[Samedi 4 février à Lyon] Concert de soutien aux incarcéré-e-s de Toulouse…

Soirée annulée :

« C’est avec grand regret qu’on se voit obligé d’annuler le concert de ce samedi 4 au Rock’n’Roll Vengeance.
Le cocktail du réseau électrique incertain au squat et des prévisions de température à -10 -15 degrés (celsius) commençait sérieusement à nous inquiéter, et on avait peur que la soirée ressemble plus à un cauchemar qu’à un chouette moment pour soutenir les copains, alors on préfère reporter ça à une autre fois, dans pas trop longtemps (courant février-mars) plutôt que s’obstiner à faire ça dans des conditions trop précaires. Nos excuses à tous ceux qui avaient prévu de venir, on vous tiendra au courant pour la suite, et on essaye de prévoir un truc plus à la cool comme un repas de soutien dans les semaines à venir. à bientôt. »

Solidarité avec les incarcéré-e-s de Toulouse,
accusé-e-s d’avoir semé la pagaille dans les locaux de la PJJ

La Protection Judiciaire de la Jeunesse (ou PJJ) est l’organe admi­nis­tra­tif chargé en France, entre autres, d’ « accompagner » la répres­sion des mineurs aux côtés de l’administration pénitentiaire dans les établissements carcéraux réservés à ces derniers. A côté des quel­ques rares jeunes qui ont par­fois pu être « pro­té­gés » d’un envi­ron­ne­ment très dur, l’immense majo­rité des mineurs qui ont affaire à elle sont brisés par cette ins­ti­tu­tion judi­ciaire. Au lieu d’être « aidés » d’une quel­conque façon, ils finis­sent empri­son­nés dans des EPE, des CEF, des EPM (les pri­sons pour mineurs), etc… d’où par­tent régu­liè­re­ment des révol­tes indi­vi­duel­les ou col­lec­ti­ves, très dure­ment répri­mées c’est se qui s’est passé en mai 2011 : une mu­ti­ne­rie a éclaté à l’établissement péni­ten­tiaire pour mineurs de Laveur et était vio­le­ment réprimé au bout de 3 jours. Cela se tra­duit aussi sous la forme de sui­ci­des par celles et ceux qui ne sup­por­tent plus d’être broyés par ces pri­sons pour jeunes. Voilà une réalité dont la PJJ est un rouage.

S’oppo­ser à cette ins­ti­tu­tion est donc plus que néces­saire. C’est, parmi d’autres cas, ce qu’ont choisi de faire quel­ques per­son­nes au mois de juillet der­nier. Dans les locaux de la PJJ de Labège, en soli­da­rité avec la révolte des pri­son­niers mineurs de Lavaur, du maté­riel a été cassé et des tags écrits sur les murs. Un sala­rié qui a voulu s’inter­po­ser a reçu du gaz lacry­mo­gène, sans être blessé.

Cette action, n’est rien com­pa­rée à l’acti­vité quo­ti­dienne de des­truc­tion de la PJJ. Mais cela a été pré­texte à une répres­sion dis­pro­por­tion­née qui a eu lieu mi-novem­bre à Toulouse : une dizaine de per­son­nes ont été arrê­tées après qu’une cen­taine de gen­dar­mes aient per­qui­si­tionné pas moins de sept habi­ta­tions, de nom­breu­ses affai­res ont été confis­quées, et quatre per­son­nes sont aujourd’hui en déten­tion pro­vi­soire. Pour quel­ques tags et un peu d’excré­ments répan­dus sur des ordi­na­teurs, les chefs d’inculpa­tion sont très lourds : « Participation à un grou­pe­ment en vue de la pré­pa­ra­tion de vio­len­ces aux per­son­nes ou de des­truc­tion de biens. Violences en réu­nion. Dégradations en réu­nion ».

Peu nous importe qui a dégradé les locaux de la PJJ. De toute façon, les mem­bres de cette ins­ti­tu­tion, qui ont brisé tant de jeunes, méri­tent cent fois d’être pris à parti et de rendre des comptes.

Mais nous refu­sons cette répres­sion :

Nous exi­geons la libé­ra­tion des incar­céré-e-s et l’arrêt de toutes les pour­sui­tes !
Détruisons toutes les pri­sons !

Il s’agira donc, ce soir, de récolter le plus d’argent possible pour le faire parvenir aux amis et aux familles des copains incarcérés (Entre les frais d’avocats, de cantine pour améliorer l’ordinaire en tôle, le coût des déplacements pour les familles, ça coûte un paquet de tunes de se retrouver au placard…), et de se retrouver, discuter, se tenir, pour ne pas se laisser enfermer dehors.

____________________________

PIZZA OD (punk, Lyon)
http://pizzaod.blogspot.com/

Le dernier EP en téléchargement

+

ALLIGATOR (pop reptilienne, Lyon/Athens)
http://we-are-alligator.bandcamp.com/

+

PLACARD (punk, Oullins/Chaponnost/Gerland/Chambéry)

+

D’autres invités peut-être

Au Rock’n’Roll Vengeance à Lyon,
à 20h30 le Samedi 4 février 2012
concert de soutien aux incarcéré-e-s de Toulouse…
à prix libre.

Contact : salutlesloulous [a] riseup.net

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, inculpé-e-s toulouse 15 novembre 2011, solidarité | Commentaires fermés sur [Samedi 4 février à Lyon] Concert de soutien aux incarcéré-e-s de Toulouse…

Pas de sushi, l’Etat gieger 2


Sommaire :

Edito—Pas de Sushi, l’Etat geiger —p.2

Sur Fukushima :
• Le corium de Fukushima, description et données p.3
• Fission nucléaire à la centrale de Fukushima p.10
• Mortelle randonnée p.12
•La routine du désastre p.14

Le meilleur des mondes nucléaire :
• Le meilleurs des mondes nucléaire p.15

THT, Transports, camp de Valognes
• Rennes 20000 personnes contre le nucléaire p.16
• Sous les THT pique nique sous haute surveillance p.16
• Rennes : le bidon radioactif était bidon p.17
• Des trains radioactifs sur nos lignes p.18
• Quatre précisions sur l’appel à bloquer le « train train » nucléaire
de Valognes p.19
• Notes sur l’appel au camp de Valognes et ses suites p.20

