Gaz de schiste : scénario pour un gazage programmé


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L’indignation qui vient

Depuis déjà plusieurs mois, on a vu pointer dans plusieurs pays d’Europe le mouvement dit des « indignés » ou « démocratie réelle ».

Ici comme ailleurs, celui-ci à donné lieu à plusieurs réflexes conditionnés, pièges et écueils qui touchent en général les « mouvements sociaux » : le fétichisme des pratiques d’abord (comme l’occupation de places, le sitting, les happening ou la manifestation plan-plan et maintenant la marche…) et la limitation stricte du mouvement à ces pratiques, le démocratisme ensuite (le respect religieux et le privilège donné aux décisions collectives prises en assemblées « représentatives du mouvement »), le « nihilisme citoyen » (respect borné de la loi, du vote, des « droits » donnés et des devoirs exigés par l’Etat) et la « non-violence » dogmatique (qui va jusqu’à prôner la violence policière contre ceux ou celles qui refusent ce dogme) et donc l’hégémonisme (la prise de contrôle du mouvement par une de ses franges), et surtout : l’absence de perspective révolutionnaire et l’enfermement dans des revendications abstraites et réformistes. Loin de représenter un sursaut révolutionnaire, ou une authentique révolte spontanée, ce mouvement des indignés s’inscrit bien plutôt dans la pacification de toute contestation réelle (de par le rejet de l’action directe), la militarisation de l’Etat (les guerres menées à l’étranger et le renforcement de la répression intérieure sur lesquels le silence des « indignés » est plus que suspect) et la montée du fascisme dans la société, au travers de ce mouvement notamment.

La crise comme pacification

Depuis plusieurs années déjà, les gouvernements européens, toutes tendances confondues, de gauche social-démocrate à la droite la plus réactionnaire, utilisent l’argument de la crise pour endormir tout velléité de contestation. D’un coté, il y a l’explication des gouvernements, qui est celle du FMI et de la banque mondiale : La crise serait une sorte de phénomène métaphysique que même les économistes n’arriveraient pas à s’expliquer, une sorte de catastrophe naturelle qu’il faudrait juguler et gérer à grands coups de politiques de réformes et de plans d’austérité. Comme si cette crise n’avait rien à voir avec ces mêmes politiques, comme si elle était le fait de la divine providence. Cet argumentaire vise en fait à tenter de se servir de la crise engendrée par le système capitaliste et ses Etats pour dédouaner les politiques de rigueur que cette même crise implique dans le seul but de replâtrer encore une fois le capitalisme. Les « indignés » quant à eux, dépourvus dans leur immense majorité de toute analyse de classe, et de toute critique du capitalisme, voient en général dans la crise et l’austérité le fait d’une caste de « banquiers parasites » et d’un « empire financier tentaculaire », ou « nouvel ordre mondial » qui auraient vidé les caisses quand personne ne regardait. En gros : pas besoin de se prendre la tête avec des « concepts politiques » trop compliqués : « à bas NWO » c’est tellement plus branché, tellement plus smart et ça résume tout sans avoir besoin de réfléchir…

Dans les deux cas, et du mouvement des indignés à la nouvelle extrême droite en passant par Sarkozy, tous dénoncent au final « la faillite des banques » dont le petit peuple devrait être sauvé, un « capitalisme financier » devenu fou qu’il faudrait réguler ou « purger » et une classe moyenne comme « victime de la crise ». La raison de cette analyse bancale est bien simple : la composition sociale de ce mouvement est justement celle de la sacro-sainte classe moyenne (que flatte autant Sarkozy, les socio-démocrates que les nouveaux fascistes à la Soral). Celle d’une classe qui commence à peine à percevoir les effets de « la crise », quand la majorité des exploités subissent la logique et les conditions de vie du capitalisme depuis toujours, et que la crise n’a fait qu’aggraver. D’où aussi, le décalage entre le discours « pro-révolution » des indignés concernant le monde arabe – où comme en Tunisie la pratique effective qui a dominé a été l’attaque des symboles du pouvoir, les affrontements avec la police, les pillages de supermarchés, les mutineries et incendies de prisons, et tout un ensemble de faits qui attestent une véritable logique de guerre de classes et de guérilla révolutionnaire, et toute une agitation qui, même si elle ne suffit pas à l’expliquer, a joué un rôle absolument indéniable dans la chute de plusieurs régimes et les volte-faces de l’armée ou de la police qui ont sentis le sol trembler sous leurs pieds – et le comportement de ces même « indignés » ici qui considèrent un tag ou une petite vitrine de commerce ou de banque pétée comme une « violence ».

Derrière la critique du capitalisme financier : le populisme gauchiste et l’antisémtisme.

Cette critique partielle des banques justement, non comme un rouage du système capitaliste, mais comme un « foyer de parasites » qui auraient détruit une fantasmatique « économie réelle », et qui voit les banques comme un problème central laisse la place au vieux fantasme antisémite d’un complot qui tenterait de contrôler le monde. Car en cherchant à critiquer le système des banques et le pouvoir des grandes entreprises multinationales, mais de manière partielle, le mouvement des indignés s’engouffre dans un discours typiquement réactionnaire et populiste et passe ainsi complètement à coté de la critique du capitalisme, le confortant même en jouant le rôle qu’on lui demande de jouer : celui d’une contestation strictement non-violente, vidé de toute substance critique, empêchant de par sa forme même un véritable mouvement (de type grève générale ou insurrection), et déplaçant le débat vers la droite dans le grand piège du « débat citoyen ». Rendu donc parfaitement in-offensif de par son caractère « a-politique » et « a-partisan » auto-proclamé, le mouvement des indignés participe en réalité au maintiens de l’ordre à travers un spectacle de contestation dans un front « anti-système » flou qui laisse le champs libre à des récupérations libérales, populistes et même fascistes. La dénonciation obsessionnelle du « nouvel ordre mondial » faisant finalement écho au nouveau discours d’extrême-droite sur le complot « apatride » contre « les peuples et les nations ». Et ce discours là, en plus de puer la défaite, est simplement fasciste parce que nationaliste et antisémite. Ne soyons pas dupes : là où la contestation réelle s’efface, les réactionnaires progressent.

