« Rien à déclarer » : pourquoi nous refusons de participer à notre propre répression

Cela fait maintenant deux ans qu’une enquête pour « diffamation publique envers des fonctionnaires publics » et « incitation à la commission d’une atteinte à la personne non suivie d’effet » est ouverte, et ce contre le tract Correspondants de nuit : des agents de proximité de la guerre aux pauvres, publié fin 2010 sur Indymedia et repris ensuite sur plusieurs sites, dont Non Fides et Retour à Belleville, mais surtout diffusé massivement dans plusieurs quartiers du Nord-Est parisien.

Dans le cadre de cette enquête, nous avons reçu de nombreuses convocations (courriers simples puis recommandés et appels de la police judiciaire sur les téléphones portables) que nous avons choisi d’ignorer, des proches ont également été convoqués et interrogés.

Suite à ces refus de collaborer au boulot des flics, ceux-ci décident de procéder à deux perquisitions, d’abord chez Dan le 15 mai 2012, puis chez Olivier le 22 janvier 2013, lors desquelles ils nous ont volé ordinateurs, clés USB et disque dur externe. Jusque-là, nous n’étions pas mis en examen, mais aujourd’hui, la juge Maïa Escrive nous convoque pour une « première comparution en vue d’une mise en examen ».
Olivier est accusé d’avoir publié le tract sur Non Fides. Dan de l’avoir publié sur Non Fides et sur Retour à Belleville, et d’en être l’auteur.

Un cérémonial cousu de fil blanc auquel nous refusons de participer, et ce pour plusieurs raisons :

• Tout d’abord, parce que cette juge et son bras armé de la BRDP, font régulièrement équipe dans toutes sortes d’affaires de diffamation concernant de misérables people et autres racistes patentés, tant de cas dans lesquels la question de la « liberté d’expression » revient sans cesse. Mais que les choses soient claires : en tant qu’anarchistes nous ne sommes pas intéressés par ce débat, car pour nous la liberté n’est pas une question de concession du pouvoir, sous la forme du droit, ni la liberté au sens libéral et bourgeois du terme, conjugable, négociable et divisible à l’infini.
En somme, il est tout a fait hors de question pour nous de discuter avec un juge de ce que nous aurions ou non le droit d’écrire ou de diffuser.

• Ensuite, nous savons très bien de quoi cet interrogatoire serait fait : des questions juste pour la forme, et un refus de répondre à quoi que ce soit. Nous n’avons rien de plus à dire à une juge que ce que nous avons à dire aux flics, à savoir : « rien à déclarer ».

• Aussi parce que nous savons que cette affaire n’est qu’un prétexte de plus pour les flics et la justice de nous emmerder, après nous avoir jetés quelques mois en prison en 2011 pour une autre affaire, et quelques trois années de divers contrôles judiciaires quasi-ininterrompus, qui font que nous ne pouvons théoriquement ni nous voir, ni sortir du territoire, que nous devons en principe pointer chaque semaine au commissariat et payer une rançon de 4000 € à l’Etat. Toutes ces mesures (qui nous touchent nous comme elles ont frappé d’autres camarades avant nous et des dizaines de milliers de personnes un peu partout) ont pour objectif de nous briser, en nous isolant l’un de l’autre et en nous isolant d’un mouvement, mais aussi de casser des dynamiques de lutte.
Tout cela alors qu’un jugement, notamment pour « destructions ou dégradations par l’effet d’une substance explosive, d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes », « dégradations de biens en réunion » (et sa cohorte de refus de signalétique et de prélèvements biologiques) menace toujours de tomber d’un jour à l’autre, procès qui visera au total une bonne dizaine de personnes, dans le cadre de la lutte contre la machine à expulser à Paris.

• Enfin, il serait dégradant, à chaque fois que nous sommes sifflés à la niche “Palais de Justice”, d’accourir servilement en remuant la queue.

Pour toutes ces raisons-là, nous ne nous présenterons pas à la convocation prévue pour ce 13 mars au TGI de Paris, en tout cas pas de notre plein gré.

