Dortmund : manif sauvage en solidarité avec la révolte en Turquie
Le 4 juin, une nouvelle manif anarchiste non autorisée est partie du Katharinentreppen, juste en face de la gare centrale de Dortmund pour prendre ensuite la rue commerçante du centre, Westenhellweg.
Environ 80 personnes ont participé à la manif sauvage qui a commencé comme prévu à 19h. Trois textes ont été lus : un tract distribué à des milliers d’exemplaires avec le parcours de la manif, un texte revenant sur la révolte et les violences policières en Turquie, mais faisant aussi référence à la répression au cours du mouvement de protestation Blockupy à Francfort (quelques jours auparavant) ; la dernière contribution portait, en général, sur la révolte et les possibilités d’activité anarchiste, posant clairement que la violence provient d’abord de la domination et pas des révolté-es. Nous avons consciemment décidé de mener cette action sans sono pour pouvoir être plus mobiles en cas d’attaque policière, et afin de créer un esprit combatif différent.
Il est aussi motivant pour nous que seuls un drapeau turc et deux du Parti Piraten soient apparus lors du rassemblement pour ensuite disparaitre au cours de la manif. Après la lecture des textes, celle-ci a bruyamment porté sa solidarité dans les rues du centre jusqu’à la Reinolidkirche.
A part les tacts distribués, les slogans étaient par exemple : “İsyan, Devrim, Anarşi (Révolte, Revolution, Anarchie)”, “Amore, Anarchia, Autonomia (Amour, Anarchie, Autonomie)”, “Istanbul, c’était un meurtre ; résistance partout”, “No Justice, No Peace, Fight the Police » et “Taksim est partout, Taksim est ici”.
Ne serait-ce que pour un moment,la manif a brisé la normalité capitaliste dans le centre ville commercialisé de Dortmund et les réactions positives ont été nombreuses. Les compagnon-nes se sont dispersés alors que les gyrophares des voitures de police apparaissaient au loin, à Westenhellweg. Quelques minutes après, des dizaines de patrouilles sont arrivées à la recherche de personnes suspectes. A notre connaissance les flics n’ont procédé qu’à quelques contrôles d’identité dans le parc près de la gare.
Nous considérons que cette manif est un succès. Particulièrement à Dortmund (où tout ce qui est vu comme ne serait-ce que proche de la « gauche radicale” est supprimé par tous les moyens) nous avons “fait ce que nous avions à faire ” ; avec autodétermination y sans flics autour. Il y a longtemps qu’une manifestation anarchiste ou même de la gauche radicale n’avait pas eu lieu sans qu’on la fasse chier. Espérons que nous avons posé un signal, non seulement de solidarité avec celles et ceux qui luttent en Turquie, mais aussi au niveau local, à Dortmund. Nous sommes conscients que ce succès est dû à défaillance de la police. Quoi qu’il en soit, nous pensons qu’à l’avenir il peut y avoir une culture de manifestations plus confiante et que le mouvement anarchiste de la région de la Ruhr gagnera en force.
¡Pour davantage d’actions autodéterminées ! Soyons imprévisibles pour les organes répressifs !
¡Liberté pour tou-tes les prisonnier-es en Turquie !
¡Qu’ils continuent avec la révolte !
İsyan, Devrim, Anarşi ! ¡Revolte, Revolution, Anarchie !
Des anarchistes de la région de la Ruhr
[Traduit de l’espagnol de contrainfo, 10 June 2013]
Berlin : Kreuzberg salue les insurgé-es en Turquie
[Traduit de l’allemand de linksunten, 08.06.2013 – 13:23]
Depuis la fin de la semaine dernière, des personnes descendent tous les jours dans les rues de Berlin pour exprimer leur solidarité avec les combats qui se poursuivent en Turquie. Hier soir, il y a de nouveau eu une brève manif sauvage dans le centre du quartier de Kreuzberg. A 22h30, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées devant la porte de Kottbuss en gueulant des slogans accompagnés de feux d’artifices. En peu de temps, la circulation a été bloquée par du matériel de chantier dans presque toutes les directions. Les flics qui, à ce moment là étaient en train de procéder à des contrôles de drogue, ont été attaqués à coups de pierres et d’engins incendiaires. Ensuite la manif s’est éparpillée.
Juste auparavant, des tracts sur la révolte en Turquie, circulant depuis quelques jours déjà en Allemand et en Turc, avaient été distribués dans le quartier. Des banderoles avec « Berlin salue Istanbul – pour la révolte sociale partout dans le monde » et « Özgürlük için omuz omuza ! (côte à côte pour la Liberté) » avaient aussi été accrochées. Selon la presse, les flics qui se trouvaient alentours avec plusieurs camionnettes auraient arrêté deux personnes. Notre solidarité va aussi vers elles, qui se voient maintenant exposées à l’arbitraire de la police et de la justice berlinoises.
Nous reviendrons au moment, à l’endroit et de la manière que nous choisirons. Pour participer aux manifs, faire des actions et montrer aux insurgé-es que nous luttons à leurs côtés, ici aussi à Berlin.
Nos pensées vont aux ami-es et aux proches de Mehmet Ayvalıtaş, Abdullah Cömert et Ethem Sarısülük, qui sont morts au cours de la révolte.
Liberté pour les prisonniers !
Le tract :
Solidarité avec les insurgé-es
Les gens se précipitent dans les rues, érigent des barricades, brûlent des voitures, balancent tout ce qui n’est pas fixé au sol sur la police. Le ciel est rempli de gaz lacrymogènes, un cri de liberté se fraie son chemin à travers le brouillard.
Alors qu’il y a quelques jours, un des derniers espaces verts publics d’Istanbul devait être dévasté au profit d’un centre commercial, cela a été l’étincelle qui a fait descendre des milliers de personnes dans la rue pour opposer une résistance. Cette révolte s’est entre-temps répandue comme une trainée de poudre dans tout le pays.
Même si les motivations et les raisons de se bouger peuvent être différentes selon les individus, ce sont de nouveaux espaces qui s’ouvrent dans cette rupture avec l’existant, des espaces où l’auto-organisation, la solidarité et la confrontation deviennent possibles.
Autant de choses qui ne trouvent que rarement leur place dans le monde que nous connaissons. Entre l’école, le travail, le loyer à payer, la famille à nourrir etc., il semble qu’il n’y ait plus guère de temps pour s’intéresser à la destruction de ce qui nous entoure.
Nous nous réjouissons que partout dans le monde il reste des gens qui, malgré tout, continuent de le faire. Comme on peut le voir, les petites luttes du quotidien peuvent parfois déclencher une révolte généralisée.
Nous pouvons reconnaître les signaux de fumée provenant des villes et y retrouver les luttes que nous menons ici – contre la gentrification, l’humiliation et la violence policière. C’est pourquoi nous appelons à la solidarité avec les insurgé-es, afin que jusqu’au Bosphore, ils puissent voir qu’ils ne sont pas seul-es…
Côte à côte pour la Liberté !
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[Repris des Brèves du désordre le 17 juin 2013]