S’INDIGNER NE SUFFIT PAS !

Ce n’est donc pas un hasard si en France, on retrouve dans les organisateurs du « mouvement des indignés » nombre d’individus conspirationnistes, reliés à des mouvements d’extrême-droite qui théorisent l’antisémitisme à travers leur pseudo-critique de la finance. Le concept même de « capitalisme financier » fut un des thèmes centraux dans la propagande du parti nazi en Allemagne et des fascismes en Europe pour construire l’ennemi intérieur et flatter le sentiment national. Le thème de la « citoyenneté » mis en avant par les indignés, renouvelle lui aussi ce constant rappel à l’ordre que constitue l’injonction à ne pas se révolter en faisant poliment démonstration de son indignation. Il repose sur ce présupposé généreux que les oppresseurs finiront par abdiquer devant la raison exprimée publiquement et pacifiquement par « le peuple ». Mais cette fable saint-simonienne exclue de fait ceux ou celles qui ne sont pas considérés, précisément, comme des citoyens : les sans-papiers, les « criminels », et quiconque agit en dehors de la légalité ou de la légitimité citoyenne. Tout les indésirables, exploités par définition. En prétendant vouloir créer une « démocratie réelle », le mouvement n’a fait que centraliser le pouvoir de décision à travers les assemblées des occupations de places et leurs émanations (comme en Espagne, les commissions dans les « accampadas »), dans l’espoir de singer les révolutions du Machrek et du Maghreb (en réutilisant, sans nécessité réelle, et de manière fétichiste les réseaux sociaux type facebook), les indignés n’ont fait que créer un état dans l’Etat, ersatz de démocratie représentative et de parlementarisme bourgeois où toute volonté de s’organiser à la base et d’agir localement ont été rendus simplement impossibles, notamment lorsqu’à Barcelone la volonté de scission dans l’occupation, pourtant majoritairement votée a été censurée par la tribune de l’assemblée, ou que tout débat sortant du cadre a été simplement saboté. Encore comme à Athènes où les indignés ont appeler à dénoncer les auteurs « d’actes violents » et à les jeter à la police : soutenant ainsi la répression d’Etat au nom de la non-violence ! En restant prisonniers d’une rhétorique a-politique creuse, de mode de prise de décisions autoritaires et bureaucratiques, d’un pacifisme abstrait et dogmatiquement non-violent, les indignés ne font que participer au maintient du statu quo, brimant toute participation de révoltés ou de révolutionnaires et ouvrant au contraire la voie à des forces réactionnaires qui n’avaient pas eu jusqu’ici voie au chapitre sur la place publique. Abandonner la perspective révolutionnaire au profit de « l’indignation en mouvement », c’est tresser la corde avec laquelle on voudrait nous pendre .

Se cantonner à cette indignation pacifiée, et focaliser sur « les banquiers » (même si ces derniers ont, comme d’autre leur responsabilité dans l’exploitation et les conditions de vie misérable de la majorité de l’humanité) c’est ne pas voir que partout dans le monde depuis le début de la « crise économique », des révoltes, des insurrections et des situations révolutionnaires éclatent partout non seulement contre les banques, mais surtout contre le capitalisme, l’Etat, les gouvernements, leurs classes dominantes et leurs flics, leurs lois, leurs tribunaux, leurs prisons, et leurs armées. C’est ne pas voir que les plans d’austérité et les « réformes de la fiscalité et du système bancaire » ne sont que les politiques des mêmes gouvernements et de la même bourgeoisie qui se prétend victime de la « crise » et en est la principale bénéficiaire, pour sauver leur économie et protéger leurs privilèges.

Il faut traduire la colère en actes ! Contre le capitalisme, contre l’Etat : VIVE LA REVOLUTION SOCIALE ! L’économie est malade ? QU’ELLE CREVE !

Quelques anarchistes

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[Crapuleries médiatiques] Quand une série policière de Canal+ « s’intéresse » à « l’ultragauche » !

Apparemment c’est actuellement en tournage, et voilà ce qu’ils en disent :

« On retrouvera les six héros de la série, (…). Ils auront à faire au milieu terroriste de l’ultra gauche, comme le dévoile le pitch de la saison diffusé par Canal+ :

Le groupe DPJ de la capitaine (…) est chargé d’élucider l’affaire d’un étudiant déchiqueté par la bombe artisanale qu’il fabriquait. L’enquête conduit les policiers à travers les réseaux de contestation citoyenne qui s’opposent publiquement à la politique d’immigration et aident les sans-papiers. Bientôt le groupe de (…) se trouvent face à quelques activistes d’une ultra gauche très radicale qui prônent la guérilla urbaine et ont pour cible directe la police.

Le cabinet d’avocat (…) survit grâce à l’aide juridictionnelle aux sans-papiers auprès de qui il s’est fait une clientèle. (…) entraînée par sa haine de la police et des institutions accepte de déborder de son rôle d’avocate et se fait piéger par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) qui surveille les activistes d’ultra gauche. »

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Qui a été choisi comme conseiller au scénario : Alain Bauer ? Bernard Squarcini ? Christophe Bourseiller ? Nathalie Bonnet de SUD Rail * ?

[* Pour mémoire : dans « l’affaire » dite « de Tarnac » SUD Rail reprenait dès le 11 novembre 2008 le discours médiaco-policier, en précisant par la voix de sa secrétaire fédérale sur télé-Bouygues qu’ils étaient « soulagés que les acteurs (sic) de ces sabotages [aient été] arrêtés ».]

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Lettres depuis la prison de Silvia, Billy, Costa et Marco

Nous avons ressenti la nécessité de nous lancer dans ce travail de traduction car dans la réalité suisse au delà des murs des prisons, de la censure de l’appareil répressif, nous sommes confronté-e-s à des fortes barrières linguistiques.

