance sont venus me voir derrière le mur. Ils ont essayé de m’aider, je les remercie.

Ça arrive souvent ?
Oui, c’est toujours comme ça. Y’a pas que moi, d’autres prisonniers que viennent voir leurs copains ou copines. Y’a des femmes qui viennent aussi derrière les murs. Pour faire les visites, il faut des papiers, sinon tu rentres pas.

T’étais au centre pendant le rassemblement le 4 août ?
Oui, j’étais là. C’était un ambiance à l’intérieur, on voulait mettre le feu. On a entendu la manifestation. Les flics sont venus. Même la commandante est descendu pour nous voir. Elle nous a parlé :  « pourquoi vous faites ça ? Si y’a une manifestation, vous ne faites rien, vous écoutez, c’est tout. La vérité, il surveille plus, pendant le rassemblement ils sont rentrés dans le bloc parce qu’ils ont eu peur.

Maintenant que tu es sorti, c’est quoi le quotidien d’un sans-papiers à Marseille ?
Je ne sort pas la journée, que la nuit. Les gens ils ont peur des contrôles. En plus en 2013 c’est la capitale de la Culture. De plus en plus de travaux. Pour préparer tout ça, les flics ils essaient de nettoyer un peu ceux qui n’ont pas de papiers.

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[La Rochelle] Le DAL 17 : cogestionnaire, pacificateur social ou sous-marin du PS ?

[Rappel de cestdejatoutdesuite :

[Pour mémoire] sur le DAL :
“(…) L’idée de légaliser les squats n’est pas nouvelle et s’exprime par exemple depuis plusieurs années par la voix du DAL (Droit au Logement). Créé en octobre 1990 à partir des luttes de la place de la Réunion, en scissionnant une partie des familles pour s’allier avec les caritatifs comme Emmaüs et négocier avec l’Etat, le DAL s’est érigé en spécialiste de la cogestion de la misère. A partir de l’occupation de la rue du Dragon (Paris-6e), profitant de la campagne pour les élections présidentielles, s’appuyant sur des «personnalités» médiatiques, le DAL a fait du lobbying pour ressusciter une ordonnance de 1945 sur la réquisition de logements vides. Dès lors, il ne s’agira pas de réappropriations ou d’occupations mais simplement de réquisitions, appelant l’Etat à se saisir lui-même de ces immeubles, pour en confier ensuite la gestion -la surveillance- à des associations comme Emmaüs, le DAL, l’Armée du Salut, etc… Ainsi, il n’est jamais question pour lui de squatter des immeubles mais plutôt de faire des coups médiatiques afin de caser ses listes dans celles de l’Etat. De même, le Comité des Sans-Logis, issu d’une scission de la Coordination des Sans Abris fin 1993 avec l’aide du DAL (dont il fit officiellement partie jusqu’en 1996), précise bien qu’il n’est pas question de squatter, mais bien d’appliquer cette ordonnance, puis de travailler main dans la main avec l’Etat. Le DAL et le CDSL (qui s’occupe des célibataires), depuis plusieurs années, occupent donc le terrain de la légalité et de la cogestion, y compris pour les HLM (à Paris, le DAL trie parmi ses familles celles qui se verront attribuer un HLM par l’OPAC). (…)”

[Extrait du texte « Squats : lutter ou légaliser ? » paru dans Cette Semaine n°80, mai/juin 2000]

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Le DAL 17 : cogestionnaire, pacificateur social ou sous-marin du PS ?

A la Rochelle, on commence à se demander ce qui se passe du côté du comité DAL 17. Des articles de presse, des mails de la préfecture et des poignées de main avec les Renseignements Généraux ont fini par nous alerter. Le comité DAL 17 s’est créé à l’automne 2010. Dès le début, un visage, un nom sort du lot, Mehdi El Bouali. Président, porte-parole et responsable à la fois, Mehdi est partout. Dans la presse, au local si gentiment accordé par la Mairie, dans la rue, dans les squats … Mehdi aime être aimé et respecté. Autant du côté de la préfecture et des flics que du côté de ceux qu’il appelle les « squatteurs anarchistes ».

