[Turin] Des nouvelles des arrêté-e-s du 9 décembre 2013

Rappel :
[Italie] NoTav Perquisitions et incarcérations pour “activité à visée terroriste
[Répression Turin/Milan] Quelques infos supplémentaires

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Des nouvelles des arrêté-e-s No Tav du 9 décembre 2013.

Claudio et Niccolò sont en cellule ensemble. Mattia est en face, désormais en cellule avec une personne arrêtée pendant les émeutes a piazza Castello pendant les journées de blocage de la ville (Turin).
Ils sont dans le bloc D, première section. Un section spéciale, protégée. Leur régime prévoit la cellule fermée 24h/24, deux heures de promenade et aucun rapport avec les autres détenus.
De 18h à 20h ils ont la « socialisation » tous les trois ensemble (c’est-à-dire qu’ils sont tous les trois enfermés dans une même cellule, ndt).

Chiara est à l’isolement. Cellule fermée. Promenade toute seule. Pas de socialisation.

Le courrier est censuré, retard de cinq ou six jours.

Les parloirs ont été autorisés à tou-te-s ceux/celles qui l’ont demandé, famille et compagnon-ne-s.

N’ENVOYEZ PAS DE TIMBRES, ILS NE LEURS SONT PAS REMIS.

Ils vont bien. Ils ont entendu les saluts et le rassemblement.
Ils sont particulièrement enthousiastes par le bruit et le nombre de voix et de cris lors du rassemblement de samedi.

Pour leur écrire :

Chiara Zenobi
Niccolò Blasi
Claudio Alberto
Mattia Zanotti

c.c. via Maria Adelaide Aglietta 35
10151 Torino
ITALIA

Quelques actions de solidarité :

Giulianova (Teramo), 11 décembre 2013 : dans la nuit, le siège du parti démocrate recouvert de tags en solidarité avec les No Tav arrêtés. Sur les murs et les vitrines du local on pouvait lire : « Les terroristes c’est vous », « No Tav » et « Mattia, Claudio, Nicco et Chiara Libres ». De la peinture a également été répandue sur les serrures du local.

Piacenza, 13 décembre 2013 : dans la nuit, le siège des chasseurs alpins (militaires) a été recouvert de tags en solidarité avec les incarcérés.

Trento, 13 décembre 2013 : une trentaine de compagnons a bloqué pendant vingt minutes le Frecciargento (train à grande vitesse italien). La banderole déployée sur les rails disait « La lutte No Tav ne s’arrête pas. Liberté pour Chiara, Mattia, Nicco et Claudio ». Pendant le blocage interventions et distribution de tracts.

Turin, 14 décembre 2013 : grand rassemblement devant la prison. Environ 300 personnes sont venues exprimer pendant plusieurs heures leur solidarité à Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio, à grand renfort de slogans, pétards et feux d’artifice. Les 25 camionnettes de flics présentes les ont empêchées de s’approcher et le rassemblement s’est terminé par une manifestation aux alentours de la prison que les compagnon-ne-s emprisonné-e-s ont tout de même entendu.

Val Susa, 15 décembre 2013 : rassemblement puis manifestation d’environ 300 personnes dans la petite ville de Bussoleno. De nombreuses personnes sont intervenues au micro pour exprimer leur solidarité à Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio.

Toulouse (France), 17 décembre 2013 : blocage du péage de l’autoroute Toulouse/Paris (A620) en solidarité avec les arrêtés du 9 décembre. Mort à l’État qui affame, qui détruit, qui tue. Chiara, Claudio, Mattia , Niccolò, libre tout de suite, de nouveau à nos côtés dans la rue, sur les sentiers de la vallée et ailleurs. À eux va tout notre soutien.

Padoue, 18 décembre 2013 : dans la nuit, le siège du parti démocrate de Padoue a été recouvert de tags : « les terroristes c’est vous, liberté pour les No Tav »

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Reçu par mail le 20 décembre 2013

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Lucioles n°14 – décembre 2013

Les lucioles on les voit parce qu’elles volent la nuit. Les insoumis font de la lumière aux yeux de la normalité parce que la société est grise comme la pacification. Le problème, ce ne sont pas les lucioles, mais bien la nuit.

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http://luciolesdanslanuit.blogspot.fr

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Hors service n°42

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Les textes du n°42 sont lisibles un à un ici.

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Qu’il repose en guerre !

Je ne sais si vous connaissez la signification du sigle « RIP » associée à un défunt… Non, il ne s’agit pas de son « relevé d’identité postale » comme l’association avec « RIB » pourrait le laisser penser. Vous séchez ? Normal, c’est du latin. Du latin d’Église (catholique), mais du latin quand même, langue extrêmement morte de nos jours.

« RIP » signifie « Requiescat in pace », c’est-à-dire : Qu’il repose en paix !

Mon vieux « petit Larousse illustré » indique dans ses pages roses, consacrées aux locutions latines et étrangères : « Paroles qu’on chante à l’office des morts, et qu’on grave souvent sur les pierres tumulaires. »

J’ai eu la surprise de trouver ladite formule religieuse associée au nom de Clément Méric, jeune militant libertaire et antifasciste, mort il y a quelques mois à Paris sous les coups d’un militant d’extrême-droite.

Sur la photo ci-dessous on la voit inscrite sur une banderole tendue sur le parcours de la manifestation parisienne contre le racisme, le 7 décembre 2013. Une amie s’étant enquise auprès des militants du sens qu’ils donnaient à ce réemploi, ils assurèrent, probablement gênés, ne pas avoir lu le texte de la banderole…

Manif_7_12_2013_contre_racisme

En faisant une recherche sur le Net, je m’aperçois que la formule, sous forme de sigle ou bien déroulée, est devenue une sorte d’espéranto de la solidarité avec le jeune antifasciste. On retrouve le sigle dans plusieurs manifestations en Angleterre, à Manchester et à Londres. En Allemagne, les militant(e)s ont utilisé la formule complète : « Repose en paix Clément ! ».

