Balade anti-électorale à Grenoble

Le samedi 31 mars, aux alentours de midi, nous avons joyeusement déambulé dans les rues de Grenoble contre les élections et leur monde. Sur notre chemin, en ont pris pour leur grade : le Dauphiné Libéré, la nouvelle permanence PS, Pôle Emploi, banques, agences d’intérim, d’immobilier et de sécurité. C’est à coup d’huile de vidange, de peinture, de compost et de fruits pourris que nous avons redécoré les devantures de nos cibles. Un texte a été diffusé durant la balade, que nous postons à la suite.

A cinquante, il est possible de reprendre la rue l’espace de quelques minutes. Et si on s’y mettait à plus ?

Pas d’élections sans bordel ; à bientôt dans la rue !

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[TEXTE] Pourquoi sommes nous dans la rue aujourd’hui ?

A quelques semaines du premier tour des élections présidentielles, au moment où les candidats de gauche comme de droite examinent les derniers sondages, nous sortons dans la rue pour réaffirmer que nous n’irons pas voter. Nous n’irons pas voter pour ces spécialistes de la politique qui prétendent pouvoir gérer la vie de millions de gens ; nous n’irons pas voter car nous refusons le monde qu’ils nous proposent, enfin nous n’irons pas voter car notre imagination et nos désirs débordent de leurs bulletins de vote. La démocratie représentative n’est qu’une instance de gestion de la société ! Nous voulons vivre et pour cela nous pensons qu’il est primordial de reprendre en mains nos existence, commencer donc par refuser de déléguer. Nous voulons un changement global de ce monde ; décider de notre avenir ne peut être le fait d’un programme de parti, cela doit être le fruit d’une organisation collective à la base, en luttant contre toutes les formes de pouvoirs et de contrôle. Nous ne croyons pas en une insurrection civique, car l’histoire nous l’a montré, on ne peut utiliser les instruments du pouvoir pour le renverser. Il faut pour cela lutter concrètement en s’organisant collectivement. S’organiser contre les partis, de gauche comme de droite, qui ne voient dans la démocratie représentative qu’une manière de s’approprier le pouvoir. Ces experts qui veulent nous faire croire que la politique se joue dans des salles de réunions et des bureaux de vote, alors qu’elle n’existe que réellement dans la palabre et le vivre ensemble. Laissons les patauger dans leurs sondages, et reprenons notre droit à décider dans nos villages, nos quartiers, les écoles et les entreprises… S’organiser contre le travail présenté comme seul horizon, comme seul épanouissement d’une vie sans surprise. Le travail comme seul rapport au monde, comme seul rapport aux autres. Nous devons nous réapproprier et mettre en commun nos compétences et nos savoirs faire, pour ne plus les laisser aux exigences de la marchandise et du contrôle. Ne plus accepter que toujours plus de gens soient obligés d’aller taper à la porte d’un pôle emploi, soumis à des boulots de merde qu’il faut bien accepter pour ne pas être radiés [correction de cestdejatoutdesuite : radiés à la place de … rallier (!?) dans le texte original], pour toucher cette thune par laquelle ils nous font marcher droit. Parce que oui, la réalité de ceux et celles qui n’ont pas de travail c’est bien souvent la misère économique, mais aussi sociale et affective. Finalement une dépendance toujours plus accrue au système responsable de cela : quand t’as pas de thunes tu t’accroches au moindre billet. Les discours actuelles sur la crise, présents dans la bouche des politiques, et relayés par tous les médias dominants, veulent nous faire croire que l’on traverse une période difficile, mais que l’on doit rester confiant dans le relance de la croissance, que ça ira mieux demain ! Mais nous avons compris que la crise n’est qu’une phase normale du fonctionnement normal de l’économie capitaliste. Une phase de plus dans laquelle les plus pauvres trinquent sévèrement pendant que les grosses fortunes réalisent des records de bénéfices. La crise n’est finalement qu’une façon supplémentaire de nous contraindre au silence, à l ’attente, au calme, à être « responsable ». Années de plomb ou années à fric qu’importe, nous refusons que nos existences vacillent au gré des fluctuations d’un capitalisme mondiale. Pour mettre à bas ce système, il nous faut désormais nous organiser sans argent ou plutôt contre l’argent, car il est la source majeur de notre malheur. Nous devons donc développer les solidarités, les combines et les pratiques qui puissent permettent en fin de compte de rendre les dispositifs de domination obsolètes. Cela veut dire se poser de manière commune certaines questions. Celle de la nourriture par exemple, pour ne plus être dépendant d’une agriculture productiviste et d’une bouffe de plus en plus industrielle. Mais c’est aussi la question du logement ; retrouver la possibilité d’habiter un espace qui nous convienne, nous ne voulons plus choisir entre la rue et un appart pourri. Nous refusons de croire que la vie la plus épanouissante se joue entre les quatre murs d’un trois pièces, dans une propriété aseptisée au sein d’un quartier sans âme. Pour faire accepter les cadres et mater les colères, toutes les formes de pouvoir, et nos « démocraties » ne sont pas en reste en la matière, s’entourent de vigiles, de policiers, de militaires… et aujourd’hui grâce à l’apport des nouvelles technologies, ce sont les caméras, les puces RFID… autant de possibilités de contrainte. Mais notre meilleure police c’est nous même, c’est notre façon d’accepter le « moins pire des mondes » et d’être prêt à le défendre même lorsqu’il nous broie. Il est grand temps de retrouver ensemble le courage de le combattre.

Le monde capitaliste se craquelle de part en part, les peuples du monde entier refusent de courber l’échine sans rien dire, mais il ne tombera pas seul ! S’organiser pour renverser ce système ne passera pas par les urnes, mais dans la pratique collective : dans les mouvements sociaux, dans les luttes en tous genre, dans les assemblées et dans la rue. Nous devons rendre présents tous ces gestes, les multiplier et les faire résonner entre eux jusqu’à ce qu’ils débordent…

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Publié sur Indymedia Grenoble, le 2 avril 2012.

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