Aux origines de la Hague :
• Aux origines de La Hague p.28

Réflexions :
• Comme dix-mille soleils p.31

Contre le TGV et son monde :
• Et si on prenait le temps p.35
• Lutte anti-TGV en Val de Suse p.38
• A sarà düra ! p.39

Vinci aménage, arrêtons le carnage ! p.43

Publié dans general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Pas de sushi, l’Etat gieger 2

[$hili] Lettre de Luciano Pitronello (Tortuga) aux coeurs indomptables

7 mois depuis que l’attaque a échoué

Lettre à tous les cœurs indomptables

Ça m’est difficile de commencer d’écrire avec tout ce que j’ai à communiquer, et encore plus à retenir secret; le silence est devenu un grand allié pour moi, et pas en vain, alors que mes ennemis s’attendent de moi que je communique, m’explique à travers mes idées, pour justifier mon action illégale, pour qu’ils puisse y appliquer la loi anti-terroriste et m’enterrer, même dans les conditions où je me trouve, ils veulent un trophée de guerre, un jeune estropié, emprisonné pour ne pas s’être piégé lui-même dans le confort d’une révolution se faisant selon les termes de la rectitude politique. L’ambition du Pouvoir dans mon procès est pour la señora du foyer de dire à son petit rebelle que c’est de cette façon que les idéalistes rencontrent leur fin, ceux qui osent rêver, ou seulement penser. Que ce qui commence par la typique rébellion de la jeunesse peut finir avec de terribles conséquences si ça devient incontrôlé -de justifier ainsi par mon exemple le système carcéral, la répression « pour le bien de nos enfants et pour l’avenir ».

Je sais que c’est ce que le Pouvoir veut, ou au moins espère obtenir, que d’une façon ou d’une autre je sois exposé au public, or j’ai préféré le silence. Je pense que dans de tels moments c’est préférable que d’autres parlent pour moi -mes camarades, connus ou non- comme dans ces interminables attaques pour la libération animale, l’un(e) prend parole pour ceux et celles qui ne le peuvent, je crois que maintenant la même chose devrait être reproduite, car je crois sincèrement que d’autres camarades, même de différents endroits du monde, l’ont fait et ça a eu des résultats splendides, pas juste pour tout ce qui concerne mon moral, mais aussi pour la solidarité, que je pourrais représenter comme la première pièce d’une longue rangée de dominos, dans laquelle quelqu’un(e) pousse le premier, un(e) deuxième pousse le troisième et ainsi de suite, où mon moral aussi en vient à être une pièce de ce domino, où il y a du dommage à faire au système en brisant avec sa logique autoritaire, l’estime que notre action génère, autant au niveau individuel que collectif, et représentant aussi un autre front dans le conflit avec la réalité. Et quelqu’un-e pourrait passer des jours à compter tous les différents effets qu’une action de solidarité peut avoir.

Néanmoins, pour autant que mes ennemis voudraient que je communique, je sais que plusieurs camarades l’ont aussi espéré, et sachez que je suis au courant et suis désolé que vous ayez passé plusieurs mois dans l’incertitude dans ne recevoir de nouvelles de moi, je regrette profondément de n’avoir pu communiquer dans ces circonstances, surtout alors que j’étais celui qui a toujours poussé l’idée que la solidarité ça doit être réciproque, et croyez-moi que plus que tout autre j’ai regretté de n’avoir pu agir plus tôt; j’ai senti me trahir moi-même en restant silencieux. « Est-ce que ça le rend inconfortable que nous agissions en solidarité pour lui? » ai-je spéculé de que vous avez interprété de mon silence. Mais j’ai une belle petite fille qui a besoin de son papa, et je ne peux la trahir elle-aussi. Elle m’a incité à garder le silence, mes idéaux au dialogue, et vous -camarades de toujours- à un point entre les deux.

Je n’aime pas écrire sans penser à quoi je veux convier ni sans être sûr d’être pleinement compris. Pour écrire quelque chose sur ma situation mérite une profonde réflexion: ça en vaut-il la peine? Car dans mon cas, différemment de la majorité des procès politiques qui sont le plus souvent des coups montés, dans mon cas c’est prouvé; car j’ai réellement apporté une bombe au matin du 1er Juin avec comme cible la succursale bancaire située au coin de l’avenue Vicuña Mackenna et Victoria, au centre-ville de Santiago.

Pour ma part, j’ai voulu dire à tout le monde pourquoi l’attaque a échoué. Et comment je pourrais prendre parole sans ne parler de quelque chose de si important? Ou même, pourquoi cette banque? De politiser une attaque anti-capitaliste n’est pas seulement de promouvoir la violence, mais aussi de me mettre une laisse au cou, et pour ça, JAMAIS! Car aussi longtemps que je suis en vie j’entends continuer de lutter, et ça n’as pas d’importance que j’aie perdu quelques doigts, une main, mon ouïe ou ma vision, je vais continuer d’aller de l’avant à tout prix, et c’est ce que mes ennemis doivent savoir autant que mes camarades!

Alors vous me demandez de briser hors de l’isolation, de cet ermitage qui m’entoure; or je postule que je devrais plutôt avoir honte de communiquer, de le faire simplement, à quoi vous répondrez avec un coup sur ma conscience : « Et tes camarades? » Pensez-vous que communiquer avec vous m’est banal et trivial? C’est vrai que je n’ai pas à tout cracher ce qui est arrivé durant cette nuit, je crois que dans le futur il y aura un temps pour ça…

Or vous voulez savoir ce qui advient de moi? Bien, je vais continuer de me battre pour vivre, et de vivre pour me battre, jusqu’à ce que je sois libre et sauvage encore, je ne me prendrai pas au piège en croyant que je suis moins sauvage parce que je respire artificiellement ou non, parce que je crois que c’est dans une situation comme celle-ci que l’instinct humain le plus bestial fleurit: l’instinct de survie. Je ne vais pas faire allusion à aucun-e en particulier, car je sais que plusieurs camarades désirent que je meurs pour mon bien, mais ici je veux livrer une leçon pour tous et toutes; que quelqu’un(e) ne peut désirer que la mort d’un camarade le libère de son corps -à moins bien-sûr que ce soit ce qu’il désire- mais si c’était le cas, cette personne chercherait à mettre fin à la vie de ce camarade, sans générer une poursuite judiciaire (pour homicide) de la part d’une tierce partie. Car qu’est-ce qui arriverait si ces «fais-moi une faveur» me tueraient? Qui sont-ils pour s’appeler mes camarades, à juger pour moi de si ça en vaut, ou non, toute la souffrance de continuer de vivre? Le seul capable de prendre une telle décision est l’individu lui-même, car lui/elle seul(e) sais ce qu’il/elle désire. Et je désire particulièrement de continuer de vivre… pour pouvoir continuer de lutter.