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Si l’on écarte l’aspect peu ragoûtant de la formule, liée à son origine religieuse catholique, on peut comprendre que sa dimension compassionnelle puisse paraître à propos, notamment lors du décès d’une très jeune personne. Cependant, cette dimension met en grand danger de niaiserie, comme en témoigne un bombage signalé en banlieue Est : « Clément, un ange parti trop tôt ! ».

Entre l’office des morts et le bruit des ailes d’ange, ce chagrin – qui se veut par ailleurs, légitimement, très politique – emprunte tous ses symboles au folklore catholique.

Il est vrai que la déchristianisation (bien venue) de la société a laissé quelques béances et désarrois dans les comportements collectifs, notamment à l’occasion de la mort de personnes proches. On peut considérer le réemploi spontané et irréfléchi (même après coup) de termes religieux comme un symptôme d’une difficulté, sinon d’un échec de la société laïcisée à inventer de nouvelles pratiques et le nouveau vocabulaire qui les exprimerait.

Je me contenterai, pour conclure, de rappeler le parti pris par des militant(e)s autonomes parisiens, dans les années 1990. Pour saluer la mémoire d’un camarade mort du sida, illes détournèrent le RIP catholique, dont ils tirèrent la belle formule qui constitue le titre de ce billet : « Qu’il repose en guerre ! »

La mention impérative du « repos » affirme assez le « droit » reconnu à qui s’est beaucoup battu de reposer dans la mémoire commune. L’évocation de la guerre (sociale) marque le détournement rageur de la formule religieuse, loin de tout angélisme posthume.

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[Repris du blog de Claude Guillon, publié le 14 décembre 2013]

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Grèce : « Si l’un de nos compagnons meurt en taule, le centre-ville sera détruit »

A propos des gréves de la faim de prisonniers anarchistes de Korydallos et de solidarité

Athènes : Participation de la police dans la répression des détenus anarchistes de la prison de Korydallos

Après la honte infligée publiquement à un maton, lequel s’est mangé deux coups de latte et une baffe de la part de compagnons, cinq compagnons (Kapagiannidis, Politis, Ntalios, Charisis, Michailidis) ont été sortis de leurs cellules après le bouclage de midi, tandis que la prison était fermée. Les compagnons ont été amenés sous l’escorte de dizaines de matons au mitard de la troisième aile.

Peu de temps après, la prison étant encore bouclée (avec pour but évident qu’il n’y ait pas de réactions de la part d’autres prisonniers), les compagnons Sarafoudis, Tsilianidis et Naksakis ont été sortis de leurs cellules puis conduits dans des cellules des ailes E et D. Le but évident est d’éparpiller les détenus anarchistes dans des ailes différentes lors d’une tentative de réprimer leur forte présence combative.

Les flics sont ensuite venus pour prendre les dépositions de ces derniers, pour peut-être convoquer ensuite les compagnons à ce sujet. Les accusations seront sûrement du type « complicité dans des violences volontaires ». Ils passeront peut-être aussi demain devant le juge d’instruction pour la poursuite pénale. Les compagnons Bourzoukos, Mitroussias, Theofilou et Amilitos sont encore dans l’aile A. De manière générale c’est le calme dans la prison, mais lundi les matons vont mener une grève de quelques heures en réponse à cet événement.

LES COMPAGNONS NE SONT PAS SEULS
LA SOLIDARITÉ EST NOTRE ARME

Source.


Appel à une assemblée exceptionnelle

Suite à une initiative de compagnons emprisonnés, il y aura samedi 14 décembre à 19h une assemblée exceptionnelle à Polytechnique [Athènes] pour la prise en charge de l’initiative d’actions contre la répression de nos compagnons en prison. Il est important que la provocation des mécanismes de répression ne reste pas sans réponse. Ce jour-ci est un tournant pour tous nos compagnons emprisonnés.

NE LAISSONS PAS SEULS LES ANARCHISTES CAPTIFS !

Source.


Commencement d’une grève de la faim et de la soif des 5 compagnons qui se trouvent à l’isolement dans la prison de Korydallos

Hier, le jeudi 12/12, alors que nous nous trouvions enfermés dans nos cellules, le maton Giannis Mylonas s’est adressé à nous de manière offensante. Quand nous lui avons demandé aujourd’hui une explication sur son comportement d’hier, il a continué de la même façon, avec pour résultat de se voir retourner un petit pourcentage de la violence qu’il fait régner quotidiennement avec sa clé.

Le personnel de la prison, testant nos limites et notre résistance, a décidé de briser notre communauté. En ce moment et respectivement, nous sommes isolés tous les cinq au mitard de l’aile C, tandis que nos compagnons Giannis Naksakis et Babis Tsilianidis ont été transférés dans l’aile D, ainsi que le compagnon Grigoris Sarafoudis dans l’aile E (pas en isolement).

Nous sommes prêts à défendre à tout prix notre communauté, étant un élément vital de base pour nous au sein du monde pourri de la prison. Nous ne marchandons notre dignité devant aucun serviteur bravache de la légalité.

Nous avons commencé à partir d’aujourd’hui le 13/12 une grève de la faim et de la soif, exigeant notre retour et celui de nos compagnons dans l’aile A.

Les responsables de ce qui se passera dorénavant sont les gardiens-chefs Vassilis Lambrakis, Giannis Kontopoulos et Nikos Petropoulos, la directrice de la prison Maria Stefi, la procureur Troupi et le chef de service du personnel Basos Fragafoula qui constituent le conseil de la prison.

