Le 25 mai à Chambéry : un procès parmi bien d’autres

C’est l’histoire banale d’un accident qui mériterait pas vraiment qu’on s’y arrête, si l’Etat n’était pas venu y fourrer son gros nez. Si les polices européennes n’avaient pas fait de l’ultra-gauche l’une des nouvelles menaces terroristes prioritaires. Une histoire tragique qui aurait pu rester entre nous, avec des regrets. Une expérience qui tourne vinaigre.

Dans la nuit du 30 avril au premier mai 2009, à Cognin, près de Chambéry, soufflé-e-s par l’explosion d’un engin explosif artisanal, Zoé mourait, presque sur le coup, tandis que Mike, grièvement blessé, parvenait à sortir de l’usine abandonnée dans laquelle ils se trouvaient.

La police et les secours débar­quent vite sur les lieux, aler­tés par le voi­si­nage. Mike et le corps de Zoé sont iden­ti­fiés. Manifestement, l’addi­tion des dos­siers de nos deux cama­ra­des et de leur impli­ca­tion dans un acci­dent de ce type fait sonner quel­ques sirè­nes d’alerte à Paris, à la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI), qui héberge la Sous-Division Anti-Terroriste. Dès le len­de­main arri­vent donc à Chambéry les fonc­tion­nai­res char­gés par l’État de lutter contre les mena­ces à son encontre. Quelques jours plus tard, trois per­qui­si­tions sont exé­cu­tées dans trois mai­sons squat­tées. Celle où vivait Zoé, un lieu d’habi­ta­tion pour quatre per­son­nes devant lequel res­tait en géné­ral garé le camion de Mike, ainsi que Les Pilos, lieu d’habi­ta­tion et d’acti­vi­tés proche du centre-ville.

Mike est déjà placé en déten­tion pré­ven­tive au régime grand blessé à l’UHSI (Unité Hospitalière Sécuritaire Inter-régio­nale) de Lyon. Il y res­tera deux mois. Puis Raphaël, Joris, William, et N1N1 seront suc­ces­si­ve­ment inter­pel­lés, dans des condi­tions variées. Tous, à l’excep­tion de William, pas­se­ront un moment en tôle. Respectivement un mois et demi, deux semai­nes, et trois mois. Tous seront ensuite placés sous contrôle judi­ciaire, sous un régime plus ou moins strict (assi­gna­tions à rési­dence chez les parents, inter­dic­tion de se ren­contrer, de sortir de tel et tel dépar­te­ment ou de France, obli­ga­tion de poin­ter chez les flics du coin toutes les semai­nes…).

En 2011, les gros malins du par­quet anti­ter­ro­riste de Paris se décla­rent incom­pé­tents, tout penauds de n’avoir pu trou­ver la preuve acca­blante qu’un atten­tat se pré­pa­rait dans les cui­si­nes des squats locaux. La fin de l’ins­truc­tion est alors confiée au tri­bu­nal de Grande Instance de Chambéry, qui accepte la levée de tous les contrô­les judi­ciai­res, sauf celui de Mike.

Enfin, une convo­ca­tion tombe pour le 25 mai, toute la jour­née, devant un tri­bu­nal cor­rec­tion­nel de Chambéry.

C’est là qu’on vou­drait invi­ter celles/ceux qui le vou­dront à faire le dépla­ce­ment, soit pour assis­ter aux audien­ces, soit pour pren­dre le temps de mar­quer un sou­tien devant le Tribunal. Il y aura des tables d’infos, une soupe végé­ta­lienne, des occa­sions d’échanger, de se ren­contrer, de faire du bruit sur une place lisse et raide comme la Justice.

La cour devra sta­tuer sur la res­pon­sa­bi­lité de Raphaël, William et Joris, accu­sés de « des­truc­tion ou sous­trac­tion des docu­ments ou objets de nature à faci­li­ter la décou­verte d’un crime en vue de faire obs­ta­cle à la mani­fes­ta­tion de la vérité, la recher­che de preu­ves ou la condam­na­tion des cou­pa­bles », tandis que Mike devra répon­dre des faits de « fabri­ca­tion d’engin explo­sif et d’élément ou sub­stance des­ti­nés à entrer dans la com­po­si­tion du pro­duit explo­sif, la déten­tion de pro­duit explo­sif ainsi que la déten­tion de sub­stance ou pro­duit explo­sif ou d’éléments des­ti­nés à com­po­ser un engin explo­sif ».

Tout ça c’est très fac­tuel, mais il n’est sans doute pas inu­tile de rap­pe­ler le contexte. Ce petit rappel en intro­duc­tion n’a pas pour but de dres­ser un tableau can­dide de l’inno­cence éventuelle de nos cama­ra­des pré­ve­nus dans cette affaire, il s’agit d’un appel à venir sou­te­nir des amis, des pro­ches, des com­pa­gnons qui, déjà frap­pés par la tra­gé­die de la mort d’une amie proche, se sont vu pen­dant quel­ques années deve­nir les objets de la machine poli­cière et judi­ciaire à briser les liens et les soli­da­ri­tés. À partir d’un fait divers, il aura suffi de quel­ques connexions entre des fichiers pour qu’une armada de flics et de juges vien­nent déci­der, pour des mois, voire des années, de la suite d’exis­ten­ces, qui devaient se voir nive­lées et nor­ma­li­sées pour faire leurs preu­ves et prou­ver l’inten­tion des pré­ve­nus de se pré­sen­ter devant le tri­bu­nal qui juge­rait de leurs fautes. Parce que « sus­pec­tes » par la façon dont elles sont menées (vie col­lec­tive en squat, absence de tra­vail sala­rié pour cer­tains, par­ti­ci­pa­tion à des luttes socia­les ou à des ras­sem­ble­ment sur­veillés, lec­tu­res sub­ver­si­ves, liens sup­po­sés ou réels avec des per­son­nes concer­nées par d’autres affai­res…).

Nous vou­drions lais­ser le soin à la Cour de sta­tuer, de notre côté nous consi­dé­rons que le fond de l’affaire n’importe pas tant que ça. Que la culpa­bi­lité ou l’inno­cence éventuelle des inculpés ne nous inté­res­sent pas. Qu’il y a der­rière cette pro­cé­dure un exem­ple sup­plé­men­taire de la manière dont l’État s’appuie sur ses juri­dic­tions d’excep­tion pour servir des inté­rêts tout à fait pro­saï­ques. Derrière les procès en ter­ro­risme inten­tés à l’encontre des mou­van­ces « ultra-gauche  », « anar­cho-auto­nome  » (ou tout autre nom qu’on voudra bien donner à l’ensem­ble dis­pa­rate d’idées et de pra­ti­ques anti-auto­ri­tai­res dans lequel nous nous reconnais­sons d’une manière ou d’une autre), il y a ce spec­tre qui hante l’Europe, le fan­tôme de révol­tes popu­lai­res échappant au contrôle de la classe domi­nante. Cette inquié­tude de nos gou­ver­nants s’avère bien sûr par­ti­cu­liè­re­ment aigüe en ces pério­des de crise qui se rejoue en miroir, dans le temps infini et sans his­toire qu’ont su impo­ser les démo­cra­ties occi­den­ta­les. Plus rien ne doit jamais arri­ver.