Le système carcéral et le monde qui en a besoin veut faire taire les contestataires, nous voulions faire circuler ces lettres pour que Silvia, Billy, Costa et Marco ne soient pas réduit-e-s au silence, que nous partagions qu’une partie ou l’ensemble de leurs idées. Plus que leurs actes, ce sont leurs idées qui font peur à l’Etat, leur/notre seule présence est considérée comme criminelle ou dangereuse et nous ne voulons pas entrer dans le jeu de la répression.

Face à l’enfermement, la correspondance est un des moyens les plus importants pour rester actif-ve-s, pour continuer à participer aux luttes en développant un lien entre dedans et dehors. La solidarité est notre arme !

Février-mars 2011

Histoires

Marco Camenisch

Marco a commencé son engagement politique en soutenant des prisonniers en lutte et dès 1978 il s’est joint à la lutte contre les centrales nucléaires en Suisse.

Début 1980, il est arrêté à cause de deux attentats à l’explosif : un contre un pylône à haute tension de la société électrique Nordostschweizerische Kraftwerke (NOK, une des compagnies entretenant des centrales nucléaires en Suisse à cette période-là) et un autre contre des transformateurs et le pylône d’une centrale hydro-électrique aux Grisons.

Le jugement relativement dur de 10 ans était d’un côté certainement, selon son point de vue, l’expression de ce qui était en jeu : la destruction écologique réalisée par l’industrie de l’énergie comme faisant partie de la force destructrice du système de domination en général, ce qui constituait une partie des cibles déclarées de sa lutte. Le « tarif normal » à cette époque en Suisse se serait situé entre 4 et 6 ans et même la presse réactionnaire a été surprise par le quantum de la peine, correspondant alors environ à celui qui aurait été attribué pour un homicide. D’un autre côté, le jugement relativement dur est à voir aussi et surtout comme une adaptation répressive au contexte européen et international avec des mouvements de guérilla forts (Italie, Allemagne, etc.) et au durcissement répressif correspondant opéré par la bourgeoisie. […]

Le 17 décembre 1981, Marco Camenisch s’évade avec quelques co-prisonniers italiens de la prison de Regensdorf, évasion durant laquelle un gardien est tué et un autre blessé. Pendant 10 ans, Marco Camenisch vit dans la clandestinité, continue son activité anti-nucléaire et écrit des articles pour la presse anarchiste. En décembre 1989, un douanier a est tué à la frontière italo-suisse, les médias et les autorités présentent immédiatement Marco Camenisch comme l’auteur. Marco Camenisch a toujours nié cette accusation. La longue fuite de 10 ans est interrompue par un contrôle de papiers ordinaire dans la province toscane de Massa. La réaction stupide d’un carabinier à une arme tirée de Marco provoque un échange de coups de feu, dans lequel un carabinier est blessé et Marco touché de balles aux deux jambes, empêchant ainsi sa fuite et aboutissant à son arrestation. […]

Il refuse toute collaboration avec la justice et est condamné à 12 ans de prison en mai 1992 pour la fusillade avec les carabinieri et pour un attentat à l’explosif contre le pylône à haute tension La Spezia-Acciaiolo, important du courant nucléaire de France. […]

Après avoir purgé la peine en Italie, Marco Camenisch est extradé en avril 2002 en Suisse pour les 8 ans restants de sa première peine, ainsi que pour le procès pour l’évasion et la fusillade à la douane. Son procès dure de mai 2002 jusqu’en 2004, accompagné d’une vaste campagne de solidarité. Il a été conclu par un acquittement dans l’affaire du gardien mort et par une condamnation à 17 ans pour la mort du douanier. Cette condamnation s’explique par l’absence de « regrets » et par son positionnement pour un renversement révolutionnaire de l’ordre global capitaliste-impérialiste, devenu en l’occurrence de plus en plus urgent. Ces 17 ans de « peine supplémentaire » constituent (dans ce cas spécifique) une violation du code pénal.

En mars 2007, la peine a dû être réduite au quantum de peine maximal de 8 ans dans ce cas spécifique, signifiant en tout 30 ans de taule avec libération prévue en 2018.

En prison, Marco participe quand même aux luttes des prisonniers sociaux et politiques et continue à souligner la nécessité de la résistance solidaire contre ce système de domination. Il joue un rôle actif dans l’alliance de différentes situations de lutte (cercles anarchistes, collectifs d’écologistes et des groupes œuvrant à la création du Secours Rouge international) et dans la création de rapports forts de solidarité et de proximité. […]

[Extraits d’un texte du Secours Rouge International, le texte est lisible en entier ici.]

Costantino Ragusa, Silvia Guerini et Luca Bernasconi

Costantino Ragusa, Silvia Guerini et Luca Bernasconi (Billy) sont des anarchistes engagés dans différentes luttes et projets pour la libération animale et de la Terre en Italie. Costa et Silvia sont actifs dans le mouvement de libération animale depuis beaucoup d’années ; ils ont pris part à de nombreuses luttes écologistes locales et à la rédaction de la revue écologiste radicale de critique de la civilisation « Terra Selvaggia » [« Terre Sauvage »] ; ils ont participé à la création d’une nouvelle coalition contre les OGM et contre tout type de nocivité et ils sont actifs dans le soutien aux prisonniers. Ils sont depuis beaucoup de temps visés par la répression à cause de la détermination avec laquelle ils mènent leurs luttes.
Luca, connu comme Billy, a grandi au Tessin, est allé vivre en Italie où il a participé de manière active aux campagnes publiques de pression contre la vivisection et l’industrie de la fourrure, à la coalition contre les nocivités, et a mené un projet d’agriculture et de refuge pour animaux sauvés d’exploitations industrielles.