PAS UN PAS EN ARRIÈRE

P.S. : Nos pensées vont aux combattants captifs en grève de la faim Spyro Strapoulis, Rami Syrianos, Ergion Mustapha et Michailis Ramadavoglos.

DE LA FORCE CANAILLES, JUSQU’À LA VICTOIRE

Charisis Fibos
Ntalios Argyris
Michailidis Giannis
Politis Dimitris
Karagiannidis Giorgos

Source.


Grève de la faim et de la soif depuis le 14/12

Les événements qui se sont déroulés vendredi dans la prison de Korydallos sont désormais connus. Je me suis moi aussi décidé à lutter pour la défense de la communauté que nous, différents anarchistes de l’aile A, avons formée, je participe à la grève de la faim et de la soif qu’ont débuté hier Dimitris Politis, Giannis Michailidis, Argyris Ntalios, Fibos Charisis, Giorgos Karagiannidis, laquelle commence aujourd’hui à midi (14/12/2013), exigeant que nous tous, les cinq compagnons nommés ci-dessus se trouvant au mitard de l’aile C, ainsi que Giannis Naksakis, Grigoris Sarafoudis et moi qui nous trouvons dans l’aile D, retournions dans l’aile A où sont restés encore trois de nos compagnons.

P.S. : Embrassades fraternelles et force aux grévistes de la faim Spyro Strapoulis, Rami Syrianos, Ergion Mustapha, Michailis Ramadavoglos.

Babis Tsilianidis
Aile D de la prison de Korydallos

Source.


Mise à jour sur la situation des compagnons à Korydallos

En accord avec le résumé que nous ont fait les 5 compagnons, ils restent au mitard de l’aile C et continuent la grève de la faim et de la soif jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. Il n’y a pas de nouvelles des autres compagnons dans les ailes D et E.

ENTENDEZ-LE BIEN, MATONS, BAS LES PATTES DES COMBATTANTS !

Source.


Texte des 4 anarchistes de l’aile A de la prison de Korydallos

Le 12 décembre, le maton Giannis Mylonas a ouvert la cellule 80 où se trouvent les compagnons G. Michailidis, A. Ntalios et F. Charisis, sous le prétexte du décompte, chose qui ne peut être prévisible et alors que ce dernier se fait à l’ouverture et la fermeture de la prison et non entre. Les compagnons lui ont fait remarquer qu’il doit respecter leur intimité, pour recevoir une réponse définitive « vous n’êtes pas dans vos maisons ». Le maton G. Mylonas a montré le vrai visage de la misérable autorité qu’il sert. Il a clairement exprimé à nos compagnons qu’ici, dedans, il a le dessus, qu’il fera ce que bon lui plaît avec les détenus et que les prisonniers feraient bien de renoncer à toute revendication de dignité et d’intimité.

Étant donné que les compagnons n’avaient pas la même idée, ils ont trouvé approprié d’identifier leur désaccord lors de cette rencontre par hasard avec lui. Le maton G. Mylonas a continué à être ironique, provocateur et polémique, avec pour résultat – évidemment – tel l’ont écrit nos compagnons, de se faire renvoyer un petit pourcentage de la violence qu’il exerce quotidiennement.

La réponse du personnel a été l’enlèvement de nos compagnons au moment où la prison était fermée et leur transfert dans d’autres ailes et au mitard, avec naturellement pour but la dissolution de la seule communauté de lutte qui existe entre les murs des prisons grecques. Nos compagnons ont commencé une grève de la faim et de la soif dès qu’ils se sont retrouvés au mitard, revendiquant le regroupement de notre communauté. Que tous les responsables sachent que dans cette situation, malheureusement pour eux, les compagnons ne sont pas seuls dans cette lutte.

Nous nous tenons à leurs côtés avec chaque moyen dont nous disposons, nous mais aussi tous les compagnons hors des murs de cette prison. Même si la hiérarchie de la prison, qui a pour but la médiation entre les détenus et le personnel pour s’assurer de l’ordre et du calme à l’intérieur, est indifférente à ce développement, il existe des détenus qui sont coupés de ces cliques hiérarchiques, et ont exprimé leur soutien et leurs humeurs combatives.

Pour finir, que les matons se mettent dans le crâne qu’ils font un des boulots les plus honteux de l’humanité et que c’est seulement en tant que poubelles que nous pouvons leur faire face. Par conséquent, ils se doivent au moins de faire face aux prisonniers avec la honte qui caractérise leur métier. C’est un choix responsable.

Notre esprit est avec les compagnons G. Michailidis, D. Politis, F. Charisis, A Ntalios, G. Karagiannidis dans les cellules du mitard, tout comme avec le compagnon B. Tsilianidis qui est dans une cellule de l’aile D, en grève de la faim et de la soif. Nous exigeons leur transfert immédiat, que ce soit celui des compagnons comme celui de G. Naksakis et G. Sarafoudis. Solidarité et force à S. Strapoulis, Rami Srianos, Ergün Mustapha et M. Ramadavoglou, membres du réseau d’anarchistes emprisonnés.

[…]

Stefanos Amilitos
A.D. Bourzoukos
Alexandros Mitroussias
Tasos Theofilou

14/12/2013
Aile A de la prison de Korydallos

Source.


Résumé de la manif devant la prison de Korydallos samedi 14 décembre

Aujourd’hui, environ 200 personnes se sont rassemblées devant la prison de Korydallos, gueulant des slogans et montrant réellement notre solidarité aux compagnons en grève de la faim et de la soif. La mobilisation d’aujourd’hui n’était que le début. Demain, un rassemblement de solidarité se tiendra à 15h au parc sur la rue Grigoris Lambrakis, face à la mairie.