Les exem­ples de répres­sion à l’encontre de mou­ve­ments de lutte ou de grou­pes d’indi­vi­dus liés au sein de ces mou­ve­ments se mul­ti­plient. On pense à Tarnac, bien sûr, mais aussi à l’affaire dite de la « dépan­neuse », jugée ces jours-ci à Paris (à ce sujet, beau­coup d’infos dis­po­ni­bles dans Mauvaises Intentions n°3, à lire impé­ra­ti­ve­ment, ici par exem­ple : http://info­kios­ques.net/spip.php ?article945), à l’affaire de Labège près de Toulouse (un blog de sou­tien exhaus­tif par ici : http://pour­la­li­berte.noblogs.org/), aux vagues d’arres­ta­tions qui s’abat­tent régu­liè­re­ment sur des cama­ra­des ita­liens, au mou­ve­ment NO TAV (contre le TGV Lyon-Turin) qui com­mence à inté­res­ser sérieu­se­ment les flics de toute l’Europe (http://rebel­lyon.info/No-Tav-No-Border-et-anar­chis­tes-au.html), et la liste est encore bien longue.

L’appli­ca­tion des dis­po­si­tifs d’excep­tion nous semble guidée par un triple objec­tif : la ter­reur (il faut ter­ro­ri­ser les ter­ro­ris­tes poten­tiels, leur faire peur, leur mon­trer ce qu’ils ont à perdre) ; la démons­tra­tion de force (on s’occupe des fau­teurs de trou­ble et de ceux qui ont le culot d’envi­sa­ger avec sérieux des pers­pec­ti­ves poli­ti­ques radi­ca­le­ment anta­go­nis­tes) ; enfin, le ren­sei­gne­ment : c’est pra­ti­que ces très lon­gues gardes à vue sans avocat pen­dant les pre­miè­res 72 heures, c’est bien utile de pou­voir retour­ner le domi­cile des gens au pre­mier soup­çon de « menace ». On met à jour les peti­tes fiches, on car­to­gra­phie des réseaux, des ami­tiés, des rela­tions. On range ça sous une belle étiquette, et c’est plié.

Comme le disent très bien les CAFards de Montreuil (col­lec­tif de chô­meurs et pré­cai­res, texte L’Enfer des Bonnes Intentions, trouvé sur Indymedia Paris) :

« La Justice fait son tra­vail. Isoler, cons­ti­tuer des grou­pes pour les rendre res­pon­sa­bles de pra­ti­ques lar­ge­ment par­ta­gées (grèves et mani­fes­ta­tions sau­va­ges, sabo­ta­ges…), et ainsi redé­fi­nir la fron­tière entre dia­lo­gue social accep­ta­ble et pra­ti­ques de luttes à répri­mer ; enfer­mer quel­ques-uns pour faire peur à tous. Mais aussi, ici par l’invo­ca­tion de l’ima­gi­naire san­glant du « ter­ro­risme », dépo­li­ti­ser toute cri­ti­que radi­cale, en la met­tant sur le ter­rain moral du Bien et du Mal. Car puis­que des mau­vai­ses inten­tions suf­fi­sent à défi­nir « l’asso­cia­tion de mal­fai­teurs en rela­tion avec une entre­prise ter­ro­riste », le « ter­ro­riste  » n’est au fond qu’un mau­vais citoyen qui veut cra­cher dans la soupe, et mérite ainsi le régime car­cé­ral.

Des drames comme la tuerie de Toulouse – contre les­quels l’aug­men­ta­tion des pou­voirs de police ne peut pas grand chose – sont pain béni pour jus­ti­fier les pro­cé­du­res anti­ter­ro­ris­tes, et plus géné­ra­le­ment pour ren­for­cer tous les dis­po­si­tifs de gou­ver­ne­ment par la peur. En créant des épouvantails (isla­mis­tes, anar­cho-auto­no­mes…), de telles pro­cé­du­res per­met­tent aussi de fabri­quer, en creux, une nou­velle défi­ni­tion de la bonne citoyen­neté, où chacun est enjoint non seu­le­ment de res­pec­ter la loi, mais aussi de faire preuve de bonne volonté, de se mobi­li­ser acti­ve­ment pour la per­pé­tua­tion de l’ordre social, c’est-à-dire pour l’économie, le capi­ta­lisme triom­phant.

[…]

Il nous faut cons­truire les moyens col­lec­tifs de s’atta­quer à ces dis­po­si­tifs qui cher­chent, au tré­fonds de nous, dans un bina­risme absurde, soit à nous faire plai­der cou­pa­ble, en faute et en dette face à cette société, prêts à subir le châ­ti­ment, soit à nous épuiser à donner des preu­ves de notre inno­cence et de notre bonne volonté. »

Nous par­lons contre l’Etat, sa jus­tice, son économie, la République fran­çaise, sa pré­ten­tion stu­pide à nous gou­ver­ner, et à nous figer dans ces iden­ti­tés tièdes et trans­pa­ren­tes de citoyens sans his­toire ni culture popu­laire. Nous disons que pen­dant la crise les tra­vaux doi­vent conti­nuer de plus belle, que le capi­ta­lisme ne s’effon­drera pas tout seul, et que nous conti­nue­rons de cher­cher à lui nuire, par les moyens que nous juge­rons oppor­tuns, avec celles et ceux qui sont ou seront nos com­pli­ces.

Ne nous lais­sons pas enfer­mer dehors.

Pour plus d’infos sur le ras­sem­ble­ment du 25 mai à Chambéry,
écrire à sou­tien25­mai@riseup.net

____________________________________

[Publié sur Rebellyon.info le 20mai 2012]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Le 25 mai à Chambéry : un procès parmi bien d’autres

[Procès Mauvaises Intentions] «Terrorisme», curcuma et crime par la pensée

Lu sur le site de Claude Guillon le 18 mai 2012

______________________________________

Le procès de cinq militants et d’une militante qui se tient à Paris depuis le 14 mai revêt une double importance : c’est le premier procès « antiterroriste » intenté à des personnes qui ne sont pas soupçonnées de liens avec les groupes islamistes (si procès il y a, l’affaire dite de Tarnac sera le prétexte du deuxième) ; c’est aussi le premier procès qui prétend établir l’existence de la fantasmagorique « mouvance anarcho-autonome d’ultra-gauche » (ici dans sa version en quelque sorte régionale la « mouvance anarcho-autonome francilienne) dont j’ai dressé la généalogie dans La Terrorisation démocratique (auquel je renvoie pour le détail des textes « antiterroristes » qui seront évoqués ci-dessous).

Il est une dimension de cette affaire qu’il est délicat d’évoquer pour quelqu’un qui éprouve, comme c’est mon cas, de la sympathie pour les positions politiques revendiquées par les inculpé(e)s [1] : anticapitalisme, soutien aux sans-papiers en situation prétendue irrégulière, opposition au système carcéral. Le dossier comporte des milliers de pages pour se réduire finalement à un pétard mouillé (au sens propre), une brochure, et d’improbables « correspondances » de traces ADN, auxquels il convient d’ajouter (au sens propre) quelques épices… Il faut toute la sottise bureaucratique de la correspondante du Monde pour reproduire textuellement, et donner ainsi à prendre au sérieux, la version policière [2].