Le 15 avril 2010, Costa, Silvia et Billy ont été arrêté-e-s dans un contrôle routier en Suisse allemande. La police affirme avoir trouvé dans la voiture pendant la fouille des explosifs et un communiqué de revendication concernant une action de sabotage contre le nouveau centre de recherche sur les nanotechnologies de la multinationale IBM en construction près de Zurich.
En Suisse, les explosifs sont un des rares domaines de la police fédérale, dès le début de l’enquête c’est un procureur fédéral qui a pris en charge leur dossier. Motivation pour laquelle les trois anarchistes ont été amenés dans trois taules du canton de Berne : Silvia a été amenée à Bienne, Costa à Berne et Billy à Thun. Depuis le mois d’avril [2010], ils se trouvent en préventive, seulement dernièrement l’enquête vient de terminer et la date du procès reste encore inconnue. Leurs conditions de détention sont particulièrement dures, notamment en ce qui concerne la censure de la correspondance. Au delà de l’habituelle censure typique dans les enfermements préventifs, qui fait que le courrier met un temps très long à parvenir, le procureur fédéral a introduit arbitrairement des limitations ultérieures aux courriers, qui, de fait, rendent impossible l’entrée ou la sortie des lettres sinon sur la base du pouvoir discrétionnaire du procureur lui-même.
Ils ne peuvent pas communiquer entre eux, et ils ont des limites absurdes sur le nombre de lettres qu’ils peuvent envoyer ou recevoir. Toutes les lettres sont traduites en allemand et lues par les autorités, démarche qui ralentit encore plus le processus.
Il s’agit d’une manœuvre politique, d’une tentative évidente de les isoler en interrompant de fait le canal des communications entre l’extérieur et l’intérieur, de façon à limiter lourdement leurs possibilités d’intervenir dans les luttes.
Malgré la difficulté de communiquer entre eux, en septembre [2010], ils ont réussi à faire une grève collective de la faim à partir du 10 jusqu’à fin du mois à laquelle Marco a aussi participé.
Suite à cette première initiative collective, au début du mois d’octobre, des rétorsions de la part du pouvoir ont eu lieu, Marco a été transféré de la prison de Regensdorf près de Zurich où il a passé les dernières huit années à la prison de Bochuz dans le canton de Vaud, Billy et Costa ont aussi été déplacés, Billy à Berne, et Costa à Thun.
En décembre [2010], une semaine de mobilisation pour les trois a été lancée par la coordination de soutien à leur lutte. Billy et Silvia ont voulu y participer avec une autre grève de la faim, à laquelle Marco a aussi pris part.
A la mi-janvier [2011], Marco a été déplacé à nouveau, cette fois dans le canton d’Argovie à Lenzburg. De même, Costa et Billy ont été de nouveau invertis : Costa a été ramené à Berne et Billy à Thun.

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Lucioles n°4 (numéro spécial) – août/septembre 2011

http://luciolesdanslanuit.blogspot.com/

Pour lire le bulletin n°4 article par article c’est ici

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La piste brouillée des Cangaceiros dans la pampa sociale

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Parcours d’un indic qui commence à Attac …

[Note de cestdejatoutdesuite :
Avec Attac, la taupe étudiante était déjà en terrain « acquis », entre d’omniprésents militants carriéristes s’accommodant de pratiques patronales et de crapuleux citoyennistes altermondains regrettant la « complaisance » (sic) des flics contre des manifestants-tes*…(*extrait de cette semaine n°83)]

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De la cour de recréation aux services de renseignements

Les services de renseignements suisses ont fait surveiller des altermondialistes en Suisse et à l’étranger. Maintenant, un mouchard parle de ses activités.

L’homme était un mouchard pour les service de renseignements genevois et fédéraux. Il n’a pas infiltré une cellule de terroristes supposés – mais l’organisation altermondialiste Attac à Genève. Il était censé y nouer des contacts avec des groupes « plus radicaux ». Point de rencontre : la gare Cornavin à Genève. C’est une journée chaude. L’ancien indic, appelons-le Lorenz, est un homme débraillé. Il porte des shorts, des cheveux légèrement décoiffés, une barbichette.

« C’était à la fin de ma scolarité au collège, à l’été 2005. Une collègue de classe m’a demandé si j’avais envie de travailler comme indic de la police dans le milieu de l’extrême-gauche », dit Lorenz. Alors, âgé de 19 ans à l’époque, il rencontre un employé de la « Cellule renseignements », le service des renseignements genevois. La Cellule collabore étroitement avec la centrale de l’ancien service des renseignements de l’intérieur « Service d’analyse et de prévention SAP » (aujourd’hui : Service des renseignements de la Confédération SRC).

Lorenz ne veut pas donner le nom de l’agent qui avait une fonction dirigeante dans la Cellule à l’époque. Il ne veut pas « provoquer une guerre avec la police ». De toute manière, il dit avoir eu un rapport presque amical avec cet homme. Il l’appelle Philippe.

La première rencontre : « C’était un peu comme dans un film. Nous avons tourné un moment dans sa voiture », se rappelle Lorenz. Il lui aurait dit de collaborer avec Attac Genève. Puis, Philippe lui a donné un téléphone portable pour garder contact. Par la suite, ils se sont rencontrés toutes les deux ou trois semaines dans des cafés.

La première mission

Lorenz s’est rapidement rendu compte qu’Attac n’était pas la cible principale de la mission d’infiltration. « Il s’agissait surtout de se procurer des informations par rapport aux manifestations. » Attac en tant qu’organisation « ouverte » n’était qu’un moyen pour d’autres fins, dit Lorenz. « J’étais censé participer à des réunions de comités pour Attac afin de me rapprocher peu à peu des groupes plus radicaux. »

Sa première « mission », c’était une manifestation contre l’Organisation mondiale du commerce à Genève en 2005. Plus d’une centaine d’organisations suisses et étrangères avaient appelé à celle-ci. Lorenz a participé aux réunions de préparation. Pendant la manif, il était également en contact direct avec la police par le biais de son téléphone portable. « Ils voulaient savoir ce qui se passait à l’intérieur de la manif, si des gens se cagoulaient par exemple. » Il n’y a pas eu d’incidents. Aujourd’hui, les procès-verbaux des réunions de préparation sont encore consultables par tous sur Internet. Lorenz est ensuite parti pour assez longtemps suivre son école de recrues et en vacances. En septembre 2006, il était de retour. Philippe lui a présenté une nouvelle personne de contact : Marc de la centrale du SAP à Berne. Un romand, assez âgé. Il était censé prendre le relais de Philippe après un certain temps. Quant à Philippe, il a été transféré dans une autre section à l’intérieur de la police genevoise. Marc lui a également donné un téléphone portable, dit Lorenz.