Ces quelques lignes n’ont pas pour but de soulever l’indignation, ni de crier à la répression de « nos médias libres », ni de pointer les projecteurs sur quiconque.

Ce modeste tract, nous nous foutons bien de savoir qui l’a écrit, nous laissons cette vilaine tâche aux assassins qui gouvernent, qu’ils soient en costard, en soutane, en toge ou en uniforme, mais nous en partageons le contenu et la volonté de le diffuser. Comme nous affirmons notre volonté de diffuser toute invitation à la révolte contre les rapports de domination qui régissent ce monde, car nous refusons de laisser la guerre sociale à ceux qui la mènent contre nous.

Vive l’anarchie.

Le 6 mars 2013,
Olivier et Dan.

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[Publié sur la Base de données anarchistes le 7 mars 2013]

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[Paris-14 mars 2013 à 13h] Procès du compagnon arrêté lors de l’expulsion du 38 rue des bois.

Le 22 octobre 2012, les flics ont une fois de plus viré un squat à peine ouvert [1].

Profitant de l’inexpérience du collectif d’habitant-e-s, les keufs ont utilisé leurs sales méthodes d’intimidations et ont réussi à diviser en faisant peur à celles et ceux qui prenaient le plus de risques. Les pandores ont fini par interdire l’entrée à la majorité des habitant-e-s sorti-e-s ensembles pour discuter avec la bleusaille. Dans le squat, il ne restait plus que deux personnes : une bloquée dans la cour, l’autre sur le toit.

Ce qui devait être pour les agents sournois de l’État, une simple formalité de défense de la propriété qu’elle soit publique ou privé [2] et d’étouffement de tout ce qui s’organise en dehors du Pouvoir, s’est transformé en une conflictualité qui a laissé bouche bée les primo-protagonistes bleutés.

Comme à son habitude quand une mouche l’asticote, le Pouvoir lui envoie une armée. C’est vrai qu’à rue des bois les habitant-e-s du 19ème ont l’habitude d’assaisonner le poulet au pot de pâte à tartiner et à la canette de bière. Cette fête de quartier, rythmée par le bal des pompiers s’est terminée, au bout de 3h de danse endiablée, par la mise en cage de l’oiseau qui n’a pas pu s’envoler.

Il passera en procès le 14 mars 2013 à 13h
23ème chambre 1 au Tribunal de Grande Instance de Paris
Métro cité.
Les chefs d’inculpations sont :
- Jet de projectiles.
- Outrage.
- Dégradation grave d’un bien public.
- Refus de la signalisation (empreintes palmaires et photos)
- Refus du prélèvement ADN.

Mais surtout d’avoir refusé la banalité qui consiste à jeter à la rue des femmes, des hommes et des enfants pour ne pas avoir demandé au ministère du logement de leur ouvrir un squat.

La solidarité est la bienvenue en cette période de fin de trêve hivernale [3].

Pour un récit plus clair de l’expulsion lire Paris : Expulsion mouvementée du nouveau squat de la rue des Bois

[1] Même s’ils ont un peu galéré : le maniement de la pince monseigneur n’est pas enseigné à l’école de police .

[2] Les deux en l’occurrence le propriétaire étant la S.I.E.M.P : Société Immobilière d’Économie mixte de la Ville de Paris

[3] Si elle existe ? Au vu des nombreuses expulsions de squats qui ont eu lieu cette hiver.

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[Publié sur Indymedia Paris le 4 mars 2013]

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Pour en finir avec la Fédération Anarchiste – Une nécrologie

« Et pourtant ils existent »… La FA est une vieille chose d’un autre temps. Une Organisation anarchiste (oxymore) en veille, en attente. Mais cela ne l’empêche pas, avec sa politique de visibilité et de recrutement (mais pour quoi faire ?), d’être la vitrine de l’anarchisme français malgré son opposition radicale à toute praxis anarchiste, forcément offensive. Ces quelques notes partielles ont été rédigées en septembre 2012 dans le but d’une discussion au sein d’un groupe affinitaire composé d’anarchistes. Elles contiennent quelques pensées et quelques études de cas sur certaines polémiques liées à cette organisation archaïque. Nous avons choisi de les rendre publiques, afin que chacun puisse se faire son opinion sur la question et choisir son chemin en connaissance de cause.