La malheureuse Élise Vincent recopie en tirant la langue : « des-pro-duits-chi-mi-ques-pou-vant-entrer-dans-la-com-po-si-tion-d’ex-plo-sifs ». Quand on sait que le sucre en poudre fait (réellement) partie des produits pouvant etc. on est tenté de rigoler. On rirait encore plus volontiers en découvrant dans les mixtures incriminées un intrus : le curcuma [3]. Bombes à clous supputent les cognes, fumigènes répondent les « curcumistes ». Pas de quoi rire pourtant quand on sait que ces jeunes gens sont inculpé(e)s d’association de malfaiteur en liaison avec une entreprise terroriste, et qu’ils ont déjà fait à eux tous un nombre respectable de mois de prison.

On peut comprendre que les supposés terroristes ne soient pas – dans l’esprit de policiers contraints par leur hiérarchie à « faire du chiffre » -, tenus à une « obligation de résultats ». Mais tout de même ! Un engin incendiaire (retrouvé paraît-il sous une dépanneuse de la police) qui n’a rien incendié, une brochure téléchargée sur Internet (on ne sait par qui), et (non Élise, je n’oublie pas) des « produits », dont le fameux curcuma…

J’espère que nos « curcumistes » ne m’en tiendront pas rigueur, mais il importe de rappeler qu’une demi-heure de n’importe quelle manifestation d’extrême-gauche des années 70 du vingtième siècle connut l’explosion (bien réelle) de dizaines d’engins incendiaires, des cocktails quoi (Élise dirait : « des bombes à main »).

Si l’on considère les faits qui leur sont imputés à crime, établis ou non, effectivement à eux attribuables ou non, force est de constater un niveau de violence réelle égal à zéro, un taux d’échec de 100 %, et de supposés plans tirés sur la comète (c’est une image, Élise). Concrètement et mathématiquement : trois fois rien.

À part au journal Le Monde, j’ai du mal à imaginer qu’une personne, disons douée d’une intelligence moyenne (navré, Élise !), puisse considérer qu’il y a là de quoi mettre en danger la société, l’État ou la sécurité publique autrement que de manière purement symbolique. Et c’est ici que nous rejoignons les nouvelles législations « antiterroristes » peaufinées après un 11 septembre de sinistre mémoire.

D’abord parce que la particularité de la législation « antiterroriste à la française », dont ses desservants ne sont pas peu fiers, son caractère « préventif », permet aux flics et aux magistrats « antiterroristes » de se féliciter paradoxalement d’un dossier vide, ce qui est une nouveauté appréciable. En effet, plus les charges sont minces, plus vide est le dossier, et plus grand est le danger imaginaire auquel nous sommes supposés avoir échappé grâce aux services « antiterroristes »…

On ne trouve rien, ou si peu, à reprocher aux « malfaiteurs » que voilà ? C’est bien la preuve que nous sommes intervenus à temps ! Vous dites que nous avons coffré des gamins plus proches des Pieds nickelés que de Ravachol ? Mais c’est la preuve suffisante de notre efficacité ! Comment ignorer, en effet, que petit Ribouldingue deviendra grand Ben Laden !

L’imaginaire policier contre les crimes d’opinion

J’ai assisté à une partie de l’audience du 16 mai (et non du 17 comme indiqué d’abord par erreur), au Palais de justice de Paris. Exercice toujours pénible (pour mes jambes d’abord) mais très instructif. En effet, la présidente du tribunal se trouve en position de manier (certainement pour la première fois, en ce qui la concerne) un arsenal législatif relativement nouveau dont l’« association de malfaiteurs terroriste » (pour le dire de manière condensée) est le pivot. Quant au fondement du système « antiterroriste » moderne et « préventif », il apparaît clairement au fil de l’audience pour ce qu’il est : un délit d’opinion politique.

Dans l’affaire en cause, l’absence caricaturale (comme aussi dans l’affaire dite de Tarnac) d’éléments matériels permettant de donner de la consistance à la qualification « terroriste », fait ressortir le renversement opéré par la législation « antiterroriste ». Nous n’en sommes plus à écarter les justifications politiques d’actes délictueux au regard du droit pénal (vous dites que vous êtes un militant politique, mais je constate que vous avez fait sauter une mairie). Police et justice travaillent aujourd’hui, au service de l’État, à stigmatiser des prises de position politiques et sociales, de « mauvaises intentions » a-t-on pu dire justement, en utilisant des éléments disparates auxquels seuls les textes « antiterroristes » eux-mêmes donnent une apparente cohérence.

Au cours de l’audience à laquelle j’ai pu assister, j’ai entendu la présidente égrener une demi-heure durant, une interminable liste de communiqués de soutien produits par une nuée de collectifs informels à travers la France, lesquels recensent des actions de solidarité qui vont d’un tag sur un mur au déversement d’ordures dans je ne sais plus quel lieu. Pourquoi s’impose-t-elle (et à nous !) cet ennuyeux exercice ? Parce que d’abord, « c’est le dossier ». Le décompte des affiches collées à Troufignou-sur-Arzette est une pièce à charge, c’est comme ça. Parce qu’ensuite, son interminable lecture achevée, la présidente rappelle à la barre chacun(e)s des inculpé(e)s auxquels elle tient ce discours ahurissant : « Ce qui compte vraiment, c’est de savoir ce que vous pensez de tout ce que je viens de lire ! »

Nos « curcumistes » ont beau faire valoir qu’ils ne sont nullement comptables des collages d’affiches effectués dans des villes qu’ils ne sauraient pas toujours situer sur une carte, et alors même qu’ils se trouvaient en prison, la question revient, lancinante : « Oui, mais je vous demande ce que vous en pensez ! »

Autrement dit : à défaut de savoir ce que vous avez fait, j’aimerais savoir ce que vous pensez de ce que d’autres disent qu’ils ont fait en pensant à vous…

Puisque la validité des preuves par l’ADN est, à juste raison, contestée par la défense, il reste, pour établir le lien d’ « association » entre les inculpés, les bonnes vieilles « idées ». L’association d’idées n’est-elle pas le plus ancien et le plus répandu des crimes par la pensée ? Au point où nous en sommes, et après avoir comiquement relevé la liste des autocollants apposés sur la porte de tel réfrigérateur (je n’invente rien !), pourquoi ne pas établir la communauté d’idées malveillantes par l’opinion que l’on a des opinions des autres. Foin de police scientifique ! Nous voilà quelque part entre le micro-trottoir, le billard et le bonneteau…

Détaillons : Vous vous appelez Gontran. Vous avez été arrêté, mis en examen et placé en détention pour « association de malfaiteurs etc. » parce qu’on a trouvé le « A » de votre ADN sur une bouteille de bière de la même cuvée que celle qui n’a pas incendié un véhicule de police, dont un modèle réduit se trouvait précisément au domicile de Mademoiselle Ginette, ici présente. Coïncidences que tout cela ! nous avons bien compris votre système de défense. Venons-en à l’essentiel : Je constate qu’à Grenoble, à Reims et à Ponto-Combo les services de police ont relevé des inscriptions à la peinture sur les murs. À Grenoble par exemple : « Libérer Gontran et Ginette ».