Par la suite, le service des renseignements a mis Lorenz derrière les mobilisations contre le forum économique mondial de Davos et le sommet du G8 à Heiligendamm en Allemagne. Lorenz se souvient de deux organisations qui intéressaient particulièrement le service des renseignements : le Revolutionärer Aufbau de Zurich et le réseau de mobilisation anti-G8 autonome « Dissent ! ». Le militant genevois a connu Olivier de Marcellus qui avait par exemple des liens avec « Dissent ! ». « Si tu as la chance de te rapprocher de lui : il nous intéresse », lui aurait dit Philippe, selon Lorenz. Il dit avoir parlé une ou deux fois avec de Marcellus. Il n’y a pourtant pas eu un vrai rapprochement. En revanche, il a participé à une rencontre informative du réseau « Dissent ! » à l’espace autogéré à Lausanne en décembre 2006.

Encore plus de mouchards

Fin 2006 également, Lorenz est allé à Berne pour une réunion de préparation d’actions à Davos. Il dit ne plus se souvenir de ce qui a été dit lors de cette réunion à la Reitschule. « Je ne comprends de toute manière guère le suisse allemand. » Il se souvient pourtant qu’il y avait enfin rencontré un représentant du Revolutionärer Aufbau. Une autre personne également présente lui a été décrite par le service des renseignements en avance : « Il m’avait dit : ’Lui, il est violent – certainement contre des objets, mais peut-être aussi contre des personnes.’ »

Lorenz est sûr que, hormis lui-même, il y avait d’autres mouchards. « Il m’ont montré des procès-verbaux de réunions et des invitations à des réunions que le service des renseignements n’aurait pas pu se procurer autrement. » Il ne dit cependant ne pas pouvoir le prouver.

Dans l’armée des clowns

Sa prochaine mission l’a amené d’abord à Zurich. Le GSsA avait appelé sur sa mailing list à gêner la rencontre à Davos sous la forme d’une armée de clowns. Le 26 janvier 2007, il a participé à une réunion de préparation au squat « Kalkbreite » à Zurich. Une personne qui y était aussi se souvient de lui : « Je pensais : ’Cool, il y a même quelqu’un de Genève qui est venu.’ »

Lorenz a appris à cette rencontre que la soi-disant armée des clowns ne voulait pas respecter le parcours autorisé de la manifestation le lendemain à Davos, mais aller directement devant les hôtels de luxe et y créer du chahut. Plein de zèle, il l’a dit à l’agent du SAP, Marc. Malgré sa proposition de dormir dans un hôtel, Lorenz a passé la nuit avec des militantEs. Le lendemain, le mouchard s’est amusé à Davos au service de l’armée des clowns.

En été 2007, l’indic est allé à Rostock dans un train spécial avec plusieurs centaines de personnes de toute la Suisse. C’était sa dernière mission. L’agent Marc était aussi à Rostock – cependant dans un hôtel. « Je l’ai rencontré deux fois », ce qui n’aurait pourtant pas été facile puisqu’il devait trouver des excuses pour que ses collègues d’Attac ne se méfient pas. « De toute manière : je n’avais pas grand-chose d’intéressant à lui raconter. Et je n’étais plus très motivé non plus. »

A ce moment-là à Rostock, il semble qu’une sorte d’Internationale des services de renseignements ait été présente : « Il y avait des Français, des Suisses, etc. Chacun avait ses indics », dit Lorenz. Lui n’aurait pourtant rencontré que Marc.

Agent provocateur

Un autre indic a été découvert début 2011 : le policier anglais Mark Kennedy qui a infiltré des groupes de gauche en Angleterre, en Allemagne et dans d’autres pays pendant au moins sept ans. Il a participé à des blocages au sommet G8 à Heiligendamm. Un agent provocateur.

Le land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale aurait explicitement demandé à employer un agent infiltré britannique selon le « Spiegel Online ». « Je n’étais en revanche qu’un petit joueur », dit Lorenz. Et en tant que « petit joueur », il a reçu 2500 francs pour trois jours à Rostock. « En tout, j’ai gagné environ 10000 francs. » L’argent lui aurait été versé en espèces.

Après un certain temps, le fait qu’il était censé fournir des informations, mais que ses personnes de contact ne lui ont jamais rien révélé, commençait à le déranger. En plus, il n’a jamais été formé pour sa mission. « Il ne m’ont pas dit quelles limites il fallait que je respecte, ils ne m’ont guère donné de conseils. »

Et c’est ainsi que Lorenz a terminé sa carrière d’indic et s’est voué à ses études en sciences po par la suite. Lui, qui se dit gauchiste (« proche du PS et des Verts »), il ne veut pas mettre en question la collaboration avec les service des renseignements. Il veut en revanche tourner la page. « C’est pourquoi j’ai contacté Attac. Je ne veux pas trimballer un secret pendant des décennies comme Günter Grass. » Il ne veut néanmoins pas voir son visage et son nom dans le journal. « Moi aussi, je voudrais pouvoir aller à une fête à la Reitschule en tant que visiteur normal », dit-il.