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Une brochure de Ravage Éditions.

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Appel à deux semaines d’action en solidarité avec la compagnonne anarchiste en cavale Felicity Ryder, du 21 février au 7 mars.

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Nous envoyons nos salutations fraternelles à tous les cœurs anti-autoritaires qui nous lisent à différents endroits du monde. À tous ceux qui ont fermement décidé d’utiliser leur temps et leurs moyens pour combattre chaque institution et symbole de l’engrenage qui maintient le capitalisme patriarcal, l’oppression, la domestication et la farce du Pouvoir.

Compagnon-ne-s, nous faisons cet appel depuis un lieu du Monstre pour lancer notre cri toujours solidaire avec notre sœur et compagnonne Felicity Ann Ryder, qui se trouve toujours hors des griffes de l’État depuis un peu plus de sept mois. Le matin du 27 juin 2012, un malheureux épisode a eu lieu : un engin explosif a explosé en blessant notre compagnon Mario López “Tripa”, qui sera détenu pendant 6 mois et qui se trouve maintenant en liberté conditionnelle en attendant son procès. Après que la police du gouvernement du district fédéral trouve son passeport et devant le risque d’être elle aussi emprisonnée, notre compagnonne Felicity a commencé sa cavale.

Suite à ça nous savons que le harcèlement contre sa famille dans son pays natal (l’Australie) et à travers les soi-disant réseaux sociaux a été constant. De plus il est possible que d’autres enquêtes dans d’autres pays aient été ouvertes dans le but de la lier à d’autres noyaux d’action anarchiste. Tout cela fait partie du montage policier international pour attaquer le mouvement acrate et ainsi imposer la peur et la terreur dans leur tentative (vaine) de nous immobiliser.

Nous sommes conscients de la situation difficile que Felicity a du traverser tous ces mois-ci. La clandestinité, bien que ce soit une option meilleure que les grilles froides et cyniques d’une prison, devient aussi une sorte de prison qui empêche de profiter pleinement de la liberté à cause de la menace d’une potentielle détention. Cela complique particulièrement la mobilité pour des activités de subsistance et de lutte; l’isolement et l’éloignement des êtres chers et l’abandon de ses projets de vie. La clandestinité comme nécessité, et pas comme privilège d’une quelconque avant-garde autoritaire, nécessite aussi notre solidarité, vu que ça force les compagnon-ne-s a être en fuite constante, et sape peu à peu la liberté tant attendu. De plus, on ne peut pas recevoir le même soutien matériel et émotionnel qu’une personne en prison.

Nous savons qu’où que soit notre compagnonne Felicity elle reste ferme dans ses convictions d’anarchiste, se moquant de l’ennemi et sans jamais arrêter de l’attaquer frontalement. Depuis ici nous la saluons chaleureusement et appelons à tous les efforts anti-autoritaires pour que se réalise deux semaines d’activités, de salutations et de gestes solidaires avec notre compagnonne Felicity, du 21 février au 7 mars, chacun-e selon son temps et à sa manière, pour qu’elle sache qu’elle n’est pas seule et que la solidarité entre anarchistes de lutte n’est pas que de simples mots couchés sur du papier ou une décoration dans de jolies pamphlets “révolutionnaires”.

Pour nous la solidarité c’est aussi une arme qui détruit le Pouvoir.

Nous voulons aussi rappeler que d’autres compagnon-ne-s sont en cavale, comme le compa Hans Niemeyer, poursuivi par l’État $hilien ou les compas Grigoris Tsironis, Marios Seisidis, Vassilis Palaiokostas, Nikos Maziotis et Pola Roupa de Grèce ..
Un salut insoumis à tous les compagnon-ne-s anarchistes prisonnièr-e-s et en cavale dans le monde entier. Jamais vaincus, jamais repentis !

Libre et sauvage, Felicity tu n’es pas seule compañera ! Nous sommes beaucoup à partager ton combat et à adhérer à tes convictions !