Que dites-vous de ça ?… Vous auriez mis un « z » ! Vous n’avez pas l’air de mesurer la gravité de votre situation, mon jeune ami ! Mais enfin, bon sang de bonsoir, pourquoi nier l’évidence : vous avez un prénom ; on trouve à Grenoble, des gens qui le connaissent ; ils l’écrivent à la peinture sur les murs à côté de celui de mademoiselle, et vous voudriez nous faire croire qu’il n’y a pas d’association entre vous !?!

Aussi implacablement logique que paraisse le « raisonnement » de l’accusation ci-dessus déroulé, il y manque un élément. À l’époque du regrettable Raymond Marcellin (ministre de l’Intérieur 1968-1974), on aurait parlé du mystérieux et fantasmatique « chef d’orchestre clandestin ». L’électronique et l’information en réseaux ont tout bouleversé, les Islamistes utilisent aujourd’hui Internet. Comment s’y retrouver ?…

Grâce au médium ! Non ! pas celui qui fait tourner les tables ! Le médium des médias ; l’organe de presse, quoi ! Durant l’audience que je suis, la présidente revient, à vingt ou trente reprises, sur le site Internet Indymedia. Elle en parle comme de l’Humanité, organe central du parti communiste français. Il est probable que cette quadragénaire a chez elle, et au bureau, des connections Internet, qu’il lui arrive de consulter ses mails, les horaires SNCF et le site de son quotidien préféré. Pour autant, et elle est loin d’être la seule, elle n’a pas la moindre idée du fonctionnement d’Internet et singulièrement des sites de libre publication comme les Indymedia(s). Pour elle, c’est l’équivalent du plenum du comité central du parti ; s’il avalise un texte, c’est que le parti est derrière l’auteur ; c’est donc que l’auteur est membre du parti. C’est aussi bête que ça. C’est aussi éloigné de la réalité que ça.

Rappelons qu’Indymedia est un site de libre publication où n’importe qui peut publier (presque) n’importe quoi. Des plaintes déposées à la suite de la publication de messages affirmant « qu’il est révolutionnaire de tuer des flics [4] », ou d’autres, antisémites, ont amené à instituer une modération à priori [5]. Elle ne vise, en principe, qu’à prévenir la réitération de messages tombant sous le coup des lois et ne revêt pas un caractère de choix politique. Indymedia est évidemment un site contestataire de contre-information, mais il ne prétend nullement exprimer une ligne politique cohérente, qu’elle émane des modérateurs ou d’un quelconque groupe extérieur. Encore moins juger telle action menée à tel endroit, que ses auteurs ou des gens qui n’ont rien à voir avec eux jugent utile de porter à la connaissance du public. La comparaison qui me vient à l’esprit serait un tableau d’affichage dans une université, sur lequel étudiantes et étudiants peuvent punaiser un tract syndical, une proposition de cours particuliers de chinois ou la vente à moitié prix d’une place de concert. Les papiers se côtoient et se recouvrent sans que les auteurs se connaissent. Par ailleurs, on peut souhaiter acheter la place de concert à l’auteur sinisant du tract syndical, sans connaître soi-même les éléments de recoupement qu’une enquête éventuelle mettrait à jour.

Ajoutons que flics et ministres (Ah ! Madame Alliot-Marie !) ont cru trouver un truc génial, la martingale qui tue, avec la « mouvance ». Dans la tête des mêmes, la « mouvance » est aux libertaires, ce que la « nébuleuse » est à Al-Qaïda. Ça ne veut rien dire, mais c’est rassurant. Ça vous a un côté « la situation est sous contrôle ». La « mouvance » est dans le collimateur, la « nébuleuse » dans l’œil du télescope, affirmatif, chef !

Vous me direz qu’il s’agit d’un bel effort de vocabulaire pour tenter de s’abstraire du modèle hiérarchique, pyramidal, bolchevique, avec chef, cheftaine, sous-chefs, tenant lieu, etc. C’est horizontal, souterrain, en rhizomes quasi : beau comme du Deleuze-Guattari ! Merde ! on est pas plus con qu’un autre à la DCRI !

Et puis ça permet de mouiller n’importe qui dans n’importe quoi, tout comme la nouvelle définition européenne du « terrorisme » permet de qualifier ainsi n’importe quelle action politique ou syndicale, y compris la plus anodine, du moment que l’État, l’Économie ou une institution internationale s’estiment visés – ce qu’ils sont précisément par définition par la plupart des actions politiques et syndicales.

« Terroristes », les paysans opposés à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Terroristes », les ouvriers menaçant de faire sauter l’usine que l’on veut fermer. « Terroristes », les saboteurs de machines biométriques. « Terroristes », les étudiants québécois, auxquels on concocte d’ailleurs une nouvelle législation antigrève. « Terroristes », les séparatistes ouighours. « Terroristes », les manifestants grecs contre l’austérité. « Terroristes », les grévistes italiens de l’impôt. « Terroristes », les émigrés de la misère. « Terroristes », les anarcho-syndicalistes espagnols. « Terroristes », les féministes punks anti-Poutine…

Alors, « terroristes », nos six « curcumistes » ? Aux yeux de la loi nouvelle, que personne n’est censé ignorer, pourquoi pas… Ce sera au gré des magistrats, et au service d’une cause antisociale. La législation « antiterroriste » sert en effet d’épouvantail contre les révoltes qui grondent face à la prolétarisation de pays entiers, en Europe même. Voilà qui dépasse l’action de ces jeunes libertaires, et aussi faut-il le préciser ? la personne des magistrats appelés à les juger, en application d’une législation à la maigre jurisprudence.

Il serait certes illusoire d’attendre de la justice qu’elle respecte un combat révolutionnaire qui s’attaque nécessairement aux fausses valeurs qu’elle incarne, mais pourquoi ne pas former des vœux pour que des peines trop lourdes ne viennent pas aggraver un verdict de fait déjà subi sous la forme de la détention préventive.

Qui sait ? Les magistrats, auxquels il est loisible d’actionner le marteau-pilon de l’arsenal « antiterroriste », pourraient être retenus… par le sens du ridicule.

PRÉCISION :
Inutile de me demander si le « curcumisme » est un humanisme, ou bien si je connais l’auteur véritable de La Curcumisation qui vient. Tout comme la « mouvance anarcho-autonome francilienne », le « curcumisme » est une invention, dont je revendique l’entière et individuelle responsabilité littéraire.

NOTES :

[1] Je sais, on est censé dire « mis en examen ».
[2] Le Monde, 18 mai 2012. Question qui ne peut que venir à l’esprit du lecteur le plus distrait du quotidien de référence : comment se fait-il que l’affaire de Tarnac ait donné lieu à d’immenses papiers, tout imprégnés d’une évidente sympathie pour les inculpés, auxquels on a par ailleurs accordé de longues et répétées tribunes libres, quand l’affaire des six donne lieu, après trois jours d’audience, à un compte-rendu ne se démarquant pas d’un micron de la version policière ?
[3] Excellent antiseptique naturel, commun dans la cuisine d’Afrique du Nord, remis à l’honneur dans les magasins de produits biologiques, dont je fais moi-même un abondant usage alimentaire… Me voilà (une fois encore) suspect.
[4] J’ai été amené à témoigner, sur ce point précis, en faveur d’Indymedia, et de la liberté d’expression, au procès qui s’est tenu en avril 2006 à Paris.
[5] Je plains bien sincèrement les gens qui doivent lire l’intégralité des textes postés.