Et les infiltrés, il pensent quoi ? Allessandro Pelizzari d’Attac Genève : « Nous voulons être une organisation ouverte. Nous l’avons donc accueilli à bras ouverts. » Pelizzari n’est pas surpris que le groupe se soit fait infiltrer. « Mais je suis surpris que ce soit lui. On n’a jamais été méfiants à son égard. » Il dit ne pas être en colère. « Mais je suis énervé qu’on ait été aussi naïfs. » En tant que syndicaliste à Genève, il a d’ailleurs été victime à maintes reprises de restrictions par l’Etat des formes d’expression démocratiques. Andreas Cassee du GSsA considère l’infiltration comme une « attaque sur la culture démocratique ». Il serait important de pouvoir s’organiser ouvertement et de manière démocratique. « Le service des renseignements, veut-il semer de la méfiance ? Veut-il que les groupe s’isolent ? »

Le service des renseignements de la Confédération – ce qui est peu surprenant – ne veut « ni confirmer ni démentir cette affaire ». Le SRC a pour principe de ne répondre à aucune requête par rapport à « des activités opérationnelles supposées ».

A Genève en revanche, on dément : « La police genevoise n’a pas ’infiltré’ le groupe Attac. En ce qui concerne les lois sur la sécurité intérieure, il n’y a pas de raisons de surveiller cette organisation. »

Il y a un certain nombre de questions qui restent ouvertes : pourquoi ont-ils visé des groupes comme Attac et le GSsA qui ne sont de toute évidence pas une menace pour la sécurité intérieure ? Sur quelle base légale, tout cela a été fait ? Est-ce que l’Allemagne était au courant de sa mission ? Et pourquoi, les services de renseignements recrutent des jeunes dans la cour de recréation ?

[Traduit par le Réveil
Article tiré de la WOZ et disponible sur Indymedia Suisse Allemande.]

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L’espion venu des salles de cours

De 2005 à 2007, un étudiant genevois a infiltré des groupements altermondialistes pour le compte du canton de Genève et de la Confédération. L’ex-espion se met à table.

L’homme était un espion à la solde des renseignements genevois et fédéraux. Sa mission ne consistait pas à infiltrer de potentielles cellules terroristes, mais l’organisation altermondialiste Attac à Genève. A partir de là, il devait nouer des contacts avec des groupements plus «radicaux».
Rendez-vous est pris à la gare de Genève-Cornavin. Il fait très chaud ce jour-là. L’ex-espion – appelons-le Laurent – est un jeune homme dégingandé. Il est habillé en shorts, a les cheveux légèrement ébouriffés et une barbichette.
«C’était à la fin de mes études au collège, à l’été 2005, se souvient Laurent. Une camarade de classe m’a demandé si j’avais envie de travailler comme informateur de la police dans les mouvements d’extrême gauche.» Peu après, le jeune homme, alors âgé de 19 ans, rencontrait un agent de la «Cellule renseignement» de la Police genevoise. Cette cellule collaborait étroitement avec le Service fédéral d’analyse et de prévention (SAP), l’actuel Service de renseignement de la Confédération (SRC).

Une relation amicale
On n’en saura pas plus pour l’instant sur l’identité de sa personne de contact. L’ex-espion refuse de divulguer le nom de cet ancien cadre de la Cellule renseignement, expliquant qu’il ne veut pas «entrer en guerre avec la police». D’ailleurs, ses rapports avec lui étaient amicaux. Il l’appelle Philippe.
Leur première rencontre s’est déroulée «un peu comme dans un film», raconte Laurent. «Nous avons fait un tour du quartier dans sa voiture. Philippe m’a expliqué qu’il s’agissait de travailler au sein d’Attac Genève.» Le policier lui aurait donné un téléphone portable afin de faciliter leurs communications. Par la suite, ils se seraient vus toutes les deux à trois semaines.
Laurent s’est rapidement aperçu qu’Attac n’était pas la véritable cible de sa mission d’infiltration. «Il s’agissait avant tout de récolter des informations sur des manifestations», analyse-t-il. En tant qu’organisation «ouverte», Attac constituait un moyen d’atteindre ce but. «Je devais participer à des séances de comité comme délégué d’Attac et me rapprocher peu à peu de groupements plus radicaux.»
Sa carrière d’espion a commencé par une manifestation contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en octobre 2005 à Genève. Une centaine d’organisations en Suisse et à l’étranger appelaient à la mobilisation. Laurent a participé aux séances de préparation. Même pendant la manifestation, il était en contact téléphonique avec la police. «Ils voulaient savoir ce qui se passait dans la foule, par exemple s’il y avait des gens cagoulés», commente-t-il. La manifestation s’est déroulée sans incident. Et sans secret: des procès-verbaux des séances de préparation sont aujourd’hui encore accessibles sur internet.

Au WEF de Davos
Après une longue pause consacrée à l’école de recrues et à des vacances, Laurent est revenu aux affaires en septembre 2006. Philippe lui a présenté une nouvelle personne de contact: Marc, un Romand plutôt âgé travaillant à la centrale du SAP à Berne. A terme, il devait prendre le relais de Philippe, qui avait été appelé dans une autre section de la Police genevoise. Marc aurait à son tour donné un téléphone portable à l’espion.
Laurent a alors été chargé de suivre la mobilisation contre le Forum économique mondial de Davos et le sommet du G8 à Heiligendamm, en Allemagne. Il se souvient de deux organisations qui intéressaient particulièrement les Renseignements fédéraux: le Revolutionärer Aufbau, de Zurich, et le réseau de mobilisation autonome anti-G 8 Dissent! Parmi les gens liés à Dissent! se trouvait le militant genevois Olivier de Marcellus. «Si tu as la chance de l’approcher, il nous intéresse», lui aurait dit Philippe. Laurent a certes pu lui parler une ou deux fois, mais sans vraiment devenir proche de lui. Par contre, Laurent a pris part en décembre 2006 à une réunion d’information du réseau Dissent! à l’Espace autogéré à Lausanne.
Toujours vers la fin 2006, Laurent s’est aussi rendu à la Reitschule de Berne pour une séance de préparation de la mobilisation à Davos. Il dit ne se pas se rappeler le contenu des discussions. «Je comprenais à peine le suisse allemand», se justifie-t-il. Il se souvient toutefois d’y avoir enfin rencontré un représentant du Revolutionärer Aufbau, et d’avoir reconnu une personne dont le signalement lui avait été donné par les Renseignements. «Ils me disaient que cet homme était prêt à recourir à des actions violentes, en tout cas contre des biens, peut-être même contre des êtres humains.»