Liberté pour tous/toutes les prisonnièr-e-s de la guerre sociale !

[Publié en espagnol par Solidaridad con Felicity le 14 février 2013, et traduit par Contra Info le 23 février 2013]

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Pour mémoire 2 lettres de Felicity :

Lettre de Felicity Ryder depuis la clandestinité pour la sortie de prison de Mario López [29 décembre 2012, publié en espagnol par Liberación Total, traduit par Contra Info]

À mon frère Mario,

Six mois ont passé depuis qu’ils t’ont séquestré cette nuit de malchance, depuis qu’ils t’ont torturé et t’ont menacé, depuis qu’ils ont harcelé ta famille et tes amis. Durant six mois ils ont tout essayé pour casser ton esprit acrate – ils ont enfermé ton corps entre quatre murs et une infinité de grilles, loin des forêts sauvages auxquelles tu appartiens, mais ça ne leur venait pas à l’esprit qu’à chaque moment tu étais avec tes compagnon-ne-s autour du monde. Ils t’ont laissé supporter la douleur mais ton envie de lutte a toujours pris le dessus.

Ils ont essayé d’intimider tes avocats ami-e-s pour qu’ils/elles n’expriment plus leur solidarité envers toi, sans se rendre compte que quelques hommes louches guettant à travers les ombres de la nuit et des menaces de mort vides n’allaient pas pouvoir arrêter ceux/celles disposé-e-s à lutter à tes côtés. Ils t’ont envoyé leur prisonniers-traitres pour te blesser mais la solidarité que tu as semé a toujours été plus forte. Au cours de ces mois tu t’es moqué de l’ennemi, supportant la douleur, l’incertitude et la torture de l’enfermement d’un être sauvage, tu t’es accroché avec force à tes convictions à chaque longue seconde. Tu as utilisé toute ton énergie débordante pour propager la liberté à chaque pas, réussissant jusque dans ce lieu si infécond, pour continuer l’analyse de notre lutte insurrectionnelle et tu n’as jamais arrêté de lutter, pas même une seconde, pour la liberté et l’Anarchie.

Aujourd’hui, en marchant de nouveau dans la rue, tu dois savoir que ta liberté ne t’as jamais quitté – tout le temps tu a été libre, parce que malgré tout ce qu’ils ont tenté, ils n’ont pas pu et ne pourront jamais t’enlever la liberté qui coule dans tes veines, dans nos veines. Je sais très bien que tout ça n’est pas fini – nous connaissons tous les tromperies et la vengeance qui sont l’essence même de l’État – mais il sait que tes compagnon-ne-s sont à tes côtés et que ton esprit insoumis pour l’Anarchie ne peut que devenir plus fort.

Comme toi, je souhaite que nos compagnon-ne-s prisonnièr-e-s et en cavale au Mexique, Italie, Chili, Grèce, Bolivie, Allemagne, Espagne, Suisse et partout dans le monde puissent aussi fouler le sol à l’air libre aujourd’hui, rentrer chez eux et embrasser les gens qu’ils/elles aiment. Et même si pour l’instant ils/elles supportent fièrement l’enfermement et l’incertitude, ils sont aussi avec nous à chaque instant.

En avant compagnon, il y a encore beaucoup à faire …

Ta soeur d’affinité,
Felicity

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Lettre de la compagne Felicity Ryder quelque part en dehors des cages [15 juillet 2012, publié en espagnol par Liberación Total, traduit par Contra Info, repris aussi par les Brèves du désordre]

Compagnons, amis,

j’aurai voulu pouvoir écrire avant, mais pour différentes circonstances je n’ai pas pu jusqu’à maintenant.
Je veux envoyer un grand salut et dire merci à tous ceux qui se sont préoccupé de moi et de ma situation, à ceux qui ont fait preuve de solidarité avec Mario et moi. Dans ces moment difficiles ça signifie beaucoup d’avoir des gens qui se solidarisent de près ou de loin, même sans me connaître. Je leur envoie une grosse bise acrate à tous.