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, mauvaises intentions, solidarité | Commentaires fermés sur [Procès Mauvaises Intentions] «Terrorisme», curcuma et crime par la pensée

Solidarité aux inculpés suite à l’explosion de chambery

APPEL à SOLIDARITE aux inculpés suite à l’explosion de Chambéry le 25 mai 2012 à partir de 8h00 au TGI* de Chambéry (73)

Sous tous les régimes politiques, la justice a le rôle de protéger le pouvoir dominant et de neutraliser et détruire toutes dynamiques nuisant au contrôle de l’état sur la population.

Le 1er mai 2009, une explosion survenue suite à une maladresse lors de la manipulation d’un engin explosif à Cognin (Chambéry) causa le décès de Zoé et de multiples blessures à son compagnon.
Immédiatement, la SDAT (sous direction anti-terroriste) s’empara du dossier et employa de gros moyens repressifs puis déclassa l’affaire en juridiction ordinaire après une année d’investigation.
Le 25 mai 2012 au tribunal de Chambéry, une personne comparaitra pour des infractions aux lois sur les explosifs et trois autres pour destruction de preuves.

En fonction de leurs pratiques (vols, économies parallèles, outrages, rebellions et mauvaises intentions en tout genres, etc. ) et/ou de leurs origines sociales, éthniques ou religieuses, des milliers de gens se retrouvent dans le collimateur de l’état.
Ce procès est un affrontement parmi tant d’autres dans la guerre sociale se déroulant dans notre quotidien.

C’est dans ce contexte et pour montrer à la justice que les multiples murs de la repression ne sont pas infranchissables que nous vous invitons à participer au procès et soutenir les accusés ou à vous rassembler devant le tribunal afin que les nuisances de la justice ne passent pas inaperçues dans le quotidien morose de son monde métropolicien.

Vous pourrez bien entendu boire du thé et du café, de la soupe à midi, lire des brochures sur diverses thèmatiques anti-autoritaires (anti-carcérale, écologie radicale, féminisme, antispécisme, etc.), et grogner sur les sbires du pouvoirs (flics, juges, procureurs, mâtons, journalistes, citoyennistes, etc.)

Il est important de briser l’isolement du banc des accusés et des cellules carcérales en élaborant des outils collectifs pour créer un rapport de force contre l’institution judiciaire et l’administration pénitentiaire.
Il est important de développer la révolte afin de déconstruire notre pacification cultivée par l’état pour maintenir ses privilèges.
Un monde qui a besoin de la justice et de prisons ne peut pas être émancipatif et par conséquent doit être combattu par tous les moyens possibles.
De tout coeur et rage avec celles et ceux qui se prennent ce système de merde dans la gueule.

destruction de toutes formes d’autorités et de dominations
solidarité active envers les personnes en lutte
liberté pour tous/tes les prisonnier/ères

*TGI : Tribunal de Grande Instance, place du palais de justice, 73000 Chambéry

contact : soutien25mai [at] riseup.net

_________________________________________

[Publié sur Indymedia Grenoble, le 14 mai 2012]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Solidarité aux inculpés suite à l’explosion de chambery

War

Publié dans general, guerre sociale | Commentaires fermés sur War

[Brochure] Mauvaises intentions #3 autour du procès antiterroriste de mai 2012


[Pour mémoire] : Rendez-vous le Lundi 14 Mai 2012 à 13h30 pour la première audience – 10e chambre – TGI Paris (Métro Cité)

________________________________________________________

Il nous importe de partager des expériences et de construire un discours collectif et une solidarité la plus large possible face à la répression. Partager ses expériences, c’est aussi tenter de comprendre et d’expliquer certaines limites de l’antirépression qui reste un moment auquel il est difficile d’échapper.

Recueil de textes- avril 2012
contact : solidaritesinculpes [a] riseup.net
soutien financier : billet ou chèque à l’ordre de « Les » à envoyer à Mauvaises Intentions, 21 ter rue Voltaire 75011 Paris

Infokiosques.net, pour sa part, propose le DOSSIER « Mauvaises Intentions« , où se trouvent archivés – de la manière la plus exhaustive possible – les textes, analyses, comptes-rendus d’actions glanés sur les sites d’informations « alternatifs »…

SOMMAIRE

1/ Introduction

2/ Rappel des faits
– chronologie rapide
– révoltes du « CPE ». La solidarité continue ! +
– extraits de la procédure antiterroriste +

3/ Antirépression & luttes sociales
– un pavé dans les rouages +
– travail, prison, travail +
– solidarité ! +
– danse avec l’état +
– contribution aux discussions sur la répression antiterroriste +
– briser ses liens… +

4/ Temps judiciaire et techniques policières
– garde à vue : manuel de survie en garde à vue +
– taule : texte d’un prisonnier du mitard de Bois d’Arcy +
– taule : lettre de Frank depuis la prison de La Santé +
– contrôle judiciaire : la prison à la maison +
– contrôle judiciaire : depuis notre chez nous carcéral +
– expertise psy : lettre à un expert psychiatre +
– adn : sur l’ADN – du sang, de la chique et du mollard +
– enquête : analyse d’un dossier d’instruction antiterroriste +
– antiterrorisme : face à l’outil antiterroriste +

5/ Solidarité
– actions de solidarité
– caisses et collectifs de solidarité
– émissions de radio anticarcérales

INTRODUCTION :
Prélude en M.I. [1] bémol

Nous voilà repartis pour le même cirque électoral qu’il y a cinq ans ; avec, en prime, du 14 au 22 mai 2012, le procès concernant 6 camarades désignés comme appartenant à la « mouvance anarcho-autonome francilienne » et interpellés en 2008. Les médias et le pouvoir avaient alors brandi l’épouvantail anarcho-autonome, les accusant, entre autre, d’avoir pris part à l’agitation qui avait eu lieu après l’élection de Sarkozy en 2007. Hasard du calendrier, longueur de l’instruction, volonté politique ?
Toujours est-il qu’à cette occasion, il nous a semblé important de réaliser un nouveau recueil de certains des textes qui nous ont accompagnés dans nos réflexions ces dernières années. Depuis le début de ces affaires, nous avons choisi d’en parler dans le cadre de leur contexte politique et social (lutte dans les centres de rétention, élections présidentielles, mouvement CPE), persuadés qu’elles révélaient une réalité politique plus large. Il nous paraît nécessaire de diffuser le plus possible ce que nous avons compris des techniques policières et judiciaires car nous sommes convaincus que c’est en partageant des informations, des expériences, que nous pouvons être plus forts dans ces moments là, que ce n’est pas une affaire privée entre des individus et l’État.
Cette période nous a fait réfléchir sur l’antirépression et nous avions envie de partager quelques impressions et analyses afin d’élargir la discussion sur ce sujet toujours sensible.