D’un autre côté, je veux que vous sachiez que j’apprécie chacune des actions de solidarité que vous avez faite pour moi, ces bannières accrochées dans différents endroits à travers le monde, ou ces messages qui portent le même “”solidarios” se rendant d’une façon ou d’une autre jusqu’à mes oreilles, chaque pamphlet, chaque bulletin de contre-info, chaque espace de vos vies que vous avez dédié à moi je les garde comme des trésors. Sachez que j’ai été au courant sur tout, que dans ce monde il n’y a pas de mots pour mes sentiments de gratitude, car chaque bombe, chaque incendie organisé en mon nom reste gravé dans ma tête. Je ne peux oublié la valeur de mes camarades Mexicains, les insubordonnés qui se sont fait mes camarades en Grèce; je veux embrasser les sauvages de Bolivie et des États-Unis, saluer affectueusement les rebel(le)s d’Espagne et l’Italie, les libertarixs d’Argentine, pour ne pas oublier les iconoclastes d’Indonésie. Force, camarades! Aux anonymes de la ALF et ELF de Russie et ailleurs dans le monde. Aux camarades emprisonnés-es à travers le monde, j’envoie toute mon attention de ces lettres humbles, à la camarade Tamara, prisonnière au Mexique, à Gabriel Pompo Da Silva, prisonnier en Espagne, à Marco Camenish, prisonnier en Suisse, et aux toujours dignifiés camarades des Cellulles de Feu, comment j’envie votre courage. Et bien-sûr, à mes camarades du territoire dominé par l’État du $hili, à vous que j’ai connu en personne, sachez que je vous porte dans mon cœur partout où je vais. Je n’ai jamais été séparé de vous parce que je vous porte dans mon sourire; je sais que dans une seule lettre je ne pourrais remercier tous et chacun(e)s pour leurs actions, j’espère que c’est entendu que je ne veux exclure personne, les formes par lesquelles vous avez montré de la solidarité envers moi sont aussi multiples et diverses que cette lutte, des actions illégales à des appels téléphoniques, messages sur Internet, et chansons libertaires; et finalement je veux que vous sachiez, chacun-e de vous rebelles solidaires que ce fou de la liberté ne va JAMAIS, jamais vous oublier, vous avez été connus pour être aussi grands que des grattes-ciels et pour frapper là où ça fait mal, et par-dessus tout, vous avez fait briller les étoiles par votre courage, et c’est quelque chose qu’il vaut la peine d’imiter.

J’aimerais que vous sachiez ce que la solidarité a créé pour moi en ces jours où plus rien ne faisait du sens, quand d’apprendre à refaire ma vie ne faisait pas le moindre sens, car vous saviez que j’étais mal en point. Ce qui m’est arrivé, je le souhaiterais à bien peu de gens, car ce fut horrible – et dans la plus profonde noirceur sont apparus de petits gestes qui m’ont poussé à ne pas lâcher. Comment pourrais-je trahir ceux qui risquent leurs vies pour m’envoyer des encouragements? Et j’ai appris à conquérir la vie à nouveau; vous ne saurez jamais à quel point vous avez été importants. Maintenant je me trouve à être plus fort que jamais; la prison, loin de m’intimider, m’a endurci ces derniers temps. La vie est paradoxale, parce que j’ai toujours dit que le fait d’avoir des camarades en prison ne devrait jamais être une raison pour avoir peur, qu’au contraire ce devrait être une cause pour le bout de tissu dans une bouteille d’essence, pour la mèche dans une charge explosive ou incendiaire, pour le sourire dans le cœur d’insurgé(e)s après chaque jour d’attaque; ça, j’y ai cru auparavant et y croit toujours, et maintenant je suis se trouve à être le prisonnier, or si mes ennemis ne réussissent pas à m’intimider quand je me trouve entre leurs griffes, ce sera aussi difficile pour eux de le faire avec mes camarades.

Je veux confronter la prison de la même façon que je confronte la société, avec dignité et bonheur, jamais de façon soumise, pour, comme dit déjà, de rendre la prison combative. Je vous dit que je suis dans la section médicale de la prison Santiago 1, où il y règne un régime similaire à celui du module le plus sécurisé d’une prison à sécurité maximum, mais sans cour extérieure, sans radio, sans télé, avec une visite par semaine de pas plus de deux personnes et le risque d’attraper les maladies d’autres prisonniers; la pièce est partagée et plus grande qu’une cellule -par ici ils appellent ça la prison des fous- parce que de passer trop de temps ici est assez pour te rendre fou, quoique que je suis de la croyance que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort, comme ils disent par ici: «nous, les fous, sont ceux qui font les rêves les plus beaux».

Je vous dit que je fais beaucoup d’exercices pour récupérer les muscles que j’ai perdu, je chante beaucoup, en particulier les chansons que personne n’aime, j’écris des lettres à ma petite fille à chaque semaine, parfois quand je partage ma cellule avec un autre je joue aux échecs ou on parle, généralement la prison s’occuppe de moi et m’aide beaucoup en ce sens. Je suis régulièrement mon traitement de réhabilitation et essaie de m’encourager quand il n’y a que des bribes d’information à parvenir du dehors; aussi je me suis proposé plusieurs projets à moi-même, dont certains sur lesquels je travaille déjà, et les autres pour quand j’aurai fini ma sentence.