Pas le seul espion
Pour Laurent, c’est une certitude: il y avait d’autres espions à part lui. «Les Renseignements m’ont montré des procès-verbaux de séances et des invitations à des réunions auxquels ils n’auraient pas pu accéder sans cela», assure-t-il, sans toutefois en apporter la preuve.
La mission suivante a mené Laurent à Zurich. Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA) avait fait un mailing pour appeler ses sympathisants à se rendre à Davos, déguisés en clown avec des habits militaires, pour y semer la confusion. Le 26 janvier 2007, Laurent participait à une séance de préparation au squat de la Kalkbreite, à Zurich. Une des personnes présentes se souvient de lui: «Je me suis dit: ouah, il y a même quelqu’un qui vient de Genève!»
Lors de cette rencontre, Laurent a appris que, le lendemain, l’armée de clowns ne suivrait pas le parcours de la manifestation autorisée, mais irait faire du tapage directement devant les hôtels de luxe. Une information qu’il s’est empressé de communiquer à Marc, l’agent du SAP. Plutôt que de dormir à l’hôtel, comme Marc le lui proposait, l’espion a préféré passer la nuit avec des activistes. Le lendemain, il était dans les rangs de la fameuse armée de clowns envahissant Davos.

Internationale du renseignement
A l’été 2007, Laurent a fait le voyage jusqu’à Rostock par un train spécial emmenant plusieurs centaines de personnes de toute la Suisse. Il était en route pour ce qui allait être sa dernière mission. La taupe passait la nuit dans le campement anti-G8. Marc se trouvait aussi à Rostock, mais il logeait à l’hôtel. «Nous nous sommes vus deux fois», relate Laurent. Non sans complications: l’espion devait inventer des prétextes afin de ne pas éveiller les soupçons de ses collègues d’Attac. «De toute façon, je n’avais pas grand-chose d’intéressant à lui raconter. Et puis je n’étais plus très motivé.»
Rostock semble avoir accueilli pour l’occasion une sorte d’Internationale du renseignement. «Il y avait des Français, des Suisses, etc. Chacun avait ses informateurs», affirme Laurent. Lui-même n’aurait été toutefois en contact qu’avec Marc.

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De la taupe en herbe à l’espion chevronné
Au début de l’année 2011, une taupe chevronnée a été dénichée: Mark Kennedy, un policier anglais, avait infiltré durant au moins sept ans des groupements de gauche au Royaume-Uni, en Allemagne et dans d’autres pays. Lors du Sommet du G8 à Heiligendamm, il avait œuvré comme agent provocateur en participant à des actions de blocage. Selon le «Spiegel-Online», les autorités du Mecklenburg-Vorpommern avaient explicitement sollicité l’engagement d’un agent britannique sous couverture.
«En comparaison, je n’étais qu’un petit poisson», illustre Laurent. A ce titre, trois jours d’engagement à Rostock lui ont été payés 2500 francs. «En tout, j’ai dû gagner dans les 10 000 francs», évalue-t-il. Chaque fois, l’argent lui aurait été remis de main à main.
Avec le temps, Laurent dit en avoir eu assez de devoir livrer des informations, alors que ses contacts ne lui dévoilent quasiment rien en contrepartie. En outre, il n’a jamais été formé pour ses missions. «Ils ne me disaient pas quelles limites je devais respecter et ne me donnaient quasiment aucun conseil.»
C’est ainsi que Laurent a mis fin à sa carrière d’espion, pour se consacrer entièrement à ses études de sciences politiques. Lui qui se dit de gauche («proche du Parti socialiste et des Verts») n’est pourtant guère enclin à remettre fondamentalement en question le travail des services secrets. Ce qu’il veut, c’est tirer un trait sur ce chapitre de son histoire. «C’est pour cela que j’ai pris contact avec Attac. Je ne veux pas faire comme Günter Grass, et traîner derrière moi un secret pendant des décennies.» Mais l’ancien espion ne souhaite pas voir son nom et son visage apparaître dans le journal. «J’aimerais pouvoir me rendre à une soirée de la Reitschule comme n’importe quel visiteur», explique-t-il. dg

Les autorités genevoises démentent
Qu’en disent les «victimes» de la taupe? «Nous nous revendiquons comme une organisation ouverte. Nous avons donc accueilli Laurent les bras ouverts», commente Alessandro Pelizzari, d’Attac Genève. L’infiltration de son groupement ne l’étonne pas. «Mais je suis surpris par l’identité de l’espion. Nous ne nous sommes jamais méfiés de lui.» Pas de quoi susciter chez lui de la colère. «Mais cela m’énerve. Nous étions si naïfs et crédules à l’époque.» Dans son travail de syndicaliste, Alessandro Pelizzari dit se heurter continuellement à des restrictions de la liberté d’expression imposées par l’Etat.
Au GSSA, Andreas Cassee qualifie l’engagement d’un espion d’«attaque frontale contre la culture démocratique.» Pour lui, il est important de pouvoir s’organiser de manière ouverte, en s’appuyant sur la base. «Les services de protection de l’Etat veulent-ils semer la méfiance? Veulent-ils que les organisations s’isolent?»
Contacté, le Service de renseignement de la Confédération ne veut «ni confirmer ni démentir les faits». Le SRC refuserait par principe de répondre à des demandes concernant de «supposées activités opérationnelles».
Le canton de Genève, en revanche, nie en bloc. «La Police genevoise n’a procédé à aucune ‘infiltration’ du groupe Attac. Il n’y a pas de raison que cette association soit l’objet de surveillance de la part de nos services en regard des lois visant la sûreté intérieure de l’Etat.»
De nombreuses questions restent donc ouvertes. Pourquoi Attac et le GSSA ont-ils été visés, alors qu’ils ne représentent manifestement aucune menace pour la sûreté intérieure? Sur quelle base légale s’appuyait une telle opération? L’Allemagne était-elle au courant de la mission d’infiltration suisse à Heiligendamm? Et comment se fait-il que les renseignements aillent recruter dans les cours d’école?