Après quatre ans d’instruction, trois ordonnances de renvoi et autant de « réouvertures » du dossier, la procédure est enfin close. Chaque fois, on s’est dit qu’on touchait à la fin, puis, chaque fois on était renvoyé à ce temps qui s’étale, qui semble ne pas avoir de fin. Le temps de la justice est un temps qu’on ne maîtrise pas. Il peut être court, comme lors des mouvements sociaux ou révoltes où l’Etat veut faire des exemples en réprimant fortement et rapidement avec les comparutions immédiates. Il peut aussi s’éterniser, comme pour cette affaire, ce qui provoque une grande distance temporelle entre les actes reprochés et leur contexte et donc une difficulté à les inscrire dans un réel qui semble loin. C’est un temps long qui concerne non seulement les mois de prison pour les inculpés, mais aussi toutes les arrestations, les surveillances policières liées à l’enquête, les contrôles judiciaires, les interrogatoires avec le juge d’instruction, les demandes d’aménagement de contrôles… Il comprend aussi l’antirépression, les heures passées avec les avocats, les parloirs, la recherche de thune, la publicisation des nouvelles de l’affaire, les actions de solidarité… Tout ce temps passé qui change entièrement le quotidien des mis en examen et de leurs proches, est imposé par l’État. La répression crée une forme d’immobilisation, d’attente qui se prolonge et dont on ne connaît pas la fin. L’issue du procès pourrait amener à des peines de prison supplémentaires, des « mises à l’épreuve » qui perdurent. Et si on va au-delà, le temps judiciaire comprend même les fichages liés à la peine, les marqueurs (ADN, casier, sursis…) qui te suivent et les « récidives » qui s’ensuivent. En fait, la punition se mesure toujours en temps : temps passé depuis le début de la procédure, auquel s’ajoutera le nombre total de mois ou d’années au moment du verdict.
S’extraire du temps judiciaire ou dépasser le « calendrier » du pouvoir ne dépend pas de notre volonté. Par exemple, quand tu es en cavale, tu fuis l’arrestation mais restes soumis à son éventualité, qui régit en grande partie ton quotidien. Et, même à un niveau collectif, il est difficile d’échapper à ce calendrier, l’antirépression suit la répression.

On peut constater que les marges de manœuvre et le cadre de la légalité vont en se restreignant dans les luttes (utilisation de l’outil antiterroriste, réquisitions policières de travailleurs en grève, multiplication des garde-à-vue…). Pour autant, il ne s’agit pas de s’indigner de la « criminalisation des mouvements sociaux » mais de penser cette répression dans un contexte plus large. En temps de crise, tous les rapports sociaux se durcissent et la répression s’alourdit pour tous, qu’elle frappe pour des actes de survie quotidienne, des actions militantes… Elle est une réponse de l’État à toute attaque dirigée contre lui ou ce qu’il protège, un moyen de maintenir l’ordre et de garantir la pérennité du système. Si la répression est à considérer comme un mécanisme général touchant une large partie de la société, elle n’en est pas moins adaptée aux différents groupes et milieux sociaux qu’elle touche, aux différents actes qu’elle cible. Elle n’est pas la même quand elle s’attaque aux sans-papiers, aux dealers ou aux militants. Les séparations qui existent dans la société sont reproduites et cristallisées dans la répression par un traitement différent, un arsenal judiciaire et policier particulier.
Le procès qui aura lieu en mai, est, comme d’autres affaires [2], le résultat d’une de ces formes de répression particulière. Ces affaires sont inscrites par l’État à l’actif de ce qu’il appelle la « mouvance anarcho-autonome ». Même s’il s’agit effectivement d’attaquer des mauvaises intentions [3], cette répression ne peut s’effectuer qu’autour d’une compilation d’actes qui permet de punir certaines pratiques, de ficher un grand nombre de personnes et surtout de donner un cadre, une existence judiciaire et policière à la mouvance. L’acharnement de la répression à définir la « mouvance anarcho-autonome » lui donne une réalité publique et constituée dont il n’y a pas lieu de se revendiquer. Malgré tout on ne peut pas nier la pré-existence d’une mouvance ou d’un milieu se retrouvant autour d’idées révolutionnaires et de pratiques autonomes vis-à-vis des organisations politiques institutionnelles.
Cette répression polarise l’attention sur l’identité des « anarcho-autonomes ». Elle crée un double phénomène, poussant les individus à questionner cette identité et trop souvent à s’y référer alors même que cette identité les enferme dans les catégories du pouvoir. La complexité de ce phénomène tient à ce que la répression plonge l’individu ou le groupe dans un rapport binaire de bras de fer, et de face à face avec l’État (parfois fantasmé comme un rapport de force), l’isole dans sa situation, dans une confrontation qui ne peut pas avoir d’issue en elle-même.
Pour s’organiser collectivement contre la répression, il est nécessaire de s’armer de patience et d’outils de solidarité (caisse de soutien, aides juridiques, partages des expériences). Mais l’antirépression, comme moment de lutte à part, séparé, au-delà de l’auto-défense élémentaire, a lieu dans un moment de faiblesse. Parvenir à dépasser ce moment, à le lier à d’autres types de répression, ou à des luttes en cours est très compliqué. Le rôle même de la répression étant de cibler et d’isoler, il est difficile de construire une offensive ou un rapport de force à partir de cette question. A travers une analyse de la société de classe, on peut théoriquement faire le lien entre toutes les répressions mais il ne suffit pas de nier les séparations ou de mettre en avant leur absurdité pour les déconstruire. Il ne s’agit pas de créer une échelle de légitimité ou de pertinence des différentes réactions à la répression mais plutôt de réussir à appréhender une forme de reproduction des séparations ou d’enfermement que peut produire l’antirépression. Il ne s’agit pas non plus d’envisager un mutisme passif qui pourrait s’apparenter à l’intégration complète de l’isolement et de la peur produits par la répression.
La répression enferme souvent les gens « figés » par l’Etat dans une identité (comme celle de « la mouvance anarcho-autonome »), enferme souvent dans une alternative entre la volonté de défendre des pratiques, en elles-mêmes et coûte que coûte, et celle de s’en démarquer à tout prix. Le jeu de la répression pousse les individus à se positionner en termes d’association ou de dissociation, on ne s’autorise plus à remettre en cause, à questionner la pertinence des actes dont les personnes sont accusées. De la même manière, la discussion sur les pratiques et les actions mises en place dans l’antirépression est souvent évacuée.

Nous l’avons dit, il nous importe de partager des expériences et de construire un discours collectif et une solidarité la plus large possible face à la répression. Partager ses expériences, c’est aussi tenter de comprendre et d’expliquer certaines limites de l’antirépression qui reste un moment auquel il est difficile d’échapper.

[1] Mauvaises Intentions

[2] Affaires de Tarnac, Labège, Chambéry, etc.

[3] « La haine de l’état bourgeois et de ses appareils »

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, mauvaises intentions, solidarité | Commentaires fermés sur [Brochure] Mauvaises intentions #3 autour du procès antiterroriste de mai 2012

[Grenoble] Anti PouKav

En mars un graffeur se fait interpeller par la police nationale dans Grenoble avec des sprays de couleur ayant potentiellement servi à décorer cette ville que les services d’urbanisme et de propreté s’évertuent à rendre toujours plus fade et proprette. Convoqué le lendemain, il ne s’y rend pas. On ne va pas commencer à courir chez les flics dès qu’ils nous sifflent. Une semaine plus tard il est convoqué, par lettre à son domicile, avec la menace de venir le chercher s’il ne se rend pas à l’hôtel de police au rendez-vous donné. Là-bas les policiers conciliants le chargent d’un simple rappel à la loi, (en gros revenir devant les flics pour entendre les lois qui pourraient être contre lui, mais qui restent sans application, comme un coup de semonce, « refais plus ça sinon ça va chauffer pour tes ouilles »). L’histoire aurait pu s’arrêter là, le briguant ayant retenu la leçon, mais une semaine plus tard un officier de police l’appelle sur son téléphone personnel l’invitant à un nouveau rendez-vous cette fois juste pour discuter entre gens de bonne convenance… (des fois laisser son téléphone-mouchard-gps à la maison peu être salutaire). Sentant comme un ton de menace et avec l’envie de ne pas aggraver son cas il s’y rend, c’est lui qui choisi l’heure.