Je pense qu’un rebelle devient un guerrier quand il est capable de se relever encore plus fort que lorsqu’il est tombé, quelqu’un qui peut regarder la réalité même s’il a tout à perdre. Un guerrier n’a pas nécessairement à savoir comment faire une bombe ou en avoir une, ou de maîtriser des techniques de camouflage, ce sont des choses que l’on apprend par addition. Les guerriers sont dangereux par leurs idées et principes à cause qu’ils envisagent toutes les voies vers les conséquences finales, restant toujours fermes et prompts, parce qu’ils ne vont pas trahir eux-mêmes ou leurs camarades, parce qu’ils sont toujours conscients, parce qu’ils ne se laissent pas embarquer par des rumeurs ou des tromperies, parce que quand ils ont des problèmes ils les confrontent, s’ils ressentent de la souffrance ils pleurent, et s’ils sont joyeux ils rient; parce qu’ils savent comment vivre une vie pleinement; or ce ne sera donc jamais pacifique – car ils sont de vrais guerriers; maintenant dans cette guerre il y a plusieurs occasions joyeuses, mais il y a aussi des moment d’amertume, parce qu’il s’agit d’une guerre, pas d’une phase juvénile, et de confronter le système de domination en utilisant ces conclusions peut amener peut amener des conséquences désastreuses que nous devrions connaître dès le départ, parce qu’une erreur, une bref manque d’attention peut tout chambarde. Je l’ai toujours dit et compris, alors j’ai agi en accord avec les termes que j’ai utilisé.

Concernant mes blessures, elles ont toutes guéri, malheureusement les marques vont toujours rester, mais je les porterai avec la même fierté que mes tatous, parce qu’ils sont la meilleure évidence que je suis convaincu de mes idéaux – comment ne pourrais-je l’être? J’ai porté cette bombe avec des rêves et des espoirs, et ceux-ci demeurent intacts.

De l’autre côté, je regrette ne pas être capable de continuer de participer aux projets dans lesquels j’étais, en comprenant que pour moi, personne n’y avait plus de valeur que d’autres, tous et chacuns-es y mettant une contribution à la guerre sociale, et souhaite que ces projets n’aillent pas à la dérive parce que je ne suis plus là. Au contraire, ça devrait être une raison d’aller de l’avant. Je sais que je ne suis pas absous de critiques, car si j’ai fait ma part à ces rêves, j’aurais dû par contre agir non avec 100%, mais 150% d’attention.

Je suis certain que mon exemple va conclure un chapitre de plus et que les nouveaux comme pas-si-nouveaux combattants vont savoir comment récupérer ce qu’il y a de positif dans tout ça, car la lutte continue et il y a trop de cœurs qui ne trouvent pas leur place dans ce monde autoritaire et veulent ouvrir un sentier. Parce que nous l’avons fait dans le passé nous savons comment le fait encore dans le présent. Personnellement je vois un bon équilibre dans les luttes anti-autoritaires dans le monde, l’une ou l’autre diminue mais généralement le pronostic regarde bien.

Mais pour autant que la lutte avance, la répression avancera elle aussi, et mon cas sera utilisé pour rouvrir le coup monté de « l’Affaire des bombes », or je fais la suggestion d’être alertes, jamais à l’inaction mais plutôt la précaution, car mon auto-critique peut être appliquée par tous, l’idée est de la partager. Pas que je dise cela avec certitude; c’est de la spéculation. Peut-être ne vont-ils pas tenter de piéger plus de gens, par peur de s’exposer au ridicule une fois de plus, ou peut-être vont-ils foutre dans les toilettes tout ce sur quoi mes accusations reposent, or l’appel est pour être éveillés, avec tous ces cinq sens, dans les rues.

Pour finir je veux dédier quelques dernières lignes à la personne avec qui j’ai voyagé aux premières heures de ce 1er Juin. Hermanx (petit(e) frère/soeur), je sais que mon accident doit t’avoir marqué. Peut-être as-tu passé des nuits sans dormir, dans l’incertitude de la vie quotidienne, « Vont-ils apprendre que c’était moi? Vont-ils me remarquer? Vais-je me réveiller demain ou mourir dans mon sommeil? Vais-je être trahi-e? » Je me souviens d’une fois où je t’ai dis que malgré ma haine profonde envers cette ordure qui a poignardé sa compañera, je croyais comprendre que si on se trouverait dans une situation similaire, de voir si nous sommes aussi forts qu’on le dit, car j’ai toujours cru que la trahison est un ennemi intérieur. Et maintenant je peux te dire que ce petit homme n’a pas de couilles! Je me rappelle aussi qu’avant de partir dans les rues cette nuit-là, je t’ai dit que j’y allais sans ma Kabbalah, une chose purement insignifiante, quelque chose que je croyais me porter chance. Tu m’as dit que c’était cinglé de croire en des choses comme ça, et par chance j’ai amené mon autre amulette. Je suis encore en vie et maintenant on peut rire de toutes ces absurdités. Hermanx, je veux que tu saches que même si je n’aurais jamais imaginé ces choses horribles qui ont joué avec ton cœur et ton esprit, je continue d’être la même petite tortue qui pue des pieds et qui dort par terre, et je ne vais jamais avoir à te reprocher quoi que ce soit, parce que cette nuit-là, c’était mon tour, tout comme par les fois passées où ça a été ton tour, et si quelque chose arrive, la deuxième personne s’enfuit, tel qu’on s’est entendu et tel que ça devait se passer. Parce que malgré que tu pourrais t’être plusieurs senti-e comme un-e traître, tu ne l’es pas. Dans cette guerre où on s’est engagé, il n’y a pas de mots pour nous comprendre. C’est possible que je ne te vois plus jamais, et si c’est le cas, bonne chance dans tout ce qui arrivera.

Je l’ai dit une fois et le dis encore avec fierté: Jamais vaincu, jamais repentant!
D’ici j’envoie ma chaude accolade aux gens qui marchent dans la clandestinité.

Avec Mauri présent dans ma mémoire!
Prisonniers de guerre, dans la rue!
Contre toute autorité!
En marche vers le néant créatif!

Luciano Pitronello Sch.
prisonnier politique insurrectionnaliste

__________________________________

 [Publié en espagnol par Liberación Total, traduit en anglais par War on Society et en français par Antidéveloppement, repris par Sabotagemedia]

Publié dans general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur [$hili] Lettre de Luciano Pitronello (Tortuga) aux coeurs indomptables

Suites manifestation Vincennes

Les 3 personnes mises en garde à vue suite à la manifestation du 14 janvier ont été remises en liberté [à l’issue des comparutions du lundi 16 janvier].
Liberté sous contrôle judiciaire avec pointage au commissariat toutes les semaines et interdiction du 12e arrondissement.

Ils passeront en procès le 27 février.
Le mineur passera devant le juge pour enfants. En tout cas ses copains et copines ont fait une beau rassemblement qui a été encerclé sur la place de la préfecture.