La manifestation a commencé au parc Eleferias, s’est arrêtée quelque temps dans la rue Solomos devant la prison, a crié des slogans, et est ensuite descendue vers le parc Lambrakis face à la mairie où elle a là aussi crié des slogans, essayant d’être entendue depuis l’aile D où sont retenus cinq des grévistes.

FORCE AUX SIX COMPAGNONS EN GRÈVE DE LA FAIM ET DE LA SOIF

Rendez-vous demain à 15h au parc sur la rue Grigoris Lambrakis, face à la mairie.

POUDRE NOIRE ET FEU À TOUTES LES CELLULES

Source.

pc140018-802b6Banderole : « Solidarité avec les grévistes de la faim et de la soif. Aucun compagnon n’est seul »

pc140021-46a58Tag sur l’entrée de la taule : « Bas les pattes des anars (A) »

Cliquer sur l'image pour télécharger la video (23,6 mo)

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Résumé du rassemblement de solidarité à Thessalonique :

Aujourd’hui samedi 14 décembre de 21h à 22h, un rassemblement s’est tenu à Kamara avec la présence de 80 à 90 solidaires. Les textes des compagnons emprisonnés ont été lus et tractés, des flyers jetés et la circulation de la rue Egnatia a été coupée deux fois. Une manifestation a suivi dans les environs de Rotodas et les textes ont été distribués dans les magasins et aux passants, tandis que des slogans ont été écrits aux arrêts de bus et sur les murs. Des slogans ont été gueulés tout le long, avec une forte énergie.

SI L’UN DE NOS COMPAGNONS MEURT EN TAULE
LE CENTRE-VILLE SERA DÉTRUIT
CE SERA LE DERNIER MOIS DE L’ÉTAT
VICTOIRE POUR LES COMPAGNONS EN GRÈVE DE LA FAIM

PAS UN PAS EN ARRIÈRE

Solidarité aux grévistes de la faim captifs
S. Strapoulis, R. Syrianos, E. Mustapha, M. Ramadavoglou

Solidarité avec les grévistes de la faim et de la soif captifs
G. Michailidis, G. Karagiannidis, D. Politis, A. Ntalios, F. Charisis, B. Tsilianidis

P.S. : Bus pour la prison de Diavata demain à 14h à Polytechnique, Thessalonique.

Source.

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Banderole : « Solidarité avec les prisonniers anarchistes (A) »


Déclaration de Grigoris Sarafoudis

J’ai décidé aujourd’hui, le 15/12/13, de commencer une grève de la faim et de la soif en geste de solidarité avec les compagnons G. Michailidis, D. Politis, G. Karagiannidis, F. Charisis et A. Ntalios, qui se trouvent dans les cellules du mitard, soutenant moi aussi leur exigence de transfert, que ce soit le leur mais aussi le nôtre dans l’aile A et revendiquant le regroupement de notre communauté.

Solidarité avec S. Strapoulis, M. Ramadavoglou, R. Syrianos et Ergün Mustapha,

[…]

Grigoris Sarafoudis
Aile D de la prison de Korydallos

Source.


Attaque contre le commissariat d’Exarchia en solidarité

Nous avons attaqué le vendredi 13 décembre 2013 le commissariat d’Exarchia. Environ 40 compagnons, poursuivant les gardes, sont arrivés devant le comico et ont mis le feu à l’entrée, à l’avant-poste et à des véhicules de service. Dans le même temps, 30 autres compagnons ont coupé la circulation dans la rue Charilaou Trikoupi en érigeant des barricades. Nous sommes partis tous ensemble à la fin de l’attaque sans aucun imprévu.

Quelques minutes après l’événement, des unités de Delta ont envahi la place [d’Exarchia], interpellant au hasard 84 personnes complètement étrangères à l’incident, chose qu’ils font à chaque fois qu’une attaque est menée dans cette zone.

L’action est une réponse minimum à l’État policier et la répression dans le quartier d’Exarchia le 6 décembre.

Elle est de plus dédiée aux anarchistes en grève de la faim et de la soif dans la prison de Korydallos Charisis, Ntalios, Karagiannidis, Politis, Michailidis.

Des anarchistes

Source.


[Lettres et communiqués traduits du grec par la Base de données anarchistes.]

[Gréve de la faim terminée le 15/12/2013]

Grèce : Lettre des sept compagnons pour la fin de la grève (victorieuse)

Aujourd’hui, le 15/12 au soir, nous avons mis fin à la grève de la faim et de la soif puisque nous avons atteint notre but premier, à savoir la préservation de notre communauté.

Nous avons résisté de par notre action à la tentative des autorités de nous disperser et nous avons bien fait comprendre que nous ne tolérerons aucune tentative d’attaque contre notre dignité.

En ce qui concerne le choix de l’aile A comme revendication, il a été pris seulement pour se prémunir de la possibilité de nous emmener tous dans une aile d’isolement. Lors de la grève, nous avons appris que le problème des autorités quant à notre retour dans l’aile A était le point de vue négatif d’autres détenus. Vu que les chefs des factions qui contrôlent l’aile l’ont aux-mêmes confirmé à nos compagnons, nous en avons conclu que nous ne voulions pas retourner dans une aile favorisée, en particulier dès le moment où la tactique d’éclatement que nous avons suivi en lien avec les matons, perturbe le calme, les loisirs et les privilèges, la principale préoccupation de la plupart des prisonniers.

Un texte d’analyse suivra avec toute la trame des événements.

P.S. : Les cris et les slogans de nos compagnons nous ont tenu compagnie, brisant l’isolement du mitard, tandis que les flammes de l’attaque contre le commissariat nous ont réchauffé le cœur.

Dimitris Politis
Giannis Michailidis
Fivos Charisis
Argyris Ntalios
Giorgos Karagiannidis
Babis Tsilianidis
Grigoris Sarafoudis

[Traduit du grec par la Base de données anarchistes de athens.indymedia.]