Dans le bureau de la police judiciaire, un fouine et l’autre note. Une photo d’ une balade anti-électorale lui est montré, il apparaît au loin n’y participant pas mais malheureusement sur la pellicule malgré tout. Les sbires lui demandent de s’expliquer et de balancer des noms. Il ne connaît personne, et beaucoup de gens sur la photo sont masqués.

Sont alors évoqués des articles d’Indymédia Grenoble, le premier sur cette manif’ , et le deuxième sur des actions contre les prisons pour mineurs. Devant son mutisme due au caractère décalé de cet interrogatoire opportuniste, le duo d’enquêteurs de choc lui annonce qu’il est catalogué « anarcho-libertaire » – et merde, ça sort le dico des gros mots…

Le jeune peintre est donc devenu suspect, potentiel terroriste, malfaiteur organisé au travers d’un mouvement créé de toute pièce par la police afin de stigmatiser des pratiques et des désirs jugés dangereux pour l’Etat qui aimerait bien mettre tout le monde dans le même sac pour les envoyer sur la lune « à la Cheminade ». « Anarcho quoi ? » Questionne le frippon.

Les flics s’enlisent et ont frappé une nouvelle fois à coté de la plaque.

Ils n’ont pas trouvé leur balance. Mais cette expérience nous rappelle que la police et l’ordre qu’elle tente de maintenir est sur ses gardes. Méfions-nous donc des caméras, des appareils photo du daubé (Poukave !) et des keufs. Surtout, prenons soin de nous et continuons la lutte sans se laisser affaiblir par la police et ses désastreuses tentatives des créer une chimérique mouvance « anarchopouetpouet » dans l’unique but d’isoler les personnes qui ne se laissent pas abattre par la fatalité du monde que nous traversons ensemble. Il est important, si ce genre d’expérience se reproduit, de ne pas se laisser isoler par leurs manigances policières, il est souvent possible de refuser d’aller aux convocations. Lors des interrogatoires le droit de garder le silence est la meilleure solution pour ne pas se laisser avoir par des questions pièges. Surtout ne pas se croire plus futé que les flics et tenter de leur tirer des infos, car à ce jeu là, ils gagnent. La situation peut des fois nous échapper, c’est pour cela qu’il faut en parler à des proches, des gens de confiance, se faire conseiller et gérer ces histoires à plusieurs. Ensemble nous sommes fort, seul il est facile pour ces malins de nous faire craquer pour tirer des informations. Aussi il est primordial de faire savoir lorsque la police entame ce genre de procédés et prendre conscience de l’attention qui est portée sur telle ou telle lutte en cours, ici celles contre les prisons et contre le mensonge démocratique.

_____________________________________________

[Publié sur Indymedia Grenoble, le 25 avril 2012]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur [Grenoble] Anti PouKav

[Montreuil vendredi 11 mai 2012] Concert de solidarité avec les Inculpés du procès de Mai


Concert de solidarité avec les Inculpés du Procès du mois de Mai LE VENDREDI 11 MAI à LA PAROLE ERRANTE, 9 rue François Debergue, Montreuil, métro Croix de Chavaux.

18h : Point info et présentation de la brochure Mauvaises Intentions 3

20h : Concert avec les Tweez, Pierre et Bastien, Gommard, et Louises Mitchels.

Procès antiterroriste pour 6 camarades du 14 au 22 mai 2012 à Paris, Appel à solidarité.

RDV le 14 mai à la 10e chambre du TGI de Paris ( Métro cité ) pour la première audience.

 

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [Montreuil vendredi 11 mai 2012] Concert de solidarité avec les Inculpés du procès de Mai

Procès le 3 mai à Alès : Des seigneurs à abattre…

Des seigneurs à abattre…

Dans certains coins des Cévennes, les notables se prennent pour des petits seigneurs : comme au Moyen Age, ils rançonnent et oppriment. Cette bourgeoisie d’aujourd’hui s’exprime à travers son rang social de propriétaire, de chef d’entreprise ou d’élu.

Marchands de sommeil, ils nous louent des appartements pourris ! Ces locations souvent mal rénovées, difficiles à chauffer, nous coûtent relativement cher. Et quand il s’agit de rembourser une caution, ils refusent bien souvent de nous restituer l’argent.

Nous nous retrouverons le 3 mai 2012 devant le tribunal d’Alès pour dénoncer cette oppression qui est largement partagée, et soutenir mlle M. qui est l’objet du harcèlement de son dernier bailleur. Ce monsieur, non content de toucher ses rentes locatives, s’est permis de porter plainte et de réclamer 5000EUR de rallonge, au prétexte d’un préavis qu’il a jugé trop court et de prétendues dégradations dans le logement.
Depuis que mlle M. a quitté l’appartement, Mr Serre (le bailleur) n’a cessé de lui causer du tord ainsi qu’au père de ses enfants dont il a été l’employeur. C’est en usant de toutes ses casquettes, et du pouvoir qu’elles lui confèrent, qu’il leur a littéralement pourri la vie ces derniers mois : heures supplémentaires non rémunérées, congés non payés, délations et falsifications de dossiers auprès de la CAF entraînant la suspension des allocations de M., etc…

Serre etses confrères notables possèdent la majeure partie des terres, des logements et des entreprises de la région. Ils cumulent ainsi les fonctions de bailleurs et d’employeurs. Il faut donc travailler sans broncher et reverser notre salaire en loyer. C’est sous couvert de «bienfaisance» et de «sympathie» qu’ils nous abordent pour nous proposer « Le » bon plan logement+travail. Cette gentillesse dont ils se targuent, ne peut dissimuler la réalité des faits : c’est tout bénef’ pour eux ; c’est turbin et précarité pour nous !

Ici comme ailleurs, ils nous font travailler dans des conditions déplorables et pour des salaires de misère. La carotte des augmentations et des promesses diverses et variées, qui ne sont jamais honorées, se combine savamment avec les dégradations de nos moyens de survie. Nous vendons donc à bas prix notre temps et notre force à ces profiteurs qui subsistent par notre exploitation.

Ces notables ont aussi des relais politiques : complaisance des conseils municipaux, notoriété de certaines familles, implication historique de ces mêmes familles dans les partis de droite comme de gauche. Ces positions privilégiées leur permettent de constituer des réseaux et d’asseoir leur influence par le clientélisme (pistons pour un boulot ou un logement, postes réservés en mairie, etc…). Dans cette logique, ils utilisent les pouvoirs et forces publics pour défendre leurs intérêts.