Merci à toutes celles et ceux qui ont téléphoné au commissariat (apparemment ils ont été submergés d’appel), sont venus, etc…

A bientôt à Vincennes (ou au Mesnil-Amelot ou à Palaiseau…) tant que resteront les centres de rétention !

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Suites manifestation Vincennes

Quelques notes sur le contrôle judiciaire…

_________________________________________

Le contrôle judiciaire a été créé en 1970. Présenté à l’époque comme une alternative à la détention provisoire, il permet au juge de garder une personne sous la main de la justice en attente du procès sans pour autant remplir les prisons. Souvent présenté comme une façon d’échapper à la prison, il permet à l’État d’avoir le contrôle sur une personne suspectée. En ce sens, il constitue une autre forme de sanction, qui vient s’ajouter à l’incarcération et étend les possibilités de la justice pour contrôler et punir. En fait, le contrôle judiciaire s’ajoute doublement à la prison : d’abord parce que, de fait, les prisons sont toujours aussi pleines, on n’envoie pas moins de gens en prison, ensuite parce que la période passée sous contrôle judiciaire n’est pas comptabilisée dans la condamnation (contrairement à la détention provisoire), elle s’ajoute à la période d’incarcération.
Concrètement, le juge choisit parmi un panel de règles et d’obligations : pointages réguliers dans un commissariat (de une fois par mois à une fois par jour), suivi social (obligation de travailler ou de rechercher un emploi), interdiction de se rendre dans certaines parties du territoire, interdiction de voir certaines personnes, restrictions d’horaires, interdiction de quitter son domicile, obligation de soin, interdiction de se déplacer hors du cadre autorisé sans l’avis du juge d’instruction… Toutes ses règles personnalisées multiplient les raisons d’être incarcéré (ou réincarcéré) car ne pas les respecter peut être puni de plusieurs mois de prison. Elles sont des contraintes qui agissent sur le quotidien : une partie assure « l’insertion sociale », l’autre la surveillance pure et simple.

Les dispositifs voués à la mise au travail et au contrôle se développent sur toute la population.
La fonction sociale de la prison est de gérer la misère et d’être un repoussoir pour tous afin d’accepter l’exploitation. Sous couvert d’objectifs d’insertion, le suivi social ressemble bien souvent à une mise au travail forcée. Ainsi, les dispositifs du contrôle judiciaire sont similaires à ceux du contrôle des chômeurs, où le moindre faux pas peut être suivi d’une suppression d’Assedic ou autres allocations. Ce sont autant de rendez-vous qui rappellent à l’ordre et contraignent à accepter n’importe quel boulot. Bien déçu celui qui pense y trouver une activité épanouissante, il n’y trouvera que travail de merde et discipline.
Le contrôle judiciaire est toujours un contrôle des déplacements et des fréquentations, dans une dépendance permanente aux instances judiciaires. Les projets personnels sont, dès lors, placés sous leur surveillance et soumis à leur accord. Ainsi, dans beaucoup d’affaires, des proches sont considérés comme des complices et il est interdit de les rencontrer, ce qui a pour conséquence d’isoler et de briser les liens. Parfois même, le contrôle judiciaire interdit de se rendre dans le territoire de son lieu d’habitation.
Cette surveillance est facilitée et renforcée par un maillage policier resserré sur tout le territoire. L’ensemble de la population est régulièrement contrôlé : la vidéosurveillance se développe encore, jusque dans les rames de métro et les halls d’immeuble, les téléphones portables permettent de suivre à la trace et de connaître le carnet d’adresse ; dans les transports en commun la puce du « pass navigo » permet d’obtenir des informations sur l’identité, les droits sociaux, les stations empruntées ; sur les routes la sécurité routière est un bon prétexte aux contrôles ; dans les rues les contrôles au faciès vont bon train. Les contrôles de douane ne se font plus seulement aux frontières mais sur tout le territoire. Les frontières se matérialisent à chaque contrôle de papier au travers duquel certains passent et d’autre non.

En prison, les interdictions et l’absence de liberté sont palpables à chaque instant à travers les murs et les barreaux. Avec le contrôle judiciaire, chacun est sommé d’intérioriser les interdits et les obligations. A l’instar de bien d’autres aspects de notre société au premier rang desquels le salariat, le contrôle judiciaire participe de cette intériorisation de la résignation, de cette auto-discipline qui doit faire accepter à chacun de rester à sa place et de ne pas faire de vagues. Ceci a pour objectif de neutraliser toute volonté d’émancipation et de révolte face au fonctionnement de cette société. Les assignations à résidence et les interdictions de rencontrer des proches favorisent l’isolement, le repli sur soi et la limitation des déplacements au trajet domicile/travail, ce qui représente pour le pouvoir le mode de vie idéal pour contrôler et gérer la population.

Comme face à toute mesure visant à soumettre et à contrôler chacun, que ce soit dans les transports, au travail ou à la CAF, il existe de multiples formes de résistances et de contournements des mesures du contrôle judiciaire. Toutes sortes d’arrangements, de magouilles et d’esquives permettent de ne pas se soumettre en permanence, de continuer à vivre et donnent pleins de raisons de ne pas se résigner. Dans chaque procédé de contrôle, il y a toujours des failles et ce n’est pas l’accumulation de ces mesures coercitives qui entameront la détermination à lutter pour une société libérée de l’exploitation et de l’enfermement.

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale | Commentaires fermés sur Quelques notes sur le contrôle judiciaire…

Deux comparutions immédiates suite à la manif devant le centre de rétention

Suite aux arrestations devant le centre de rétention de Vincennes du 14 janvier 2012, deux personnes qui étaient en garde-à-vue passent en comparution immédiate cet après-midi [lundi 16 janvier], à partir de 13H, chambre 23ème-1, au TGI de Paris, métro Cité.

[La 3ème personne étant un mineur il passera devant le juge des enfants.]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, solidarité | Commentaires fermés sur Deux comparutions immédiates suite à la manif devant le centre de rétention

A propos de la manifestation devant le centre de rétention de Vincennes du 14/01

Le samedi 14 janvier 2012, environ 150 personnes se sont retrouvées à Vincennes pour aller manifester contre les centres de rétention. La veille, six personnes sans-papiers avaient été condamnées en appel à des peines allant de 6 à 30 mois de prison ferme suite à la révolte, qui, le 22 juin 2008, a abouti à la destruction du centre de rétention de Vincennes. Au-delà du verdict, cette manifestation voulait une nouvelle fois crier sa solidarité avec les enfermés.