Je veux mettre au clair que malgré les mensonges des forces policières du Districte Fédéral et les médias, ils ne m’ont jamais arrêté et jamais ils ne m’ont retenu prisonnière dans aucune de leurs prisons. Ça m’a demandé du travail pour comprendre pourquoi ils ont dit ça et ont diffusé cette information fausse à travers le Mexique ainsi qu’en Australie, mais en tant que personne libre je ne vais pas pouvoir le comprendre, puisque je ne pense pas comme un policier. Si c’était pour essayer en vain de corrompre ou manipuler Mario, ma famille, ou pour se montrer compétents dans son travail, je ne le sais pas. Ce que je sais c’est que je suis fière d’être anarchiste, d’être ennemie du pouvoir, de l’autorité et de l’État.

À mon frère Mario, je lui envoie une énorme bise, et je lui souhaite beaucoup de force et de santé. Je sais qu’il maintiendra toujours ses convictions fortes de même que ses envies d’arriver à la Libération Totale. Je serai toujours à tes côtés compagnon. Souviens-toi, toujours face à face avec l’ennemi !

J’envoie également un grand salut solidaire aux compagnons fugitifs chiliens Diego Rios et Gabriela Curilem … Une bise aux compagnons prisonniers de la CCF et Lutte Révolutionnaire de Grèce, aux compagnons anarchistes prisonniers en Italie, à Braulio Duran, à Luciano Pitronello, à Gabriel Pombo da Silva, et à tous les compagnons anarchistes prisonniers et fugitifs du monde.

Que vive l’anarchie !

Felicity.

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saludofelicity[Buenos Aires 16 août 2012]

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Et si nous vivions enfin ?

Et si nous vivions enfin ?

Et si nous vivions enfin ?

Une nuit noire. Une interminable nuit, glaciale, sombre, répétitive et ennuyeuse. Certains la passent dehors, sur le trottoir, un bout de carton et des habits ramassés ici ou là, d’autres se réfugient dans les couloirs sordides du métro, chassés par les agents de la RATP ou de la mairie de Paris. Tout le monde se croise. Ceux qui se démerdent comme ils peuvent dans cette non-vie. Telle va vendre son corps pour quelques euros, l’autre va devoir se casser le dos sur un chantier, l’autre se faire chier derrière un bureau, l’autre aller servir les gros bourgeois aux cafés des quartiers chics ; l’autre encore doit changer dix fois de trottoir et raser les murs afin d’éviter les flics qui patrouillent, parce qu’il ou elle n’a pas les maudits papiers que l’État nous impose pour pouvoir nous contrôler tous et toutes. D’autres encore doivent se planquer pour fumer, certains pour éviter la brigade des stups’, d’autres parce que la famille les surveille étroitement, ou que la religion qu’on leur a imposée (ou qu’ils s’imposent tous seuls…) leur fait tomber sur la tête des interdits et des obligations en tout genre.

Vendre son corps à un patron, tomber dans les mains de la police d’État ou de la police familiale, de la police communautaire ou religieuse. Devoir travailler à en crever ou se retrouver à la dèche, ou alors atterrir en prison. Être soi-même une marchandise, et devoir courir sans cesse derrière d’autres marchandises : pour se loger, s’habiller, bouffer, aimer, lire et voyager. Chair à travail, chair à école, parfois chair à canon… c’est notre lot à tous, ça nous oppresse tous, quotidiennement.

Et il faudrait qu’on baisse la tête, qu’on encaisse les coups, qu’on ferme notre gueule, qu’on attende une illusoire retraite, un illusoire paradis, un illusoire Grand Soir ? Il faudrait qu’on s’évite mutuellement, qu’on ne se regarde pas ni qu’on ne se parle, qu’on reste entre petites bandes fermées, entre gens de même origine. Qu’on se tape dessus pour une embrouille à dix euros, pour un bout de shit, pour une histoire de jalousie, pour une connerie de drapeau, une connerie de religion, une connerie de nationalité… pour des conneries d’identités.