Au départ, il se dit que quand on arrive dans une ville comme la Rochelle, bobo-fliquée à mort, il faut trouver ses marques, serrer des mains et se faire respecter. Le respect. Voilà le mot préféré de Medhi. Respect de tous, même des pires ordures. Respect des flics, des directeurs de cabinet, des présidents des offices d’HLM, des proprios véreux qui exploitent des sans-papiers et les logent dans des caves. Mais qu’en est-il du respect des idéaux, du respect de la dignité humaine, du respect de sa propre dignité ?

Alors Medhi parle. Il parle aux RG, il nous parle. Il nous parle des RG. Probablement qu’il leur parle de nous aussi puisque, jusqu’ici, il a été autorisé à rentrer chez nous, contrairement à eux. Et puis il parle aux journalistes. Il les aime bien les journalistes. Et eux aussi l’aiment bien le Medhi, ils le brossent dans le sens du poil, lui fond dire ce qu’ils veulent, pourvu que sa photo passe dans Sud Ouest.

Alors Medhi parle. Il dit notamment : « C’est travailler au noir ou voler. Qu’est-ce qui est préférable ? » à propos du brave sans-papier qui travaille 10 heures par jour pour 20 euros (Sud Ouest, 10/09/12). Et après, il s’étonne devant nous qu’une dirigeante d’un office d’HLM lui demande de traiter des dossiers, de gérer des familles, en lui disant « Avec vous, au moins, ils filent droit. » Et en effet ils filent droit, comme l’explique le représentant du DAL17 à la presse : « On leur fait comprendre qu’un loyer, ça se paie. On les défend mais on exige d’eux une certaine rigueur. Grâce à trois entreprises avec lesquelles nous travaillons, notamment ISO couverture, on resocialise des gens qui n’avaient plus travaillé depuis des années, voire jamais travaillé. Et on les oblige à téléphoner tous les matins à 7 h 30 pour s’assurer qu’ils tiennent parole » (Sud Ouest 11/09/12).

Jean Baptiste Ayrault, président du DAL National, n’est pas connu pour être un violent anarchiste ni un grossier personnage. Pourtant, au DAL 17, on le considère comme « un furieux ». Et ça se ressent jusque dans la presse locale qui estime que « les propos définitifs et péremptoires du président national du DAL, Jean-Baptiste Ayrault, ne font pas forcément avancer les choses : « Il n’est pas possible d’expulser d’un logement social. » » Mais heureusement, « Mehdi El Bouali, le représentant local du DAL, est beaucoup plus nuancé. Certes, il est hostile aux expulsions […] mais il tient à dire que jamais, dans le département, le DAL ne laisse entendre aux gens que le paiement du loyer « est accessoire » » (Sud Ouest, 10/09/12). Le paiement des loyers n’est pas accessoire, donc. Ils n’ont qu’à payer, ils ne se feront pas expulser. Ainsi grâce au DAL17 un arrangement a pu être trouvé entre une jeune mère de famille et son bailleur : sa dette de loyers impayés sera échelonnée en échange d’une augmentation du loyer de 40 euros par mois (France 3 Atlantique, 10/09/12). Cette famille pourra donc rester un peu plus longtemps dans son HLM si elle paye un peu plus cher. Medhi fait toujours la différence entre les gentils qui voudraient payer mais ne peuvent pas et les méchants, ceux qui pourraient mais ne veulent pas. « Pour moi, le principe qui consiste à payer des gens à rien f…, ça ne va pas », assène M. El Bouali. « L’idée, c’est que s’il y a un droit, il y a aussi un devoir. » (Sud Ouest, 11/09/12).