Malgré les tentatives des policiers pour nous empêcher de nous approcher du centre, nous avons réussi à arriver suffisamment prêt, à deux endroits différents, pour que les retenus entendent nos cris et nos pétards. Ils nous ont répondu en criant et en sifflant.

Au moment de partir, nous nous sommes retrouvés encerclés par les flics, leurs matraques et leurs gazeuses alors que des slogans contre les centres de rétention continuaient à résonner. A ce moment-là, la tactique policière a été de repérer plusieurs d’entre nous à l’intérieur de la nasse. Nous nous sommes alors resserrés pour que les personnes ciblées ne soient pas prises. En dépit de nos efforts, des civils armés de matraque télescopique sont entrés à trois reprises dans la nasse.

Trois personnes ont été isolées. Elles ont été placées en garde-à-vue. Les premiers chefs d’inculpation sont « participation à un attroupement armé, violences sur agents et dégradations de biens privés. » Le reste du groupe, 99 personnes, a été embarqué dans deux cars et emmené dans le nouveau commissariat (TGP ?), rue de l’Évangile dans le XVIIIe arrondissement. Tout au long du transfert nous avons discuté collectivement pour imposer aux policiers de sortir ensemble et de ne donner qu’oralement nos identités. Nous avons ensuite été parqués dans une cour entourée de barbelés. Ce commissariat, qui abrite la direction de la police ferroviaire, a déjà servi pour des opérations de contrôle d’identité massives (rafles, manifestation…).

Après cinq heures aux mains de la police, nous avons été libérés. Les trois personnes placées en garde-à-vue ont été déférées et passeront peut-être en comparution immédiate au TGI de paris (métro Cité), lundi 16 janvier à 13h30. Si c’est le cas, un appel sera publié en fin de matinée.

Malgré la volonté de l’Etat d’isoler ces lieux et ceux qui y sont enfermés, le nombre et la détermination des manifestants ont permis de faire exister notre solidarité.

CONTINUONS LA LUTTE CONTRE LES CENTRES DE RETENTION !
LIBERTE DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION !
LIBERTE POUR TOUS AVEC OU SANS PAPIERS !

Tout le monde peut appeler les retenus directement sur les cabines téléphoniques :

Vincennes 1 : 01 45 18 59 70 – 01 45 18 12 40 – 01 45 18 02 50

Vincennes 2 : 01 48 93 69 47 – 01 48 93 69 62 – 01 48 93 90 42

Vincennes 3 : 01 48 93 99 80 – 01 43 76 50 87 – 01 48 93 91 12

____________________________

[Publié sur Indymedia Paris]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, les papiers on s'en fout on n'en veut plus du tout, solidarité | Commentaires fermés sur A propos de la manifestation devant le centre de rétention de Vincennes du 14/01

Suite à la manif devant le centre de rentention vincennes

Ce samedi 14 janvier plus de 200 personnes ont tenté d’aller crier leur solidarité aux sans-papiers prisonniers au centre de rétention de Vincennes. Elles ont été bloquées et encerclées par la police dès qu’elles ont été suffisamment près de la prison pour que leurs cris de solidarité soient entendus et que leurs feux d’artifice soient vus. Des retenus ont toutefois dit qu’ils avaient pu entendre la manifestation et en avaient été très contents. Alors qu’ils étaient pris dans une nasse, les manifestants ont du subir les assauts de plusieurs policiers en civil qui, aidés par leurs collègues en uniforme, venaient prélever certains d’entre eux pour les isoler du groupe. 4 personnes ont été ainsi isolées. Finalement, tous ceux qui n’ont pas réussi à s’enfuir ont subi un contrôle d’identité de plus de 4 heures dans les locaux de police de la rue de l’Evangile, des locaux réservés aux arrestations massives. Comme à chaque fois, les policiers ont décidé de placer 3 personnes en garde à vue sous divers prétextes comme ils savent toujours en trouver. Il s’agit comme toujours de faire peur et de dissuader quiconque d’exprimer trop fort sa volonté de voir les centres de rétention disparaître. Les camarades en garde à vue sont actuellement enfermés dans le commissariat du 12e arrondissement.
Vous pouvez demander de leurs nouvelles au : 01 44 87 50 12

Avec toutes celles et ceux qui, parce que sans papiers, sont traqués, raflés, emprisonnés et expulsés et avec toutes celles et ceux qui luttent à leurs côtés pour la liberté de circulation et d’installation, contre les frontières et leurs prisons : solidarité !

__________________________________

[Repris de Indymedia Paris]

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, les papiers on s'en fout on n'en veut plus du tout, solidarité | Commentaires fermés sur Suite à la manif devant le centre de rentention vincennes

Histoire d’une balade au CRA de Vincennes

A 16h c’était l’heure du rendez-vous à la station RER de Joinville-le-Pont pour un départ en manif sur le CRA de Vincennes. A ce moment-là on est bien 80 au jugé. Quelques flics qui se répartissent entre 2-3 bagnoles et bavassent paisiblement en nous regardant. Pas de CRS en vue …

On démarre direction la D4 banderole en tête, vers le Centre de rétention. Au niveau de la route de la Pyramide, qui remonte vers l’hippodrome et le CRA, on rencontre notre premier camion de CRS qui se déploient vite fait bien fait, pensant qu’à cinq on peut bloquer une chaussée rien que par la dissuasion. Manque de bol, même scénario qu’il y a deux ans, on aime pas qu’on nous dise où il faut aller, on prend la tangente, on poursuit sur l’Avenue des Canadiens au pas de course, à grands renforts de slogans et les flics sont débordés, écartés, dépassés ; un cycliste frénétique fait des allers-retours le long de la manif tandis que trois de ses copains affolés courent vers l’avant pour rejoindre la bretelle qui mène sur l’autoroute, la même où la manif de 2008 avait fini en joyeux bordel entre les voitures stoppées sur l’autoroute.