[Grèce] Fin de la grève de la faim et de la soif des compagnons à la prison de Korydallos – Athènes, soirée du 15 décembre 2013

Dimanche soir 15 Décembre, 2013, la grève de la faim et de la soif des sept anarchistes incarcérés à la prison de Korydallos a pris fin. Grigoris Sarafoudis, Babis Tsilianidis, Giorgos Karagiannidis, Fivos Harisis, Argyris Ntalios, Yannis Michailidis et Dimitris Politis sont en bonne santé, et ont annoncé qu’ils ont accepté d’être déplacés vers la 4ème aile, où le compagnon Yannis Naxakis a déjà été placé. Bien que l’administration de la prison n’ait pas permis leur retour à la 1ère aile (ce qu’ils demandaient à l’origine pour empêcher leur transfert à l’unité d’isolement), les anarchistes estiment justifié, car ils peuvent être tous ensemble dans la même section de Korydallos.

[Publié sur sur contrainfo le 15 décembre 2013, traduit de l’anglais par le chat émeutier]



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[Paris] La solidarité c’est l’attaque !

Dans la nuit du 12 au 13 décembre 2013, le magasin Bouygues [constructeur de prisons] de la rue Lepic (Paris 18eme) a eu sa vitrine défoncée et sa porte éventrée.

Le 13 novembre dernier, cinq compagnons/nes ont été arrêtés/es à Barcelone, accusés/es d’attaques anarchistes contre des églises. Cette attaque pour exprimer notre solidarité avec ces compagnons/nes, dont deux sont en prison. Force et courage à eux/elles !

Nous en profitons pour envoyer un clin d’oeil complice aux compagnons accusés du double braquage de Velvendo-Kozani (en Grèce).

La solidarité, c’est l’attaque !

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[Publié sur Indymedia Nantes le 14 décembre 2013]

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[Répression Turin/Milan] Quelques infos supplémentaires

Selon la presse (notamment La Repubblica du 10 décembre), fidèle porte-parole du terrorisme d’Etat, l’attaque de la nuit du 13 au 14 mai 2013, vers 3h15 du matin, contre le chantier du TAV, aurait été menée par trois groupes coordonnés, de deux côtés du chantier (côté Ramat et côté route de la Clarea). Le premier groupe, composé de six anonymes, se serait chargé d’occuper les keufs avec des mortiers/fusées, des fumigènes et d’énormes pétards (« bomba carta ») au portail 4, le second groupe au portail 8 faisant de même, tandis qu’à la hauteur du portail 8bis, neuf individus découpaient barbelés et grillage pour s’introduire à l’intérieur de la zone et lancer une quinzaine de molotovs contre les engins de chantier et les keufs. Le compresseur nécessaire à l’énorme taupe chargée de creuser le tunnel exploratoire, n’a pas tenu le choc et s’est consumé…
Les journaflics précisent aussi que les sorties 4, 5 et 8 avaient été verrouillées avec câbles d’acier et cadenas, empêchant les flics de garde d’effectuer une sortie contre les assaillants. Enfin, cette attaque de nuit d’une trentaine d’individus déterminés s’est déroulée par surprise, en dehors, ou plutôt à côté, des grrrrandes manifs collectives habituelles ou campings contre le Tav. Suite à cette attaque, d’ailleurs, contrairement à beaucoup d’autres sabotages, il n’y a pas eu les habituelles dissociations publiques (mais la pause ne fut que de courte durée, elles reprendront début septembre 2013, voir là). Les images des caméras de surveillance du chantier ont été diffusées par la police, on peut les voir sur youtruc ici.

Les procureur Andrea Padalino et procureur-adjoint Antonio Rinaudo (du parquet de Turin), cherchent donc à présent les auteurs du côté des anarchistes, parlant de groupes d’attaque nommés « Marmotte », « RC » (pour RadioCane) et « Trento ». Les accusations sont basées sur l’écoute a posteriori des téléphones portables utilisés pour cette attaque (tel et cartes sim auraient été achetées à de faux noms à Rome et Milan et utilisées deux fois seulement, une fois le 1er mai pour les activer, et une seconde pour l’attaque, et plus jamais après), notamment sur deux expertises de reconnaissance vocale menée par la police scientifique sur les voix interceptées. Ils attribuent ainsi des rôles logistiques (« sentinelle », « coordinatrice des conducteurs », « guide », « commandement des groupes ’Marmotte’ et ’Trento’ », etc.) à différentes voix de protagonistes qu’ils prétendent maintenant avoir en partie identifié.

Quatre compagnons connus pour leur participation à cette lutte en Val Susa et à bien d’autres dorment donc en prison depuis le 9 décembre : Chiara, Claudio et Nicolò (de Turin), et Mattia (de Milan), sont accusés d’ « actes terroristes avec des engins mortels ou explosifs, détention d’armes de guerre, destruction » (article 280 et suivants). Les perquisitions et arrestations ont été menées par la Digos (un appartement au moins a été placé sous séquestre judiciaire). Les journaflics affirment que les procureurs recherchent encore quatre hommes et six femmes, et qu’ils pensent que certains sms envoyés par les téléphones portables des compagnons arrêtés depuis chez eux pendant l’attaque des anonymes, n’était qu’un alibi monté avec des complices.
C’est le truc classique de la logique inquisitoriale de l’Etat : si ton portable est triangulé dans la zone d’une attaque, c’est forcément toi qui y a participé (et pas un autre utilisant ton portable, ou toi qui passait non loin), mais si ton portable est par contre triangulé loin de l’attaque ou est chez toi… tu as quand même participé à l’action (et pour le coup, c’est forcément d’autres qui l’auraient utilisé à ta place !). Dans les deux cas, les portables sont toujours une preuve à charge dans la mentalité crasse des keufs (idem sur le fait qu’ils soient allumés/éteints).
Pour finir, notons qu’à l’époque, les autorités comme Roberto Cota (Ligue du Nord), actuel président de la région Piémont, avaient déjà parlé d’ « actes de guerre« , etc. etc., préparant le terrain répressif. De même, le procureur de Turin, Giancarlo Caselli, avait parlé d’ « action de guerre organisée militairement dans les détails, avec le lancé d’une quantité industrielle de molotovs« .