Partout sur cette terre c’est la même chose : partout les pauvres, les exploités et les dominés s’en prennent plein la gueule, sont acculés dans des quartiers qui sont comme autant de prisons à ciel ouvert, pour qu’ils se marchent dessus et s’entre-tuent. Alors parfois, on pense obtenir quelque chose en se réappropriant cette prison, ce bidonville, ce ghetto. Parfois on se retranche dans « notre » quartier parce qu’on nous a parqués là, comme on parque les animaux dans des cages.

S’identifier et s’accrocher à la misère à laquelle l’Etat et l’économie voudraient nous réduire ? Ou alors combattre cette foutue misère, s’attaquer à tout ce qui la produit, à tout ce qui nous tient enfermés : aux rôles et aux identités qu’on nous colle sur la gueule, aux usines dans lesquelles le capitalisme nous fait crever à petit feu, aux écoles dans lesquelles on nous bourre le crâne et on nous apprend la peur, aux banques qui s’enrichissent sur notre exploitation, aux prisons et aux commissariats dans lesquels l’Etat nous enferme derrière des barreaux en fer, aux tribunaux et à ces salopards de magistrats qui nous jugent et nous condamnent, aux temples dans lesquels toutes les religions nous menacent de tel ou tel châtiment terrible si jamais nous osons être trop libres à leur goût.

Cette société de merde, nous y sommes dedans jusqu’au cou. Cette guerre sociale, qu’on ne peut pas ne pas voir (à moins d’être aveugle, sourd et malhonnête), nous en sommes au cœur, tous autant que nous sommes. Alors puisque nous n’avons qu’une vie, autant faire nos choix le plus vite possible, et aussi le plus clairement possible.

Faisons un choix : celui de diffuser la révolte contre tout ce qui nous rend la vie impossible, en joignant autant qu’on peut l’acte à la parole, en sapant la paix sociale, à commencer par là où nous vivons, parce qu’on y trouve à portée de main les structures et les personnes qui nous empoisonnent le quotidien. Mais nos cœurs et nos pensées vont bien au-delà de ce petit bout de territoire et des barrières qui l’enserrent. La révolte explose partout ailleurs, et nous pouvons reconnaître le violent désir de liberté partout où il émerge de cette triste vie, en un grand éclat de lumière, avec un grand fracas.

En Égypte, la population s’est soulevée et se soulève encore, parce qu’il n’y a pas trente-six façons de se réapproprier sa vie, sinon de terrasser la peur et de détruire ce qui nous détruit. Nous voulons nous aussi faire exploser cette révolte au-delà des frontières, sans attente ni médiation, nous réchauffer par de grands feux de joie où la domination brûlera pour de bon. Et nous avons soif d’une liberté totale et non négociable, d’une vie sans chaînes, de vie.

A bientôt donc, sur les barricades enflammées.

Des anarchistes.

[Tract trouvé dans les rues de Paris, février 2013]

Lu sur sur la base données anarchistes le 15 février 2013

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[Bagnolet] Une cantine pour cantiner – Vendredi 1er mars 2013

affiche-cantine-1ermars13Le 16 décembre 2012, quatre personnes enfermées au centre de rétention de Palaiseau s’évadent. Une cinquième, Ibrahim, est placée en garde à vue puis incarcérée en préventive. Il est accusé d’avoir aidé à l’évasion et d’avoir violenté des flics. Le 18 janvier 2013 il a été condamné à 2 ans de prison ferme.

Quand on est en prison, tout se paye et très cher. Et quand on est isolé, qu’on ne peut ou ne veut pas travailler, le quotidien devient une vraie galère.

Cette cantine a pour but de récolter de l’argent pour lui envoyer des mandats via Kaliméro Paris, caisse de solidarité avec les inculpés de la guerre sociale en cours.

Une petite partie de l’argent servira aussi à aider à l’impression d’affiches et de tracts pour la lutte contre les centres de rétention et la machine à expulser.

Menu : Houmous/Salade de saison – Lasagnes végétariennes ou végannes – Split – Boisson

Prix Libre

Le vendredi 1er mars 2013, à 20h, au squat le Transfo

57 avenue de la république

Bagnolet

métro ligne 3 Galliéni ou ligne 9 Robespierre

https://transfo.squat.net

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[Lu sur sanspapiersnifrontieres le 14 février 2013]

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Que la peur change de camp !