Seulement cette fois-ci on remonte l’avenue de Gravelle qui longe le CRA, et on se retrouve rapidement refoulés par quatre cars de robocops qui vomissent leurs occupants ; Des grenades assourdissantes sont tirées pour nous signifier qu’on ira pas plus loin que le pont au-dessus de l’autoroute. Côté flics on a un cames-COP qui filme, le même qui a sûrement permis aux flics de profiler plus tard, devant le centre.

Quelques slogans pour se faire entendre des détenus (et se faire détester des flics à qui on le rend bien) plus tard, on repart dans l’autre sens, suivis par un cordon bleu nimbé d’un fumigène rose du plus bel effet sur fond de soleil déclinant.

Retour sur la Route de la Pyramide, direction l’Hippodrome et le CRA. A l’Hippodrome c’était jour de courses, les camions repartent avec leur chargements équestres et l’aristocratie hippique quitte les lieux en sens inverse de notre défilé qui a grossi les rangs avec ceux qui avaient raté le début et ont rallié le CRA. On doit pas être loin de la centaine.

Devant le CRA on aperçoit l’armada de gardes mobiles qui défend la forteresse derrière une double rangée de barrières. Les grilles de l’Hippodrome sont surveillées par les vigiles qui les ferment rapidement. Le chemin vers le CRA ressemblant à une fourmilière de flics, on se déplace vers le parking de l’Hippodrome en même temps que des gardes mobiles qui, ayant compris qu’on allait pas rester à crier sagement face à eux, commencent à courir entre les voitures pour verrouiller la Route de la Ferme en face de nous. Un face à face musclé s’engage, un garde mobile se prend un coup de savate sous la banderole, des coups de matraque fusent, des crachats, insultes et bousculades y répondre de notre côté, un caillou vole.

A 17h une poignée de gardes mobiles finissent de verrouiller la Route de la Ferme d’un côté tandis qu’un mouvement rapide s’engage pour s’extraire par l’autre côté où les bataillons du CRA se déploient à leur tour pour nous couper toute retraite. La manœuvre réussit pour une poignée qui s’échappe, les gazeuses rentrent en action, asphyxiant tout le monde : une centaine de manifestants reste coincée, encerclée par un nombre impressionnant de gardes mobiles (facilement 100 à 150). On continue les slogans un temps, on jauge la situation …

Finalement un groupe de civils entourant le chef des opérations commence à scruter les manifestants, très visiblement à la recherche d’individus ciblés d’après la vidéo tournée auparavant et des observations des flics durant la manif. Le manège dure un quart d’heure et c’est le même scénario qu’à Stalingrad lors du G8 : ils vont à la pêche en fonçant dans le tas avec quelques gardes mobiles, distribuant des petits coups de matraques et des coups de poings jusqu’à ce qu’ils aient attrapés ceux qu’ils ont ciblés. Le manège se répète un peu plus tard, un copain est attrapé par dessus le capot d’une voiture, tiré vers l’arrière et emporté. Il se débat, tentant de s’échapper vers le toit de la camionnette où ils essaient de l’embarquer. Le troisième coup, le copain est pas mal rudoyé à son tour. Apparemment ils ont ce qu’ils veulent : ils arrêtent leurs petites incursions.

Finalement un cordon bleu vient nous séparer en deux groupes, en coupant à la bousculade. Les slogans se poursuivent, on perd pas l’entrain même si l’ambiance est plus tendue. A 18h on nous embarque un par un dans les deux paniers à salade (la phrase du jour d’un des gardes mobiles : « voulez-vous bien me suivre ? »). Les bus démarrent vers 19h, au cours du trajet on refait la déco aux marqueurs.

Porte d’Aubervilliers, à 19h30, on commence à se demander où on va.

19h45 : on s’engage avec les bus dans une zone ferroviaire, au 2 rue de l’Évangile dans le 18ème arr., estampillée SNCF à l’entrée ; des véhicules de police garés le long d’entrepôts de fret, sur notre gauche et sur notre droite un bâtiment assez hallucinant, tout droit sorti de l’imaginaire carcéral : un long bâtiment de 100m de long surmonté, à 10m au-dessus, d’un large toit comme ceux qui abritent les quais de gare, le tout entouré d’une grille surmontée d’un barbelé en lames de rasoir. Dans la cour, une vingtaine de policiers arnachés de leurs tenues anti-émeutes attendent les bus et forment une haie d’honneur jusqu’à la porte du comico. Du second bus on voit les copains refuser tout d’abord de sortie puis sortie en chaîne au bout d’un certain temps (20h20 à peu près). Ils sont fouillés, interrogés chacun leur tour, un certain nombre de portables confisqués, puis les militants parqués plus loin derrière des barrières. On apprend également que ceux qui avaient été extraits de la manif devant le CRA sont en garde à vue. Mais l’ambiance est toujours bonne, on rit, on plaisante, on scande, on tape sur les parois et on discute.

Notre tour arrive au bout d’un temps considérablement long où la température du bus s’est nettement accrue et rend l’air étouffant. Il est près de 21h quand on nous gare dans la cour pour suivre le même scénario que l’autre bus. A la sortie on nous demande nos noms et prénoms et si on est majeurs, sans vérification des pièces d’identité. Nous veau profilage d’un flic genre pète-sec qui s’énerve facilement. Visiblement ils recherchent celui qui a mis un coup de tatane au flic asiatique [1] qui s’est aussi pris des crachats en pleine gueule. Un copain est emmené à part et prend un crachat dans la gueule (la loi du talion n’a pas été abrogée faut croire).

Finalement, vers 21h50 les flics ont l’air de se rendre compte que 5h ça commence à faire beaucoup pour un contrôle d’identité. Le reste du second groupe qui n’a pas encore été interrogé et fouillé rejoint les autres derrière les barrières. La cour résonne de nos « Libertés, Libertés, … ». On nous fait mine de sortir enfin vers 22h15, en traversant à nouveau un long double rang de policiers armurés. Au passage le flic asiatique [1] chope un copain et le tire en arrière pour lui mettre un bon coup de pied (toujours le talion). On rattrape vite le copain, on gueule, ça bouscule mais on sort en criant de plus belle, avec l’envie d’en découdre une nouvelle fois.

22h20 : on est tous dehors sauf nos trois amis en garde à vue et nos amis sans-papiers qui nous ont confirmé qu’ils nous entendaient de l’intérieur.

Une fin de journée qui nous fera pas passer l’envie de continuer à manifester et crier :

Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons !!