[Trouvé dans le quotidien Le Courrier le 1er septembre 2011]

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L’Etat et les patrons ne comprennent qu’un seul langage

[Note de cestdejatoutdesuite : De la CGT à SUD, les bureaucrates syndicaux et autres aspirants … bureaucrates vont proposer dès cet automne de nouvelles ballades bien cadrées, avec leurs parcours balisés, leur sono disco, leurs drapeaux publicitaires, leurs SO, leurs négociations en préfecture…]

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Face à un patron et autre autorité, quelque idées :

La protestation verbale
C’ est le type de lutte le plus simple.

Le débrayage
C’est la cessation d’activité pendant une courte durée maximum quelques heures. Le débrayage exprime déjà un mécontentement plus grand, la naissance d’une certaine radicalité. Le débrayage est utilisé comme pression pour des négociations sur des effets à court terme ou des revendications mineures.

La grève perlée
Débrayage d’une partie des salariés puis reprise tandis qu’une autre partie débraye et ainsi de suite. Avantage : perte de salaire minimum par individu tandis que l’établissement est pratiquement paralysé et que l’employeur paie ses salariés devenus peu productifs voire inactifs.

Le coulage
Freiner la production en étant le moins productif possible.

La grève du zèle
Application stricte ou excessive des consignes et des règlements entravant le bon fonctionnement de la production.

La grève limitée
Les salariés cessent le travail pour une durée limitée.

La grève illimitée
Cessation du travail par les salariés jusqu’à ce que ceux-ci décident de reprendre le travail. Avantage : bloque tout ou partie de la production.

Le piquet de grève
Mise en place de barrages pour empêcher les non-grévistes de pénétrer dans l’établissement.

La grève avec occupation
Les grévistes investissent le secteur visé, évacuent les non-grévistes, détournent à leur profit la logistique : salles de réunions, réfectoires, dortoirs, photocopieuses, téléphones et véhicules.

L’intox
Produire rumeurs, informations en tout genre pour fragiliser l’adversaire.

Le discrédit
Rendre publiques des critiques sur la qualité des produits ou services de l’entreprise.

Le sabotage
Le sabotage est une arme très efficace, peu coûteuse pour les grévistes, très nocive contre l’employeur.

La réappropriation
Reprise sous le contrôle des salariés de biens produits par l’entreprise c’est-à-dire par eux-mêmes.

La vente sauvage
Vente par les grévistes des stocks de l’entreprise pour constituer un trésor de guerre qui les indemnisera.

La production sauvage
Les grévistes utilisent les machines de l’entreprise pour produire des biens qu’ils vendent directement à la population en réduisant le prix ce qui satisfera tout le monde et apportera du fric aux grévistes.

La grève générale insurrectionnelle et expropriatrice
Les grévistes deviennent émeutiers, barricadiers, et s’emparent des moyens de production, d’échange, de communication.

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Hors service n°21

Les textes sont lisibles un à un ici.

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Pôlice Emploi s’installe en taule

[Note de cestdejatoutdesuite : Et déjà, dedans, en prison, on « apprend » à se vendre au moindre coût … et, dehors, Pôlice Emploi et ses sbires radient, isolent, contrôlent, sanctionnent, obligent à accepter n’importe quel boulot de merde…]

[Ci-après compte-rendu d’un partenariat Pôlice Emploi-Zonzon déniché dans le journal bourgeois Ouest-France…]

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Vendredi 26 août 2011
De la prison, ils auront accès aux offres d’emploi.

Les détenus auront accès aux offres et bénéficieront de l’aide d’un conseiller. Un dispositif qui concerne 450 personnes en Vendée.
De la prison, les détenus pourront mieux préparer leur sortie. Et s’imaginer un avenir professionnel, comme s’ils étaient dans les locaux de Pôle emploi. [!!!] Hier, ce dernier a renouvelé sa convention avec les Services d’administration pénitentiaire d’insertion et de probation de la Vendée (Spip). Objectif ? Rapprocher leurs compétences pour faciliter la réinsertion des détenus.
(…)
Pour les personnes retenues, il y aura deux niveaux d’accompagnement. Le premier, léger, de deux entretiens après le diagnostic. Un autre de « mobilisation », dans lequel quatre entretiens seront menés. Ce dispositif, plus soutenu, concerne les détenus qui n’ont pas de projets professionnels, ou pour lesquels les qualifications ne sont pas à jour. Dans ces cas, ils suivront des ateliers de formation et de recherche d’emploi au sein de la prison.
Ce partenariat entre le Spip et Pôle emploi découle d’une convention nationale signée en 2010. Le but ? Faciliter la réinsertion des détenus. « Quand on sort, il faut s’assumer. Notre rôle, à la Spip, consiste à préparer à la sortie et lutter contre la récidive, explique Philippe Paillart, directeur du Spip Vendée. En retrouvant la liberté, les détenus retrouvent aussi les soucis laissés à la porte de la prison. » [!!!]
Pour se reconstruire, le travail est une condition sine qua non. [!!!] Le Pôle emploi veut, quant à lui, s’investir davantage sur une offre d’emploi élargie. « Grâce à cette convention, nous allons désormais travailler une demi-journée par mois à l’intérieur des prisons de La Roche et de Fontenay », souligne Gwenaëlle Maillard-Pilon, directrice territoriale Pôle emploi de Vendée.

 

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