Dans le même article, on lit aussi que « les relations sont désormais au beau fixe avec la préfecture qui, assure le DAL, « ne prend la décision d’expulser que quand elle a tout essayé. » » C’est assez ahurissant, pour nous, de lire pareilles inepties alors que la veille au soir, Medhi, qui était passé boire un verre chez nous, s’indignait (oui, Medhi aime beaucoup s’indigner) que la préfecture lui ait envoyé un mail contenant des informations personnelles sur une famille qui ne payait plus son loyer en lui demandant de prendre contact avec cette famille pour savoir s’il n’y aurait pas quelque chose à faire. La préfecture (l’adresse mail nous certifie qu’il ne s’agit pas d’un canular) pousse le vice jusqu’à lui demander de la prévenir si aucune issue de sortie de crise n’est envisageable. En gros, Medhi, vas-y, va voir les cas sociaux qu’on arrive plus à gérer, va leur causer, va les « responsabiliser » comme tu aimes tant le dire dans la presse. Et surtout, dis-leur bien de payer, de pas voler, de travailler, même au black, on s’en fout, c’est bon pour les patrons et donc pour l’économie. Et s’ils sont vraiment irrécupérables, passe-nous un coup de bigo pour nous donner le feu vert et on envoie les huissiers. Pense à zieuter au passage s’il y a des objets de valeur, tant qu’à faire !

Alors Medhi tiendrait-il un double langage ? Quand il nous dit qu’il va se radicaliser, quand il nous dit qu’il s’est trompé, qu’il s’est fourvoyé, qu’il s’est trop compromis, est-il sincère ? Pour qui travaille réellement Medhi El Bouali ? On ne sait plus trop. En tout cas, on sait que sur Facebook (car oui le DAL17 utilise Facebook pour parler de ses actions, c’est plus pratique pour les copains de la Police à qui on sert la main tous les jours, de savoir qui était là), Medhi, pardon, le DAL 17 (on les confond à force), est membre du Comité de soutien à Olivier Falorni… On ne savait pas que c’était dans les habitudes du DAL de soutenir des socio-démocrates aux élections locales.
Enfin bref, soyons sérieux, il y a quelque chose de pas très net au DAL 17. Quelque chose qui pue le copinage, qui pue la paix sociale, qui pue le social tout court. Alors on se demande jusqu’à quel point est-il capable de se compromettre pour des « résultats », c’est-à-dire le relogement de familles qu’on va pouvoir continuer à presser comme des citrons. Et à quel niveau la compromission devient-elle juste de la cogestion.

Le DAL est-il toujours un mouvement de contestation ou est-il devenu un service public de gestion de la misère ?

Des squatteurs de la Rochelle.

sudouest.fr/2012/09/10/ils-travaillent-au-noir-plutot-que-de-mendier-816144-1391.php
sudouest.fr/2012/09/10/comment-eviter-les-expulsions-816344-710.php
sudouest.fr/2012/09/11/dur-dur-de-bien-se-loger-817307-1391.php

[Publié sur Indymedia Nantes le 11 septembre 2012]

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[Barcelone] Sabotages de DAB et tags

Communiqué : Le bruit de la rue #1

Si on nous demandait comment nous voudrions que le monde fonctionne, nous pourrions probablement affirmer qu’il nous plairait que l’appui mutuel, la collaboration, la collectivisation et l’autogestion soient les méthodes utilisées, mais nous pensons qu’aujourd’hui un changement progressif est impossible et n’arrivera pas tout seul. On doit créer une situation qui favorise le changement. Certains continuent de balbutier « on a du mal à y croire », alors qu’on voit dans les rues comment la police, payée avec les impôts des contribuables et déjà militarisée, torture et tue nos compagnons. Nous avons décidé il y a un certain temps d’élargir notre éventail de tactiques à l’utilisation de l’action directe comme le sabotage, l’expropriation, l’usage de la force si nécessaire pour nous défendre. Nous ne considérons pas ce chemin comme le seul possible, mais que de cette manière s’agrandit de beaucoup notre possibilité de créer une situation de changement.

Nous voyons fleurir quelques groupes d’affinité dans notre ville qui illuminent nos yeux, tentatives de récupération des vieilles Fédérations et des discussions sur la meilleure manière de s’organiser.

Lorsque le matin nous voyons un directeur d’agence bancaire qui s’arrache les cheveux en se plaignant que quelqu’un a tagué les vitres et brisé l’écran du distributeur de billets, lorsqu’à un coin de rue nous voyons à l’aube comment ils éteignent le reste d’un feu, lorsque nous voyons comment ils effacent avec une rapidité miraculeuse des milliers de tags sur les murs de toute la région ou lorsque nous contemplons avec un sourire une voiture en feu en sachant que, pour une nuit, juste pour une nuit, un des doigts de la main qui est responsable de l’oppression qui ne nous laisse pas dormir en paix fera aussi des cauchemars… Petit à petit augmente l’explosion d’actions et de personnes qui commencent à utiliser ce chemin comme une possibilité et une nécessité.