Feu, feu aux Centres de Rétention !

_________________________________

[Texte publié sur Indymedia Paris]

[1] sic

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, les papiers on s'en fout on n'en veut plus du tout, solidarité | Commentaires fermés sur Histoire d’une balade au CRA de Vincennes

[Paris] Discussion autour de l’enfermement des mineurs et de ses différents acteurs

20‎ ‏nouveaux‭ “‬Centres éducatifs Fermés‭”‬,

13200‎ ‏nouvelles places de prison,

Encadrement militaire des mineurs…

Que ce soit des effets d’annonce ou pas de la part de l’État,‭ ‬on voit bien que la tendance générale qui se dessine c’est‭ ‬ :‭ ‬Enfermer toujours plus et toujours plus jeune.

A l’école déjà les moyens de contrôle sont là,‭ ‬sous prétexte d‭’“‬éducation‭”‬,‭ ‬pour nous dresser et nous habituer dès le plus jeune âge à se soumettre à l’autorité.‭ ‬Par la suite,‭ ‬il nous faut filer droit dans la rue,‭ ‬et,‭ ‬au taf,‭ ‬travailler sans broncher pour un pauvre salaire.‭ ‬Parmi ceux qui n’acceptent pas ces règles,‭ ‬certains se font attraper et risquent la prison.

Pour les plus jeunes d’entre nous,‭ ‬le juge pour enfant pourra sanctionner par le placement en établissement Pénitentiaire pour Mineurs,‭ ‬en Centre éducatif Fermé,‭ ‬en Centre éducatif Renforcé,‭ ‬ou encore en taule dans les Quartiers pour Mineurs…‭ ‬Les éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse prennent le relais :‭ ‬ils collaborent avec l’Administration Pénitentiaire pour‭ “‬ré-éduquer‭” ‬et surveiller les jeunes récalcitrants,‭ ‬poussant certains d’eux jusqu’au suicide.

Pour autant,‭ ‬certains leur donnent des barreaux à retordre :‭ ‬mutinerie,‭ ‬révolte collective ou individuelle,‭ ‬évasion…‭ ‬Ainsi,‭ ‬par exemple en mai‭ ‬2011,‭ ‬une mutinerie éclate à l’EPM de Lavaur près de Toulouse.‭ ‬Des cellules sont saccagées et l’Administration Pénitentiaire envoie ses supers-matons‭ (‬les ERIS‭) ‬casser la révolte.

Dehors,‭ ‬en solidarité,‭ ‬des actions sont menées,‭ ‬notamment le‭ ‬5‭ ‬juillet où le siège de la PJJ près de Toulouse est redécoré rageusement.‭ ‬Quatre personnes arrêtées le‭ ‬15‭ ‬novembre sont actuellement en détention,‭ ‬et deux autres dans le collimateur de la justice.‭ ‬Toutes sont accusées d’en être les auteurs.‭*

Parce que nous sommes solidaires des inculpés de Toulouse et de ceux qui luttent contre tous les enfermements,‭ ‬nous proposons de nous retrouver pour discuter de l’enfermement des mineurs et de ses différents acteurs,‭ ‬et des manières de s’y opposer.

‎* ‏plus d’info sur http://pourlaliberte.noblogs.org

_______________________________

Discutons de l’enfermement des mineurs et de ses différents acteurs,‭ ‬et des manières de s’y opposer

lundi‭ ‬30‭ ‬janvier‭ ‬2012‭ ‬à‭ ‬19h au CICP,‭ ‬21‭ ‬ter rue Voltaire Paris‭ ‬11ème

[tract] et [affiche]

_______________________________

En lutte contre les établissements Pénitentiaires pour Mineurs

Petite chronologie des actions de résistance à l’extérieur des murs… Février‭ ‬2006‭ ‬ : ‬occupation du futur chantier de l’EPM d’Orvault,‭ ‬accompagnée d’une semaine d’actions,‭ ‬tractage massif,‭ ‬banderoles,‭ ‬affichages,‭ ‬bombages.‭ ‬Les locaux de la PJJ ont été plusieurs fois cadenassés et repeints.

25‎ ‏mars‭ ‬2006‭ ‬ :‭ ‬Carnaval à Lavaur un char anticarcéral,‭ ‬dégâts matériels sur le chantier de l’EPM en construction, prison symbolique brûlée en place publique

24‎ ‏mars‭ ‬2007‭ ‬ :‭ ‬rassemblement devant l’EPM de Porcheville

Fin mai‭ ‬2007‭ ‬ :‭ ‬à Porcheville,‭ ‬tags hostiles aux EPM notamment sur la mairie

15‎ ‏juin‭ ‬2007‭ ‬ :‭ ‬tags sur les écoles de Lavaur‭ « ‬écoles fermées,‭ ‬prison ouverte‭ » ‬et serrures des écoles bouchées trois jours après l’ouverture des EPM

5‎ ‏juillet‭ ‬2007‭ ‬ :‭ ‬deux engins incendiaires sont déposés sur le chantier de l’EPM de Chaucaunin dont l’un détruit partiellement la cabine d’une grue

Novembre‭ ‬2008‭ ‬ :‭ ‬entartage de la sous directrice de l’EPM de Lavaur alors qu’elle participait,‭ ‬à une table ronde dans le cadre à Toulouse,‭ ‬de la journée nationale prison.

5‎ ‏juillet‭ ‬2011‭ ‬ :‭ ‬tags à la direction régionale de la PJJ à Labège

‎… ‏et à l’intérieur des murs

18‎ ‏juin‭ ‬2007‭ ‬ :‭ ‬mutinerie à l’EPM de Meyzieu dès son ouverture

7‎ ‏et‭ ‬8‭ ‬juillet‭ ‬2007‭ ‬ :‭ ‬incidents à l’EPM de Lavaur

2‎ ‏mai‭ ‬2011‭ ‬ :‭ ‬tentative d’évasion à l’EPM de Marseille

7‎ ‏et‭ ‬8‭ ‬mai‭ ‬2011‭ ‬ :‭ ‬mutinerie à l’EPM de Lavaur

Publié dans contrôle social, contrôle policier, general, guerre sociale, inculpé-e-s toulouse 15 novembre 2011, solidarité | Commentaires fermés sur [Paris] Discussion autour de l’enfermement des mineurs et de ses différents acteurs