Ni innocents, ni coupables, liberté pour toutes et tous…

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[Repris des Brèves du désordre, 13 décembre 2013]

[Italie] NoTav Perquisitions et incarcérations pour “activité à visée terroriste”

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La rénovation urbaine

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Trouvé sur  affiches.noblogs.org

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[Paris] Solidarité incendiaire

Dans la nuit du lundi 9 décembre, une camionnette de Vinci (constructeur de taules et de centres de rétention) part en fumée, rue Haxo dans le XXe. Comme un dialogue avec l’incendie du centre de rétention du Canet, pour lequel des retenus passaient en procès le 26 novembre dernier. Feu à toutes les prisons !

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[Publié sur Indymedia Nantes le 13 décembre 2013]

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[Sur la répression à Turin] Place nette ?

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« Place nette ». Ainsi pourrait s’appeler, si elle avait un nom, l’opération que depuis avril dernier Préfecture et parquet de Turin mènent contre des compagnons qui vivent et luttent principalement dans les quartiers de Barriera di Milano et de Porta Palazzo. Pourrait parce que, à la différence d’autres opérations judiciaires avenues ailleurs contre des anarchistes aux noms plus ou moins fantaisistes (Ardire, Mangiafuoco, Thor, Ixodidae, Outlaw, etc…) dans ce cas, les juges turinois ont, au moins pour le moment, choisi une autre voie. Plus discrète et anonyme, et qui pourtant ajoute quelques ingrédients à la recette de la répression en Italie.

Pas de « grosse enquête » qui implique un grand nombre de compagnons et les charge d’un délit associatif soutenu, la plupart du temps, par différents délits spécifiques, mais beaucoup d’enquêtes plus petites avec des chefs d’inculpations spécifiques pour lesquelles sont demandées et obtenues des mesures judiciaires de différents types. Non pas que la « grosse enquête » ait disparu de la projectualité de la préfecture : celle-ci continue probablement d’être proposée régulièrement et sans vacarme à la magistrature, car d’un côté elle justifie l’infinie prolongation des écoutes téléphoniques et ambiantes contre les compagnons, et de l’autre elle représente une carte à garder toujours prête. Pour donner un exemple turinois : le coup de filet de février 2010 avec lequel on accusait des participants à l’assemblée antiraciste de la ville d’association de malfaiteurs a été déclenchée tout juste deux mois après l’échec de frapper certains d’entre eux avec la surveillance spéciale. Les deux procédures avaient été montées parallèlement, une dans l’ombre et l’autre à la lumière du soleil : l’une ayant échoué, l’autre a été relancée. Évidemment nous ne saurions dire avec exactitude quelles cartes ont en main Préfecture et Tribunal en ce moment, ni plus comment ils les joueront cette fois (si l’une est l’alternative à l’autre, ou si l’une prépare le terrain de l’autre, par exemple). Mais nous pouvons identifier les particularités innovantes de ces dispositifs répressifs quand ils apparaissent.

Dans notre cas, par exemple, un quelconque délit de rébellion – imputé pour avoir tenté d’empêcher la police d’embarquer un ami ou un compagnon – assaisonné d’autres accusations comme blessures, violence ou vol avec violence selon le goût des juges, est repêché après quelques semaines et grâce à l’entente entre Préfecture, Procureur et Juge d’instruction transformé en prison, résidence surveillée, obligation ou interdiction de territoire, signatures, selon le goût des juges. Les épisodes reprochés sont en général assez légers c’est pourquoi les mesures de détention (prison et résidence surveillée) prennent fin assez rapidement, mais pas les autres mesures qui, moins restrictives, sont scellées par des clauses plus flexibles, qui permettent une plus grande « insouciance » aux juges et reste ainsi en vigueur pendant des mois.

Pour qui a eu la chance de ne pas avoir été chassé de la ville, mais de s’être vu appliqué l’obligation de rester sur le territoire de Turin ou d’y signer, les juges adoptent actuellement un autre stratagème : au premier nouveau délit constaté la mesure peut être aggravée et transformée en prison ou résidence surveillée. La situation de Marianna et de Simona – incarcérées une première fois pour l’occupation de l’Unep, libérées immédiatement avec une obligation de signature puis ré-incarcérées parce qu’elles ont continué à participer à des initiatives et donc à être accusées de nouveaux délits – est exemplaire. Mais il n’est pas strictement nécessaire que le nouveau délit soit identique, ou même seulement similaire, à celui pour lequel elles étaient obligées à Turin, comme le démontre par ailleurs, plus récemment, la situation de Niccolò, qui, déjà soumis à une obligation de rester sur le territoire pour rébellion, a été arrêté pour vol et donc incarcéré suite à une aggravation de la mesure. Une fois découvert le mécanisme et des opérations similaires se succédant les unes aux autres, la préfecture a réussi à éloigner une quinzaine de compagnons des luttes turinoises aux moyens d’expulsions et d’interdiction de territoire.