Nous proposons l’action même comme forme de communication et d’expression, même si son organisation est difficile vue la répression actuelle, et espérons une diversification des actions jusqu’à ce que viennent des jours meilleurs. Nous pensons qu’elles se déchaîneront petit à petit comme un degré supplémentaire d’expression de la lutte. Même si les critiques sont inévitables, espérons que le fond et le message de l’attaque sont clairs.
Nous n’avons plus peur.

Avec ce communiqué, nous souhaitons informer des sabotages suivants :

– Plus d’une centaine de distributeurs de billets dans les quartiers de Barcelone et des alentours au cours des mois de juin, juillet et août en brisant leurs écrans ou en brûlant des objets à l’intérieur des halls.
– tags contre les sièges de partis politiques et les Hôtels de luxe.

D’ici, un salut aux compagnon-ne-s en lutte : Lobos Negros, Anarquistas Nihilistas de Barcelona, Las Nadie [groupes qui ont revendiqué des attaques à Barcelone en 2012. Les Loups noirs ont revendiqué en mai et juin des incendies de véhicules d’entreprise de sécurité et entre juillet et août 50 DAB détruits].

Le poing levé,
la Milicia Negra

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[Publié par liberaciontotal le 9 septembre 2012, traduit de l’espagnol par les brèves du désordre]

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Témoignages audio du CRA du Canet à Marseille

Propos recueillis le soir du rassemblement devant le CRA du Canet à Marseille, le 8 septembre.

Tu étais dans le centre pendant le rassemblement ?

Oui, dedans, on a commencé à crier, taper sur les portes, on a arraché les chaises, on a tout fait on a arraché les chaises, elles sont fixées par terre avec des boulons.
La commandante est descendu pour nous calmer, elle a dit : « ils se servent de vous dehors, vous êtes ici pour 45 jours maximum, ne vous suicidez pas… pour 45 jours vos familles ont besoin de vous », elle a commencé à nous calmer.

Qu’est-ce que vous en pensez que des gens viennent faire du bruit devant le centre ?

Ça nous fait du bien, on se sent bien, il y a des gens qui pensent à nous dehors, il y a des êtres humains qui pensent encore aux autres, ça fait plaisir, on était très contents.

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Ça fait trois jours qu’on n’a pas mangé, parce qu’il y a un collègue qui a été frappé hier par la police.
Il a été frappé à coups de poing, à coups de pied, par terre. Le mec, il était à poil.
Y’a un policier qui lui a manqué de respect, il lui a dit : « je t’encule », après les policiers lui sont tombés dessus à coups de pieds, à coups de poings, à coups de matraque, les autres retenus ont jeté la nourriture, ils ont fait la bagarre, ont fait tombé la porte. Ça, c’était hier soir (le vendredi 7 septembre) à 18h. Depuis on refuse de manger, ça fait trois jours, c’est la grève de la faim. Il y a que deux mecs qui mangent, un malade du diabète et un vieux, mais nous tous on fait la grève de la faim, ni on mange, ni on boit. C’est que dans le bloc où il y a l’embrouille, aujourd’hui, tout le centre n’a pas mangé. On veut faire la grève de la faim jusqu’au bout. Y’a l’avocate de Achour qui est venu aujourd’hui, il a déclaré la grève de la faim au docteur, à l’avocate, devant la commandante.

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Comment ça c’est passé pour vous là, pendant le rassemblement ?

Ils se sont calmés parce que vous êtes dehors, ils vont attendre que vous partiez, comme ça ils reviennent et ils nous frappent. Il y a un policier noir, il est costaud, il nous frappe, il nous pousse. Mon collègue il a une trace sur le ventre. Ils ont fait de la merde là. Tous les jours ils changent les équipes, toutes les équipes, elles nous frappent, elles nous insultent. On mange comme les chiens.
Tous les jours, là, ça fait trois jours, ils nous font la misère tous les jours. Tous les soirs ils font la merde.