On en fait le constat tous les jours : la situation économique se durcit. Les licenciements massifs, comme à Ford Genk ou chez Arcelor-Mittal, se succèdent, les fermetures d’usines et de boîtes se comptent par dizaines, les allocations sociales supposées acheter la paix des démunis sont revues à la baisse. Dans d’autres pays européens comme la Grèce, le Portugal ou l’Espagne, la situation est devenue dramatique, à un point tel que de plus en plus de gens commencent désormais à avoir faim.

Face à cela, le pouvoir ne faiblit pas. Au contraire, les budgets pour tout ce qui concerne la répression et la sécurité augmentent. Plus de policiers, plus de prisons, plus d’uniformes, plus de mesures répressives : le pouvoir n’est pas aveugle, il se prépare à l’éventualité d’une forte tempête maintenant que le miroir de la paix sociale se fissure. Les affrontements qui ont eu lieu à Bruxelles et à Namur lors des manifestations suite à l’annonce de la fermeture d’une grande partie du complexe sidérurgique d’Arcelor ne sont alors peut-être que des signes avant coureurs.

Cela dit… le véritable rempart du pouvoir, de ce système social d’oppression et d’exploitation, n’est peut-être pas tant sa police et sa capacité à acheter le consentement de ceux qui le subissent que. La peur, qui semble être un allié redoutable du pouvoir, un allié difficile à abattre. Peur de perdre la maigre sécurité des moyens de subsistance qui restent ; peur de perdre même la triste perspective d’une vie passée à bosser ; peur de perdre ce qui existe, aussi malheureux que ce soit. Si le courage peut déplacer des montagnes, la peur constitue certainement le principal fondement de ces dernières.

Mais ces fondements ne sont pas immuables… ils sont même d’argile. Pour peu que un élan se mette à souffler, que la dignité se dresse déeout, que le désir d’aventure et de liberté jaillisse enfin des profondeurs de nos âmes mutilées par ce monde technologique, la peur commence à se dissiper. Elle peut alors céder sa place à ce que l’homme a de meilleur en lui : la lutte, et la solidarité contre tout ce qui nous opprime.

Mais la peur se manifeste aussi comme un policier dans nos têtes. Ne pas dépasser les limites : manifester, mais sagement, sans débordements ; faire grève, mais ne pas endommager les machines ; attaquer les rangées d’assassins en uniforme, mais ne pas casser les vitrines de ce qu’ils cherchent à protéger ; contester et protester, mais ne pas songer à une révolution.

Les gardiens de ces limites ne sont pas seulement les politiciens qui témoignent leur compassion ou les médias qui condamnent « toute acte de violence », ce sont en fait souvent, surtout, ceux qui prétendent diriger les mouvements de lutte, comme les chefs syndicaux, les spécialistes envoyés par la centrale pour faire en sorte que leur position de représentants des travailleurs et de négociateurs avec le pouvoir capitaliste ne soit pas remise en question.

Pour vaincre la peur, il faut attaquer. Et attaquer l’Etat et le capital, c’est saboter leurs petites structures disséminées partout, des supermarchés aux bureaux, des banques aux relais de portables, des agences d’intérim aux voitures des riches. Détruire le pouvoir et se défaire de l’habitude millénaire d’obéir, c’est s’organiser nous-mêmes, sans hiérarchies ni chefs, pour étendre la lutte sur tous les fronts. Eroder la concurrence et la compétition, c’est transformer la solidarité en arme, se reconnaître dans le combat d’un autre, jeter des ponts entre les différents conflits qui remettent le pouvoir en question. La tempête, c’est chaque goutte de pluie qui tombe, c’est le coup de tonnerre, c’est l’éclair qui illumine le ciel, c’est le vent qui souffle de tous côtés, ce sont tous les éléments de la nature qui deviennent incontrôlables…

Pour que la peur change de camp, il faut oser briser la routine qui rythme nos soumissions. Il n’est pas possible de lutter sans se mettre en jeu. Sauter dans l’inconnu est toujours risqué, mais la certitude de mourir esclaves et soumis est simplement insupportable pour celui dont le cœur palpite encore. Explorons donc les forces que nous avons en nous, non pas pour sauvegarder ce qui existe, mais pour détruire ce qui nous détruit.
itude de mourir esclaves et soumis est simplement insupportable pour celui dont le cœur palpite encore. Explorons donc les forces que nous avons en nous, non pas pour sauvegarder ce qui existe, mais pour détruire ce qui nous détruit.