L’habit confectionné dans les pièces de la préfecture semblent taillées sur mesure pour les compagnons de ce bout de ville, où la lutte contre les sfratti et la machine à expulser et la présence dans la rue contre la restructuration, les contrôles et la militarisation donne des occasions presque quotidiennes aux enquêteurs pour remplir leurs carnets de noms et de délits à leur accoler. Des délits souvent petits, mais suffisants pour alimenter le mécanisme que nous vous avons décrit ; à cela il faut ajouter qu’une partie consistante des anarchistes qui vivent ici sont nés ailleurs, quelques fois à l’étranger, et cela favorise l’application du ban, rapprochant certains aspects des conditions de vies des subversifs du quartier à celles des sans papiers qui en remplissent les rues.

À vrai dire, dernièrement, les juges prennent leurs aises et même les faits de vivre dans une maison dont on est le propriétaire, d’avoir un travail en règle et d’être domicilié dans la ville depuis des années ne sont des garanties suffisantes contre la menace d’être éloigné de force de Turin : justement ces jours-ci un compagnon bénéficiant de toutes les « garanties » citées ci-dessus n’a pu rentrer chez lui qu’après vingt jours d’exil. La motivation du tribunal qui a examiné les recours est significative : ne donnant pas de poids aux aspects matériels, de plus officiellement certifiés, qui attachent ce compagnon à la ville, celui-ci annulera l’interdiction de territoire pour un simple vice de procédure. Ne se sentant pas encore de donner son aval à une mesure similaire, mais voulant ménager la chèvre et le chou, le tribunal s’est bien gardé de contredire à ce propos le parquet, sans pour autant se faire de problème à confirmer ouvertement les mesures contre les autres accusés, y compris ceux résidant dans la ville depuis des années ou inscrits à l’université. Par degrés successifs, pas à pas, est créé le précédant qui permettra de chasser quiconque de la ville. Quoi qu’en pensent les anarchistes, même pour les juges le travail salarié et la propriété privée ont désormais perdu de leur aura sacrée : ce qui compte c’est de disperser les subversifs, de les tenir loin de leurs compagnons et du contexte des luttes citadines.

Les paroles d’un juge qui il y a quelques mois avait refusé la requête d’une compagnonne de purger sa mesure de résidence surveillée en ville (requête accompagnée par ailleurs d’un contrat de location) avaient été du reste très explicites puisqu’il s’agissait d’empêcher « le rapprochement au contexte criminel ». Motivations adoptées en général pour des délits associatifs plutôt que pour une « simple » résistance à une personne dépositaire de l’autorité publique.

Et pour terminer cette revue, nous vous signalons aussi le refus systématique de la part des magistrats turinois de concéder les résidences surveillées aux compagnons dans des maisons autre que celles de leurs parents – de préférence en dehors de la ville. Un comportement moraliste et paternaliste, qui interprète l’engagement et l’envie de lutter comme un caprice de petits jeunes à faire rentrer dans le rang de gré ou de force.

L’activité des dernières années n’a pas du reste créé peu de problèmes aux autorités citadines et menaçait d’en créer de bien plus grands si les épisodes de résistance et les relations avec les habitants du quartier avaient continué à s’intensifier et à se resserrer au même rythme. Ainsi, après une grosse année de totale impasse pour la préfecture qui dans le quartier non seulement ne réussissait pas à exécuter les sfratti, mais rencontrait en plus des obstacles dans le contrôle quotidien du territoire, les renseignements de la préfecture sont sortis des dossiers où ils gisaient dans l’attente de devenir des petites briques pour un futur grand coup de filet et ont commencé à se transformer, un par un, en mesure judiciaire.

Les pressions des associations de petits propriétaires – qui ne réussissaient pas à avoir le dessus sur leurs locataires en défaut de paiement –, des banques – qui ont été contraintes à congeler les exécutions de saisies immobilières – et des huissiers de justice – dans l’impossibilité d’exécuter les sfratti étaient régulièrement encerclés et pris à partie sans que les forces de l’ordre ne réussissent à leur garantir leur protection – ont certainement contribué à donner le ton de cette vague répressive du printemps dernier. Après quoi il ne faut pas sous évaluer le croissant malaise perçu par les forces de l’ordre elles-mêmes, Digos en tête, qui pendant plusieurs mois ne parvenaient plus à effectuer des contrôles de compagnons dans le quartier, ni à mener en toute tranquillité le constant contrôle du territoire, rencontrant sur leur chemin une croissante arrogance et détermination. Ce n’est donc pas un hasard si la modalité répressive dont nous vous parlons est sortie des chambres du Parquet dans les mêmes semaines où les huissiers de justice décidaient de suspendre systématiquement les sfratti, les transformant en probables expulsions surprises, la mairie appâtait certains groupes de sfrattati avec la possibilité d’accords séparés pour les éloigner de la lutte, les journaux lançaient des alarmes sur « Porta Palazzo luna-park des anarchistes », la préfecture expulsait quelques-unes des occupations habitatives, attaquait militairement des piquets et mettait à disposition du commissariat local camionnette sur camionnette de crs prêts à intervenir au cas où.

Le changement de rythme qui s’est vérifié ces derniers mois dans la répression de la lutte contre la Tav en Val Susa a indubitablement eu un poids sur la situation turinoise. De fait, l’équipe de procureurs en charge de contrer la résistance dans les rues de Barriera di Milano est à peu de choses près identique à celle des sentiers de Chiomonte et Giaglione. Et aussi en Val Susa, en l’absence d’une grosse enquête associative, les enquêteurs se sont impliqués le plus souvent, avec une fréquence croissante ces derniers temps, à notifier des délits spécifiques obtenant presque toujours des mesures judiciaires légères et durables. Au Val Susa aussi donc, grâce au consentement absolu du tribunal de Turin, ils ont réussi à mettre hors jeu avec un minimum d’efforts un grand nombre d’opposants au train à grande vitesse. Il est évident que dans une telle stratégie, l’investiture reçue au niveau national par Rinaudo, Padalino et Ausiello comme persécuteurs de la lutte, qui pour le moment préoccupe les plus des autorités nationales, a un poids énorme sur la capacité d’obtenir l’aval des juges pour des mesures judiciaires, aussi bien en Val Susa qu’à Turin. Surtout si beaucoup des compagnons touchés par des mesures sont actifs dans les deux.