Pour les blessures, il faut que tous les gens blessés aillent voir le médecin pour les faire constater.

On l’a fait aujourd’hui, quand on a demandé le docteur pour faire des certificats médicaux, ils ont dit non, ils ont peur. On fait la grève de la faim.
Hier, ils ont frappé pour de bon. La vie de ma mère, y’a pas de caméra.
C’est grave.
Ils ont frappé beaucoup de gens, moi et deux collègues, et l’autre, ils l’ont mis à poil et ils l’ont traîné jusqu’en bas (à l’isolement) en lui donnant des coups de pieds dans le visage.

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[Marseille] Lutte de CRAsse (brochure)

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Feu à l’État

Dijon, Place Wilson, Juillet 2012

[Trouvé sur le Jura Libertaire, 7 septembre 2012]

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Forum Réfugiés : rapaces et charognards de la machine à expulser…

Forum Réfugiés est une association qui travaille à l’intérieur du centre de rétention. Avec les médecins, ce sont les seuls intervenants civils dans le centre. Leur fonction est soi-disant de suivre les dossiers juridiques des retenus et de les aider dans leurs recours, de veiller à ce que les conditions légales de rétentions soient appliquées, de faire le lien avec les proches si les retenus le leur demande … Bien loin d’aider les retenus, cette association, comme toutes celles qui travaillent dans les centres de rétentions, sert juste de caution humanitaire à l’État.

Mais Forum Réfugiés ne se contente pas seulement d’être un vautour de la machine à expulser et de se payer des salaires sur le dos des migrants enfermés. Forum Réfugiés est un acteur de cette machine à expulser , au même titre que la police, les entreprises qui participent aux expulsions, celles qui travaillent dans les centres ou qui les construisent ( Bouygues, Sodexo, Accords, Air France, SNCF, SNCM, CTN,…).

Ces derniers temps au centre de rétention du Canet à Marseille, cette association s’est particulièrement appliquée, à saboter les démarches juridiques et administratives des retenus. Des recours envoyés avec quelques minutes fatidiques de retard, alors qu’ils étaient en mesure de faire ces envois dans les temps. Des formulaires de demandes d’asile fourni une fois sur deux. Des dépôts de plaintes, faites par les retenus, qui ne sont pas enregistrées. Des refus de communiquer aux proches certains renseignements, dont ceux concernant les dates d’expulsions. Ils vont même jusqu’à nier, devant des avocats, l’incendie du 1er septembre. Pour qu’ils pondent un communiqué sur les conditions de rétentions, il aura fallu qu’il y ait presque mort de femme, cet été.

Vêtue d’un uniforme bleu, d’une blouse blanche ou d’une étiquette humanitaire, la répression sera toujours la répression. Ses agents serviront toujours les intérêts de l’État : la meilleure des polices ne porte pas l’uniforme !

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[Note de cestdejatoutdesuite : sur Forum Réfugiés et ses concurrents, on relira « La grande loterie des camps »]

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[CRA du Canet] D’incidents en incendie

Les incidents se succèdent dans la prison pour sans-papiers du Canet à Marseille : refus d’embarquement, destructions de matériel, incendie, résistances individuelles et collectives.
Le centre est surpeuplé, les flics insultent et tabassent quotidiennement. Les retenus sont gavés de médicaments (anxiolytiques…). Les tentatives de suicides et les actes d’automutilations sont courants. Lorsqu’ils résistent aux expulsions, ils sont ligotés et bâillonnés au scotch. La bouffe est périmée, etc.
La lutte à l’intérieur trouve un écho à l’extérieur : prises de contacts avec les retenus, relais de la situation, soutien juridique, parloirs sauvages, rassemblements…

Si nous luttons aux cotés des retenus, ce n’est pas pour obtenir de meilleures conditions de rétention, mais pour détruire toutes les prisons.
Si nous dénonçons les violences policières, ce n’est pas pour réclamer une police respectueuse des droits de l’homme. La fonction de la police, c’est de protéger la violence des intérêts des classes dominantes, c’est de défendre la violence de la propriété privée, d’empêcher toute tentative de révolte, de nous forcer par la peur et la répression à accepter les règles d’un jeu truqué. La violence de ce système nous la subissons tous les jours et les gardiens de la paix sont ceux de la guerre sociale contre les pauvres.