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[Lu dans Hors service n°33]

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[Paris] Sabotage de DAB solidaire

Dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 février, esseulée, je déambulais dans les rues de Paris. Après avoir tiré quelques bâtons de super glue au leader price du coin, étant une âme en peine, je me suis mis à la recherche de joie. La quinzaine de distributeurs de banque de la rue de Belleville s’est donc retrouvée dans l’impossibilité de fonctionner grâce à de la colle dans la fente qui prend la carte.

Parce que même toute seule, avec un parapluie et un peu de colle, on peut agir.
Parce que les cibles sont partout et que rester passive me dégoute.
Parce que des détenus de Roanne, Marco, Mike, Ibrahim et des centaines d’autres rebelles sont derrière les barreaux.
Parce que les banques balancent des sans-papiers aux flics.
Parce que l’argent est l’un des noeuds du problème.

Parce que !

Sabotons ce monde !

Glue-sans-associés mais-plus-si-affinités

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[Diffusé sur Indymedia Nantes le 13 février 2013, quelques fautes corrigées par cestdejatoutdesuite]

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Hors service n°33

HorsService33___________________________

Les textes du n°33 sont lisibles un à un ici.

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[Marseille] Manifestation samedi 16 mars « Et bim ! »

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Parqués dans des appartements pourris, expulsés de nos logements et de nos quartiers, exploités dans des boulots sous-payés, traqués par les flics et les caméras, enfermés dans des prisons et centres de rétention, humiliés à la pref’, à pôle emploi et à la CAF… Y’en a marre de baisser la tête. Le quotidien est une lutte et seul je perds… Alors descendons dans la rue le 16 mars pour nous battre contre la traque des pauvres.
Pour continuer à nous exploiter, à s’enrichir sur notre dos en nous balançant des miettes de plus en plus maigres, le système capitaliste nous divise en nous montant les uns contre les autres.
Plus nos conditions de vie se précarisent et plus on nous ressert la soupe du « c’est la faute à »…. toujours plus pauvre que soi. Alors on trouve chacun son étrangère, son chômeur, son RSAste, sa fraudeuse, son Rom… Enfin bref, celui qui galère trop et qui nous pique nos miettes, notre bouc émissaire. Pourtant ce sont leurs intérêts qui sont en jeu lorsqu’ils nous divisent et nous précarisent. Dans le contexte de crise que nous vivons, les offensives contre les pauvres vont continuer de pleuvoir.
A Marseille, plus belle la ville « se rentabilise » et « se sécurise », et ce sont les pauvres qui ramassent comme toujours. La mairie, l’Etat et leurs amis du patronat organisent la « restructuration » de nos quartiers, en clair leur destruction. Ils construisent une métropole où les liens qu’il nous reste pour survivre par l’entraide et la débrouille sont passés au rouleau compresseur. Ils nous parquent dans des ghettos de plus en plus loin et construisent des quartiers pour riches, des musées et des capitales européennes de la culture, en virant les pauvres de Noailles, la Joliette, la Belle de mai, les Crottes, La Busserine, St Barthélémy… Marseille devient la ville où on ne veut plus nous voir traîner.
Alors faire du bruit dans ces rues prend tout son sens. Parce qu’être solidaires c’est comprendre que nous avons les mêmes intérêts contre ce système, c’est se battre contre le contrôle et la répression, c’est lutter contre les séparations, celles qui font que les pauvres s’entretuent pendant que la domination s’étend.
Rendez-vous le 16 mars porte d’Aix à 16h (départ 17h).
Apportez vos casseroles et sortez vos pétards.
Et bim ! Parce qu’il y en a marre !

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