Comme partout, ces bourgeois justifient l’oppression qu’ils imposent en usant d’arguments identitaires, racistes, moraux, tous plus fallacieux et mensongers les uns que les autres, qui n’ont pour objectif que de nous diviser. Nous ne sommes pas dupes ! Cette classe sociale ne se reconnaît pas par son label « du cru » ou « néo », mais parce qu’elle vit grâce à la propriété privée et à l’exploitation qu’elle permet.

Cette domination repose sur des peurs. La peur de perdre ses revenus, son travail, son logement, et de subir la mise au ban. Cette situation sociale optimise notre soumission et notre exploitation. Pour ne pas rester isolés dans nos résistances, nous répondrons collectivement au mépris et au harcèlement que M. et R. subissent pour ne pas avoir tout accepté. C’est parce qu’il n’est pas évident de combattre seul et dans son coin qu’il est nécessaire de s’associer pour refuser la situation qui nous est faite.

Parce que l’on n’acceptera jamais de crever en paix…

RENDEZ-VOUS

DEVANT LE TRIBUNAL D’ALES

LE 3 MAI 2012 A 14h00

Permanences Exploités Enervés tous les 2ème vendredi du mois à 18h30 au bar « Au Bon Coin », 2, rue Faubourg de Rochebelle, à côté de la Bourse du Travail.

Contact : exploitesenerves [a] riseup.net

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Procès le 3 mai à Alès : Des seigneurs à abattre…

A propos d’une conférence à lille 2 – « l’europe face à la menace terroriste »

Une conférence sur « l’Europe face à la menace terroriste » était organisé aujourd’hui à Lille 2. Réunissant des expertEs en la matière, nous nous sommes invités pour une petite distribution de tracts à l’entrée. Cela n’a pas raté, la diffusion a été écourtée. Le texte constitue visiblement une offense aux étudiantEs organisant la chose (le sujet leur ayant été imposé de ce que l’on nous a dit, mais tout de même très pris à coeur car « c’est pas politique »…), et une offense à l’autorité du président ou encore à la maison du concierge ou à la sécurité…Bref, ils nous ont raccompagné dehors, non sans quelques insultes à notre égard. Nous avons fini la distribution devant où l’accueil était quand même plus chaleureux.

Le tract distribué :

De l’épouvantail terroriste à l’invisibilité du terrorisme d’Etat

Ce lundi 16 avril est organisée à l’Université de Lille 2 une conférence sur « L’Union européenne face à la menace terroriste ». Le directeur adjoint d’Europol, le coordinateur de la lutte contre le terrorisme de l’Union Européenne et la vice-procureur au sein de la section terrorisme et atteintes à la sûreté de l’Etat auprès du Parquet de Paris y sont invitéEs.

Pour celles et ceux qui organisent, il s’agit peut être de mettre en place un projet dans le cadre de leurs études. Pour les institutions et/ou professionnel.le.s de la politique qui les soutiennent, il s’agit d’introduire toujours davantage au sein du système d’éducation l’idée de défense des nations face à une menace omniprésente. Les « Cafés Défense » organisés régulièrement dans les universités en sont aussi une belle illustration, sorti directement des stratégies contre-insurectionnelles dans lesquelles la (F)rance est spécialiste.

En soit, cet ensemble de liens entre armée, police et éducation participent à la construction et au maintien d’un climat de peur, permettant le renforcement des structures de domination et de contrôle social, ainsi que la mise en place d’un arsenal répressif et son acceptation. Si les outils de lutte contre le « terrorisme » sont en premier temps présentés comme des exceptions, ils ne manquent pas ensuite d’être généralisés partout, tout le temps. Le fichage ADN ou la banalisation des dispositifs Vigipirate illustrent parfaitement cette logique.

L’épouvantail terroriste est ici brandi de nouveau. Pointant depuis longtemps une menace venant de l’extérieure du territoire national, il sert à criminaliser et répendre un racisme latent à l’encontre des personnes étrangères ou immigrées. C’est également la figure de la menace intérieure qui est développée à l’encontre des habitantEs raciséEs des « banlieux », mais aussi des personnes dont les idées se placent en rupture radicale avec le cirque démocratique actuel.

Après le fiasco de l’histoire dite de Tarnac et du spectre de « l’ultra gauche », Europol consacrera le 25 avril prochain une réunion aux « euro-anarchistes » qu’elle considère comme une menace terroriste. Entre autre à l’ordre du jour, les luttes contre la construction de la ligne de TGV Lyon-Turin, celles contre l’Europe forteresse ou pour la libération animal. De manière explicite, le réseau No Border, les résistances No TAV de Val de Suze et d’ailleurs, ainsi que la Féderation Anarchiste Informelle sont cibléEs. Dans la foulée, du 14 au 22 mai prochain, 6 militantEs des luttes contre le CPE et contre les centres de rétention passeront en procès sous une juridiction antiterroriste après plusieurs mois de prison préventive. La généralisation du label « terroriste » est en marche. Elle n’est pas seule.

La police, l’armée, la prison, les dispositifs français et européens (Frontex) contre l’immigration, les institutions sociales, le travail salarié…forment un ensemble d’outils qui tuent et détruisent des vies. Pour autant face à la violence toujours plus forte de ces structures de domination, c’est celles et ceux qui s’y opposent qui sont taxéEs de « violentEs » et « terroristes ».

Cette terminologie vient renforcer l’idée de danger répendue dans le discours politico-médiatique. Elle participe au maintien et à la légitimation du monopole de la violence autorisée par l’Etat qui ne sert qu’à assoir l’exploitation de tous et toutes. En d’autres termes, pointer certainEs comme terroristes tend surtout à invisibiliser et banaliser le terrorisme des Etats et la guerre qu’ils mènent pour renforcer l’ordre établi.

Nous sommes solidaires des personnes inculpéEs. Les luttes contre les frontières et les grands projets destructeurs, désignées par Europol comme des « mouvements terroristes », sont aussi les notres. Nous nous opposons à cette volonté de contrôle total et de répression sans limite.

Il y aura toujours des grains de sable dans la machine.
Pas de justice, pas de paix.

________________________________________________

[Publié sur Indymedia Lille le 16 avril 2012]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur A propos d’une conférence à lille 2 – « l’europe face à la menace terroriste »

Procès antiterroriste pour 6 camarades du 14 au 22 mai 2012 à Paris

Rendez-vous le Lundi 14 Mai 2012 à 13h30 pour la première audience – 10e chambre – TGI Paris

[Pour mémoire] :
[Tract] Procès antiterroriste pour 6 camarades du 14 au 22 mai 2012 à Paris – Solidarité avec les inculpés !
[Paris procès antiterroriste mai 2012] Appel à solidarité
[Paris] Procès antiterroriste pour 6 camarades du 14 au 22 mai 2012

Solidarité avec les inculpés !

Plus d’infos sur la page de « Mauvaises intentions »:
https://infokiosques.net/mauvaises_intentions

Pour recevoir des brochures Mauvaises Intentions 3 :
écrire à solidaritesinculpes [a] riseup.net

Pour nous soutenir financièrement (notamment pour l’impression de la brochure, tracts, etc.) :
envoyer billet ou chèque à l’ordre de « LES » à Mauvaises Intentions c/o CICP 21 ter rue Voltaire 75011 Paris.

_________________________________________

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, mauvaises intentions, solidarité | Commentaires fermés sur Procès antiterroriste pour 6 camarades du 14 au 22 mai 2012 à Paris