Dans les rapports de domination et d’exploitation capitaliste, les sans-papiers, sont utilisés par l’Etat patron pour faire baisser le prix de la main-d’œuvre et niveler vers le bas l’ensemble des conditions de travail.
Les sans-papiers sont une population utilisée dans le but de normaliser et faire accepter les dispositifs de contrôle qui s’étendent à toutes les classes dominées (rafles dans les quartiers, fichiers internationaux, obligation de se soumettre à tout un tas de formalités administratives…).

Être solidaire des sans-papiers en lutte, c’est comprendre que nous avons les mêmes intérêts contre ce système qui nous domine et nous exploite.
Être solidaire des sans-papiers en lutte, c’est se battre contre l’ensemble des dispositifs de contrôle et de répression que nous subissons.
Être solidaire des sans-papiers en lutte, c’est lutter contre les séparations, celles qui font que les pauvres s’entre-tuent pendant que la domination s’étend.

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La vie dans le centre
« Ils nous frappent beaucoup, et ils nous menacent Ils nous traitent comme de la merde, en ce moment, tous les jours ils fouillent nos cellules, ils nous frappent et foutent tout en l’air, ils ouvrent les cellules à 6h du matin et les ferment à 23h, c’est une cage à poules. Pendant le ramadan, ils ne voulaient pas donner aux gens leurs médicaments, ils donnent peu de bouffe et même pas hallal, le médecin vient seulement une heure par semaine. Si quelqu’un proteste, ils lui donnent des cachets et l’isolent dans une pièce. »

les expulsions
« Ils ont expulsé François et un autre mec en même temps. Ils les ont entourés de scotch, et ils les ont expulsés un matin. »

les coups de pression
« Les gens voudraient s’évader, mais là c’est difficile. Ils ont ajouté des flics en renfort, il y a beaucoup de surveillance en ce moment, si tu voyais à quel point c’est surveillé, t’aurais le vertige, y a plein de flics. »
« Le matin ils m’ont emmené au tribunal, à 8h30, on était trois, ils nous ont menottés les uns aux autres, j’ai protesté, ils m’ont dit « toi tu parles beaucoup alors que les autres se taisent » et ils m’ont fait entrer seul dans un bureau, ils m’ont dit « écoute, attention on connaît tout sur toi et on connaît tes amis qui sont dehors, on sait tout sur eux, et bientôt on pourra t’envoyer au Baumettes. »

l’incendie et ses suites
« Samedi, à 21h, après le dîner, un feu a été allumé au deuxième étage, et le bloc du deuxième étage a brûlé en entier, ils ont mis tous les retenus de ce bloc dans les deux blocs du bas. Du coup, ils ont mis 3, 4, 5 retenus dans chaque cellule et on dort tous par terre. Ils ont arrêté un algérien, ils l’ont envoyé aux Baumettes, et il y a des gens qui ont été mis à l’isolement. Ils sont en train de faire une enquête, à chaque fois ils mettent quelqu’un à l’isolement et l’interrogent en lui parlant des images des caméras. Ils les menacent de les envoyer aux Baumettes à cause de l’incendie. On ne sait pas ce qu’il veulent en faire de ces gens qu’ils ont mis à l’isolement.
Hier, ils sont venus chercher quelqu’un dans notre bloc en l’accusant d’avoir fait passer un briquet avec une ficelle du deuxième étage. On a dit qu’on avait vu aucun briquet passer dans notre bloc. (…)
Ils nous menacent à longueur de temps, nous fouillent et fouillent nos cellules. Ils cherchent des briquets. Ils nous disent que si on fait entrer un briquet, on sera expulsés à coup sûr. Jusque-là on attend, on ne comprend rien à ce qui se passe. (…)
Ils ont mis en renfort un nombre hallucinant de flics. C’est une nouvelle équipe, ils ne se comportent pas bien. Toutes les deux secondes ils interrogent quelqu’un et lui demandent s’il a briquet ou s’il sait qui a un briquet, et jusque-là on ne comprend rien. »

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