Ce que nous avons voulu appeler « Place nette », n’est que l’aspect technico-légal d’un dispositif répressif plus ample – probablement élaboré après les barricades du 18 septembre 2013 au cours d’une des régulières tables rondes pour la sécurité qui se tiennent en préfecture – dans lequel chacun (maire, préfet, procureur en chef, etc.) a apporté sa contribution. Et si « Place nette » fonctionne bien contre les anarchistes c’est parce que le reste du dispositif répressif, pour l’instant, a réussi à ralentir les liens de solidarité développés avec d’autres compagnons de rue, restreignant les possibilité d’une réponse sociale aux mesures policières et simultanément, les espaces pour des réactions même seulement « militantes ». Si l’on confronte les réactions mises en place au printemps, aussi bien socialement que comme mouvement spécifique, après les premières arrestations de Marianna, Simona, et Claudia ou après celles de Paolo, Greg et Marta à celles des arrestations de cet automne… il semble que nous avons changé d’ère géologique, pas seulement de saison.

Le rapport entre les divers événements de ce dispositif répressif (celui technico-judiciaire et celui policier, mais aussi celui de la récupération politique et de la propagande médiatique, par exemple) est probablement la partie la plus intéressante de notre situation turinoise, mais n’est à proprement parler le sujet de ces lignes. Il suffira pour le moment de noter que la répression n’est pas quelque chose qui arrive à l’improviste et prend les militants par surprise (avec des coups de filets, des mesures préventives, etc.), mais quelque chose qui concerne tout le monde, qui est déjà là et qui garantit le bon fonctionnement de la machine sociale : banalement, la répression c’est aussi l’huissier de justice et le contrôleur du bus, pas seulement le policier et le magistrat. Il s’ensuit que comme les luttes peuvent faire reculer la répression dans des portions données de territoire (dans notre cas : les huissiers qui disent « moi je ne vais plus travailler à Barriera di Milano »), quand celle-ci veut reprendre du terrain elle doit forcément agir sur le terrain de la lutte, et donc pas seulement sur celui strictement judiciaire ou policier.

Pour le moment donc le bilan de « Place nette » est d’un compagnon en prison, un en résidence surveillée, une compagnone avec l’obligation de rester sur le territoire d’un village en dehors de la ville, une dizaine de personnes bannies de Turin et un compagnon en revanche qui est obligé d’y demeurer, deux compagnons enfin contraints à signer au commissariat. À cette liste, s’ajoutent ensuite les décrets d’expulsion, d’une durée de trois à cinq ans, à l’encontre de cinq compagnons français et de nombreuses feuilles d’expulsion.

Si certaines de ces procédures sont assez récentes et montrent que la stratégie des enquêteurs ne s’arrête pas à mai dernier, quand expulsion de maisons occupées et sfratti surprises se sont succédés avec une fréquence quotidienne, d’autres en revanche durent désormais depuis plus de six mois.

Techniquement parlant l’efficacité de cette stratégie semble résider dans la facilité avec laquelle des mesures judiciaires comme les interdictions de territoire peuvent être prescrites et prolongées, n’étant pas aussi restrictives que la prison ou la résidence surveillée. Des mesures de ce type, ensuite, ne suscitent pas l’attention que, dans la situation de baisse de tension dans laquelle nous nous trouvons, peuvent provoquer tout de même les « grosses enquêtes ». Elles permettent en résumé de libérer une ville des éléments indésirables, avec l’effort minimum et le résultat maximum.

Il est à souligner que la situation turinoise n’est pas une absolue nouveauté. Une attention pour le nettoyage similaire à celle réservée par les autorités citadines aux rues de Barriera di Milano et Porta Palazzo a concerné ces dernières années les ruelles d’une autre ville peu éloignée de Turin, Gênes. Dans la ville ligure aussi, en effet, assignations à résidence et obligation de signature variable (c’est à dire que le commissariat décide à chaque fois de l’heure de la signature pour empêcher la participation à des manifestations) ont été utilisées, pendant plusieurs mois de manière systématique pour frapper les personnes indésirables. À Gênes aussi ces mesures judiciaires, en plus de frapper dans l’immédiat, ont été utilisées comme une épée de Damoclès toujours prête à tomber sur la tête d’un compagnon : à la première occasion il suffit d’une plainte et très vite l’assignation à résidence se transforme en une mesure judiciaire plus grave.

Dans le cas de Gênes il n’est même pas nécessaire d’élaborer des hypothèses sur les stratégies des enquêteurs : il suffit pour les clarifier de se pencher sur les paroles d’une considérable limpidité d’un juge d’instruction gênois : « déjà que la tension sociale va croître, ceux qui ont mesures judiciaires, c’est bien mieux qu’ils les gardent » : paroles auxquelles ses collègues turinois souscriraient sans aucun doute avec sérénité.

(Fruit d’une discussion entre des compagnons de Barriera di Milano et de Porta Palazzo, le texte qui précède tente de donner une vision d’ensemble d’un puzzle étudié par le parquet et la préfecture au détriment des luttes dans le quartier et des subversifs qui ont contribué à les animer. Vous pouvez écouter d’autres contributions en ce sens, si vous avez encore envie, avec une récente discussion aux micros de radio Blackout et une moins récente aux micros des milanais de Radiocane.)

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[Publié sur Macerie le 15 novembre 2013, traduction reçue par mail]

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